Que veulent les dissidents du parti socialiste suisse sur l’islam? (25/09/2018)

Un groupe vient de se constituer. Il préconise quelques mesures bien concrètes pour limiter l’islamisation de la Suisse, mais navigue encore passablement dans le brouillard.

Benoit Gaillard, Integra Universell,

Benoît Gaillard

 

«Il n’y a jamais lieu (…) de restreindre en aucune manière la liberté d’expression.» Integra Universell

 

Integra Universell (difficile de trouver nom plus rébarbatif) est le site des rebelles, membres et sympathisants du PS, créé en juin dernier. Ils veulent un débat public sur l'islam, ne transigent pas sur la liberté d’expression, mais Benoît Gaillard, leader romand de ce courant, ne répond pas à mes demandes d’interview. Trop salissant! Faire comme si j’existais mettrait en jeu son image, sa réputation, qui sait même sa carrière!

Il exclut ainsi d’emblée les milliers de citoyens qui, bravant les foudres de ces socialistes si aveugles si longtemps, furent lucides et critiques bien avant eux.

«L’emploi sans aucune mise en perspective du terme d’islamophobie est inadéquat». Integra Universell

 

Ne soyons pas rancunière. Le premier mot qui vient face à cette évolution, c’est: «Enfin!». Jusqu’ici, tout ce que réclamaient les obscurantistes était accepté par les socialistes : burqa, foulard des fillettes, mosquées liées aux groupes extrémistes, etc. Et dès que des opposants à ces manifestations misogynes et archaïques protestaient, ils étaient traité islamophobes. Avant cette réaction pavlovienne, les contestataires estiment donc qu'il importe de réfléchir.

Jusqu'à ce jour, tout ce qui portait l’empreinte de la satanique UDC devait être ipso facto refusé. Nos socialistes new-look ont réussi à surmonter le syndrome: ils vont jusqu’à imaginer accepter l’interdiction de la burqa soumise au peuple grâce à l’UDC.

«Le PS doit s’engager pour interdire dans la loi les vêtements d’enfermement des femmes. Les considérations quantitatives sur le nombre de cas constatés ou non n’ont absolument aucune pertinence…» Integra universell

 

«Dans l’espace public, le signe religieux a une signification indépendante de la personne qui le porte. La burqa est une adhésion à la discrimination.»  « …au pire, on soutiendra l’initiative.» Benoît Gaillard

 

Le groupe femmes, soit les féministes du parti officiel, toujours frappées du syndrome UDC, se sont prononcées à l’unanimité contre cette initiative en janvier dernier.

Dans leur site, les insoumis donnent la liste de leurs revendications et en affirment un fondement:

«… nous souhaitons (…) que la foi soit traitée comme une affaire individuelle dans une société sécularisée

 

Bravissimo! Les musulmans actifs demandent au contraire, de pouvoir introduire leurs rites dans l’espace public et y consacrent une bonne partie de leur énergie. Avec un succès qui ne se dément pas.

Les contestataires sont opposés aux processus de reconnaissance publique des communautés religieuses en cours dans plusieurs cantons, mais ne s’y opposent pas frontalement.

Voici les revendications les plus précises du groupe que j’appellerai PS-D (parti socialiste dissident) :

- Pas de vêtements «patriarcaux et sexistes» dans les écoles publiques. Le voile doit être interdit jusqu’à 18 ans.

- Pas d’employées voilées dans les écoles publiques et les administrations.

 - Pas d’exceptions pour motifs «religieux ou idéologiques».

 Le reste est moins limpide. Il témoigne d’une prise de conscience, mais les solutions proposées sentent la politique de bureau. Par exemple, l’intense endoctrinement des enfants. La solution proposée: introduire des mesures de protection pour ceux qui rejettent l’éducation religieuse de leurs géniteurs. «Les droits des enfants priment la liberté religieuse de leurs parents.» Il faudra alors modifier l'article 303 du Code civil qui stipule que l'éducation religieuse de l'enfant est du ressort du père et de la mère, et lui donne à seulement 16 ans le droit de choisir lui-même sa voie. Et nos insoumis imaginent-ils créer une police des familles qui surveillerait aussi, par exemple, l’intense endoctrinement au gauchisme ?

benoit gaillard,integra universellMême perplexité à propos de la proposition d’interdire de collaborer avec les Frères musulmans et Diyanet (Turquie) ou avec d'autres mouvances pilotées depuis l’étranger. Pour Dinayet, c’est assez simple.

Stephanie Sigrist, leader des dissidents suisses alémaniques

Encore faudrait-il l’exiger courageusement. Mais zut, nos socialistes viennent d’être devancés par une pétition de l’UDC aux chambres fédérales. Pour les Frères musulmans, c’est plus compliqué vu qu’aucune mosquée ne revendique cette affiliation. Mais les moyens de la débusquer sont nombreux. Voir mon livre «Le radicalisme dans les mosquées suisses» qui en donne d’abondants exemples. Mais que Benoît Gaillard ne peut certainement pas imaginer ouvrir.

