Passeports suisses: déstockage massif (24/01/2017)

Les cantons rivalisent d’efforts pour favoriser les naturalisations avant l’entrée en vigueur de conditions légèrement durcies. Indécent.

Les offensives que mènent les cantons afin de pousser un maximum d’étrangers à se naturaliser avant l’entrée en vigueur de conditions un peu plus restrictives sont indécentes. Campagnes de sensibilisation, courriers individuels, brochures, création de postes pour accélérer les procédures: les «papables» sont appâtés de mille manières.

Le parlement fédéral a décidé de durcir les conditions de naturalisation dès 2018. Le principal changement sera l’impossibilité d’être naturalisé avec un permis B (de séjour) ou un permis F (admission provisoire). Le permis C (d’établissement) sera obligatoire, mais le législatif a diminué le nombre d’années nécessaires, 10 ans contre 12 aujourd’hui. Une exigence de communication écrite, fort modeste, dans la langue du lieu de résidence sera ajoutée à la communication orale.

«Devenir Suisse, mode d’emploi» est un nouveau dépliant genevois qui fait la promotion du passeport. L’Office cantonal de la population et des migrations (OCPM) a même mis au point un didacticiel destiné à s’entraîner au test de connaissances sur le pays, test que doivent réussir les candidats. Cette campagne initiée il y a deux ans connait un grand succès. Christophe Bourquin, directeur du Service suisse à l’OCPM affirme sans rire  qu’il «ne s’agit pas de faire de la publicité pour la naturalisation (…) Nous n’incitons pas, nous informons.»

L’information a payé! Les demandes de naturalisation ont augmenté de plus de 40% en deux ans. Ce succès fait très envie aux autres ministres chargés de ce service, ils ont décidé de s’inspirer du "modèle genevois". Devant le succès, Lausanne a réduit en octobre 2016 la durée des auditions, «étape clé de la naturalisation»: de quinze à dix minutes environ...

photo passeport2.pngRappel: ce qui est autorisé ou non sur la photo-passeport et la carte d'identité des citoyennes suisses.

Pierre Maudet, conseiller d’Etat, ne cache pas que Genève (et les autres) espèrent ainsi se prémunir, le cas échéant, des effets de l’initiative qui demande la limitation de l’immigration avec introduction de quotas d'étrangers. Lors de la dernière cérémonie de remise des passeports, le magistrat a affirmé: «La naturalisation est un levier d’intégration». Il renverse une problématique admise depuis des lustres et infiniment plus sensée: le passeport consacre un parcours d’intégration.

Depuis des années les conditions ne cessent de s’alléger. La gauche voudrait peu ou prou que tout étranger reçoive le papier dès qu’il arrive en Suisse. A Genève, l’un d’eux, Pascal Hollenweg, membre de la commission des naturalisations qui préavise les demandes, réclame la suppression de cette commission. Après le débat sur l’expulsion des criminels étrangers, la gauche et les syndicats ont appelé tous les secondos (deuxième génération) à se faire naturaliser au plus vite afin d’assurer leur situation au cas où ils commettraient des crimes susceptibles de les faire renvoyer.

Et les socialistes, toujours à la pointe du mépris de l’intégration, ont placé sur leur site une promotion de la naturalisation en turc et en arabe!  Il serait tout de même injuste que les immigrés qui ne parlent pas français –ou allemand- soient discriminés! Le site propose aussi un formulaire aux candidats afin d’accélérer la procédure.

Cette conjoncture me rappelle la rencontre, il y a quelques années, d’un membre (socialiste) de la commission de naturalisation qui rendait visite à une famille kosovare :

- Moi: Que fait la commission si la mère de famille, par exemple, ne parle pas du tout français?

- Tu ne voudrais tout de même pas qu’on naturalise le père et pas la mère?

- Vous pourriez différer l’exercice pour les deux en attendant que la mère apprenne les rudiments de notre langue?

Cette hypothèse dépassait son entendement. Mais avec la nouvelle loi, la naturalisation ne pourra plus intégrer deux conjoints, le processus sera individuel.

Devenir suisse est vu aujourd’hui comme l’aimable attribution d’un document pratique et d’une assurance contre divers risques. Chacun peut conserver sa nationalité d’origine, ses coutumes, voire sa langue et se ficher éperdument des nôtres. Nul besoin de connaitre, d’aimer la Suisse, d’admirer ses valeurs et les incroyables opportunités qu’elle offre à ses citoyens.

Je ne suis pas «fière» d’être suisse, je n’ai pas participé à la construction de ce pays, j’ai seulement eu la chance inouïe d’y naitre. Après la brève période des années 70, où le mépris  de la Suisse faisait partie de l’idéologie de gauche à laquelle j’adhérais, je l’ai progressivement admirée et aimée plus que n’importe quel autre. Et depuis quelques années, je consacre tout mon temps à la défendre contre le totalitarisme islamique et ses complices. Et de cela, j’avoue que je suis fière.

 

13:57 | Tags : naturalisation | Lien permanent | Commentaires (24)