Un ouvrage érudit autopsie le Coran et sa théologie (16/06/2019)
Alain-Jean-Mairet s’est attelé à la lecture d’un livre magistral de Mark Durie sur le Coran et sa chronologie, dont il résume l’essentiel. J’ai ajouté les sous-titres et mis en gras certains passages de cette recension.
«Cet ouvrage est un magnifique travail académique, très pointu dans son domaine, mais qui sait rester clair et accessible. C’est une fontaine de connaissances objectives et fondées sur le Coran, comme il y en a beaucoup trop peu. Un ouvrage que je souhaiterais voir dans une liste de lectures imposées à tous les étudiants qui souhaitent un quelconque diplôme dans ce secteur.
Ce livre peut ou devrait être lu à deux niveaux. Le premier s’inscrit dans une discussion académique sur la théologie coranique, ou musulmane, comparée. Le second est simplement l’analyse du Coran, en lui-même et pour lui-même.
Le premier niveau est un peu ardu et peut sembler byzantin à des personnes peu averties. Il s’agit de déterminer dans quelle mesure le Coran dépend d’une même famille théologique que la Bible (AT et NT), s’il peut en quelque sorte trouver place dans l’équivalent théologique d’un arbre généalogique commun.
Pour répondre à cette question, Durie extrait du texte coranique une série de «théologies», c’est-à-dire de concepts religieux: par exemple rapport entre Dieu et l’humanité, mission des prophètes, notion de messie, de présence divine, de sainteté, de sacralité, d’alliance, de péché, de paradis, etc. Puis il examine si ces notions, dans le Coran, sont bien héritées de la Bible, avec leur signification biblique spécifique, ou si elles ne font qu’y emprunter des aspects superficiels, par exemple de simples termes auxquels sont associées, dans le Coran, des significations sans lien réel avec la pensée biblique.
Du créole plutôt que du français
Sa réponse est non, le Coran ne forme pas une continuité de sens théologique avec la Bible. Durie explique cette césure au moyen d’une métaphore linguistique: la relation entre la Bible et le Coran correspond non pas à celle liant le latin au français, mais plutôt à celle liant le français au créole. La langue française a une claire origine latine: elle reprend au latin un immense corps terminologique, avec les significations correspondantes, de même qu’une longue série de règles grammaticales et syntaxiques. Il y a certes une évolution marquante, mais avec une profonde continuité et la préservation de structures fondamentales. Il y a héritage. En revanche, le créole, s’il foisonne certes de termes français, est structuré comme une langue africaine et adapte très librement le matériel terminologique français, sans se soucier autrement de sa signification d’origine. Il y a seulement emprunt.
La démonstration de Durie constitue ce que j’appelle ici le deuxième niveau de lecture, à savoir l’analyse objective du Coran afin d’en dégager des sens théologiques spécifiquement coraniques, pouvant dès lors être comparés à ceux établis par les études bibliques. Cet exercice fournit en effet une découverte captivante du Coran, qui intéressera tous les amateurs, même très peu portés sur la chose religieuse.
Durie constate d’abord un écart très prononcé entre la masse de références bibliques du Coran, ce qui suggère une grande connaissance de ce matériel, et un certain nombre de disparités de sens majeures, qui indique plutôt une approche superficielle des contenus bibliques. Ainsi, le Coran amalgame la sœur de Moïse et Aaron, fille d’Imran, avec la mère de Jésus. Il se réfère à Haman comme à un officiel de Pharaon alors que le Haman de la Bible était un vizir sous Xerxès. Dans sa version de l’épisode du Veau d’or, le Coran parle d’un «Samiri» (Samaritain) qui égare les Israélites, alors que les Samaritains de la Bible n’apparaissent que plusieurs siècles après l’Exode. Le Moïse du Coran, avant d’entrer en Terre sainte, demande à son peuple de se souvenir que Dieu leur avait autrefois déjà désigné des prophètes et des rois, alors que selon la Bible, Israël n’a eu de rois qu’après l’installation sur place. On peine en outre à trouver dans le Coran des citations exactes de la Bible. Nous avons là un premier indice d’une créolisation de la Bible dans le Coran.
Des fils conducteurs contradictoires et contraires à l’histoire
Pour aller plus loin dans l’étude du Coran, Durie décide d’abord d’écarter le narratif dicté par les hadiths, les biographies et les exégèses islamiques. En effet, ce matériel est extrêmement contradictoire et date le plus souvent de plusieurs générations après les faits supposés. Il a en grande partie émergé lors de conflits politiques qui en ont sans doute influencé le contenu. D’autre part, même les principaux fils conducteurs dictés par ce matériel sont très difficilement réconciliables avec les sources historiques et le contenu intrinsèque du Coran. Quelques exemples:
Le Coran ne mentionne le nom de Mahomet que quatre fois et toujours sous une forme qui pourrait aussi bien constituer un simple épithète signifiant «digne d’éloge». Le Coran parle aussi d’un «Ahmed» (le «plus digne d’éloge») pour le désigner. Qui plus est, ce nom n’apparaît ailleurs que très tard. Il n’en existe aucune trace épigraphique d’époque, parmi un matériel pourtant abondant. La première monnaie mentionnant «mhmd» date de 685, soit deux générations après sa mort supposée (632). Lorsque ce nom apparaît sur des manuscrits de l’époque (dont on n’a d’ailleurs que des copies plus tardives), c’est pour parler d’un leader militaire, parfois vivant après la date officielle de sa mort.
Le Coran ne dit presque rien non plus de La Mecque et de Médine (anciennement Yathrib), qui forment pourtant l’essentiel du décor de la révélation selon la Sunna et la Sira. La géographie coranique est sujette à caution. Il n’existe ainsi aucune trace historique ou archéologique de La Mecque d’avant l’islam ou datant de la période de la révélation.
D’autre part, le Coran mentionne fréquemment des endroits qui se situent beaucoup plus au nord. Il précise que les auditeurs de la récitation coranique passent souvent devant les ruines témoignant du sort du peuple de Loth, alors que selon les récits bibliques, la destruction de Sodome et Gomorrhe est associée à la région entourant la Mer morte, à plus de mille kilomètres de La Mecque. Le Coran enfonce ce clou en précisant ailleurs que Allah aurait «fait périr les cités autour de vous», alors qu’on ne trouve aucunes ruines de cités aux environs de La Mecque.
Le Coran évoque aussi, pour parler de l’auditoire du prophète, des gens vivant dans une région fertile, avec des jardins, des fruits, du bétail – autant de choses inexistantes dans le Hedjaz de l’époque. Dans ses passages eschatologiques, le Coran parle volontiers de séismes, de grands incendies et de tsunamis – des phénomènes dont on peut trouver la trace au nord (Jordanie, Palestine, Levantin), mais pas dans le Hedjaz, une zone tectonique particulièrement stable.
Les manuscrits coraniques les plus anciens suggèrent également que l’ouvrage a été rédigé dans le Levantin. Durie peut ici proposer des arguments linguistiques très précis. Il relève aussi que certains manuscrits coraniques sont trop anciens pour convenir à la datation selon la tradition musulmane. Bref, le matériel livré par cette tradition est sans doute entaché d’erreurs majeures et Durie décide de se limiter au seul Coran et d’en analyser les aspects théologiques en fonction de ses seuls contenus.
