Coup de balai ou coup de bluff à la mosquée? (17/11/2017)

La grande mosquée de Genève a prouvé son radicalisme lors de nombreuses péripéties. Le chef des salafistes saoudiens vient faire le ménage et instaurer un nouvel islam.

Sensationnel! La Tribune de Genève a obtenu une «interview exclusive» du secrétaire général de la Ligue islamique mondiale. Titre: «Coup de balai en vue à la mosquée de Genève». Le quotidien offre une tribune libre au responsable du satellite du royaume, Mohamed bin Abdulkarim al-Issa, LIM_secrétaire.jpgqui a été surpris d’apprendre que des employés étaient fichés S, que deux jeunes qui fréquentaient la mosquée étaient partis pour la Syrie, que sa gestion est rocambolesque, etc.

Après quelques décennies et environ 70 milliards dépensés pour distiller le venin extrémiste de par le monde, le prince héritier Mohammed ben Salmane Al Saoud l’affirme: son royaume va devenir fréquentable. «Nous ne ferons que retourner (?) à un islam modéré, tolérant et ouvert sur le monde et toutes les autres religions», a-t-il déclaré lors d'une conférence économique à Riyad. En attendant cet heureux jour, il a entrepris une vaste purge dont l’objectif est selon tous les analystes de s’assurer le pouvoir.

Dans la «législation» saoudienne, rien n’a changé. Le prestigieux interlocuteur de la Tribune élude la question de la condamnation de Raif Badawi à mille coups de fouet. C’est pas moi qui l’ai condamné, dit-il en substance, j’étais ministre! C’est vrai, il était bien ministre…de la justice! Sur la purge en cours, il ne peut non plus s’exprimer, puisqu'il n'est plus ministre: «Je ne suis pas le ministre de la justice ni le procureur général (rires). Et comme je ne suis plus ministre, je ne ferai pas plus de commentaires.» On se souvient que 15 des 19 terroristes du World Trade Center étaient Saoudiens. Les compromissions de la théocratie avec Al Qaïda et plus tard avec l’État islamiste sont nombreuses.

Le secrétaire Mohamed bin Abdulkarim al-Issa n’annonce pas le moins du monde la suppression du fouet, ni l’abolition de la décapitation, non plus que la mort pour apostasie ou la lapidation pour adultère. Pas d’annonce de l’aube d’une liberté d’expression. Il pourrait se contenter du statu quo, puisque «l’école wahhabite diffère complétement des idées extrémistes…»

Question gestion des centres européens, on en est à «la première étape (…) l’état des lieux». A Genève le «coup de balai» annoncé par la Tribune ne consiste pour l’instant qu’à un changement de son organisme de gestion: on a supprimé une pelletée de membres du Conseil de fondation. Rien ne dit que ceux qui restent sont plus ouverts que les autres. Et le directeur qui s’est illustré par son incompétence et par le radicalisme qui sévit dans cette mosquée en est toujours membre.

Le secrétaire de la LIM se montre impitoyable, allant jusqu’à imaginer fermer la mosquée si elle renâcle devant sa nouvelle vision. Il propose aussi de subventionner la formation continue d’imams à l’université de Genève. Évidemment, l’histoire de ces dernières décennies montre que jamais il ne viendrait à l’idée d'un islamiste de nous berner.

Le spécialiste de service Hasni Abidi paraphrase les sympathiques projets du prince héritier et de son fidèle disciple de la LIM, et conclut: «Ce qui va se jouer ces prochains jours à la grande mosquée de Genève est essentiel. Si la LIM restructure ce lieu prestigieux pour elle, en changeant le personnel et en renouvelant le conseil de fondation selon les recommandations suisses, cela donnera un signal politique fort et redorera l’image de l’Arabie saoudite dans le monde.» Mazette, une petite mosquée de Suisse capable de redorer l'image du royaume sur la planète, qui l'aurait cru?

 

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20:38 | Tags : ligue islamique mondiale, al-issa, grande mosqée | Lien permanent | Commentaires (6)