La Belgique chasse l’Arabie saoudite de sa Grande Mosquée (28/01/2019)

Cessation du financement saoudien, collaborateurs licenciés et grandes questions sur l’avenir du lieu de culte bruxellois: l’avenir n’est pas encore lumineux.

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Suite à la rupture unilatérale par le gouvernement belge de la convention conclue entre l’Arabie saoudite et la Belgique, la Grande Mosquée de Bruxelles a entamé sa mue. Le financement des lieux par la Ligue islamique mondiale (LIM) a cessé, ses employés ont été licenciés et les collaborateurs logés dans le lieu doivent le quitter d’ici fin mars.

La décision de la Belgique est une première européenne. Elle a été prise avec une promptitude rare, après les attentats de 2016 qui ont fait 32 morts. Un rapport du parlement sur la lutte contre le radicalisme d’octobre 2017 recommandait la suppression de la convention de 1969 par laquelle le gouvernement cédait ce lieu de culte à l’Arabie saoudite. Et cinq mois plus tard, le 16 mars 2018, le gouvernement rompt la convention pour le 31 mars 2019. Le quotidien «Le soir» fait l’état des lieux deux mois avant l’échéance.

Une nouvelle convention doit être signée avec… qui ? L’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) probablement. La vacance l’a mis en appétit: il entend reprendre les lieux et par la même occasion y implanter un institut de formation pour imams en partenariat avec les universités catholiques de Louvain (francophone et néerlandophone).

«L’Etat belge peut- il se limiter à reprendre les clés aux Saoudiens pour les confier à l’Exécutif? » questionne Le Soir. La commission d’enquête parlementaire recommandait pourtant d’associer les fidèles -une association s’est créée- et «l’ensemble des sensibilités musulmanes du pays». Il doit s’agir d’un islam  promouvant le vivre ensemble et s’ouvrant à toutes les sensibilités de cette religion.  Une extraordinaire ambition! La Mosquée sera en tout cas scrutée par de nombreux regards.

L’Exécutif des musulmans entend faire en sorte qu’elle obtienne la reconnaissance de l’État belge et le financement d’un ou deux imams. En attendant, la question des fonds est aiguë. Selon toutes probabilités, les Belges passeront, provisoirement en tout cas, à la caisse.

Et Genève?

Évidemment, cette opération de salut public nous conduit tout droit à Genève. Ne pourrait-on faire de même? La Grande mosquée du Petit-Saconnex est gérée par la Ligue islamique mondiale. Quant au directeur actuel, c’est un ancien ambassadeur saoudien.  Depuis des décennies, la mosquée s’est fait remarquer par des épisodes rocambolesques (un directeur accusé de frapper sa fiancée), de multiples licenciements, une gestion catastrophique, des imams fichésS et des liens au djihadisme: deux hommes qui la fréquentaient partis en Syrie et  tout récemment deux Helvético-Marocains liés, selon les autorités marocaines, aux assassins de deux jeunes Scandinaves.  

Le lieu vit de dons immobiliers de l’Arabie saoudite. Les autorités suisses se sont pressées à son inauguration, mais aucune convention n’a été signée et la LIM assume toujours en toute quiétude la direction des lieux. Il semble donc, dans ce cas, que la Suisse est impuissante… Jusqu’à un attentat? Pour l’heure, ces liens saoudiens ne semblent pas le moins du monde remis en question, ni pour la Grande Mosquée, ni pour les autres lieux de Suisse (dont celui de Therwil dont l’administrateur a révélé ses conceptions délirantes) gérés par la pire des théocraties islamiques.

12:04 | Tags : bruxelles | Lien permanent | Commentaires (4)