Pourquoi refuser les poignées de mains? Fouilles archéologiques (13/02/2016)

Il me semblait bien que cette question de l’interdiction de serrer la main des femmes (et réciproquement pour les hommes) m’avait déjà plongée dans la plus grande perplexité. La réponse m’est retombée sous la main par hasard.

D’où Bassam Degerab, élu Vert et porte-parole de la Mosquée de Lausanne, a-t-il tiré cette injonction?

bassam degerab,mosquée de lausanne,vertsL’interprétation de la loi divine est donnée en l’occurrence par Youssef Al Qaradawi soi-même, référence mondiale des sunnites et plus particulièrement des Frères musulmans. Youssef, c’est celui qui espère que les musulmans achèveront le travail d’Hitler. C’est celui qui proposait aux Égyptiens de l’ère Morsi de ne pas se précipiter pour amputer la main des voleurs: quelques années d’enseignement étaient encore nécessaires afin d’en saisir la légitimité. C’est un homme très respecté par les musulmans pieux en général et par Tariq Ramadan en particulier.

Pour en revenir à notre sujet, Al Qaradawi répond sur le net à l’un de ces innombrables croyants taraudés par l’envie d’une vie tout entière halal. Il produit une fatwa.

Notre grand mufti pose d’abord que «…la poignée de mains entre un homme et une femme est un problème complexe.» Suit une interminable démonstration émaillée de références destinée d’une part à montrer l’étendue des connaissances du cheik et plus concrètement à savoir si, il y a 14 siècles, Mahomet a oui ou non serré la main de femmes «étrangères».

Les interdits sexuels et l’obsession qui s’ensuit sont bien sûr à la source du problème. «… il est interdit de serrer la main d’une femme si cet acte est accompagné de désir ou d’excitation sexuelle, d’un côté comme de l’autre, ou s’il y a un risque de tentation potentiellement évident.»

Font entre autres exception à cette interdiction les «domestiques mâles qui n’éprouvent pas de désir, ou (les) enfants qui ignorent tout des parties cachées des femmes». Pour les domestiques, l’auteur se réfère au verset 31 de la sourate 24 qui cite plus explicitement les esclaves castrés.

Conclusion: «Premièrement, la poignée de mains entre un homme et une femmebassam degerab,mosquée de lausanne,verts étrangers l’un à l’autre n’est permise que s’il n’y a pas de désir ni de crainte de séduction.»

On imagine un musulman qui vient de serrer la main à une vieille dame (c'est permis) la refuser à celle d'à côté qu'il trouve un peu trop désirable... Et les explications fournies. Dure, la vie de dévot!

«Deuxièmement, la poignée de mains doit se limiter au strict nécessaire (…) Il est préférable de ne pas accorder une poignée de main à n’importe qui», ceci afin de «prendre exemple sur le Prophète (…) dans la mesure où il n’y a aucune preuve explicite stipulant qu’il ait serré la main à une femme étrangère…»

«Il est par ailleurs préférable pour le musulman pratiquant et la musulmane pratiquante de ne pas tendre la main en premier. Mais si on lui tend la main, qu’il ou elle la tende alors.»

On constate que Bassam Degerab, qui n’a pas pris la main que lui tendait sa visiteuse, va plus loin dans le dogmatisme que Qaradawi.

On aurait tendance à rire avec un rien de mépris en lisant cet argumentaire. On aurait tort. Ce genre de galimatias tiré d’écrits qui datent d’au minimum un millénaire est la règle chez les musulmans pieux et leurs imams.

Lorsque se pose un problème, la méthode exclusive est d’aller chercher dans le Coran, dans les actes et dires de Mahomet et dans les réflexions des grands «juristes» de l’islam les réponses. Elles sont trouvées par voie directe ou par analogie. Et les pratiques d’époques antédiluviennes défilent dans ces démonstrations comme si nous y étions: esclavage, domestiques castrés, captives de guerre, polygames, lapidateurs, etc. etc. sans qu’à aucun moment, nos grands juristes moyenâgeux ne signalent que ces mœurs ne sont pas totalement acceptables, et pas  sources de comportements conformes à l’humanisme du XXIème siècle.

C’est à cela que conduit le dogme d’un prophète et d’un Coran parfaits, c’est à cela que conduit l’obsession de les suivre et de les imiter dans tous les aspects de l’existence. C’est cela que la plupart des mosquées enseignent.

Et l’on voudrait nous faire croire que ces délires et leurs défenseurs sont compatibles avec nos valeurs?

Depuis des années, on laisse sans sourciller les religieux musulmans affirmer à leurs ouailles: voici votre loi, votre jurisprudence, votre législation, vos avis juridiques...

Des termes semblables à ceux des démocraties, mais en pleine contradiction avec elles.

 

(Voir aussi si l'on aime: https://islamqa.info/fr/21183)

 

14:39 | Tags : bassam degerab, mosquée de lausanne, verts | Lien permanent | Commentaires (19)