Exactions au nom de l’islam: les centres musulmans ont d’autres soucis (06/05/2014)

Une balade impressionniste sur les sites d’une douzaine d’associations musulmanes confirme que le thème des attentats et autres barbaries commises au nom de l’islam ne les affole pas. Ni même ne les concerne.

 

Face aux attentats, exécutions, tortures, flagellations, voyages sans retour en Syrie, face à ces flots de sang déversés au nom de l’islam, on pourrait imaginer que les communautés musulmanes sont bouleversées, révoltées, que des débats vifs, des appels à l’exégèse, des manifestations, une mobilisation générale se développent afin de comprendre et de combattre le fléau.

On imaginerait trouver un début de commencement d’explication à ce que décrit Fawzia Zouari :

« Il y a des jours où je regrette d’être née arabe. Les jours où je me réveille devant le spectacle de gueules hirsutes prêtes à massacrer au nom d’Allah et où je m’endors avec le bruit des explosions diffusées sur fond de versets coraniques. Les jours où je regarde les cadavres joncher les rues de Bagdad ou de Beyrouth par la faute des kamikazes; où des cheikhs manchots et aveugles s’arrogent le droit d’émettre des fatwas parce qu’ils sont pleins comme des outres de haine et de sang; où je vois des petites filles, les unes courir protéger de leur corps leur mère qu’on lapide, et les autres revêtir la robe de mariée à l’âge de 9 ans… »

Les associations musulmanes de Suisse(1), vu leurs responsabilités, se doivent de n’être pas aussi émotives que Fawzia. Elles ne le sont pas. Une petite valse de clics prouve qu’elles gardent un remarquable sang-froid. Pas un mot sur la question, pas une conférence sur le sujet. Pas même un petit texte qui s’intitulerait par exemple : «Le vrai islam contre l’extrémisme musulman».

En revanche, il est impossible d’échapper aux heures de prières, aux cours d’arabe et aux études du «saint coran» dans lequel pas mal de persécuteurs et d’assassins disent trouver leur inspiration.

Le saint livre, saint Tariq et les saints Frères

On enseigne la psalmodie du saint livre à l’Association culturelle des femmes musulmanes de Suisse (NE), mais on ne le lit pas: «La femme musulmane, affirme une présentation, de tout temps a eu la possibilité de s’exprimer, d’être active dans la société et de servir au mieux les femmes… droit que nous a octroyé notre religion…»

Tariq Ramadan est à toutes les lignes. L’homme au regard fourbe et à l’ego démesuré besogne ferme pour que son livre, hélas pas encore testament, trouve ses clients… Avant de retourner dans ce Qatar qui finance tout plein d’extrémistes, et aussi sa chaire de professeur à Oxford.

Elle transpire pour sa reconnaissance officielle, et pense déjà au catalogue de revendications qui suivra : l’Union vaudoise des associations musulmanes va plancher sur des «Réflexions pour le futur : une stratégie pour la prochaine décennie.» Se pencher sur le futur de l’islam ici, c’est tout de même plus confortable que se pencher sur le sort de ses victimes là-bas.

L'Association des musulmans de Fribourg se réclame des Frères musulmans, il ne serait donc pas correct qu’elle critique la famille. Surtout qu’elle recommande le site de Youssouf  Al-Qaradawi, référence des frères sunnites et promoteur des charmes de la charia et de l’effacement des juifs.

Le centre islamique de Lausanne conduit par l’imam Al Rifai compte parmi ses objectifs : «Dénoncer toute personne et idée rabaissant ou dénigrant l’Islam ou les musulmans.» Quelques frissons et un passage rapide...

Un des imams cités confirme que les gens qui suivent une religion autre que l’islam sont bien des mécréants et, nous dit Allah: «Nous avons préparé pour les mécréants l’enfer.»

Notons que tous les sites incitent à la bonne entente avec les non-musulmans. Et reçoivent probablement la consigne de ne pas nous nommer mécréants hors des mosquées. Le ceinturé d’explosif ou l’épurateur ethnico-religieux, en revanche, s’en tient au langage coranique.

