Ada Mara et la burqa: «En chacun de nous sommeille une bête» (14/08/2016)

En Suisse, on ne voit pas de burqa, l’interdire ne ferait donc que stigmatiser les musulmans. Et par la même occasion réveillerait la bête qui sommeille en nous. Signé Ada. Pierre-Yves Maillard son collègue propose, lui, une réflexion profonde et lucide.

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Un ministre zurichois socialiste, Mario Fehr, approuve l’interdiction du niqab. Tremblement de terre à gauche! Le blasphème est double: d’une part le coupable trahit ses collègues de parti amis des islamistes, d’autre part il donne raison à l’UDC qui a lancé une initiative pour interdire ce hideux vêtement.

Sitôt la position de Mario Fehr connue, la gauche et les Verts sonnent la charge! Ada Mara, conseillère nationale vaudoise monte dare-dare au micro de la radio romande pour clamer son indignation. C’était vendredi soir.

Son premier argument: «En Suisse, il n’y a pas de problème de burqa. On n’en voit quasiment pas.» Elle devrait vérifier. Des femmes enveloppées jusqu’aux yeux, c’est un spectacle tout à fait courant dans les rues suisses. (La photo ci-contre a été prise en juin dernier par Christine Bussat à Migros-Balexert, Genève.)

Ada n’a évidemment pas la moindre envie de vérifier. Cela la priverait de cette autre fausse affirmation: «Faire croire qu’il y a un problème de burqa, c’est faire croire que la confession musulmane en Suisse  est salafiste, ce qu’elle n’est pas et c’est en cela que c’est stigmatisant. »
Pourtant, une partie de la communauté musulmane est bel et bien salafiste (cf certaines mosquées albanaises, wahhabites, turques, et parmi les radicaux connus et reconnus Hani Ramadan, Youssef Ibram, Mohamed Karmous, Ghaleb Himmat, etc.etc.)… Ceux qui font le creuset du radicalisme et dont les socialistes et les Verts se font les complices depuis des décennies.

burqa_Balexert.jpgL’esprit affuté, la députée poursuit en expliquant comment agir en féministe dans les théocraties islamiques. Je résume: «Là où les Suissesses doivent faire acte de militantisme féministe, c’est lorsqu’elles vont dans des pays où on est obligé de porter la burqa en refusant de la porter. Ce qu’a fait Michèle Obama lors d’une visite officielle en Arabie saoudite.»

Là Ada Marrante s’emmêle les pinceaux entre voile et burqa, ce qui montre qu’en fait, elle voit parfaitement le lien existant entre les deux. Mais ni le journaliste, ni elle ne feront la moindre allusion à la signification du large cache-sexe et des autres camouflages imposés aux femmes par la doxa musulmane.

Très en verve, Ada Marasme résume: «S’il y a un problème de burqa dans un pays, l’interdire c’est du féminisme. S’il n’y a pas de problème réel de burqa, l’interdire c’est stigmatiser.» A partir de quand décide-t-on, et qui décide qu’il y a un problème? Y en avait-il un en France et en Belgique qui ont interdit le cercueil ambulant? La députée n’est-elle pas scandalisée que des groupes obligent le port de ce vêtement (toujours associé à d’autres féroces persécutions) et que pas une association islamique ne le combatte?

Au contraire, la députée rejoint avec enthousiasme toutes les associations de Suisse, puisque toutes affirment qu’elles se sentiraient stigmatisées si on interdisait ce symbole du sort réservé aux musulmanes depuis 14 siècles.

Pour la socialiste, la burqa n’est qu’une question de chiffres. Pas une question de symbole. Et elle ne juge pas utile de dire pourquoi (j’imagine) 100 burqas la gêneraient, alors que 50 (on doit y être largement!) ne lui causeraient pas de problème.

Mais passons au deuxième blasphème de Mario Fehr, celui qui donne du grain à moudre à la populiste UDC.

Là, Ada se surpasse : «On vit dans une société toujours un peu plus fascisante. Un exemple: les réfugiés (…)»

Les valeureux combattants du fascisme, encore un peu amoureux du stalinisme, trouveraient si naturel d’interdire ce débat. Reconnaissons que, pleinement soutenus par les journalistes,  ils y arrivent déjà assez bien.

