Comment lutter contre l’extrémisme islamique sans en chercher les causes? Chronique d’un échec (30/10/2014)

Les gouvernements européens ont voulu freiner l’islam radical sans en explorer les racines. Au bilan, tous ont échoué à parer au danger. Et ils persévèrent dans leur politique de l'autruche.

Ces dernières années, la lutte contre l’islam radical s’est enlisée partout. Quelques mesures ont été prises, sans aucun effet. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir mesuré le péril. Les services de renseignement ont tous sonnée le tocsin.

Allemagne. En 2012, «le salafisme» préoccupe de plus en plus la police et la sécurité. En juin, le ministre de l'intérieur Hans-Peter Friedrich déclare: «Le salafisme radical, c'est comme une drogue dure. Tous ceux qui y succombent deviennent violents.»(1)

Le 10 mars 2013, le chef de l'Agence de renseignement met en garde contre l’augmentation spectaculaire du nombre d’islamistes. Il affirme que le gouvernement doit prendre «des mesures décisives contre les islamistes violents», sinon la menace va augmenter.

En Belgique, le rapport 2010 de la Sûreté rappelle à quel point des puissances étrangères et des mouvements radicaux tentent de prendre pied dans l’islam institutionnel du pays. Il souligne aussi que plusieurs dizaines de prédicateurs «salafistes» sont venus déverser leurs paroles extrémistes dans les communautés musulmanes. «L’extrémisme islamique ne perdra pas en importance à l’avenir. Par ailleurs, les ambitions que nourrissent les extrémistes musulmans exerceront une influence négative sur l’intégration des musulmans dans la société occidentale. Il n’est pas à exclure que certains extrémistes musulmans se montrent à l’avenir ouvertement favorables à la violence, à laquelle ils n’hésiteront pas à recourir.»

En décembre 2004, le ministère néerlandais de l’intérieur publie un rapport de la « Dutch Intelligence Agency ». Il estime que le pays compte quelque 50.000 musulmans radicaux dont le principal but est de cibler le mode de vie occidental et de combattre sa domination politique, économique et culturelle. Le rapport conclut que la société néerlandaise est pauvrement équipée pour résister à cette menace de l’islam radical.

En Grande-Bretagne, après l'échec de la stratégie d’éradication du terrorisme décidée en 2007, de nouvelles mesures sont présentées le 7 juin 2011. Le gouvernement va se montrer plus ferme envers les groupes islamistes radicaux, même non violents.

En Espagne, deux rapports publiés en 2012 pointent le danger. Celui du "National Intelligence Center" indique que le radicalisme islamique est la plus sérieuse menace à la sécurité. Il dresse le portrait d’un «groupe salafiste» qui souscrit à la version «la plus radicale et violente du salafisme-djihadisme».

Le rapport du ministère de la Défense examine quelques-uns des principaux groupes islamistes, dont les Frères musulmans. Il conclut que l’islam radical est en forte progression et constate: «Le large éventail de libertés dans des pays comme l’Espagne, telles que la liberté d’expression et d’association, et les protections judiciaires étendues, représentent paradoxalement un avantage pour les mouvements islamistes qui souhaitent diffuser des messages opposés à la démocratie ou des messages qui favorisent la radicalisation.»

En 2005 déjà, le Centre français de recherche sur le renseignement révèle: «Depuis le début des années 2000, le phénomène islamiste ne cesse de croître, essentiellement concentré dans les banlieues des grandes agglomérations. Les extrémistes sont devenus des acteurs majeurs des zones sensibles et les signes de progression de l’islam radical s'observent chaque jour.»