Le Coran par lui-même
Pour prioriser cette tâche, Durie se laisse également guider par le texte coranique. Par exemple, sous l’influence des études bibliques, on pourrait être tenté d’étudier longuement le concept coranique du Salut. Mais le Coran ne contient que 60 occurrences de termes pouvant s’apparenter à cette notion, dont un seul avec le sens en question. Et nulle part le Coran ne parle d’un «Sauveur». En revanche, on y trouve 316 occurrences évoquant la notion de guidance (racine h-d-y). Durie estime qu’une théologie scripturale coranique doit être priorisée en fonction de la fréquence avec laquelle l’ouvrage traite des thèmes en question. On ne peut guère parler d’un concept théologique coranique pour un aspect qui n’est abordé qu’une fois, brièvement, dans l’ouvrage. D’autre part, ce n’est qu’en comparant de multiples occurrences et le contexte textuel de thèmes traités dans le Coran qu’il devient possible d’en dégager le sens spécifiquement coranique. Ainsi, l’un des attributs de Allah les plus fréquemment mentionnés dans le Coran est le «Miséricordieux» – c’est donc clairement un aspect théologique important, à creuser. On s’aperçoit alors notamment que jamais le Coran ne dit Allah miséricordieux envers des incroyants. Au contraire.
Le Coran renferme différents types de textes d’importance variable pour les aspects théologiques. Il propose ainsi notamment
- des récits, dont il dit qu’ils doivent servir à mieux faire comprendre et rappeler le message. Certains sont répétés maintes fois, d’autres n’apparaissent qu’une fois; certains sont très longs, d’autres consistent en une simple note.
- des ordres spécifiques, régissant la communauté des croyants. Ici aussi, certains sont uniques et d’autres, comme celui de dépenser pour la cause (anfaqa), sont très répétitifs.
- des commentaires d’événements, notamment survenus pendant la révélation, qui sont émaillés d’indications théologiques.
- des formules théologiques, souvent brèves et répétitives, formant des suites de déclarations, d’ordres, des avertissements, des encouragements. Un exemple typique: «Certes, Allah ne guide pas les gens mécréants.»
Une grande partie du Coran est constituée de dialogues et multilogues dont nous n’avons les déclarations que d’une partie (Allah), les interlocuteurs étant le «Messager» (rasul, en principe Mahomet), les croyants, les sceptiques. Nombre de passages s’ouvrent ainsi par une interpellation («Gens du Livre», «Vous qui croyez», «Gens!»). Le texte passe souvent d’une conversation à l’autre sans transition. Il peut aussi arriver que des djinns y parlent entre eux (chapitre 72). Souvent aussi, le Coran fournit des instructions à la suite d’une question précise («Ils t’interrogent au sujet du butin. Dis: ‹Le butin est à Allah et à Son messager.») ou d’une affirmation de certains personnages («Et ceux qui ont mécru disent: ‹Pourquoi n’a-t-on pas fait descendre sur celui-ci un miracle venant de son Seigneur?› Tu n’es qu’un avertisseur, et à chaque peuple un guide.»). Le même style est souvent utilisé pour relater des événements passés, notamment les tribulations des prophètes. Le Coran offre ici une sorte d’auto-exégèse très riche en éléments théologiques.
Cette insistance sur l’aspect vocal, parlé, du texte coranique, donne à penser que le Coran et apparu sous forme orale. Mais en même temps, le Coran parle de lui comme d’une récitation, d’une incantation, donc d’un texte (alors déjà écrit) que l’on récite, de manière répétitive.
Pour étudier cet aspect, Durie fait appel à une base de données réunissant l’entier du Coran (en arabe, bien sûr). On observe alors notamment que quelque 60% du texte coranique sont constitués de formules répétitives de quelques mots qui varient légèrement d’une occurrence à l’autre (cf. par ex. 45.3: «Il y a certes dans les cieux et la terre des preuves pour les croyants» puis variations dans 43.33, 16.67, 51.20, etc. plus de 40 occurrences au total). Cette forte densité liée à cette irrégularité dans le détail sont typiques des performances orales anciennes, où les interprètes utilisaient une série de formules fixes et de récits qu’ils vont répéter plusieurs fois en variant légèrement la phraséologie, plus ou moins volontairement. Un effet très net dans les différentes versions coraniques de récits en principe identiques. Par exemple, le Coran «raconte» sept fois le récit d’Adam et d’Iblis, mais avec des variations dans le contenu et les formules utilisées.
Le répertoire de formules constitue donc un indice particulièrement parlant sur la théologie coranique: elle met en évidence les aspects auquel l’ouvrage, ou la récitation, veulent donner du poids. De plus, certaines variations qui affectent le contenu théologique vont permettre de discerner une chronologie dans la révélation (le Coran standard étant simplement classé, à peu près, dans l’ordre de longueur décroissante des chapitres).
La fréquence et la répartition au sein des chapitres de certains éléments lexicaux particuliers (termes tels que «messie» ou «chrétien»), offrent un autre point de repère important pour cette chronologie. Celle-ci est primordiale pour cerner un autre aspect marquant du Coran: ses contradictions internes sur certains sujets. Par exemple, le Coran appelle dans certains chapitres à tolérer les non-musulmans, et dans d’autres à les combattre; son attitude envers juifs et chrétiens peut aussi différer radicalement selon les chapitres. Mais en même temps, il présente une indéniable cohérence interne. On doit donc supposer que ces différences résultent d’une transition (théologique).
Sur cette base, Durie peut maintenant articuler une théologie coranique de base, sorte de socle théologique permanent qui se confirme d’un bout à l’autre du livre, et ce qu’il appelle une «crise eschatologique» provoquant la transition susmentionnée. Je reproduis ici (en le traduisant) le schéma de cette théologie de base:
- Allah est le seul Dieu et créateur de tout ce qui existe. Il a créé les êtres humains et les a placés sur cette terre exclusivement comme ses esclaves (’ibad). Allah a aussi créé les anges, qui le servent, les djinns et al-shaytan, «Satan».
- L’objet et le but final de la vie humaine sont déterminés par la voie (sirat, sabil) que chaque personne suit. Ceux qui obéissent à leur créateur, sont croyants et confiants (amana), observent ses signes (ayat) et obéissent à ses ordres (amr) sont sur la «voie droite» (al-sirat al-mustaqim). D’autres se sont égarés (dalla) de la voie. Ils prennent pour guides d’autres que Allah: ce sont les associateurs (al-mushrikun).
- Les êtres humains sont par nature ignorants (tajhaluna), manquent de savoir (ilm), rejettent (kafara) la vérité et sont aisément égarés (adalla). Ils se tournent vers Allah dans le besoin, mais s’écartent de la voie dès que les choses vont bien. Pour maintenir l’humanité sur la voie droite, Allah envoie des messagers (rusul, sg. rasul) qui rappellent (dhakkara) et guident (hada) les gens en récitant (tala) les signes de Allah.
- Les gens peuvent se prémunir (ittaqa) en suivant la guidance (huda) fournie par un messager, Lorsqu’ils reçoivent cette guidance, ils doivent se repentir et revenir (raja’a, ada) dans la voie de Allah. S’ils le font, Allah leur témoignera sa miséricorde (rahmat).
