Que les imams disent ce qu’ils enseignent? Dans nos rêves! (14/02/2019)

Des textes éternels produisent éternellement les mêmes maux. Le pasteur suisse Shafique Keshavjee revient sur la doxa musulmane et demande aux religieux ce qu’ils enseignent aujourd’hui. 

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«L’islam conquérant» met en évidence les aspects problématiques de l’islam et interpelle les responsables musulmans. Il a fait récemment les titres de plusieurs médias. Musulmans et autorités ont répondu avec leur habituelle désinvolture à ses demandes d’éclaircissement.

Le pasteur Shafique Keshavjee, bien connu dans le landerneau vaudois, a été un artisan du dialogue interreligieux durant 20 ans. Ce livre est né de son expérience qui l’a conduit à étudier l’islam en profondeur.

Le théologien jette en passant une briquette dans les braises d’un débat très actuel. L’association qui regroupe presque toutes les communautés de son canton, l’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM) s’apprête à demander la reconnaissance d’intérêt public de ses membres par l’État, comme le permet la loi. Condition de départ: la signature d’une déclaration liminaire par laquelle les candidats s’engagent à respecter les principes de base des démocraties. 1)

Le théologien estime l’exigence plutôt faible: «… une reconnaissance politique des communautés musulmanes, sur la simple parole de leur responsable affirmant qu’ils se conforment aux «droits de l’homme», serait suicidaire. Il est indispensable que les responsables musulmans explicitent comment ils renoncent effectivement à tous leurs textes violents, conquérants et guerriers.»

L’islam radical se déploie sur toute la planète et pour le théologien, ses violences sont commises «en toute fidélité aux textes fondateurs.» D’où la nécessité urgente d’entendre les responsables des associations et fédérations répondre à ce genre d’interrogations: «Que faites-vous de l’héritage violent de la tradition musulmane ? Comment lisez-vous aujourd’hui les textes haineux du Coran présenté comme la parole inaltérable d’Allah? Comment interprétez-vous les hadiths dits authentiques et pourtant si violents?»

On se souvient qu’en France, un appel demandait de déclarer obsolètes certains versets du Coran. Il y eut protestations de musulmans et déformations du texte, puis silence. Nulle part en Europe, les religieux musulmans ne daignent entrer en matière sur ces questions.

Et pas non plus les autorités suisses, comme le confirme Eric Golaz, délégué aux affaires religieuses: «L’État de Vaud n’a pas à se mêler du contenu des textes religieux, mais du respect de la loi.» L’État ne se mêle même pas, comme il me l’avait confirmé, des propos haineux diffusés par une mosquée de son canton. 

Juger sur les paroles et les actes

Pascal Gemperli, élu communal vert, secrétaire général de l’UVAM et porte-parole de la Fédération d’organisations islamiques de Suisse (FOIS) rassure: «Tout ce qui est contraire aux lois ou à la Constitution vaudoise est inacceptable et banni des associations membres de l'UVAM. Il faut juger les gens sur leurs paroles et sur leurs actes, sans projeter ses propres peurs sur autrui.»

J’ai relevé quelques-uns de ces actes: le plus grand centre de l’UVAM, le Complexe culturel des musulmans de Lausanne (CCML) a inauguré une série de «soirées spirituelles» le 9 février dernier en invitant l’un des plus intégristes de nos imams, Hani Ramadan. Qui lui aussi respecte nos lois, même s’il enseigne que celles d’Allah seraient infiniment préférables. Le même CCML a pour président Mohamed Karmous dont les liens avec les Frères musulmans sont notoires.2) Lui aussi respecte nos lois. C’est aussi le cas d’un des imams du centre, Abdelwahed Kort, qui ne peut condamner ni la lapidation, ni la polygamie.

Les enseignements et la formation de centaines d’enfants à un islam obscurantiste n’intéressent ni n’inquiètent nos édiles.

Verset tronqué

Le porte-parole Gemperli ajoute: «… je prends le verset suivant à la lettre: «Celui qui tue une âme c'est comme s'il avait tué toute l'humanité et celui qui sauve une âme c'est comme s'il avait sauvé toute l'humanité». A la lettre? Pas vraiment: ce verset s’adresse «aux fils d’Israël » et cette belle affirmation ne s’applique que si l’âme ou l’être en question n’est pas «convaincu de meurtre ou de sédition sur la terre». Ce qui donne une certaine latitude d’interprétation. Quant au hadith qu’il cite,  «souhaite pour ton prochain ce que tu souhaites pour toi-même», impossible de le dénicher.

Un problème majeur des communautés musulmanes est le sort de ceux qui quittent leur doctrine. Et là, on est saisi par un haut-le cœur. Pascal Gemperli ironise sur l’injonction de Mahomet, «celui qui change de religion, tuez-le», car depuis 20 ans qu’il est devenu musulman, il n’a jamais entendu  «un imam ou un autre propager de telles bêtises». Pourtant quelques-uns l’ont fait en Suisse et beaucoup en Europe. Ces «bêtises» obligent de très nombreux «apostats» à être protégés par la police. Zineb El Razoui et Philippe Val l’ont encore récemment rappelé. Et dans le monde, les persécutions et les mises à mort sociales d’ex-musulmans pleuvent. Mais la Suisse islamique recluse dans ses montagnes et coupée du monde ne sait rien de tout cela et enseigne imperturbablement la beauté de ses textes.  

Shafique_couverture-2.jpgComme l’indique le titre de l’ouvrage, la visée finale de l’islam est la domination sur le monde. Ses textes comme son histoire et ses conquêtes incessantes illustrent cette finalité. Aujourd’hui en Occident, la conquête n’est pas sanglante, mais la conviction qu’une si magnifique religion doit convertir la planète entière demeure. Les moyens? «Des mouvements musulmans ont réussi à infiltrer ou anesthésier avec intelligence un nombre important de «centres de pouvoir» (politique, académique, médiatique, interreligieux, économique…) de l’Occident. Le plus souvent en y plaçant des personnes fort sympathiques et parfois ignorantes elle-même des textes les plus violents de l’islam.» Les radicaux (salafistes, Frères musulmans, wahhabites) ont une influence certaine sur une grande partie des mosquées suisses, eux qui se font passer avec succès pour «modérés» en condamnant des mouvements plus radicaux qu’eux.  

Keshavjee insiste aussi sur l’esprit conquérant de l’Occident et d’autres systèmes et idéologies. Un exercice qui laisse parfaitement indifférents les dévots musulmans.

Ponctué de versets et de hadiths, ce livre est une synthèse claire et accessible de l’origine des problèmes que pose l’islam aujourd’hui. Le théologien consacre son dernier chapitre à une comparaison des fondements du christianisme et de ceux de l’islam. Une démonstration convaincante.

Enfin, ce qui n’est pas toujours le cas, les choix typographiques apportent un excellent confort de lecture.

 

1) https://bit.ly/2IdoLZ5 Modèle de Déclaration liminaire (en l’occurrence signée par des communautés qui ne sont pas musulmanes). Le processus de reconnaissance durera en principe cinq ans.

2) Voir par exemple l’enquête du Matin Dimanche du 18 février 2018.

Interview de Shafique Keshavjee : https://www.youtube.com/watch?v=zgiqkgPJNLM

« L’islam conquérant, textes, histoire, stratégies », préfacé par Henri Boulad. Éd. IQRI, 231 pages.

 

 

 

 

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