Dans le genre incantatoire, on trouve l’inévitable et très à la mode «respect absolu de l’interdiction de discriminer les personnes LGBTI» (pour les novices: lesbiennes, gays, bi, trans et intersexes… ne m’en demandez pas plus, je me noie!). Là encore, comment faire? Exiger que ces droits fassent partie des doctrines?  Oui: les dissidents exigent le rejet par les religions "de toute ségrégation des sexes, de toute interdiction d’occuper une fonction ou de recevoir un sacrement, de toutes obligations sexistes de se couvrir l’une ou l’autre partie du corps." Mazette, c’est carrément la mutation des religions en une seule, sociale-démocrate, qu’ils réclament. Avec ou sans Dieu?

Le PS-D refuse le financement de formations d’«imam-e-s» (un danger de l’écriture inclusive: mêler la fiction à la réalité!) par des États étrangers. Sauf que pour l’instant, les imams ne sont pas formés avec des fonds étrangers: ils viennent de l’étranger.

Soyez prudents, recommande le PS-D, dans le choix des aumôniers/ères (nouvelle coqueluche des musulmans), pour éviter le radicalisme. Je me pose une question: la quasi-totalité des aumônières portent le foulard et couvrent soigneusement leur corps. Le PS-D estime-t-il que cet uniforme est une bonne prévention contre le radicalisme?

Pour vérifier que «les imam - e – s» ne tiennent pas des propos anticonstitutionnels dans leurs prêches, le PS-D souhaite des «ressources financières et humaines». Mais les imam-e-s savent parfaitement ce qu’ils/elles peuvent dire. Ce genre de propos est donc très rare. Et grâce à la gauche, la récente loi sur le renseignement pose des balises ultra sévères à la surveillance des mosquées.

Les dissidents veulent aussi que le PS suisse invite des musulmans progressistes à ses manifestations. Et il est prié lorsqu’il en organise une d’«indiquer publiquement» quelles personnes et institutions l’ont conseillé. Le parti suisse avouera-t-il?

Avec la direction, la confiance n’est pas de mise…

A propos de la reconnaissance officielle des communautés musulmanes, promue par la direction de son parti  Benoît Gaillard cite un imam (à mon avis le seul progressiste de Suisse), Mustafa Mehmeti, pour qui tel processus conduirait à reconnaitre les plus organisées, soit les plus radicales. Encore une remarquable prise de conscience.

La direction du parti est priée d’organiser des votes à bulletin secret sur les questions suivantes: Le PS doit -il se positionner en faveur de communautés et de faîtières religieuses? S’engager pour toutes les communautés, c’est-à-dire aussi celles des fondamentalistes (sic)? Ou alors le parti doit-il seulement soutenir celles qui reconnaissent l’égalité des sexes, les droits des enfants et -je vous le donne en mille!- ceux des personnes LGBTI?

Première intervention politique: clouer le bec à toutes les religions

Benoît Gaillard est extrêmement inquiet de l’augmentation du prosélytisme de rue qu’il observe à Lausanne. D’où ce premier acte politique, une interpellation  déposée le 28 juin au Conseil communal. Il interroge les autorités: «Quelles limites au prosélytisme religieux ou sectaire sur l’espace public?» Il cite les Témoins de Jéhovah, l’Eglise de scientologie, un prêche homophobe sur la Place de la Riponne. Et Lies, célèbre groupe salafiste, qui distribue (distribuait ?) des Coran.

Pour parer à ces graves dangers, le socialiste suggère aux autorités: «Des règles spécifiques ou l’obligation d’affichage, de manière visible, d’un panneau indiquant le caractère de croyance des informations données». En fait Gaillard voudrait bien vérifier que toutes les doctrines correspondent bien aux positions du PS. J’ai une autre suggestion: demander que les communautés religieuses et les sectes qui font leur pub dans la rue affichent sur leur panneau: «Défense absolue des droit des LGBTI». Ça devrait suffire?

Message subliminal et bienpensant de cette intervention: le PS-D ne se focalise pas sur l’islam, il combat le conservatisme de toutes les religions... Comme le clament tous les responsables religieux islamiques afin d’exonérer l’islam de son idéologie et de ses crimes.

Stephanie Siegrist, leader germanophone du PS-D (avec Ursula Metzger) est autrement plus offensive que Gaillard. Je vous invite à lire cet article : https://bazonline.ch/basel/stadt/baslerin-lanciert-werted....*

Sur le fond, la dissidence attend son heure. Quelques articles l’ont annoncée, mais même de nombreux socialistes ignorent cette nouveauté. Et pas de réaction du président du PS officiel Christian Levrat. Quant à nous, nous attendons la suite en piaffant d’impatience.

 

*Si vous cliquez sur « Traduire cette page » dans le moteur de recherche (mot-clé Stephanie Siegrist), ses positions apparaissent clairement.

 

15:37 | Tags : benoit gaillard, integra universell | Lien permanent | Commentaires (39)