- À présent, tous les êtres doivent écouter (tadhakkara) «le Messager» (al-rasul) qui, comme des messagers antérieurs, a reçu un «livre» (kitab) de Allah, «la récitation» (al-qur’an). Allah a une manière d’agir (sunna) caractéristique et invariable avec les messagers et les peuples auxquels ils sont envoyés, et ceci s’applique aussi au Messager et à son peuple.
- Les vrais croyants (mu’minun) écouteront le Messager, accompliront les prières quotidiennes (salat), donneront l’aumône (zakat) et ne vénéreront que Allah.
- Au jour du Jugement, tous les gens seront ressuscités. Alors, il sera trop tard pour se repentir. Ce jour-là, ceux qui auront écouté le Messager seront comptés parmi les croyants. Bien guidés, ils auront le succès (aflaha) et vivront, bénis, dans le Jardin (al-jannah).
- D’autres auront rejeté (kafara) la vérité (al-haqq) apportée par le Messager (et les messagers antérieurs), et auront qualifié les signes des messagers de mensonges (kadhaba). Ceux-ci sont les incroyants (al-kafirun). Tous ceux qui rejettent la voie de Allah et nient (khadhdhaba) ses signes sont les perdants (al-khasirun) et subissent le châtiment de Allah dans cette vie et le châtiment éternel (’adhab, iqab) du Feu (al-nar) dans l’au-delà.
Reconstitution de la chronologie
Tous ces éléments sont omniprésents dans le Coran, mais certains aspects mineurs changent. Dans la littérature islamique traditionnelle, ce changement est expliqué par l’émigration de Mahomet, qui doit quitter sa ville natale de La Mecque et fonde alors une communauté de croyants à Yathrib, appelée depuis Médine. Il devient chef militaire et combat les incroyants, jusqu’à reconquérir La Mecque puis unifier l’Arabie avant de mourir à la tâche, empoisonné selon les récits les plus courants. Ici Durie, qui rejette le narratif traditionnel, reconstitue la chronologie en observant l’évolution des éléments eschatologiques du Coran. En effet, de nombreux chapitres n’évoquent que l’eschatologie «de base», permanente, insistant sur le jour du Jugement, les affres de l’enfer et les délices du paradis. Mais d’autres menacent d’un double châtiment, l’un éloigné, dans l’enfer éternel, et l’autre proche, dans cette vie, en évoquant les catastrophes qui auraient frappé des peuples incroyants par le passé (par ex. le peuple de Noé). Le châtiment dans cette vie est présenté comme un avertissement, pour inciter les gens à se repentir. Ce sont les chapitres que Durie appelle «pré-transitionnels».
Le Coran contient de nombreux témoignages de gens sceptiques à cet égard, parmi l’auditoire du Messager. Pourquoi ce fameux châtiment proche ne vient-il pas? Une interrogation qui préoccupe d’ailleurs tant les croyants que les sceptiques. Et le Messager est dit troublé par cette attente. Allah lui suggère une série de réponses qui ne sont guère satisfaisantes. Surtout pour les croyants, à qui les récits du châtiment proche promettent de grands succès et la prospérité dans cette vie aussi. Lire sur cet aspect le chapitre 13 du Coran (al-ra’ad, le tonnerre).
« La Vache », premier chapitre post-transitionnel
La situation connaît une escalade décrite dans le chapitre 22 (al-hajj, le pèlerinage), qui permet le combat en situation de légitime défense. À ce stade, le Coran continue d’utiliser l’eschatologie de base – le châtiment divin reste celui du Jugement et le combat n’est encore constitué que d’actes de défense déployés par les croyants eux-mêmes. Mais d’autres chapitres, que Durie appelle «post-transitionnels» vont assimiler ce combat à un acte de Allah. Par exemple (8.17): «Ce n’est pas vous qui les avez tués: mais c’est Allah qui les a tués. Et lorsque tu lançais (une poignée de terre), ce n’est pas toi qui lançais: mais c’est Allah qui lançait, et ce pour éprouver les croyants d’une belle épreuve de Sa part!»
Le premier chapitre post-transitionnel serait al-baqara (2. La vache). On y retrouve l’injonction à combattre dans un contexte de défense, mais ce chapitre franchit une étape supplémentaire: à la notion de permission du chapitre 22 s’ajoute maintenant celle de prescription (2.216): «Le combat vous a été prescrit (…)» (voir aussi 2.246 et 4.77). On trouve aussi dans ce chapitre (2.190) la fameuse formule fi sabil Allah associée au combat (qatilu), une phrase qui n’apparaît que dans les chapitres post-transitionnels. Dès lors, la violence armée, létale, fait partie de la voie droite et constitue un moyen légitime d’éliminer des obstacles à l’établissement de la religion de Allah. Ou, pour citer le Coran (2.193): «Et combattez-les (qatiluhum) jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’association (fitna) et que la religion soit entièrement à Allah seul.» Le même chapitre (2.191 et 2.217) affirme par ailleurs que «l’association (fitna) est plus grave que le meurtre». La guerre (défensive) devient ainsi un élément théologique à part entière, un ordre de Allah, visant à instaurer la religion. Puis le chapitre 8 (al-anfal, le butin) ira jusqu’à instaurer ce combat en des termes non plus défensifs, mais universalistes (8.38-39: «Dis à ceux qui ne croient pas que, s’ils cessent, on leur pardonnera ce qui s’est passé. Et s’ils récidivent, (ils seront châtiés); à l’exemple de (leurs) devanciers. 39. Et combattez-les (qatiluhum) jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus d’association (fitna), et que la religion soit entièrement à Allah.»
Le chapitre 47 (Muhammad) est une autre sourate du début de la période post-transitionnelle. Les ennemis, qu’il faut frapper au cou, dominer et enchaîner solidement, «Il en est ainsi» (47.4) sont simplement désignés comme ayant mécru. Dans ces chapitres, le Messager cesse progressivement d’être qualifié de «simple avertisseur» ou de «porteur de bonne nouvelle» sans autorité ni pouvoir légal. Alors qu’il était explicitement décrit auparavant comme n’étant ni un «gardien», ni un «surveillant», ni un «contrôleur», ni un «tyran», ni quelqu’un chargé de guider les croyants par lui-même, il devient, avec la communauté des croyants, sous les ordres de Allah, le vecteur du châtiment proche.
De nouvelles injonctions
Le Coran dit dès lors (47.33): «Obéissez à Allah, obéissez au Messager (…)» (21 mentions dans les chapitres post-transitionnels, aucune ailleurs). Les incroyants ne doivent plus être pris comme alliés, les croyants forment une communauté dûment réglementée, qui «ordonne le convenable et interdit le blâmable» (3.110). La personne du Messager revêt dès lors une importance théologique inédite: pas question de l’interroger comme on interrogeait Moïse (2.108); les vrais croyants ne quittent sa présence qu’avec son autorisation (24.62); ils n’entrent chez lui que sur invitation, sans attendre devant sa porte, ne s’éternisent pas, ne s’adressent à ses épouses que depuis derrière un rideau et en aucun cas n’épousent ces femmes après lui (33.53ss); ils n’élèvent pas la voix en sa présence (49.2-3); il leur est interdit d’avoir des conversations secrètes et critiques à son propos (58.8-9); ils lui versent une aumône lorsqu’il leur accorde une audience (58.12-13); ils doivent prier pour lui (33.56-57); ils sont maudits par Allah, ici-bas et dans l’au-delà, s’ils offensent Allah ou son Messager (33.57); etc.
