Le voile, attribut féministe? (04/08/2019)

Décryptage d'un reportage de propagande de la TSR qui interviewe trois mystérieuses musulmanes voilées.

Par Sophie

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Reportage de la RTS lundi 30 juillet au 19'30: «Dans le débat sur le droit des femmes, le port du voile islamique divise». 

Puisqu'on nous dit que ce symbole «divise», le téléspectateur s’attend évidemment à entendre le point de vue de femmes tant partisanes qu’adversaires du voile. Car c’est cet équilibre des points de vue qui fait la différence entre l’information et la propagande: une information, c’est ce qui nous informe sur des faits, ou encore ce qui nous donne à entendre différents points de vue afin que nous puissions nous faire notre propre opinion. Une propagande par contre, c’est ce qui nous dit ce que nous devons penser. Nous imaginons donc naïvement que cette différence entre information et propagande est enseignée à l’Université de Fribourg, dont vient de sortir la jeune journaliste Hélène Joaquim auteure du reportage.

Détrompez-vous. Le monde a changé….

Au lieu d'une explication sur ce qui «divise» les féministes au sujet du voile, nous avons eu droit à 4 minutes 20 de pure propagande pour le voile: il serait le nouveau symbole d’émancipation des femmes, il permettrait à ces nouvelles  féministes d’affirmer «leur légitimité», il serait le symbole de «la liberté des femmes de disposer de leur corps» et celui de leur «droit de s’habiller comme elles l’entendent».

Tiens, vu le titre du reportage je pensais que le port du voile divisait dans les mouvements féministes, parce que pour celles qui connaissent le programme des Frères musulmans, sa présence est la preuve de leur infiltration dans ces mêmes mouvements et dans la gauche européenne. Ceci alors même que l’islam n’a rien, mais alors rien de féministe, ni d’égalitaire d’ailleurs.

Mais ceci, Hélène Joaquim ne l’a pas compris et elle préfère penser qu’elle a fait un exploit en offrant une parole «rarement donnée» aux femmes voilées. Notons en passant, qu'en ce qui concerne Lucia Dahlab, ce ne sont pas les occasions qui lui ont manqué. Mais nous y reviendrons.

Il faut reconnaître que techniquement, le montage est efficace. Plutôt qu’un reportage, c’est un clip promotionnel pour le voile que nous avons pu voir. Hélène Joachim a interrogé trois femmes de 18, 53 et 78 ans. Le montage a permis de ne conserver que certains instants des interviews, de choisir des phrases isolées, percutantes, alignées en rythme les unes après les autres, avec un seul objectif : donner une image moderne et libératrice du voile. Et là, ce n’est plus du journalisme, c’est du grand art de la propagande.

Pas de contrainte en islam

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Pour commencer, la plus âgée des femmes interviewées, Latifa Camfferman, nous dit: «Ce n’est pas quelqu’un qui va nous obliger à porter le voile, parce que dans la religion il n’y a pas de contrainte».

La quinquagénaire Lucia Dahlab qui milite depuis des décennies pour que les musulmanes puissent porter leur foulard dans toutes les professions, use comme à son habitude du vocabulaire féministe: «C’est vraiment une prise de pouvoir sur mon corps, une réaffirmation de mon corps m’appartient»… «Au moment où je me convertis j’ai envie que les hommes me lâchent les baskets, et je me dis voilà, le voile est une solution»… «Sur la question de la diversité, ce n’est pas comme ça qu’on apprend à vivre ensemble» «Je suis féministe depuis l’enfance… ça fait vraiment partie de mes premiers combats, de mes premières révoltes» « Il est temps que les femmes prennent le pouvoir pour elles». 

Latifa Camfferman nous fait aussi des remontrances : «Ce n’est pas économique de payer des études à des femmes musulmanes et après les laisser au chômage».

Quant à la plus jeune, «Saja», son discours est encore très basique : «On ne juge pas une femme sur ce qu’elle va dégager physiquement, sur sa tenue vestimentaire». 

Évidemment la journaliste ne juge pas nécessaire de nous dire qui sont et d’où viennent ces femmes, qui vous le verrez, ne sont pas n’importe qui.