Enfin, dernier feu d’artifice du génie socialiste: «Derrière les symboles (celui de la burqa) se cachent des mentalités qu’on va éveiller. Vous savez, en chacun de nous demeure une bête, il faut la maîtriser (…) J’aimerais dire à ceux qui vont voter oui à cette initiative  par grogne, parce que nous n’arrivons pas à dompter la bête qui est en nous, que les problèmes (économiques et sociaux) que le parti socialiste [traite] excellemment ne seront pas réglés si on vote oui à cette initiative.»

Et si on vote non, ils seront réglés?

Je sens que ma bête se réveille, saisie d’une furieuse envie de mordre l’auteure de telles arrogantes stupidités.

Je me calme un peu en voyant dans Manbij libérée, en Syrie, des hommes se couper la barbe avec délectation et des femmes faire un feu de joie de leurs burqas.

Et je ne peux m’empêcher une fois de plus de penser que l’insondable complaisance des politiques et des médias a sa part de responsabilité dans le sort de tous ces hommes et femmes soumis au joug islamique.

Dans ce débat, la lutte anti-UDC préoccupe les journalistes, toujours aussi militants, bien davantage que la dignité des femmes. Un exemple renversant relevé par Les Observateurs : http://lesobservateurs.ch/2016/08/12/linterdiction-de-bur...

Pierre-Yves Maillard, un OVNI chez les socialistes

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Autre réconfort: Le Matin dimanche publie une passionnante interview de Pierre-Yves Maillard, un ministre socialiste dépourvu de réflexes pavloviens. Ses points de vue stimulent la réflexion dans tous les champs qu’il aborde. La burqa ne fait pas exception et sur ce thème, le sort des femmes le préoccupe infiniment plus que l'UDC. Il dit d'ailleurs: «Je ne serai pas de ceux qui combattent cette initiative.»

On verra dans ces extraits que mine de rien, sa critique de la gauche et sa description du défi devant lequel nous sommes sont d’une lucidité assez ébouriffante.

Extraits:

«Il est incontestable aujourd’hui que les libertés de conscience et de comportement sont attaquées. Et cela par des mouvements qui vont jusqu’à la violence et au meurtre. (…) On sent bien qu’il y a un agenda pour imposer un mode de vie, des croyances.

»Nous vivons une phase historique où les libertés et les valeurs démocratiques sont attaquées(…) La gauche se voit souvent comme une alternative à notre société. La droite, elle aussi, ne la défend plus. Elle la critique comme trop sociale et veut plus de marché, moins de protection. Il ne reste pas grand monde pour défendre nos sociétés telles qu’elles sont aujourd’hui.»


«Or, il y a une partie de la population qui peut témoigner que notre société mérite d’être défendue contre le retour en arrière. Ce sont les femmes. (…) Il y a beaucoup de choses bien qui ont été faites dans nos démocraties. À commencer par les libertés des femmes et des corps. Alors ne transigeons pas trop avec ça. Ces conquêtes sont fragiles, car rien n’est mieux toléré que l’oppression des femmes. Si ce qu’elles subissent dans certains pays touchait des groupes de populations mixtes, l’ONU et les meilleures consciences du monde se seraient déjà soulevées…»

«Pour moi, il ne s’agit pas d’une guerre des civilisations. La démocratie et la liberté des femmes, et donc aussi des hommes, ne sont pas «occidentales»: beaucoup de peuples y aspirent à travers le monde. Or, ces libertés se sont construites, avec la gauche, le plus souvent contre les clergés.»

Pierre-Yves Maillard mentionne l’emprise des évangéliques radicaux et affirme que partout, la bataille pour l’avortement existe encore. «Malheureusement, quand elles sont conquérantes, les religions s’attaquent aux femmes et à la liberté, souvent en intimidant les personnes sincèrement et pacifiquement religieuses elles-mêmes.


»Aujourd’hui, il y a des femmes qui se battent partout dans le monde, certaines sont tuées pour leur combat. La gauche doit être avec ces femmes-là. Demandons-leur ce qui aide leur cause, plutôt que de prôner dans notre entre-soi décalé une «tolérance» sans limite.»

19:17 | Tags : ada mara, pierre-yves maillard | Lien permanent | Commentaires (32)