Autres caractéristiques des chapitres post-transitionnels: la fréquence de la mention des signes de Allah recule de 50%; le narratif des châtiments proches utilisés jusqu’alors comme avertissements s’estompe au profit du châtiment immédiat; les références au jour du Jugement se raréfient; les appels à s’engager et à dépenser pour la cause s’intensifient; le thème de la migration se clarifie; les mentions de combats entre croyants et incroyants se multiplient, de même que les mises en garde contre toute association avec les incroyants, les appels au pèlerinage pour réunir les croyants et les prescriptions normatives réglant dans le détail la vie des croyants; les injonctions à la patience disparaissent au profit de celles au jihad; les désignations des incroyants se font plus précises et détaillées.
Aspect cocasse: tant les chapitres pré-transitionnels que post-transitionnels insistent lourdement sur le «fait» que la voie de Allah et la mission des messagers sont immuables et qu’on n’y trouve pas de changement. Le Coran va même jusqu’à dire que son eschatologie post-transitionnelle est celle même présentée dans la Torah et l’Évangile (au singulier dans le Coran) (9.111):
«En vérité, Dieu a acheté aux croyants leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis, en vue de défendre Sa Cause: tuer et se faire tuer. C’est une promesse authentique qu’Il a prise sur Lui-même dans la Thora, l’Évangile et le Coran. Et qui est plus fidèle à sa promesse que le Seigneur? Réjouissez-vous donc de l’échange que vous avez effectué! N’est-ce pas que c’est là le comble de la félicité?»
Pour clore cette entrée en matière, Durie propose une liste chronologique complète des chapitres du Coran en fonction des éléments théologiques ainsi dégagés. Puis il passe au propos central de son ouvrage, pour déterminer si la théologie coranique est héritée de la Bible ou si elle lui emprunte seulement des éléments qu’elle s’approprie sans en conserver la signification biblique. Il consacre une plus longue section à ce qu’il appelle la Rasulologie (de l’arabe rasul – messager) comparée à la prophétologie (biblique) et aligne une impressionnante série de différences majeures démontrant très largement que les messagers du Coran et les prophètes de la Bible n’ont que peu de choses en commun. Il fait le même travail d’étude comparative pour le monothéisme, la christologie, le messianisme, l’esprit saint, la présence divine, la sainteté, Satan(s), l’Alliance, l’expulsion du Paradis et les «prophètes» guerriers, le tout avec une maîtrise admirable de son sujet.
En conclusion, Durie récapitule brièvement ses démonstrations et esquisse quelques pistes de recherche future sur le sujet. Suivent une bibliographie et plusieurs index thématiques. Des notes, souvent explicatives, sont également proposées après chacun des chapitres.»
Alain Jean-Mairet
«The Qur’an and its Biblical reflexes - Investigations into the Genesis of a religion » (Le Coran et ses reflets bibliques - Enquêtes sur la genèse d'une religion), 337 p.
12:19 | Tags : mark durie, coran | Lien permanent | Commentaires (21)
Commentaires
Merci Mireille! :-)
Ce livre est très intéressant. Il montre notamment que le message intrinsèque du coran, celui qui se dégage d'une signification fondée sur le seul contenu du coran lui-même, s'aligne en fait très bien sur celui provenant de la tradition. Les exégètes musulmans, en puisant dans le hadith et la sira, ont bien sûr un langage plus fleuri et proposent d'innombrables anecdotes pour illustrer le cheminement de la "révélation", mais ils suivent en fait pas à pas la voie que dicte clairement le texte coranique, quand on en restitue la chronologie à l'aide de la simple logique.
Il est d'ailleurs fort probable que la tradition a été concoctée sur cette base, en fonction du message qui se dégage du coran, de manière à le confirmer tout en lui donnant le "contexte" voulu, décidé à l'avance.
Ainsi, ce message évolutif commence par de simples appels à se rapprocher de dieu, agrémentés de menaces d'abord purement métaphysiques (l'enfer), puis concrètes (châtiment de dieu dans ce monde), le tout débouchant sur une guerre offensive (jihad al-talab) contre l'incroyance.
C'est pourquoi toutes les exégèses coraniques dignes de ce nom (c'est-à-dire complètes) confirment ce schéma et le bien-fondé de la haine contre l'incroyant et du jihad (militaire, offensif, de durée illimitée). Toutes les théories alternatives prônées par les musulmans modernes et leurs amis restent très partielles et personne, surtout pas les "coranistes", n'a encore pu produire une exégèse tolérante, car dès qu'on doit considérer la totalité du texte coranique et rester cohérent, on finit par légitimer le pire "islamisme". Qu'on respecte la tradition ou pas ne joue guère qu'un rôle décoratif.
Maintenant, bon, cela ne signifie bien sûr pas qu'il est impossible de réaliser une exégèse tolérante (et honnête) du coran. Personnellement, je ne vois pas trop comment, mais on ne peut pas l'exclure d'emblée. Simplement, il faut comprendre que pour l'instant, personne ne s'en est montré capable, donc que toutes les lectures (complètes, ou au moins raisonnablement élaborées, disons) existantes confirment la nécessité ou le caractère obligatoire de l'inimitié et de la guerre (contre nous). Et comme les musulmans sont de plus en plus nombreux à savoir lire, on ne peut pas espérer contenir cette "interprétation" unanime en formant des imams ou en soutenant des "modérés".
Dans un contexte moderne, alphabétisé, le message du coran primera toujours sur les louvoiements apologiques. Et comme le coran (et la tradition et la jurisprudence) autorise les musulmans à nous mentir en position d'infériorité militaire, les musulmans qui connaissent leur religion penseront toujours que les apologistes nous mentent à dessein. Que ce soit vrai ou pas n'a aucune espèce d'importance.
À mon avis, il vaut donc mieux recommander au non-musulmans de prendre le "petit" risque qui consiste à interdire le culte à la base (à peine 15% des musulmans en Suisse) que le "grand" risque de faire face à une population musulmane devenue trop importante pour cela et où les lecteurs sérieux du coran auront forcément gain de cause, dans toute la mesure où la religion islamique sera pratiquée.
Cela dit, et d'autre part, le livre de Durie livre aussi des arguments intéressants quant au message que nous devrions diffuser à l'attention des musulmans: le coran n'est certainement pas un livre divinement inspiré, et la tradition qui l'accompagne et l'explicite ne doit pas grand-chose à la vérité historique. Il s'agit là de faits que nous sommes en droit de défendre, basés sur les valeurs qui ont fondé la civilisation la plus avancée du moment, ce qui n'est pas rien. Si l'occident diffusait et défendait ces faits convenablement et avec assez de constance, il est plus que probable que les mosquées seront pratiquement vides d'ici une petite génération. Ce ne serait pas si difficile. Mais là aussi, ça le sera de plus en plus à mesure que les musulmans actuels seront encouragés à respecter leur religion.
Écrit par : Alain Jean-Mairet | 16/06/2019
Le fanatique se moque de l'érudition, si même il a la capacité intellectuelle d'en comprendre le sens.