Avons nous le droit de répondre à ces dames, puisque Hélène Joaquim n’a pas pensé qu’il était possible ou nécessaire de le faire ?

  1. «Ce n’est pas quelqu’un qui va nous obliger à porter le voile, parce que dans la religion il n’y a pas de contrainte» (L.C)

En Suisse évidemment: l’islam est encore minoritaire et personne ne peut à l’heure actuelle obliger une femme à le porter. Mais dans les pays où les religieux musulmans sont au pouvoir, le voile est bel et bien une contrainte. En Iran, Nasrin Sotoudeh, Yasman Ariani, Monireh Arabshani et Morgan Kesharvaz, entre autres, sont en prison pour avoir défendu le droit de ne pas porter le voile. Comme nous l’affirme la femme interviewée, l’islam est bien une «philosophie» : une philosophie qui commence par dire «le voile c’est mon choix», puis quand elle est en nombre suffisant pour imposer sa loi, passe inexorablement à «le voile, c’est obligatoire».

  1. «C’est vraiment une prise de pouvoir sur mon corps, une réaffirmation de 'mon corps m’appartient' »… « je suis féministe depuis l’enfance…ça fait vraiment partie de mes premiers combats, de mes premières révoltes» «Il est temps que les femmes prennent le pouvoir pour elles» (L.D.) 

Là il s’agit de reprendre mot pour mot le discours féministe pour le détourner en faveur du voile. Mais comme pour la première affirmation, tout le monde sait qu’il n'existe aucun pays dirigé par des religieux musulmans dans lequel une femme peut dire «mon corps m’appartient» et choisir la manière dont elle s’habille sans s’exposer à de grands problèmes. Des problèmes dont l’ampleur n’a rien à voir avec ce dont se plaignent les femmes voilées en Suisse. Car une fois l’islam en place, le corps des femmes ne leur appartient plus. Comme nous l’a si bien expliqué Erdogan, l’islam prend le tramway (ici du féminisme) pour arriver à destination, puis il en descend quand il a pris le pouvoir. 

3 .«Sur la question de la diversité, ce n’est pas comme ça qu’on apprend à vivre ensemble» (L.D.)

A nouveau, on voudrait demander à celle qui entend nous donner des leçons de «vivre ensemble», pourquoi dans les pays musulmans le «vivre ensemble» n’existe pas.

Partout en pays musulman, les non musulmans sont des sous-citoyens qui ne peuvent revendiquer les mêmes droits que les musulmans. Au Pakistan, par exemple, ils peuvent être emprisonnés ou tués pour «blasphème». Ils vivent dans des bidonvilles, sont maltraités, tués et relégués à des emplois subalternes. C’est cela le «vivre ensemble» à la mode islamique. 

  1. «Ce n’est pas économique, payer des études à des femmes musulmanes et après les laisser au chômage» (L.C.)

Dans les pays musulmans, les emplois dans la fonction publique sont interdits aux non-musulmans. Que les chrétiens arabes portent ou ne portent pas de croix autour du cou n’y change rien, qu’ils soient originaires de ces pays depuis bien avant l’arrivée de l’islam (comme les Coptes égyptiens) n’y change rien. 

En Suisse par contre, les études sont gratuites. Vous pouvez être originaire de l’autre bout du monde et en profiter. Vous pouvez postuler à tous les postes pour lesquels votre formation vous qualifie. Mais pour entrer sur le marché du travail, tout ce que l’on vous demandera c’est de vous vêtir comme tout le monde. On n'appréciera pas non plus que vous veniez habillée en gothique ou en punk, ou encore avec un tee-shirt de Raël (le prophète des extra-terrestres). Car une entreprise n’est pas un lieu où l’on vient afficher ses convictions, c'est un lieu où l’on vient travailler. 

Pour finir, notre jeune journaliste qui se sent pousser des ailes pour nous instruire, nous affirme qu’en Suisse, «porter le voile c’est surtout une question de choix». 

