Entre cocasse et choquant, une vie d'enfant sous l'islam (09/07/2018)
Pour ceux qui les auraient manquées, Jeannine recommande les BD de Riad Sattouf, juste avant la sortie de la quatrième. Un regard d’enfant ô combien révélateur.
Ces bandes dessinées autobiographiques décrivent sans fard la Libye et la Syrie des années 1980, avec une foule de détails concrets comme seuls les enfants les remarquent.
Bringuebalé entre la Bretagne et le Moyen Orient, le petit Riad est promis à un grand destin aux yeux de son père syrien. Il sera l’Arabe du futur, celui qui va contribuer à la revanche du monde arabe sur l’Occident.
Mais ses préoccupations sont celles d’un enfant de trois à dix ans: Georges Brassens est-il un dieu? Y a-t-il des bananes à profusion au paradis? Les juifs ont-ils un zizi coupé? (réponse unanime chez les enfants musulmans: non, car les juifs ne peuvent pas être comme nous).
Il apprend la vie dans un monde où les sourires cachent souvent la détresse ou l’hostilité et où le mépris et l’insulte tiennent une place de choix. «Yehoudi» («juif»), est une de ces insultes; c’est le premier mot d’arabe qu’il apprend, puisque les autres enfants le lui lancent, intrigués par ses cheveux blonds. L’amitié désintéressée, l’humanité éclosent rarement dans ce désert affectif.
Riad observe. Le copain au milliard de cheveux, la grand-mère syrienne («Dès qu’elle se savait observée, elle regardait dans le vague»), les adultes qui luttent au quotidien pour une place dans la file d’attente ou pour un logement, les femmes de la famille qui mangent les restes laissés par les hommes, les élèves terrorisés par les châtiments, le chiot tué par un groupe de gamins, l’enfant fou depuis la mort de son père, la gentille cousine Leila étouffée sous un oreiller par sa propre famille, les pendus sur une place à Homs.
Il décrit des situations tantôt cocasses (comme lorsque sa mère lit pour la radio des textes de propagande antioccidentale grotesques en français), tantôt choquantes. Son père, pris d’une ferveur religieuse tardive sous la pression de sa famille, le fait circoncire sans anesthésie à neuf ans. En Syrie, il apprend à lire sous la houlette d’une institutrice sadique, tente de faire le ramadan par 45 degrés, s’aperçoit que les autres enfants lisent eux aussi le Coran sans le comprendre (mais ne l'admettraient pour rien au monde), découvre que regarder Conan le Barbare est «interdit par le sacré», parce que le film montre des personnes dénudées.
Riad voit et sent les choses, et les mots viennent à l’esprit du lecteur: crime d’honneur, superstition, antisémitisme obsessionnel, christianophobie, misogynie, racisme, corruption, mensonge, cruauté…
Le propos du talentueux Riad Sattouf n’est pas spécialement politique. Mais cette bande dessinée est de nature à ouvrir bien des yeux sur deux évidences: les Moyen-Orientaux sont des humains comme les autres, potentiellement fragiles et malléables. Et une société où tous se soumettent à l’islam devient l’enfer sur terre.
Jeannine
NB: un universitaire soucieux d'entretenir le mythe de l’islam de paix et d’amour a reproché à Riad Sattouf de renforcer certains «préjugés» sur le monde arabo-musulman. Nous verrons fin août 2018, à la sortie du quatrième tome, si l’auteur a su résister à ce genre de pressions.
Riad Sattouf, L’Arabe du futur - une jeunesse au Moyen-Orient. Tomes 1 (1978-1984), 2 (1984–1985), 3 (1985–1987)
17:26 | Tags : riad sattouf, bande dessinée, arabe du futur | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
"NB: un universitaire soucieux d'entretenir le mythe de l’islam de paix et d’amour a reproché à Riad Sattouf de renforcer certains «préjugés» sur le monde arabo-musulman."
Si dire la vérité à propos de l'islam et des sociétés musulmanes renforce les "préjugés", que reste-t-il aux musulmans comme moyen de lutter contre ces derniers sinon le mensonge et la dissimulation? Tiens, ça me fait penser à un hadith sahih qui encourage les musulmans à couvrir mutuellement leurs fautes:
"D'après Abou Houreira (qu'Allah l'agrée), le Prophète (que la prière d'Allah et son salut soient sur lui) a dit: « Aucun serviteur ne couvre un serviteur dans la vie d'ici-bas sans qu'Allah ne le couvre le jour du jugement ». (Rapporté par Mouslim dans son Sahih n°2590)"
Écrit par : Minona | 10/07/2018
Bonjour Madame,
Désolée pour la confusion de mon dernier mail. Les mails envoyés vous étaient bien destinés et j'ai cru vous les avoir envoyés une seconde fois....
Avec toutes mes excuses, croyez, Madame, en mes sincères salutations.
Patoucha
PS: Je me connecte à ASVI...
Écrit par : Patoucha | 12/07/2018
Plus révélateur - dans le mensonge - on meurt! Et certains dans cette blogosphère ne sont pas en reste avec cette chasse aux sorcières des années 30 admise par l'administrateur de ce site!
Écrit par : Patoucha | 13/07/2018