Écrit par : Mère-Grand | 16/06/2019
Le fanatique lui-même n'a guère d'impact, c'est un simple fou. Il peut certes faire des dégâts, mais sans compromettre une société par ailleurs stable. En revanche, dans une société qui partage une certaine folie, ou disons une idéologie favorable à un fanatisme bien défini, les fanatiques soudain se ressemblent, s'assemblent, agissent de concert et peuvent faire basculer l'Histoire. Ceci d'autant mieux que leur idéologie est bien connue, ce qui permet à des démagogues de les guider dans le cadre d'entreprises structurées. Par exemple un califat. Dès lors, lutter contre les fanatiques sans tenter de détruire ou au moins de discréditer l'idéologie en question équivaut à lutter contre des fruits toxiques tout en cultivant les plantes qui les produisent. On ne peut pas résoudre le problème islamique en se concentrant sur les fanatiques. Il faut agir à la racine.
Écrit par : Alain Jean-Mairet | 16/06/2019
D’accord pour les fanatiques et leurs commandants de corps (au sens propre et figuré), d’accord pour le partage de cette folie par nos élites, d’accord que l’histoire peut basculer. En France, pour ne citer qu’elle, le mouvement a commencé.
Mais en même temps, est-ce que le but de la petite armée des «ignorants-très pratiquants », ceux qui ne lisent pas le Coran tellement il est illisible mais qui l’adorent, ceux qui croient qu’ils sont l’avenir de l’humanité tellement leur religion et donc eux-mêmes sont beaux (et purs) est l’extermination des mécréants? C’est en tout cas sauf exception assez loin des sermons des mosquées en Suisse.
Lors d’un débat récent, la présidente de l’Union vaudoise des associations musulmanes, confirmait ce qu’a écrit Shafique Keshavjee et que disent bien d’autres: les musulmans ne connaissent pas leurs textes. Mais selon elle, lire quelques pages du Coran «les apaise ».
J'ai fait le même constat chez des disciples de Hani Ramadan dont les sermons-conférences ne sont que sucre et miel concernant les paroles de son dieu et les comportements de son prophète, bien loin du djihad (il en compte neuf sauf erreur, tous très sympathiques, et tuer est le moins important, d’ailleurs dans l'histoire musulmane, dit-il, Mahomet ne guerroie et ne tue que pour se défendre). Même s'ils sont déstabilisés lorsqu'on leur fait telle citation ou leur rappelle tel fait historique incontestables, rien ne change chez les disciples, rien ne peut changer dans cet immense amour de l'islam.
Je suis assez convaincue que le grand danger ne vient pas d’un credo guerrier et cruel, mais d’une sorte d’étouffoir culturel qui se traduirait par une liberté d’expression ultra limitée, une pression sur nos mœurs, l’extension infinie des rites islamiques et un séparatisme croissant. Je ne sais pas si ce danger est plus désirable que la version guerrière.
Peut-être que convaincre des réalités historiques qui contredisent la tradition serait la solution. Mais pour l'instant, ni les musulmans (de plus en plus aguerris face aux contestations), ni nos universitaires et chercheurs (de plus en plus craintifs face à la contestation) ne le font.
Écrit par : Mireille Vallette | 16/06/2019
Le danger varie en fonction de la perspective. La guerre est le principal danger au niveau mondial, car les musulmans qui cherchent activement à établir un califat global (et plusieurs projets de ce type sont en cours, certains sont même ouvertement vantés dans les écoles de certains pays, comme l'Iran) n'ont pas les illusions soporifiques répandues par nos musulmans locaux. Et, oui, la descente vers la médiocrité et un autoritarisme plus ou moins larvé est le principal danger qui menace les sociétés libres de l'intérieur.
Il est je pense inutile de chercher à convaincre les musulmans. C'est un travail trop ingrat: d'une part, cela blesse les musulmans sincèrement pacifiques, donc ceux qui a priori méritent le moins nos reproches. Renoncer à des convictions aussi profondes est douloureux et c'est même une réelle blessure au niveau cérébral - cela équivaut à détruire des schémas de fonctionnement neuronaux, ce qui peut être très déstabilisant. De plus, il est (encore) impossible de déterminer avec certitude le niveau de sincérité des gens. D'autre part, nous savons avoir affaire, parmi les musulmans qui connaissent leur religion, à des individus persuadés que le mensonge leur est permis, cela fait partie de la conviction islamique standard, classique. S'avancer sur ce terrain marécageux relève de la gageure: nous ne pourrons sans doute jamais former convenablement suffisamment de gens pour contrer valablement le narratif islamique ancré dans des éléments très émotionnels (donc des convictions très douloureuses à abandonner) et disposant d'argumentations rodées depuis maintenant plus de mille ans dans toutes les situations imaginables. Le tout soutenu par un financement massif, d'ailleurs également prévu par les fondements de la religion islamique (zakat).
Mais rien ne nous empêche de miser simplement sur des faits vérifiables, à l'attention des gens, musulmans ou pas, qui s'y intéressent. Et dans le monde moderne, ces gens sont tout de même infiniment plus nombreux que par le passé, même dans les pays à majorité musulmane. Il y a là une chance à saisir. Ainsi, nous pouvons montrer que le respect de la religion islamique entraîne un risque bien réel de troubles à l'ordre public et de diminution des aptitudes cognitives de la population, indépendamment des convictions de nos musulmans. Et nous pouvons montrer que le narratif musulman n'est fondé que sur du sable et de l'air chaud. Ceci sans en faire une croisade, en respectant simplement les valeurs de la civilisation et de la science modernes. En réaffirmant le bien-fondé des systèmes de pensée qui permettent... de faire voler des avions, d'envoyer des véhicules sur Mars ou de communiquer instantanément au niveau mondial. À bien y réfléchir, nous avons alors toutes les chances de notre côté.
Écrit par : Alain Jean-Mairet | 17/06/2019
Il arrive que l'on réalise que Dieu nous a été fourré dans la tête.
Jung recommandait de ne jamais se couper de ses racines.
Dans les textes évangéliques, par exemple, le problème que posent les accents dans les traductions:"Je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi au paradis, ou "Je te le dis aujourd'hui, tu seras avec moi au paradis," Il n'est plus précisé quand.
Il arrive que souhaitant ne pas se couper de ses racines on se réveille en voyant ses racines par un parent lointain. Un singe.
Pas visible mâle ou femelle.
Leçon d'humilité et de paix.
Écrit par : Myriam Belakovsky | 17/06/2019
"Le fanatique lui-même n'a guère d'impact, c'est un simple fou."
"les fanatiques soudain se ressemblent, s'assemblent, agissent de concert et peuvent faire basculer l'Histoire."
"On ne peut pas résoudre le problème islamique en se concentrant sur les fanatiques. Il faut agir à la racine."
Il y a quelque contradiction dans vos affirmations: lorsque je dénonce "le fanatique", il est clair que je ne dénonce pas "un fanatique" individuel et lorsque je dis qu'il est incapable de comprendre les arguments rationnels ou la vérité historique, je fais référence à ce que vous appelez la "racine".
Le "simple fou" que vous évoquez n'existe pas ou, s'il existe, ne nous préoccupe pas. Il est l'expression d'une "folie" partagée que vous dénoncez. Le problème reste entier, comme l'exemple français nous le montre: la folie est en expansion et les moyens d'agir à la racine difficile à trouver ou à mettre en oeuvre.
Écrit par : Mère-Grand | 17/06/2019
on ne comprend pas bien
Écrit par : Myriam Belakovsky | 17/06/2019
La racine, c'est la religion musulmane, plutôt que l'islamisme. Ce sont les actes, plutôt que les paroles. Ce sont les résultats plutôt que les intentions déclarées.
