Charlie Hebdo: la liberté d’expression est trop belle pour la laisser souiller (08/01/2015)

Plus attachés à la liberté d’expression que les médias français, tu meurs! Ils l’aiment tant qu’ils guerroient sans relâche pour la préserver de ses pollueurs.

Mon Dieu qu’ils l’aiment la liberté d’expression, les journalistes français! Depuis hier, ils la célèbrent, l’invoquent, s’indignent contre son «assassinat». Ils s’en font les champions, ils vont la défendre bec et ongles contre les barbares. Les Français peuvent être rassurés.

Elle est si belle cette liberté, si pure! Toute l’année, leurs adorateurs médiatiques veillent à la préserver de toute souillure. Ils ont avec courage éloigné d’elle tous les essayistes de bas étage qui se permettaient d’écrire des livres qui contredisent leurs convictions. Car c’est un étonnant et merveilleux constat: la presse française est dans son immense majorité du même avis: il faut garder une libre expression exempte de toute contamination. Surtout à propos de l’islam et des musulmans.

On peut les admirer, car la tâche est rude: les scribouillards qui menacent cette liberté -justement à propos de l’islam- se multiplient. Mais nos infatigables reporters réussissent à faire place nette! Parfois, les islamistes leur donnent un coup de main, comme dans le cas de Robert Redecker victime d’une fatwa. Il ne peut plus travailler, il doit se cacher, l’ostracisme est complet. Bon débarras pour la liberté d’expression, se disent-ils.  C’est qu’il en avait vraiment abusé dans sa Tribune au Monde.

Mes confrères épurent vraiment bien. Ils se font un peu violence, mais la défense de la libre et pure expression est à ce prix. Silence donc sur la formidable historienne Bat Ye'or, Alexandre del Valle, René Marchand, Guy Millière, Bernard Lugan, Marie-Thérèse Urvoy, Sylvain Gougenheim, Hamid Zanas, Renaud Camuz, Phippe Nemo... et d’autres soi-disant talents. Pas de mention des livres, pas l’ombre d’une invitation (ou alors par erreur) sur un plateau TV ou derrière un micro-radio.

Les journalistes connaissent aussi les sites très fréquentés qui risquent de contaminer la liberté d’expression: Riposte laïque, Dreuz info, L’Observatoire de l’islamisation, fdesouche... Ils se font un devoir de ne jamais en parler pour ne pas fâcher la liberté d’expression. Ou s’ils les citent, ils disent «d’extrême droite», et la liberté comprend qu’on la préserve. Elle apprécie aussi lorsqu’ils réussissent à faire perdre son emploi à l’un de ses corrupteurs tel Richard Millet.

Lorsqu’un mauvais livre semble beaucoup intéresser les lecteurs et atteint le sommet du hitparade des ventes d’Amazon, 10'000 exemplaires, vous ne me croirez pas: ils serrent courageusement les rangs. Pas un mot par exemple, durant les cinq dernières années, de «Ces maire qui courtisent l’islamisme».

Ils ne réussissent pas à tous les coups dans leur combat. Ça leur est arrivé récemment. Ils ont bien essayé, par pétition pour certains, de faire exclure de l’écran Eric Zemmour, l’un des pires encrasseurs de la liberté d’expression. Ils n’ont réussi à le faire licencier que d’une chaîne sur trois. Pourtant, ils ont bien guerroyé nos défenseurs de la liberté d’expression.

Mais ils nous le promettent: ils feront mieux à l’avenir. Car la liberté d’expression, pour eux, c’est vraiment sacré.

(Post d'abord paru dans Les Observateurs)

18:13 | Tags : charlie hebdo, journalistes | Lien permanent | Commentaires (20)