Les contorsions de l’Exécutif bernois à propos d’un partisan du jihad (25/09/2020)

Les autorités rappellent les limites légales de l’action étatique. A Renens, ces limites jointes au manque de réaction du Ministère public ont conduit au meurtre d'un innocent.

Abu-Ramadan_nouvelle.jpgMohamed Hamdaoui passe de coup de sang en coup de sang. Avant celui dont j’ai parlé dans le post précédent, c’est Abu Ramadan qui l’a fait sursauter. Il a rédigé une intervention parlementaire en mars dernier à laquelle le Conseil d’Etat bernois («Conseil exécutif») vient de répondre.*

Le journaliste Kurt Pelda avait révélé en 2017 les prêches haineux de cet imam de Nidau près de Bienne qui avait entre autres réclamé «l’anéantissement des chrétiens, des juifs, des Russes et des chiites…» La presse en avait fait ses gros titres et chacun se demandait si on allait expulser ce Libyen, auteur par ailleurs d’autres infractions.

Et voilà que trois ans plus tard, en février 2020, le même journaliste révèle, enregistrements à l’appui, que «le prédicateur a continué à se déchaîner contre les non-musulmans» à la mosquée Ar’Rahman. Il vantait aussi la lapidation et enseignait l’islam à des jeunes gens. 

Quelques jours plus tard, Hamdaoui, journaliste lui aussi, réclame dans une interpellation des explications à l’Exécutif bernois: confirmation des faits, interrogation à propos des journalistes qui semblent mieux outillés que les organes de renseignement, suggestion de fermeture de la mosquée...

Les réponses du Conseil d’Etat sont édifiantes. Il ne peut rien dire vu qu’une procédure pénale est en cours. Le Ministère public, précise-t-il, «rassemble des indices» qui pourraient «présumer que certains prêches enfreignent notre ordre juridique». Exercice difficile car «il n'existe pas de bases légales permettant aux autorités chargées de la sécurité de contrôler régulièrement des prêches en l'absence de tout soupçon.» Oui, on a bien lu: en l’absence de tout soupçon!

Ces «indices» que Kurt Pelda a rassemblés, le Ministère public tente laborieusement de les récolter. Depuis trois ans !!! Et en attendant, l’imam venimeux est libre comme l’air.

Mais pas question de fermer la mosquée nous dit encore le Conseil exécutif: «… par le passé, les autorités compétentes en matière de sécurité et de poursuite pénale n'ont pas eu affaire à la mosquée Ar'Rahman en tant que telle, mais à certaines personnes entretenant des liens avec cette dernière. » Pas de problème donc que les responsables du lieu laissent prononcer des sermons du vendredi par  un radical haineux devant -on imagine- un public (ou une partie du moins) en plein accord. C'est ainsi que «le Conseil-exécutif s'engage pour un vivre-ensemble pacifique et empreint de tolérance...»

Mais celle-ci est peut-être la meilleure: le travail du Ministère public «se trouve compliqué par le fait que les prêches sont prononcés dans une langue étrangère: ainsi, une personne experte doit d'abord en traduire le contenu, puis une autre doit en apprécier la teneur.» Depuis trente ans, le Ministère public n’a donc pas été fichu d’avoir à disposition et rapidement des traducteurs et interprètes d’arabe. Les bras vous en tombent.

 

Cet incroyable laisser-aller des services de renseignement fait inévitablement penser à l’assassinat à Renens d’un jeune Portugais le 12 septembre dernier par un Turco-Suisse qui lui a planté un couteau dans le dos. Le Service de renseignement de la Confédération le surveillait depuis 2017. Comme Abu Ramadan!

Le meurtrier a été arrêté en possession de l’arme du crime et d’un exemplaire du Coran. Il a dit aux policiers avoir «tué au nom du Prophète». Il était connu pour diffuser de la propagande djihadiste.

Il venait de sortir de prison après quinze mois de détention préventive en attendant son jugement pour un incendie intentionnel et, nous dit le Matin dimanche repris par la Tribune de Genève, «son allégeance djihadiste». C’est le parquet fédéral qui a fait la proposition de libération. Le radicalisé vivait depuis en liberté surveillée, logé à l’hôtel.

Difficulté de surveiller les mosquées, d’expulser le détenteur d’un permis C (Abu Ramadan), d’enfermer plus de 15 mois une personne avant un procès pour incendie et tendances jihadistes, etc. Il existe mille possibilités juridiques qui empêchent de neutraliser ces semeurs de poison. Quant à leurs victimes potentielles… Que Dieu les protège!

*Hamdaoui_Intervention.pdf

 

 

18:11 | Tags : abu ramadan, berne, bienne, hamdaoui | Lien permanent | Commentaires (5)