Si l'on veut se pencher sur les problèmes posées par l'islam, il faut mettre en lumière le culte normalisé et le coran, pas les épouvantails jihadistes - les règles, pas les exceptions. Alors, on voit qu'il suffirait de stopper l'exercice du culte et de critiquer sérieusement le texte coranique pour empêcher la folie de prendre forme dans la réalité, ou de s'y installer dans la durée.
Si l'on veut se pencher sur un prêcheur, par exemple Hani Ramadan, il faut lire ses écrits, pas écouter ses prêches. Alors on apprend que la prière musulmane, oui, consiste pour lui aussi, notamment, à déclarer les non-musulmans exclus de la miséricorde de dieu, et ce au moins 17 fois par jour, en toutes lettres dans le texte. Nous sommes ici à la racine de la folie.
Si l'on veut se pencher sur l'effet de l'islam, il faut chercher des mesures concrètes, permettant des comparaisons éclairantes, qui vont nous indiquer la différence entre une population islamisée et une autre non islamisée. Il y a une foule d'exemples dans le dernier ouvrage de Thilo Sarrazin, par exemple.
Oui, l'air du temps n'est pas favorable. Alors il faut se contenter d'éviter les erreurs et se concentrer sur l'essentiel. Le vent tournera certainement bientôt. Et sinon, eh bien nous aurons au moins fait de notre mieux.
Écrit par : Alain Jean-Mairet | 17/06/2019
Je pense qu'il manque une observation au sujet de ces musulmans qui ne voient dans l'islam qu'amour et paix, et qui n'ont pas pour projet l'extermination des non musulmans. Bien sûr qu'en majorité ils sont sincères, mais je pense que le problème n'est pas là : mon expérience avec eux c'est qu'il ont appris que leur valeur en tant qu'être humain venait du fait qu'ils avaient la très grande chance de faire partie de "la meilleure des religions" . Leur amour propre a été construit sur le fait qu'ils étaient de bonnes personnes car ils étaient musulmans. Si vous remettez l'islam en question, pour eux vous ne remettez pas seulement l'islam en question, mais ce qui fait qu'ils sont des êtres humains dignes de respect.
C'est insupportable, alors la plupart du temps ils préfèrent le déni à la dissonance cognitive. Seuls ceux qui sont capables de faire la part des choses entre l'islam et eux-même en temps que personne, peuvent faire preuve d'esprit critique et affronter le choc de la prise de conscience : "la meilleur des religions" prône en réalité la guerre, la violence et le suprématisme. C'est très difficile à entendre si l'on pense que " l'islam et moi, ou moi et l'islam, c'est la même chose".
Pour éviter ce choc, la plupart préfèrent donc nier l'évidence. Là où je ne suis pas d'accord avec vous Mireille, c'est que le risque ce n'est pas seulement la pression sur les moeurs, l'extension infinie des rites islamiques ou un simple séparatisme. Ces gens sont la minorité silencieuse qui soutient coûte que coûte les religieux, et leur permet de prendre progressivement le pouvoir. Comme ils ne peuvent contester l'islam au risque de miner les fondements de leur amour propre, ils vont les laisser faire et même les soutenir tout en fermant les yeux sur leurs exactions, ou leur trouver des justifications.
Ce qui amènera à une société de plus en plus violente pour les non musulmans. L'histoire récente nous a démontré : Liban ou Kosovo par exemple. Je ne vois pas d'exemple de pays où des musulmans en nombre important sont en mesure de vivre paisiblement avec les non musulmans . Et je ne compte pas sur ces gens qui vont écouter les discours "sucre et miel" d'Hani Ramadan, pour défendre nos droits face à l'islam conquérant.
Donc, même si ces musulmans "sucre et miel" sont bien gentils, ils sont les fondations sur lesquelles s'appuient ceux qui entendent construire une société à l'image de celle de leur prophète : violente et intolérante.
Écrit par : Sophie | 18/06/2019
Quelle érudition..... c'est étourdissant ! Bravo et merci
Je crains toutefois que tous ces raisonnements ne soient hors de portée de la plupart des adeptes de la meilleure de religions. En effet, le fait d'ânnonner, plusieurs fois par jour, des vers obscurs, des sourates incompréhensibles, ne favorise guère la réflexion ni le sens critique.
Idem pour tous ceux qui défendent aveuglément l'islam. Ils seraient sans doute capables de comprendre ce texte, mais refuserons de le faire.
Comment peut-on être si sûr d'être supérieur du fait d'être musulman, alors qu'il suffit d'ânonner trois fois: "Allah est grand et Mohammed est son prophète" ? Est-ce vraiment si simple, si facile de devenir un surhomme?
Je me demande toujours comment les musulmans qui vivent chez nous peuvent, d'une part, entendre de façon permanente un discours "égalité entre tous", tolérance pour les LGBTIQ+, liberté d'expression, interdiction de la discrimination etc et vivre le parfait contraire au plus profond de leur personne islamisée. Voir défiler des femmes seins nus criant "bouffe ma chatte" .... à mon avis, ce genre d'extrêmisme féministe nous dessert tous, car cela ne fait que confirmer que les occidentaux.ales sont sur la mauvaise voie et que la pureté est hors de leur portée.
A plusieurs reprises, Mairet propose d'opposer des faits objectifs, des réalités avérées pour démolir le discours tout sucre, tout miel de l'islam. Qqn serait-il en mesure d'écrire un petit pamphlet, très court, très simple (car franchement, qui va lire le livre qui fait l'objet de ce blog, à part ceux qui ont compris que l'islam est dangereux ?) une petite brochure facile et amusante à lire pour contrer le discours favorisant le séparatisme religieux, le bigotisme, l'étouffement de toute pensée critique?
J'ai aussi l'espoir que le vent tournera bientôt, tout simplement parce que la situation actuelle n'est plus tenable. Aucune personne douée d'intelligence ne peut - chez nous, à notre époque - renvoyer les femmes au fourneaux et au ménage tout en défilant pour l'égalité. Il est consternant qu'à une époque où le savoir et la connaissance sont si facilement accessibles (internet, la télé, les bibliothèques, l'école publique), on en soit encore à croire aux djinns, au pouvoir de la prière, à l'impureté d'un clitoris sur le corps d'une fillette (Dieu aurait-il commis une erreur en dotant la femme du plaisir ?), à la nécessité de jeûner de jour pendant un mois par an etc..... ?
Écrit par : Arnica | 19/06/2019
Pour le petit pamphlet amusant, j'ai pondu ceci aujourd'hui: https://www.precaution.ch/wp2/2019/06/19/le-gorille-musulman-invisible :-)
Sinon, dans le genre, je pense plutôt qu'il faudrait réunir des ouvrages comme celui de Durie puis en faire des séries de memes, des animations pour YouTube ou des thèmes de jeux vidéo - ça prendrait mieux. Le texte, c'est un peu obsolète, quelque part, pour communiquer des idées.
En septembre ou en octobre 2019, les Éditions du Cerf publieront Le Coran des Historiens, un travail collectif assez formidable (env. 3000 pages, mais pas cher) qui pourrait fournir le matériel. Il y a de l'espoir...
