Licra: peut-on lutter à la fois contre l’antisémitisme et le racisme? (01/05/2014)

Peut-on lutter en 2013 dans une même association contre « l’antisémitisme » et « le racisme »? C’est ce que prétend faire la Licra, dont l’aile française présidée par Alain Jakubowicz propose une stratégie schizophrénique.

Le mouvement tenait le week-end dernier sa «Convention internationale» à Genève. J’y ai fait un saut et reçu un petit sac rouge contenant divers documents de la Licra France, dont son rapport d’activités 2013 et un numéro spécial de Droit de vivre consacré à l’antisémitisme. L’un nous enseigne comment faire allégeance à la pensée unique, l’autre ce que cette pensée dissimule

Aujourd’hui, l’antisémitisme se répand et son terreau principal, ce sont les communautés musulmanes. Mais selon la pensée dominante, les musulmans sont aussi les victimes majeures du «racisme». Comment condamner les auteurs et défendre les victimes lorsque… ce sont si souvent les mêmes? Exemple.

Un rapport d’activité très policé

Le rapport d’activité (80 pages) donne dans les formules générales, associe sans relâche «l’antisémitisme et le racisme», cible «la banalisation de la parole raciste», les discours de haine, internet, les tweets, sans jamais faire allusion ni à l’islam, ni aux musulmans.  Il donne des gages de pureté en se défoulant sur l’affaire Taubira versus les singes, sur le FN, Alain Soral et Dieudonné, et ajoute dans son grand sac la lutte contre l’homophobie.

Le rapport se félicite à tout propos de son partenariat avec les mouvements antiracistes, soit en réalité les obsédés de «l’islamophobie» et du "racisme antimusulman" qui consacrent l’essentiel de leur énergie - souvent judiciaire – à cette cause.

Le rapport, en termes toujours très politiquement corrects, cible les vrais responsables: « l’extrême-droite, le nationalisme, le populisme »…

Cette alliance avec les bien-pensants connaît son point culminant dans la copie d’un communiqué délivré par le mouvement en juin 2013, au lendemain de la mort de Clément Méric. Sans la moindre rectification. Le voici :

«La Licra est horrifiée par l’agression sauvage perpétrée par des militants d’extrême droite qui ont battu à mort le jeune Clément Méric hier à Paris.

Les premières pensées des militants de la Licra vont à Clément qui est tombé sous les coups du fascisme, et à ses proches.

Ces militants d’extrême droite ne prônent pas uniquement la violence, ils ont désormais du sang sur les mains. Ils devront répondre de leur acte ignoble.

Alors que la tendance est à normaliser l’extrême droite et ses idées, la Licra n’a de cesse d’alerter de ses dangers et de ses violences récurrentes à Paris, Lyon et ailleurs. La République a besoin d’un sursaut urgent contre ces manifestations racistes, antisémites, homophobes et fascistes qui tourmentent notre pays depuis de trop longs mois…»

Rappelons la version qui s’est assez vite imposée après un déchaînement médiatique très comparable à celui de l’affaire Mehra dans ses premières heures. Deux groupes, l’un d’ «antifascistes» (antifa), l’autre de nationalistes, se rencontrent par hasard à une vente de vêtements, à Paris. Un «antifa» insulte un nationaliste et menace de les «attendre en bas». Une rixe éclate. L’antifa Clément Méric frappe le nationaliste Esteban Morillo dans le dos, et ce dernier réplique en portant deux coups, dont celui qui entraine la mort du jeune homme, sans qu’on sache si cette issue fatale est due au coup ou à la chute qui a suivi. Le juge d'instruction a mis en examen Morillo pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner». L'enquête est toujours en cours. La Licra montre là jusqu’à quel déshonneur conduit son désir d’être l’amie des pouvoirs.

C’est dans une annexe du rapport d’activités que l’on découvre un discours un poil licra,france,antisémitismediscordant. Jakubowicz note que certains se demandent «s’il est possible de combattre à la fois le racisme et l’antisémitisme, alors que les actes antisémites, en augmentation de 58% en 2012 sont le plus souvent, perpétrés par des jeunes gens qui se revendiquent de l’islam Il s’oppose au port du voile dans les crèches, invite à soutenir les tenants d’un islam des Lumières et refuse «le délit de blasphème et l’immixtion du religieux hors de la sphère privée». Tâche titanesque aujourd’hui, que contrecarrent férocement les alliés antiracistes et gouvernementaux.

Révélations en supplément

C’est dans le supplément consacré à l’antisémitisme que le lien entre musulmans et racisme antijuif apparaît en pleine lumière. Même adouci par les invocations au populisme, à l’extrême droite, à l’islamisme- qui-n’est-pas-l’islam, aux prêcheurs de haine étrangers, il pointe le vrai défi.  

Les témoignages les plus révélateurs sont ceux d’agents de la lutte contre l’antisémitisme dans les classes «multiethniques». «Forts de leur longue expérience, ils soulignent que ce n’est pas la même chose de faire travailler les classes sur l’antisémitisme et le racisme.» Dans les classes composées en majorité d’élèves d’origine magrébine,  le combat se révèle presque sans espoir. Lorsque l’intervenant leur demande d’écrire au tableau ce qu’on dit des juifs, la créativité est renversante, «ils ont plein de choses à dire, trop, et leur expression devient pléthorique, à tel point que les intervenants sont obligés de les arrêter.» Depuis les meurtres de Mehra et la recrudescence d’actes antijuifs qu’ils ont provoqués, les propos sont «plus ouvertement virulents». Hitler est un copain, dommage qu’il n’ait pas fini le travail , Mehra est un héros ou alors il avait des raisons. Et le génocide des Palestiniens ?

La pédagogie habituelle qui tente de démontrer qu’on ne peut pas généraliser les traits d’une personne à toute une communauté ne fonctionne pas, constatent les intervenants. «Oui, mais Madame, pour les juifs, c’est différent, c’est vrai ce qu’on dit…» Les combattants de l’antisémitisme disent se sentir démunis.

Les pratiques communautaristes islamiques, dont la contestation des enseignements sur la Shoa, ont envahi le milieu scolaire musulman, comme le montre un Xième et récent rapport proprement affolant et qui n’était pas censé être connu du public.

Pour lutter contre ce fléau, il faut autre chose que tenter désespérément de rester dans les clous en s’alliant aux ennemis de la cause. Une question devrait par ailleurs tarauder la Licra: les élèves ont-ils l’antisémitisme infus? Et sinon, où et par qui ce virus leur est-il inoculé?

 

Publié le 30 avril par dreuz-info

 

 

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