Mais au juste, qui sont ces femmes qu’Hélène Joachim dit avoir eu tant de mal à dénicher pour nous présenter son «reportage» ?

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Lucia Dahlab

Celle qui parle le plus, la quinquagénaire, s’appelle Lucia Dahlab. Hélène Joaquim est peut-être trop jeune pour le savoir, mais Lucia Dahlab est une enseignante bien connue à Genève comme militante de longue date du voile islamique. L'enseignante est même allée jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme pour réclamer le droit de porter son voile en classe, et a été déboutée. Dans les médias, elle a déjà pu s’exprimer à de nombreuses reprises.

Lucia Dahlab s’est même lancée en politique chez les Verts, toujours les premiers en matière de naïveté dans tout ce qui concerne l’islam. Mais elle est aussi une «proche» de Tariq Ramadan, le petit-fils du fondateur des Frères musulmans, et a manifesté pour le soutenir lorsqu'il a été emprisonné.

Elle fait d’ailleurs partie du «European Muslim network», un réseau fondé et présidé par Tariq Ramadan où elle représente la Suisse.

Latifa Camfferman

La plus âgée, Latifa Camfferman, est membre de l’Association culturelle des femmes musulmanes, l’ACFMS, présidée par Nadia Karmous, admiratrice de Youssef Al-Qaradawi l'éminence grise et fanatique des Frères musulmans.

Nadia Karmous est aussi la fondatrice avec son mari du Musée des civilisations de l’islam de La Chaux-de-Fonds, qui a aussi reçu des financements du Qatar, sponsor principal des Frères musulmans.

Latifa Camfferman a également donné une conférence au CCML, le Centre culturel des musulmans de Lausanne, repaire de Frères musulmans présidé par Mohamed Karmous, centre qui a reçu 1,6 millions du Qatar.

Si elle prend la peine de lire le livre «Qatar Papers» de ses collègues Chesnot et Malbrunot, Hélène Joaquim apprendra que Mohamed Karmous est Frère musulman depuis très longtemps, qu’il a été un membre fondateur et trésorier de l’institut de Château-Chinon en France qui forme des imams de la mouvance frériste. Dans une note de 2007, les Renseignements généraux français précisent que Château-Chinon est devenu «une priorité pour l’organisation transnationale des Frères musulmans qui amplifient ces financements étrangers pour faire de ce centre un vecteur du Jihad moderne.»

Enquêter sur ses sources

Sur trois femmes présentées aux téléspectateurs comme des musulmanes lambda, nous en avons donc deux qui sont en réalité proches des Frères musulmans. La troisième n’ayant qu’un prénom, Saja, nous ne pouvons pas savoir pour l’instant d’où elle vient….

Nous suggérons donc à Hélène Joaquim de méditer sur la phrase de Youssef Al Qaradawi: «Avec vos lois démocratiques nous vous coloniserons, avec nos lois coraniques, nous vous dominerons». 

Car une fois les Frères bien infiltrés dans les pouvoirs européens, grâce entre autres à la naïve complicité des journalistes de la RTS, il ne faudra pas tenter de réclamer les libertés, les droits de l’homme ou de la femme qu’ils auront tant invoqués pour en arriver là. Car  comme l’a expliqué Erdogan: «La démocratie c’est comme un tramway, une fois arrivé au terminus (ou à destination), on en descend».

Si elle veut en savoir plus sur la stratégie de Frères en Europe, notre jeune journaliste peut lire le récit d’un ancien Frère musulman, Mohamed Louizi, qui dans son livre «Pourquoi j’ai quitté les Frères musulmans», nous raconte – preuves à l'appui – la stratégie d'islamisation globale des Frères (appelée aussi le Tamkine) en France et en Europe.

Nous mettrons donc le «reportage» de Mme Joaquim sur le compte de la naïveté, de l’enthousiasme et de l’ignorance de la jeunesse, et lui suggérons de commencer par consulter les sources ici proposées. Et nous nous réjouissons de regarder les reportages qu’elle effectuera après avoir approfondi la question. 

 

 

10:04 | Tags : tsr interviews, musulmanes | Lien permanent | Commentaires (30)