Écrit par : Alain Jean-Mairet | 19/06/2019
C’est amusant et intéressant, mais il faudrait dissocier ce genre de vidéos et de messages des sites islamophobes, sinon le gorille restera dans la pièce et continuera à casser la vaisselle ;-))
Idéalement, il faudrait des messages neutres, du style: « Voulez-vous être libres et maîtres de votre destinée ? Alors ne laissez pas la religion dicter ce que vous devez faire ». Si l’ambiguïté permet de faire croire qu’on parle du catholicisme, ça sera bingo!
Écrit par : Arnica | 20/06/2019
Merci Arnica ! On peut aussi proposer . "Une religion qui refuse l'égalité des droits et l'égalité de sexes, est-ce cela qui vous voulez pour vos enfants ?"
Écrit par : Sophie | 20/06/2019
L'histoire des religions se déroule sur le temps long. Enfin, quand je dis long, c'est très relatif. Que sont 500 ans dans l'histoire de l'humanité ?
L'islam passe sa période d'adolescence qui se traduit par une violence qui n'a rien à envier à celle que nous avons connue du temps des croisés.
Il semble donc que, malgré les apparences, l'humanité évolue, lentement mais surement. On ne tourne pas en rond mais en spirale.
Le salut viendra vraisemblablement du potentiel du développement technologique qui permettra en quelques clics à chacun de mettre en relief ces contributions importantes comme celle que vous nous présentez ici. Pas seulement dans son domaine circonscrit, mais en relation avec tout le reste. Car ce travail a été fait avec l'Eglise et les chrétiens, qui ont atteint la majorité après 2000 ans. Ils voient poindre la sénilité et ne peuvent que miser sur la venue d'un messie pour raviver une idéologie moribonde.
Si certains avaient précocement compris que la religion était l'opium du peuple, il devient aujourd'hui possible de le prouver de manière factuelle.
Écrit par : Pierre Jenni | 21/06/2019
Je ne pense pas que cette comparaison puisse être considérée comme pertinente.
Ainsi, le christianisme a débuté dans un narratif sans violence, ou plutôt seulement une violence reçue, consentie, par le personnage principal (Jésus), et les premiers chrétiens aussi ont essentiellement été des victimes (jusqu'à l'adoption de leur religion par l'empire romain, des siècles plus tard). L'islam débute au contraire par la guerre. Son calendrier commence avec l'Hégire, c'est-à-dire par la transformation de Mahomet en un chef de guerre (et d'État). Et ensuite, la guerre, le jihad, n'a jamais vraiment cessé. On peut le montrer en retraçant toute l'histoire de l'islam, de Mahomet à nos jours, dans cette lumière, comme ici: https://www.amazon.fr/History-Jihad-Muhammad-ISIS/dp/1682616592
Les croisades étaient d'ailleurs officiellement motivées par le jihad. Et il s'agissait de libérer la route de Jérusalem, pas d'envahir La Mecque ou de faire tomber l'islam. Ceci alors que Rome avait été saquée par les musulmans en 846 déjà.
Le christianisme a connu une Réforme, mais il s'agissait en fait d'un retour aux textes, de l'élimination des règles imposées par l'Église au profit d'un respect direct de l'esprit du texte évangélique. (Et plus tard, ce sont des protestants qui vont obliger l'empire britannique, alors le principal marchand d'esclaves mondial, à faire interdire la traite, puis tout l'esclavage, un phénomène que jamais aucune civilisation n'avait remis en question, surtout pas l'islam, dont c'était le principal pilier économique). Dans l'islam, une telle réforme correspond au salafisme, ou à l'EI. Jamais une réforme au sens où nous l'entendons n'y est née. Ces deux religions n'évoluent pas en parallèle, ou selon un même schéma. Elle ont leur logique interne propre et spécifique.
Quant à l'opium du peuple, celui qui a rendu ce dicton célèbre n'a pas vraiment amélioré les choses. C'est le moins qu'on puisse dire. Et ses adeptes actuels soutiennent volontiers l'islam, d'ailleurs.
Écrit par : Alain Jean-Mairet | 21/06/2019
"Je ne pense pas que cette comparaison puisse être considérée comme pertinente. "
Tout dépend de l'intention.
D'abord je ne fais pas dans la religion comparée puisque je considère que ces mouvements, tous, tant qu'ils sont, sont voués à disparaitre, ou du moins à se réformer en profondeur s'ils veulent survivre dans un monde qui permet de comprendre leurs faiblesses constitutives et la fragilité d'un dogmatisme arbitraire qui repose sur des croyances provisoires et des craintes de sanctions divines.
Donc je me fous que le Christianisme ait commencé dans une paix relative largement facilitée par la reprise de la doctrine par l'empire romain. Et, ayant comme vous lu le Coran dans une traduction recommandée et fournie par des fidèles du centre islamique de Genève, je ne puis que vérifier que c'est un traité de guerre, un mode d'emploi pour rassembler des idiots. Mon intention n'est pas de comparer, mais de mettre en perspective pour mieux dénoncer la superstition dont sont imprégnées les religions et les supercheries auxquelles elles font recours pour se répandre ou éviter de disparaitre.
Quand à Marx, si sa vision est aujourd'hui réactualisée et particulièrement en phase avec l'évolution du capitalisme de prédation, il n'a fait qu'offrir une pseudo-religion en se débarrassant des autres. Je n'éprouve pas le besoin de faire référence à un modèle quel qu'il soit. D'une part parce qu'il ne saurait correspondre à l'ensemble de mes sensibilités et d'autre part parce que tous ceux qui ont laissé une trace un peu plus marquée dans l'histoire des hommes se sont vus confrontés aux limites très humaines de la gestion du pouvoir. Aucun, pas même Jésus, n'ont été irréprochables, loin de là. Pire, leurs travers ont été mis sous les projecteurs qui nous ont permis de comprendre que la vie humaine est une tragi-comédie dans laquelle nous sommes tous des acteurs uniques et irremplaçables qui jouons notre rôle en se prenant plus ou moins au sérieux.
Écrit par : Pierre Jenni | 21/06/2019
Une photo représentant une jeune femme moderne et qui dit: "Mon mari a pris un deuxième épouse"
Une jeune fille style pensionnat catholique, jupe plissée bleu marine et chemisier blanc boutonné jusque sous le menton, qui dit: "Ma religion ne me permet pas de m'habiller comme je le veux"
Une publicité sensuelle pour du yaourt et la femme dit: "Comme j'ai perdu mon clitoris, je ne peux pas apprécier ce dessert comme vous" . Bon, ça, c'est un peu extrême....
Ou alors une femme voilée qui pose à côté d'une belle bagnole :-)))
Un sportif qui escalade une paroi, qui fait un triathlon ou autre et qui dirait: "Si j'avais le droit de manger, j'obtiendrais une meilleure performance".
Bref, créer des images contradictoires, illustrant ce que les musulmans ne font jamais. Une femme voilée dans un cours de zumba, un barbu qui joue à la pétanque ou l'inverse, comme ci-dessus: des occidentaux qui s'agenouillent, fesses en l'air, dans la rue.
Écrit par : Arnica | 22/06/2019
Le christianisme a commencé par un sacrifice, conçu comme ultime, celui du fils de dieu, c'est-à-dire de dieu en personne. C'était une manière de viser l'ultime, de révolutionner l'Histoire une fois pour toutes. Les communistes ne sacrifient guère que des épouvantails - c'est une forte régression à ce niveau, et le résultat est à l'avenant.
