Ramadan à l’école: les pieds dans la colle (11/06/2018)

Comment gérer les complications dues aux musulmans? Nos institutions se noient. Dernière tasse en date: une circulaire sur le ramadan envoyée à l’école genevoise. Et en scoop dans ce blog, une première tentative stupéfiante.

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A peine sortie de l’éprouvant épisode de l’ex-prof Ramadan, Anne Emery Torracinta, conseillère d’Etat en charge du Département de la formation, tombe dans la polémique d’un autre Ramadan. Le 18 mai, une circulaire intitulée «Recommandations en cas de jeûne sur temps scolaire» a atterri dans les boîtes email des responsables d’écoles. «Le Temps» l’a révélée et moult personnalités s’indignent de cette entorse à la laïcité.

La conseillère d’Etat a «pris connaissance avec effarement de ces recommandations». Non seulement elle n’en savait rien, mais elle avait bloqué en 2016 un document du même tabac, provenant du même service… encore plus gratiné!

Concoctée par le Service de santé de l’enfance et de la jeunesse (SSEJ), la circulaire briefe les enseignants sur la meilleure manière de permettre aux élèves de suivre leur loi divine. Mais elle n’utilise jamais le terme «ramadan» afin de souscrire à la laïcité!

D’emblée, le document annonce: «Le jeûne total peut être bien supporté par l’enfant, mais peut impacter son rythme scolaire. Plus l’âge de l’élève est avancé (…) moins il y a de risque de malaise.» C’est que le ramadan concerne aussi les petits du primaire.

Ce n’est pas sur le rythme des enfants que se penche la suite, mais sur les dangers physiques du jeûne: malaises, hypoglycémie, déshydratation. Comment procéder? En substance: si le jeune se sent mal, on lui propose de se reposer. Si le malaise persiste après 20 minutes et qu’il souffre de fatigue, maux de ventre, maux de tête, nausées, vomissement, vertiges ou perd connaissance… l’enseignant contacte les parents et à défaut d’accord, ils doivent venir le récupérer. S’ils ne sont pas joignables, il appelle un médecin «qui donnera son aval et endossera la responsabilité «médicale» pour une rupture de jeûne».

Mais il existe aussi des cas où l’enseignant prévoyant a convoqué les parents et s’est mis d’accord avec eux sur une éventuelle rupture du jeûne. Vu la multiplication des petits musulmans dans les écoles, on en conclut que les enseignants ont une remarquable disponibilité.

Pour la gym, les enseignants sont invités à tenir compte de la faiblesse de l’élève. Et afin de «favoriser l’intégration de tous», ils veilleront à ce que «les camps ou les voyages d’études d’une semaine se déroulent, dans la mesure du possible, hors période de jeûne».

Pour l’anecdote, lors de la conférence de presse des opposants au référendum sur la laïcité, j’ai donné deux exemples aux journalistes de ce qu’une telle loi n’empêcherait pas. L’un concernait d’aimables aménagements concédés par les Hôpitaux publics genevois, l’autre des «Recommandations pour le jeûne du Ramadan» destinée aux enseignants. J’ai proposé aux journalistes de leur en donner une copie, aucun n’a été intéressé.

Ramadan_puberté.pngPourtant, cette sœur aînée de la lettre du 18 mai n’est pas piquée des vers. Bien que refusée par la conseillère d’Etat en 2016, elle voyageait dans le Net –où je l’avais trouvée- depuis deux ans. Pourquoi? «Il s’agit d’une erreur», répond son porte-parole Pierre-Antoine Preti. (Encore une!) Et d’ajouter: «Cette page vient d’être enlevée du site web par nos soins.» Les lecteurs de ce blog sont donc les seuls à pouvoir la lire intégralement ici : Circulaire enseignants.docx