Et le rapport de préciser: «Les islamistes se consacrent à la remise en cause des lois et coutumes de la société française pour y substituer leurs pratiques traditionnelles, en totale opposition avec nos institutions démocratiques et laïques. Malgré la faible proportion d'islamistes parmi la communauté musulmane française, leur activisme virulent est d'autant plus préoccupant qu'il n'y a pas de frontière étanche entre l'islam fondamentaliste et le terrorisme. »

Ce qui manque dans la presque totalité de ces mises garde, c’est la cause: où ces radicaux, salafistes, islamistes, fondamentalistes… puisent-ils leur extrémisme? Sont-ce des générations spontanées de musulmans? Sont-ils perchés dans les arbres? C’est simple: ils font leur nid dans les mosquées et s’abreuvent au littéralisme. Les centaines de milliers de fidèles, voire les millions qui fréquentent des lieux de culte gérées par les Frères musulmans, wahhabites, Tabligh, Mili Görus (turc), etc. ou simplement par des imams scotchés à des écrits inchangés depuis mille ans ont pour conséquences cette célébration de la violence, cette détestation de l’Occident et le souhait d’une société islamique régie par la charia.

A aucun moment, les textes fondateurs de l’islam, au premier chef le Coran, ne sont mis en cause par les gouvernements ou les élus. Ce «Grand Secret» (dixit le psychanalyste Daniel Sibony) doit à tout prix être préservé. Il explique pourquoi toutes les tentatives de freiner le radicalisme ont avorté.

 A la recherche des modérés

Alors que les gouvernements visent un extrémisme abstrait, une frange croissante de musulmans poursuit son avancée vers le VIIe siècle. Aperçu.

Une enquête conduite en 2008 et parue en 2013 examine le degré de fondamentalisme des musulmans marocains et turcs en Allemagne, France, Pays-Bas, Belgique, Autriche et Suède. Les interviewés doivent dire s’ils sont tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord ou  pas d’accord du tout avec les propositions qui leur sont soumises.

«Les musulmans doivent revenir aux racines originelles de l’islam.» Seuls les musulmans de Suède sont d’accord à moins de 50%. En Belgique, 2 sur 3 approuvent.

«Il n’y a qu’une interprétation possible du Coran et tout musulman doit s’y tenir.» Le plus bas score d’adhésion est l’Allemagne avec 57% (France et Belgique 82%).

«Les règles du Coran sont plus importantes pour moi que les lois de mon pays.» L’approbation obtient un score inférieur à 50% (45%) chez les seuls musulmans allemands (France et Autriche 73% Pays-Bas et Belgique 70%).

«L’Ouest veut détruire l’islam.» Seule l’Allemagne est au-dessous de 50%.

En Allemagne, une Conférence annuelle réunit autorités et organisations musulmanes. En 2013, le gouvernement souhaite traiter des moyens qui pourraient être mis en œuvre pour lutter contre l'islamisme et l'extrémisme. Offensés par l’insinuation que l’islam pourrait être radical ou violent, les musulmans boycottent.

En 2012, une enquête constate que l'islam devient une composante de plus en plus importante des mœurs et comportements des «Turco-Allemands», en particulier parmi la jeune génération devenue de plus en plus radicale.

Plus les jeunes musulmans allemands sont pieux, plus ils sont attirés par la violence, révèle une vaste recherche réalisée par le ministère de l’intérieur et l’Institut de recherche sur la criminologie de Basse-Saxe (KFN) en 2010. Chez les chrétiens, c’est l’inverse.

La radicalisation de la jeune génération est observée dans toute l’Europe de l’Ouest.

Pays-Bas. Début 2013, un sondage révèle que 73% de musulmans néerlandais considèrent les jihadistes qui partent en Syrie comme des héros.

Grande-Bretagne. Certaines écoles coraniques expliquent à leurs élèves comment amputer les mains et les pieds des voleurs et quelle est la meilleure manière d’exécuter un homosexuel. C’est ce que révèle un documentaire de la BBC en 2010. Ces leçons sur la charia sont au programme de près de 5000 jeunes de 6 à 18 ans au Royaume-Uni. L’équipe a découvert que 40 écoles coraniques appartenant au réseau Saudi Students Clubs and Schools in the UK and Ireland, suivent le strict cursus saoudien en utilisant des manuels qui versent parfois dans l'antisémitisme ou l'homophobie et qui n'hésitent pas à aborder les aspects les plus durs de la charia.

