Télévision romande: l’interview interdite (07/05/2015)

Dans le cadre de la série d’émissions consacrées aux musulmans, j’ai passé sur le gril un peu plus d’une heure pour le programme «Des Minarets à la burqa». A l’écran, il en est resté une minute. J’avais enregistré cette interview et il me parait intéressant d’en restituer l’essentiel. Elle illustre une approche dont le grand public doit être impérativement protégé.

  Notons aussi que j’ai été recalée entre autres, selon la journaliste, parce que «tout l’aspect Coran, relecture et interprétation a dû être abandonné. La production trouvait trop compliqué de parler de cet aspect». A vous de juger.

-De quand date votre intérêt pour ce sujet ?
De la révolution iranienne de 1979. Je ne connaissais pas grand-chose à l’islam, mais je sortais des années héroïques du MLF grâce auxquelles de grands progrès avaient été réalisés en matière d’égalité… Et je vois naitre une dictature théocratique qui commence par liquider tous ses alliés laïques. Quant au traitement réservé aux femmes, je n’en suis pas revenue! Couvertes de haut en bas, victimes de multiples discriminations, du rétablissement de châtiments moyenâgeux, de l’autorisation d’être mariées dès l’âge de 9 ans parce que le prophète a consommé avec une de ses épouses à cet âge-là. Tout cela m’a sidérée. J’ai commencé à lire sur l’islam pour tenter de comprendre. Et je n’ai plus arrêté.

-Vous dites mener ce combat en tant que femme et démocrate. Expliquez-nous.
Femme, parce que le féminisme est le combat de ma vie, et démocrate parce qu’il n’y a pas d’égalité entre hommes et femmes dans un quelconque autre régime, et que les libertés, la séparation des pouvoirs, les valeurs humanistes sont des choses auxquelles je tiens comme à la prunelle de mes yeux. Or, l’islam les menace.

-Avez-vous fait campagne sur l’initiative anti minarets?
Mon livre, «Islamophobie ou légitime défiance?», est sorti par hasard quelques mois avant cette votation. J’ai simplement dit lors d’interviews que si le débat sur l’islam avait lieu, je m’opposerais à cette initiative et que dans le cas contraire, je m’abstiendrais. Le débat n’a pas eu lieu et je me suis abstenue, ce que je regrette.

-Pourquoi pensez-vous que ce débat n’a pas eu lieu?
Il s’est limité à savoir si l’initiative était une atteinte à la liberté de culte. On a accusé les auteurs d’être xénophobes, racistes, etc. On n’est pas entré en matière sur les raisons qui expliquaient cette initiative. Or, des musulmans prenaient de plus en plus l’offensive pour imposer à nos sociétés des régressions intolérables. Le refus des minarets, c’est un appel: «Mesdames Messieurs les politiciens, mettez des limites à cette expansion de l’islam régressif!» Cet appel n’a pas été entendu et cette votation a été considérée comme le sommet du racisme et de «l’islamophobie».
On n’a pas non plus entamé un débat de fond. Depuis que je m’intéresse à l’islam et à ce qu’il produit dans nos sociétés, je lis des textes, je traite de thèmes liés au Coran. Je cite dans mon livre une trentaine de versets qui incitent à tuer, à combattre les autres religions. Or, jamais cette question n’est posée: «Messieurs les imams, qu’enseignez- vous, que gardez-vous de ces textes? Comment pouvez-vous dire que chaque mot du Coran est valable pour l’éternité, donc aussi ses injonctions inhumaines comme l’amputation des voleurs, le traitement misogyne des femmes, l’approbation de l’esclavage et du viol des prisonnières, etc.?»
Donc si on me dit que l’islam est une religion de paix et de tolérance, je demande: que faites-vous des versets qui vous contredisent? Ce contenu violent est dénoncé par d’innombrables musulmans, y compris dans les pays arabes. Ils appellent à une vaste réforme de l’islam. Abdelwahab Meddeb souligne cette violence et estime qu’il faut la prendre à bras-le-corps. Or ceci n’a jamais été fait.
Les assassinats de Paris ont été commis au nom d’un Mahomet idolâtré par les musulmans. En lisant sa biographie officielle, on découvre que c’était un chef de guerre, qu’il a ordonné des assassinats, notamment de poètes et de satiristes, qu’il a torturé un homme pour lui faire avouer où était son trésor, puis l’a fait exécuter et s’est attribué le soir-même sa veuve. Il a fait décapiter 600 à 900 hommes qu’il avait capturés et a vendu en esclavage les femmes et les enfants. La seule raison donnée est qu’il a défendu l’islam. Et le djihad ordonné par le Coran, soit le combat contre les non-musulmans, se poursuit aujourd’hui.
En lisant récemment ce Coran de A à Z, j’ai quand même été abasourdie par le degré d’intolérance de ce texte. Toutes les trois pages, les «incrédules», c’est-à-dire tous ceux qui ne partagent pas la religion d’Allah, sont insultés, traités de pervers, de criminels, de bétail. Et nous sommes tous condamnés à l’enfer pour le seul fait de n’être pas musulmans. Voilà ce que j’aimerais discuter avec des musulmans. Ceux que j’ai contactés ont refusé. Ils ne parlent pas avec des islamophobes, ce merveilleux terme qui permet de clore un débat… qui n’a pas commencé. C’est une immense plaisanterie!
Nous vivons sur ce que Daniel Sibony appelle «le grand secret», soit ce que contiennent ces textes que ni nos politicien, ni nos élites, ni nos médias ne veulent découvrir.

