Racistes ou pas, la traque s’impose (06/09/2016)

Il est des domaines où la règle qui veut que plus il y a d’offre, plus il y a de demande, ne se vérifie pas. C’est le cas du racisme en Suisse.

Racisme.jpgLe rapport 2015 des «Incidents racistes recensés par les centres de conseil», un réseau de 18 antennes couvé avec amour par la Commission fédérale contre le racisme, le montre. Je l’avoue, ces rapports me réjouissent.

Il faut bien sûr décrypter ce qu’on a sous les yeux plutôt que se fier à ce que disent les pessimistes rapporteurs. Et votre décryptage amène à ce joyeux constat: malgré un afflux sans précédent d’immigrés de toutes les couleurs, malgré les problèmes sans fin causés par les dévots musulmans, les Suisses restent obstinément dépourvus de racisme.

Pour cette onéreuse commission et ses zélés rabatteurs, c’est déprimant. Surtout qu’en 2014, une étude plus vaste confirmait elle aussi que le citoyen suisse garde un niveau de rejet minimal.

En 2015 donc, malgré des campagnes qui en une riche polyphonie langagière invitent les victimes à venir raconter les bassesses vécues, le résultat est assez minable: 239 «incidents». Des insultes, des calomnies, des remarques déplaisantes… et une toute petite partie d’agressions.

Pour déprimer plus encore les traqueurs de racistes, c’est 10 de moins que l’année précédente… malgré un réseau enrichi de trois nouveaux centres. Cette baisse était trop décevante: la Commission contre le racisme n’a pu se résoudre à la mentionner dans son communiqué de presse.

Ce que ces chasseurs de mauvaises pensées soulignent en revanche, c’est l’augmentation des «incidents» anti musulmans: 53 cas, en hausse de 11%! En moyenne presque 3 cas annuels par centre. La commission est effrayée!

Que vivent les musulmans? «Sale Arabe! Si c’est pour continuer à porter ton voile, tu ferais mieux de retourner dans ton pays!» A une enseignante: «Mettez une burqa, qu’on ne voie plus comme vous êtes moche!» A une autre: «Vous êtes de mauvaise humeur aujourd’hui parce que votre mari a pris une deuxième femme?»

Voile, burqa, polygamie… Mais qui a mis dans la tête de ces affreux que ces caractéristiques seraient typiques de la race musulmane?

La présidente de la commission Martine Brunschwig Graf, qui introduit le rapport, attribue assez justement la hausse de l’hostilité contre les musulmans à l’afflux migratoire, aux conflits en Syrie, aux atrocités de l’Etat islamique. Elle aurait pu ajouter la persécution des chrétiens, les djihadistes européens, une connaissance de la doxa musulmane en augmentation. Mais la commission ne peut pas imaginer un instant qu'avec tous ces événements, une augmentation de l'hostilité soit assez normale. Elle s’est donc (re)saisie du sujet et a annoncé poursuivre sa longue lutte contre l’islamophobie.

On remarquera -puisque les centres ne le font pas- que malgré les innombrables méfaits dus à des adorateurs du prophète, le peuple suisse reste stoïque. Pas de dégradation de mosquées, de menaces de mort, de pneus crevés, d’arrachage de foulards… A peine une fois ou l’autre une tête de cochon déposée sur terrain islamique.

Quant aux Noirs, ils sont chaque année en tête des victimes. Mais la lutte attendra le bon plaisir de la commission. La lutte contre la «négrophobie», ce n'est plus à la mode, ça rapporte moins de subventions et les victimes sont trop discrètes.

C’est pourtant l’un des récits de racisme anti noir qui m’a le plus perturbée:

Fin de soirée dans une petite ville: «un homme de couleur» sort d’un bar et se dirige vers sa voiture afin d’y prendre son portefeuille. Deux agents de police lui demandent sur un ton désagréable qui est le propriétaire du véhicule, prétendant qu’une telle voiture ne peut appartenir à quelqu’un comme lui. Ils veulent lui faire passer un alcootest. L’homme refuse, indiquant que ce c’est un ami, qui va conduire pour rentrer. Les agents ne le croient pas et l’emmènent à l’hôpital pour un test sanguin. A l’hôpital, le test ne peut être fait, car il ne s’y trouve ni médecin, ni personnel soignant.

Les policiers auraient aussi tabassé l’homme de couleur. Je les condamne sans réserve s’ils se sont conduits ainsi. Mais ce qui me turlupine, c’est cet hôpital sans médecin ni personnel soignant… Est-ce la botte secrète suisse de lutte contre les coûts de la santé?

Enfin, le glossaire du rapport des centres de plaintes m’a fait comprendre ce qu’est «le populisme de droite». Ou populisme tout court, car le « populisme de gauche » est absent de la liste. On le sait, c’est dans cette catégorie que sont classés ceux qui s’opposent à l’Union européenne et aux flux migratoires, notamment musulmans. Eh bien, leurs arguments sont des prétextes, le rapport a éventé leurs véritables buts:

«Le populisme de droite est une stratégie de mobilisation dont l’enjeu est de créer au sein de la population un état d’esprit défavorable aux plus faibles afin de parvenir au pouvoir démocratiquement et transformer ensuite la société de manière autoritaire.»

Cette découverte m’a couvert de honte.

SVP, davantage d’antiracisme dans les écoles!

La Commission fédérale antiraciste  consacre le dernier numéro de sa revue à la prévention du racisme dans les écoles. Elle estime que les plans d'étude helvétiques n'abordent pas suffisamment le respect de l'autre et de ses différences.

Si nombre de plans d’études permettent de traiter le sujet ici ou là dans l’enseignement des langues, des sciences naturelles, humaines ou sociales, des arts visuels, ils ne l'imposent pas. Or, des facettes obligatoires d’antiracisme dans toutes les disciplines, c’est bien le minimum requis dans une société multiculturelle dominée par de vilains racistes blancs.

Conclusion: comme l’islam dans les sociétés arabo-musulmanes, l’antiracisme doit être présent partout, très tôt. Afin qu’aucun enfant ne souhaite jamais devenir un populiste de droite.

09:47 | Tags : racisme, centres de plaintes, commision fédérale | Lien permanent | Commentaires (0)