En 2011, un reportage de Channel4 révèle l’enseignement d’une des écoles religieuses islamiques les plus réputées de Grande-Bretagne, à Birmingham. C’est l’une des 2000 écoles de ce type dans le pays. «Nous avons enregistré des professeurs qui tenaient des propos profondément troublants au sujet des juifs, des chrétiens et des athées. Nous avons vu des enfants de 11 ans qui apprennent que les hindous n’ont «pas d’intellect» et qu’ils «boivent la pisse des vaches.»

La crainte de «stigmatiser» peut avoir des conséquences ahurissantes. Durant des années, des gangs de proxénètes pédophiles pakistanais ont pu poursuivre leur activité entre autres parce que travailleurs sociaux, enquêteurs et policiers craignaient d’être accusés de racisme en révélant qui étaient les auteurs et qui étaient leurs proies: blanches et non musulmanes. Des rapports  détaillent ce scandale.

Espagne. En 2012, un rapport du ministère de l’Intérieur indique que plus de la moitié des musulmans d’Espagne se considèrent comme «très religieux», plus de 80 % sont opposés à l’interdiction de la burqa et seuls 39 % refusent l’établissement de tribunaux de la charia. Plus de 60 % affirment obéir aux instructions des imams de leurs mosquées locales.

Cette même année une fuite permet au journal El Pais de publier des extraits d’un rapport secret. Il révèle que le gouvernement de Rabat met en œuvre «une stratégie à grande échelle» pour contrôler le million d’immigrants marocains qui résident en Espagne. La stratégie comprend la mise en œuvre d’une société parallèle. Rabat finance la construction de centaines de mosquées dont les imams sont payés par le gouvernement marocain.

Autriche. En 2009, le gouvernement a voulu savoir quelles étaient les convictions de ses enseignants en religion islamique. Dans ce pays, les cours de religion sont obligatoires et les enseignants sont rémunérés par les pouvoirs publics (les non-croyants suivent des cours d’éthique). Résultat: plus d’un cinquième des enseignants en islam n’adhéraient pas à la démocratie et 18% approuvaient la mise à mort d’un apostat.

En France, de nombreux rapports officiels (Obin, Halde, etc.) confirment l’emprise islamique dans les écoles, entreprises, hôpitaux. Les dégâts sont effrayants.

Un tabou: incriminer les textes

Les imams enseignent le même coran, la même tradition prophétique (hadiths), la même biographie (Sirah) de Mahomet, dans la plus pure orthodoxie. Celle qui fait le lit du radicalisme. L’exemple de ces nombreux convertis qui deviennent au mieux des fanatiques, au pire des tueurs prêts à toutes les atrocités illustre les conséquences de cette fondamentale intolérance des textes. Des textes que lisent de plus en plus de citoyens interpellés par la somme d’horreurs commises au nom de l’islam. Des textes qui n’intéressent pas les autruches qui nous gouvernent et font semblant de pouvoir trier les pommes pourries radicales des fruits sains «modérés» sans le moindre débat sur cette question.

Ces élites ont parallèlement cédé aux multiples revendications (sexisme, ghettos linguistiques, alimentaires, vestimentaires, cimetiéreux) au regard desquels Mgr Lefebvre et Ecône étaient des modèles d’ouverture. Elles ont voulu croire que les concessions à la régression conduisaient à l’intégration. Une conviction qu’aucun pays, quel que soit son modèle, n’a pu démontrer. Tous font face à une violence croissante.

Des lanceurs d’alerte ont tenté de faire comprendre depuis un bail l’aberration de cette politique. Non seulement ils ont crié dans le désert, mais les filets législatifs et «antiracistes» se sont resserrés autour d’eux.

Au bilan intermédiaire, 3000 jihadistes européens sont partis pour tuer au Proche Orient et quelques-uns assassinent déjà chez nous. Mais pas ébranlées pour un sou, les autruches maintiennent avec autant d’obstination que de lâcheté leur tête dans le sable.

(1) Ces informations sont, sauf liens pour les plus récentes, tirées de «Boulevard de l’islamisme, l’essor du radicalisme musulman en Europe.» Il cite des exemples si abondants que le choix a été cornélien.


Déjà paru dans Les Observateurs

08:53 | Tags : radicalisme, extrémisme, europe, renseignements | Lien permanent | Commentaires (27)