-Est-ce qu’il ne faut pas avoir un regard sur le contexte de ces textes écrits il y a des siècles des siècles, comme l’Ancien Testament des chrétiens et des juifs?
Il y a une grande différence entre ces trois religions. Les deux premières ont des textes qui ne sont pas censés avoir été écrits de la main de Dieu, mais par des hommes et ça permet une exégèse plus facile. Lorsque vous avez un Coran censé avoir été écrit directement par Dieu, ça se complique. Il n’y a pas longtemps, Hani Ramadan disait sur vos ondes qu’on ne peut pas changer UNE LETTRE du Coran. Et c’est ce qui est enseigné dans les mosquées: le Coran est la parole de Dieu pour l’éternité. Le Coran est parfait. Le Coran ne peut pas être modifié. Il y a là quelque chose là de spécifique à l’islam.
Deuxième remarque: je ne suis pas intéressée par les religions. Je suis intéressée par les effets qu’elles produisent aujourd’hui sur nos sociétés. Par exemple, je ne vois pas de juifs se faire exploser au nom du judaïsme, je ne vois pas de chrétiens se faire exploser au nom du christianisme.

-Quels sont les effets concrets que vous voyez en Suisse aujourd’hui ?
Je vois beaucoup de régressions. Il faut dire que la révolution iranienne a provoqué un incroyable mouvement de retour à l’intégrisme, à une lecture littéraliste des textes dans l’ensemble du monde musulman, mais aussi dans nos sociétés. Nous avons observé de plus en plus de comportements sexistes, à commencer par le voile... jusqu’au niqab. Entre les deux, il n’y a pas de différence de nature: l’exigence de couvrir son corps et ses cheveux est imposée pour aider les hommes à maîtriser leurs pulsions sexuelles. Dire, comme le font des femmes aujourd’hui que c’est par exemple «par respect pour dieu», «parce que je me sens tellement mieux!», ce sont des balivernes.
Nous avons aussi l’exemple de toutes ces mosquées qui organisent des conférences où femmes et hommes sont séparés et si possible entrent chacun par une porte distincte. Dans ces lieux, on ne voit très souvent dans les reportages que des hommes. C’est qu’ils occupent à la fois le pouvoir et l’espace privilégié. Les femmes sont reléguées derrière ou en haut, on les voit peu.
Question effets concrets, nous avons aussi les demandes de dispenses de natation, puisque cet islam archaïque combat la mixité, et que nos édiles acceptent. Je peux vous citer les paroles de Michael Fiaux qui était en 2010 responsable de la formation dans le canton de Vaud: «Nous n’obligeons personne à prendre des cours de natation. Lorsque les enfants grandissent, nous essayons de séparer garçons et filles pour les cours et si nous ne pouvons pas, nous acceptons les dispenses.» A l’heure actuelle, ces édiles disent plutôt: «Les cours de natation sont obligatoires, mais les filles peuvent porter un burkini Pour moi, c’est une horreur! D’autres exemples récents? Un local accordé comme salle de prières dans une HES genevoise; Jelmoli Zurich qui met à disposition un espace de prières pour ses clients musulmans; la commune de Vevey qui vote un crédit destiné à payer les intérêts d’un emprunt d’une association musulmane, parce que les musulmans n’ont pas le droit de payer des intérêts. Une crèche appelée «Mini Ummah» gérée par des islamistes et subventionnée par les autorités bâloises…