Le site rappelle aussi aux croyants cette tragique réalité: il est interdit d’interpréter le Coran soi-même, il faut s’informer auprès des «gens de la connaissance». Ce qui fait penser aux constats d’une enquête récente: entre les 2/3 et les 4/5ème des musulmans de Suède, Pays-Bas, Autriche, France et Belgique estiment qu’«une seule interprétation du Coran est possible». Les musulmans d’Allemagne ne sont d’accord qu’à 57%. En Suisse on ne sait pas, seules les recherches prouvant le magistral degré d’intégration des adeptes du prophète ont cours.

Enfin, le prochain invité du centre est plutôt acceptable : Riadh Sidaoui, qui parlera du «Printemps arabe entre le dynamiste interne et l’intervention étrangère.»

Les jeunes et les enfants, objet de tous les soins

Tariq vient de donner une conférence sur «Les jeunes et l’intergénérationnel» au Complexe culturel musulman de Lausanne (CCML). Ah les enfants et les jeunes ! Ils ont besoin de beaucoup de soins pour devenir musulmans… et le rester. Pas une association qui ne propose des activités de loisirs et des camps de vacances. Mais comment font-elles pour leur apprendre que le Coran est parfait et intouchable, mais qu’il y a un certain nombre de versets un tantinet violents, esclavagistes, discriminatoires et misogynes?

Beaucoup de sites n’indiquent le nom d’aucun responsable, mais nourrissent l’esprit. A la Fondation culturelle islamique, la grande mosquée de Genève, c’est le contraire : pas de textes ou d’activités, mais les noms sont cités et on ne cache pas que la direction est membre de la Ligue islamique mondiale qui siège au pays de la généreuse famille des Saoud. L’Unions des organisations musulmanes de Genève, UOMG, compense. Le site est riche. L’Union a promu la conférence intitulée «L’islamophobie est-elle une forme de racisme?», thème dramatique s’il en est. Comment comprendre en effet, en observant le monde et l’Europe, que l’on puisse devenir hostile à cette religion ?

Mais voici quelques lignes sur notre sujet! Un texte condamne «l’amalgame» qui associe l’islam aux exactions, et menace: si les médias continuent à parler de «guerre sainte», elle va le devenir! On aurait bien voulu voir à la place de ce pauvre chantage un appel à l’éradication des bêtes féroces de Boko Haram qui pratiquent cette guerre sainte.

Les Frères, encore et toujours…

On apprend que l’Association culturelle musulmane meyrinoise, tant chérie par ses autorités communales, a organisé un voyage à la kermesse parisienne des Frères musulmans de l’UOIF, branche modérée de l’extrémisme. Enfin, au Centre islamique de Genève de Hani Ramadan, la jolie histoire de son père Saïd, représentant itinérant des Frères, nous est contée, mais sans s’appesantir sur le contenu du produit. Quant aux conférences prochaines, elles auront pour thème le halal et les handicapés.

Bref, dans ce parcours, pas la moindre tentative d’explication de la production soutenue d’horreurs, et encore moins d’appels à ce qu’elle cesse. Beaucoup de liens en revanche avec les radicaux de la sphère d’Allah.

Mais en fait, pourquoi ces associations devaient-elles s’expliquer? Nos élites ne leur demandent rien, trop occupées à préparer telle reconnaissance officielle, à octroyer tel cimetière, à veiller à ne pas interdire le niqab, ni le foulard des petites filles, à promouvoir le burkini pour contrer le refus de la natation mixtes, à défendre tous ces experts musulmans de l’indignation sélective contre la stigmatisation qui les frappent.

Et en attendant le sursaut de ces communautés en sommeil, que les victimes de leur religion reposent en paix.

 

Les sites existant sont d’origine arabe. Le mutisme des associations balkaniques ou turques nous laisse penser que leur attitude n’est pas différente.

Paru le 05.05.14 dans Les Observateurs

08:36 | Tags : centres culturels romands, exactions, mutisme | Lien permanent | Commentaires (55)