Radio romande: l’indécente question des limites à la liberté d’expression (09/02/2015)

Peut-on tout montrer, tout critiquer ? Faut-il revoir notre conception de la liberté d’expression? Vendredi, la radio romande (RTS) nous a offert une journée de débats sur ce sujet.

Je n’ai pas suivi l’ensemble des propos. Mais le nombre d’intervenants prêts à revenir sur cette liberté, par exemple à «revoir notre manière de faire, car nous accueillons des populations qui viennent de très loin, avec d’autres codes», m’a effrayée. Et alors que l’islam est seul en cause dans ce débat, je n’ai pas entendu de musulmans hors un Iranien de Paris qui se plaignait qu'il soit interdit de "mettre en cause le lobby sioniste".

J’ai en revanche savouré un remarquable et intransigeant Kasparov que le journaliste raillait avec une rare stupidité: «Dans le vocabulaire de Kasparov, à New-York on est dans le monde libre.» Ah bon, parce quen fait, c’est où le monde libre?

A l’heure où plus aucune liberté n’existe à l’égard de l’islam dans le domaine artistique, où des menaces de mort conduisent des responsables de manifestations contre ledit islam et ses prosélytes à démissionner, à l’heure où les gouvernements demandent la suppression de films, de festivals, de productions diverses qui pourraient fâcher les fanatiques, se demander s’il faut en rajouter en limitant notre liberté d’expression est tout de même fort de café!

Et qui a appris quoi que ce soit durant cette journée?

Si on m’avait demandé quels sujets traiter -ce qui ne risque pas d’arriver-  j’aurais proposé ceci:

-          Comment les leaders musulmans et autres imams conçoivent-ils la liberté d’expression ?

-          Quels moyens mettre en œuvre pour qu’eux-mêmes et leurs croyants adhèrent à cette liberté ?

      Plus difficile, mais ô combien fondamental:

-         Comment expliquer cet attachement délirant au Coran et à Mahomet alors que l’un et l’autre témoignent de facettes haineuses et inhumaines?

Pour en revenir à l’angle choisi par la RTS, je le trouve parfaitement méprisant pour tous les activistes ou simples citoyens des pays islamiques qui réclament le droit de pouvoir critiquer leur prophète, leur coran et tout l’islam. Qui souffrent de l’absence totale de liberté d’expression en matière religieuse. Rappelons qu'aucun pays musulman n'autorise cette critique.

Beaucoup d’amateurs de liberté ont dû, pour avoir tenté l’exercice ou s’être simplement affirmé athée, se réfugier sous nos cieux démocratiques.

D’autres, nombreux, croupissent dans les geôles pour avoir « insulté l’islam », « blasphémé contre l’islam » ou « insulté le prophète ». Pensant à eux, par exemple à une Asia Bibi condamnée à mort pour avoir insulté Mahomet et emprisonnée depuis plus de quatre dans des conditions iniques, je considère en fin de compte comme parfaitement indécent le sujet de cette journée.

LibExpress2.gif

 

08:38 | Tags : rts, liberté d'expression | Lien permanent | Commentaires (5)