-Depuis 1981, la Constitution garantit l’égalité des sexes. Avez-vous si peu confiance dans les institutions démocratiques?
Dans les institutions, je pourrais avoir confiance. Mais dans ceux qui les détiennent, je n’en ai aucune! Ce sont les mêmes qui acceptent avec une extraordinaire complaisance des demandes totalement opposées à cette égalité. On peut parler du foulard à l’école, par exemple. Ma fille était en classe avec une fillette de 10 ans qui portait le foulard. Il prive ces filles de leur enfance, il les désigne comme objet sexuel. L’école le leur confirme. Et que l’on traite les gens qui s’opposent à cette régression d’«islamophobes», ça me donne la nausée!

-La constitution garantit la liberté de croyance et de conscience. Priver des femmes de pratiquer un métier parce qu’elles portent le voile, n’est-ce pas anticonstitutionnel?
Si c’est anticonstitutionnel, alors changeons la constitution. Le foulard est le symbole de l’asservissement millénaire des femmes en Islam. Tous les groupes djihadistes ont pour première priorité de les couvrir de haut en bas, parce que le corps des femmes est une tentation à laquelle pourraient succomber les hommes. C’est une vision à laquelle je ne peux évidemment pas adhérer. Je trouve assez extraordinaire, dans une conjoncture où tant d’atrocités sont commises contre les femmes par cette religion, que nos autorités, nos politiciens, nos intellectuels ne soient pas plus critiques par rapport à ce foulard, qu’ils ne disent pas plus souvent et même jamais que porter ce foulard est simplement indécent!

-Nous avons rencontré plusieurs femmes qui nous ont raconté comment elles vivent ce voile. Plusieurs sont universitaires et elles sont discriminées à cause de ce signe religieux. En tant que féministe, cette cause devrait vous interpeler ?
En tant que féministe, accepter le port du voile serait une contradiction absolue. Le voile a une seule signification: «Je ne veux pas exciter les mâles». De plus, dès le moment où une femme le porte, elle a un lien fort à sa religion, très conservateur. J’aimerais demander à ces femmes comment elles s’arrangent avec le Coran qui préconise d’innombrables discriminations envers les femmes.

-Ces femmes se déclarent féministes islamiques. Qu’est-ce que cela vous inspire?
C’est incompréhensible! On ne peut pas porter le voile en étant féministe. D’ailleurs, je n’ai jamais vu ces femmes descendre dans la rue et protester contre le fait qu’on oblige tant de leurs sœurs dans les pays musulmans, à le porter et à porter des habits pires encore. Pourquoi ces femmes ne militent-elles pas pour la libération des femmes dans les pays musulmans? De toute manière, pour moi, «féministe musulmane» c’est une contradiction dans les termes.

-Vous vous en prenez violemment aux médias dans votre blog. Les journalistes comme moi sont des charlots. Expliquez-moi.
Oui, j’en veux beaucoup aux médias. Pour la plupart, parler des musulmans, c’est prendre un micro ou un stylo et demander: «Que pensez-vous de ceci ou de cela? Ou bien: comme ça doit être dur d’être stigmatisé après les attentats de Paris!». Récemment, Le Temps a fait un article de ce genre dans la mosquée la plus radicale du canton de Vaud. Mais ces musulmans ont très bien appris à parler aux médias.
Je n’ai jamais vu un journaliste qui ait lu le Coran et pose des questions dérangeantes. Ils me donnent l’impression de ne rien connaître de l’islam. Jamais par exemple, je ne les ai entendus soulever les graves questions que pose la biographie de Mahomet. Jamais!