Ces erreurs, bourdes ou chausses-trapes inciteront-ils la cheffe du département à ordonner une petite enquête, voir à sanctionner ? Son porte-parole refuse de répondre. On observera que la circulaire du 18 mai provient de deux hautes fonctionnaires du Département de la formation, dont Francine Novel, directrice au service de l’Enseignement secondaires II. Alors qu’elle était directrice de l’école de culture générale Jean Piaget, un élève avait refusé que sa prof de gym le touche, ce que cette dernière avait notifié à la direction. L’élève avait pu tranquillement continuer suivre ses cours de sport sans contact physique ni avec son enseignante, ni avec les élèves de sexe féminin. Cette complaisance a-t-elle un lien avec l’envoi d’une directive tout aussi complaisante, mais non validée? Mystère… Les complaisants sont si nombreux.

Toujours est-il que la circulaire non diffusée montre à quelles démissions la haute administration est prête à se plier. Le texte explique le sens du Ramadan: quatrième pilier, «mois de la purification, du pardon, du recueillement et de la compassion envers les plus pauvres (…) Le Ramadan est aussi un fait culturel et un lien identitaire avec la communauté, en particulier lorsqu’il s’agit de population migrante.» Quel mauvais esprit refuserait donc de faciliter la pratique de ce rite magnifique où que ce soit, et en particulier à l’école?

Cette obligation (souligné dans le texte!) concerne les musulmans «des deux sexes ayant atteint la puberté (…) Mais les enfants peuvent jeûner (incitation) dès l’âge de 7 ans, «âge du début des prières». Ils doivent s’entraîner.

Refuser un enfant qui jeûne? Vous n’y pensez pas! On aménage! Les Canadiens diraient: «on accommode»! Entretien avec les parents avant le jeûne avec interprète si nécessaire, propositions alternatives, par exemple que l’enfant jeûne durant le week-end ou «proposer un rattrapage du jeûne en partie durant les vacances scolaires», etc. Et les habituels conseils si l’enfant ne se sent pas bien.

Et l’on tient compte de la faiblesse de l’élève pour les journées sportives, les cours de gym, etc.

Et en conclusion, les "Références bibliographiques":

Dans nos pays, le Ramadan est accompagné d’innombrables mises en scène que relaient avec passion les médias. Comme je le développe dans mon dernier livre, la folie des rites saisit de plus en plus de musulmans. Ainsi les patients de l’hôpital veulent jeuner alors que les malades n’y sont pas tenus dans leur religion. De nombreux sites, par exemple celui de l’Association des musulmans de Fribourg en 2015 (texte disparu depuis) expliquent que le jeûne n’est- pas valable «quand on absorbe par voie orale un médicament». Règle confirmée par un flyer de l’UOIF. De manière générale, les vade-mecum du ramadan précisent qu’est déconseillé ou interdit «de se faire vomir», «de regarder son conjoint avec désir», «de mâcher du chewing-gum de peur d’en laisser glisser une partie dans l’estomac»… etc. Les femmes qui ont leurs règles, impures, sont toujours interdites de jeûne.

Les soignants, les enseignants, etc. se laissent entrainer dans une glu dont ils ne sortiront pas. Car dans l’islam, les rites, les obligations, les interdictions sont infinis. Foulard des femmes, foulard des fillettes à l’école, halal, prières dans les entreprises, refus de vendre ou de servir de l’alcool, contestation des rites chrétiens (sapin, chants), etc.

Pour conclure avec l’école, tous les cantons font face aux problèmes que posent les musulmans pratiquants. Voir par exemple cette brochure fribourgeoise officielle dont les concessions atteignent déjà des sommets. https://www.fr.ch/osso/files/pdf76/fr_diversite_religieus... (notamment chap. 5,7 et 5,8).

La religion musulmane est entrée dans nos institutions. Quand des autorités auront-elles le courage de l’en faire sortir?

17:59 | Tags : circulaire ramadan, anne emery-torracinta | Lien permanent | Commentaires (42)