Au niveau individuel, nous avons tous à faire des sacrifices. Au fond et d'une manière générale, nous devons sacrifier le présent pour faire fructifier l'avenir: par exemple faire des études au lieu de s'éclater pour avoir de meilleures chances ensuite, pour être une meilleure personne, aussi. Réfléchir pour prendre de meilleures décisions. Réaliser des recherches pour mieux comprendre et mieux soigner, concevoir, bâtir, ...
Je pense qu'il est profondément incorrect et nuisible de rejeter les religions en bloc, peu importe l'intention, sans tenter de les comprendre. Ainsi, toutes sont les héritières de croyances précédentes. La Bible fourmille de très vieilles histoires adaptées à un narratif spécifique, mais dont les intrigues fascinent parce qu'elles correspondent à des phénomènes intrinsèquement humains. Le meilleur terme actuel est peut-être "archétypes".
Par exemple, lorsqu'un individu doit faire face à des difficultés majeures, il traverse une série de transformations, disons intérieures, tout à fait standardisées pour l'espèce humaine, et peut-être les mammifères, voire le règne animal entier. On peut dire par exemple qu'il plonge dans le chaos, car ses repères ne servent plus à rien, sont inutilisables dans sa situation. S'il survit, il doit reconstruire ces repères, petit à petit (sacrifice), en intégrant la situation qu'il a dû surmonter, et s'il y parvient, il ressort du chaos plus intelligent (initié), et a une meilleure chance de parvenir à évoluer avec aisance, et ainsi d'aller plus loin.
Ce phénomène intervient dans les petites comme dans les grands choses, pour un petit enfant qui tombe soudain en tentant de marcher et se fait mal, ou qui plus tard croit voir sa mère dans la foule et s'accroche aux jupes d'une autre femme puis connaît la terreur de sa courte vie en regardant le visage de l'inconnue, comme pour une nation qui perd une guerre.
Dans la Bible, c'est surtout le récit du peuple d'Israël qui doit errer dans le désert après la fuite d'Égypte; dans l'histoire de Pinocchio, c'est la descente au fond de l'océan, etc. Le marxisme présente une version très rudimentaire et maladroite, "gauche" en un mot, mais suffisante, de toute évidence, de cet aspect, avec la "révolution permanente".
Ces archétypes ont aussi leur symboles, qui apparaissent et réapparaissent dans tous les lieux et tous les écrits majeurs de l'histoire. Sans comprendre l'origine de la puissance émotionnelle, de la fascination qui émane de tels narratifs, et des symboles correspondants, on ne peut guère espérer sortir des spirales qu'elles génèrent. On en crée simplement de nouvelles, et pas forcément plus judicieuses.
Je suppose qu'en dernière analyse, ce doit être un effort individuel. Certaines civilisations, généralement peu évoluées, et diverses "sociétés" ont instauré des rites à cet effet, des "initiations", le plus souvent censées pour les premières marquer le passage de l'adolescence à l'âge adulte, et pour les secondes le passage d'un niveau de conscience à un autre, soi-disant plus évolué.
Aujourd'hui, le mieux est probablement de se baser sur les connaissances scientifiques indiquant comment fonctionne notre cerveau, ou plutôt notre système nerveux dans son ensemble. D'abord, c'est extrêmement intéressant, et il y a là probablement un réel moyen de se dégager de l'emprise des idéologies. Car nous pouvons dès lors tirer parti des archétypes sans référence à des narratifs contrôlés par une élite ou une autre.
Mais en attendant, il faut faire la différence entre les idéologies. Certes, les considérer toutes comme des dangers est une bonne idée de départ, mais s'arrêter là, non, pas avant que ces constructions aient été convenablement identifiées, disséquées, expliquées, critiquées, classées, et effectivement dépassées. Le mieux serait d'en faire un thème de la scolarité obligatoire. On peut rêver...
Écrit par : Alain Jean-Mairet | 23/06/2019
Merci beaucoup pour ce très intéressant résumé analytique.
J'aimerais savoir si on peut imaginer que cela s'est passé comme ceci:
Des chefs politiques et militaires ont utilisé (à quelle époque?) des croyances jusque-là transmises oralement et basées sur une compréhension partielle et mal assimilée de l'Ancien et du Nouveau testament, notamment les châtiments dans l'au-delà, et y ont ajouté tout un ensemble d'outils de contrôle (injonctions à l'obéissance, à la guerre, à l'expansion, menace de châtiments immédiats) bien pratiques pour servir leurs desseins totalitaires. Ensuite, les exégètes et "historiens" de différents époques ont "brodé", sur commande des chefs successifs.
Et j'ai une autre question: la chronologie de M. Durie correspond-elle à celle de M. Aldeeb?
Écrit par : Laurence | 24/06/2019
Sami Aldeeb utilise la chronologie de Al-Azhar, il n'a pas défini de chronologie spécifique. Si vous consultez son coran, vous verrez que l'ordre des sourates (donc selon Al-Azhar) n'est qu'un niveau de la chronologie - de nombreuses sourates sont censées comporter des versets qui auraient été révélés à une autre époque que celle de la sourate correspondante. C'est pourquoi Sami utilise des numéros de versets qui précisent à chaque fois la période (M = mecquois, H = hégirien).
Durie propose une chronologie basée sur une étude statistique des contenus, il travaille avec des probabilités, pas des affirmations. Il offre une liste des sourates avec différents critères de chronologisation (average lexical distance et average formulaic distance) et montre que ces deux critères s'alignent dans une large mesure, puis examine certaines anomalies (sourates dites mixtes) et certaines différences notamment avec les travaux de Theodor Nödelke. Mais il ne propose pas une liste chronologique complète des versets sur cette base, il montre graphiquement selon quelles probabilités, donc toujours en fonction de leurs contenus, les sourates s'articulent le long d'une possible chronologie. Et l'ensemble s'accorde plutôt bien avec la chronologie dictée par la fable islamique.
Il est toujours un peu risqué d'avancer des scénarios trop précis, car nous n'avons et ne trouverons très certainement pas d'indices suffisants pour cimenter une hypothèse trop bien définie. Il semble que la conquête arabe, d'abord sans islam ni Mahomet, ait si bien fonctionné que les "califes" ont dû décider de donner une stature religieuse à leurs entreprises, pour les asseoir dans la durée. À l'époque, c'est ainsi que se définissaient les empires dans la région, alors ils ont bricolé de quoi dominer les empires précédents sur le plan théologique et juridique.
Il semble aussi qu'ils ont fait réunir d'abord un livre concurrent de la Bible, donc le Coran, en recourant en partie à un matériel disponible, qu'ils ont "optimisé" au niveau du message. Puis ils ont fait broder un narratif plus précis en mélangeant divers éléments (notamment la description géographique et historique de Pétra, quelques écrits d'Arabie et de longues séries de noms qui permettaient de "rendre leur dû" aux clans alors en présence). Il semble aussi que tout cela s'est déroulé de manière plutôt chaotique, sans réelle concertation, et au gré de divers événements et conflits politiques.
Mais au-delà des conjectures, ce qu'il faut vraiment retenir et utiliser, c'est le fait que le narratif musulman est une fable. Ce qui s'est vraiment passé fascine bien sûr beaucoup de monde, mais c'est au fond une recherche futile. Pour aller de l'avant, il suffit de discréditer la fable officielle. La recherche de la vérité exacte est en fait très secondaire.
Écrit par : Alain Jean-Mairet | 24/06/2019