-Antoinette de Weck et la commission sociale de la Ville de Fribourg ont pénalisé une femme qui refuse de se dévoiler pour une mesure d’insertion dans l’accueil extra-scolaire. Qu’est-ce que cela vous inspire?
Cette décision me paraît frappée au coin du bon sens! Le foulard est un signe religieux, rien d’autre. C’est aussi un extraordinaire outil de prosélytisme: «Regardez-moi, je suis fière d’être musulmane!». Toutes les administrations devraient interdire le foulard à leurs employées. Les fonctionnaires représentent et mettent en pratique les lois et la constitution, dont fait partie l’égalité entre hommes et femmes.

-Que pensez-vous de la laïcité à la française?
Je n’aime pas parler de laïcité, ce terme est devenu confus. Pour moi, l’important est la sécularisation de nos sociétés, la relégation des religions et de leurs manifestations dans la sphère privée et les lieux de culte. Tout le contraire de cette fraction de musulmans offensifs, prosélytes et réactionnaires qui veut imposer ses convictions dans les entreprises, les hôpitaux, les écoles…
Le ramadan cause de grands problèmes dans les entreprises, qui n’apparaissent jamais dans la presse. Mais des gens qui ne boivent ni ne mangent toute une journée et souvent banquettent la nuit sont facilement épuisés. Ce sont leurs collègues qui assument leur travail ou une partie. Ce rite devrait être très encadré. L’année dernière, lors d’une visite à une proche à Belle-Idée, je demande un article de toilette à une soignante. Elle entre dans un local et en ressort aussitôt en riant: «Ce n’est pas ici! Je ne sais plus où j’en suis, je fais le ramadan!»

-L’islam prosélyte, revendicateur, obscurantiste, ce n’est pas l’islam vécu par l’immense majorité des musulmans de Suisse.
Le problème, c’est que ces musulmans ne servent à rien. On ne les voit pas, on ne les entend pas. On ne les a jamais vus par exemple faire une manifestation contre le sexisme de leurs coreligionnaires. Je suis très heureuse que cette majorité existe, si elle existe, mais malgré elle, les fondamentalistes ont gravement affaibli notre démocratie: affaire Rushdie -trois meurtres-, assassinat de Théo Van Gogh, artistes menacés de mort pour avoir monté un spectacle qui met en cause l’islam…
Certains affirment ici qu’il ne faut pas caricaturer le prophète, parce que les musulmans sont si sensibles… Ce sont de grands naïfs! En réalité, c’est tout l’islam qui ne doit pas être critiqué, aussi bien les textes que les comportements. Et la liberté d’expression qu’on a tant célébrée le 11 janvier est morte et enterrée. La démocratie s’est affaiblie d’une manière terrifiante. Donc, bravo à nos élites, bravo à nos intellectuels, bravo à nos journalistes de nous avoir traités depuis des années d’«islamophobes» lorsque nous tentions d’alerter. Parce que maintenant, la liberté c’est terminé!
Et je pense, oui, que les médias sont en partie responsables d’avoir taxé de racisme ceux qui mettaient en garde. En Suisse, nos musulmans sont peut-être majoritairement pacifiques, mais nous avons aussi nos radicaux, nous avons aussi des jeunes qui sont partis faire le djihad. Nous avons nourri des vipères en notre sein. Nous devons faire face, mais nous ne savons plus comment. Tous les pays européens sont confrontés, par exemple, à une forte composante de Frères musulmans, Suisse comprise. Ce courant fait le lit du radicalisme, du fanatisme et parfois du djihad.

-Est-ce que les musulmans ne sont pas pris en otage par ces groupes?
Je n’en suis pas sûre. Nous n’avons pas de recherches dignes de ce nom en Suisse. Nos chercheurs ne cherchent qu’à nous convaincre que tous les musulmans sont merveilleusement intégrés. «La Suisse des mosquées» en est un bel exemple. Et le groupe de femmes de Meyrin acceptées dans le cartel des associations de la commune et qui se disent féministes, ouvertes, progressistes va en course d’école… à la kermesse des Frères musulmans du Bourget! Ça me rend un peu méfiante!

 

 

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