Les associations vaudoises musulmanes combattent discrètement l’extrémisme (22/04/2021)

Le plan national contre la radicalisation et l’extrémisme a versé une généreuse contribution à un organisme de l’UVAM qui œuvre au bien-être des jeunes musulmans.

Gemperli.jpgDans le quotidien 24 Heures de mercredi, Pascal Gemperli de l’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM), révèle que l’union a entamé sa lutte contre «l’extrémisme». Titre de l’article: «Les musulmans vaudois s'emparent de la prévention ».

«Sans en faire étalage, écrit la journaliste, au printemps 2020, [l’UVAM] a lancé un groupe d’accompagnement pour les jeunes «en difficultés». Il a reçu 6o'000 francs de la Confédération au titre de la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent, qui lui ont permis de professionnaliser l'équipe.

Bien que depuis quelques mois, les communautés musulmanes aient "empoigné" (dixit 24 Heures) le sujet, le mot radicalisation n’apparaît pas sur le flyer du groupe, ni d'ailleurs dans son site: «trop sensible et stigmatisant», nous explique la compréhensive journaliste.

Dans le site de l'UVAM, il faut chercher. Le groupe ne figure pas en page d’accueil, mais sous la rubrique «Services», 8ème et dernier thème. Le «Groupe d’accompagnement et de soutien» est destiné à des jeunes présentant des difficultés scolaires, sociales, familiales ou une situation de «déviance religieuse ou sectaire, théories du complot». Leur bien-être est le souci des spécialistes.

Une somme versée donc pour des difficultés pour la plupart banales, semblables à celles que vivent d’innombrables non-musulmans qui s’adressent à des services compétents, mais pas religieux. L’activité de ce groupe n’est donc pour une grande part pas conforme à un Plan d’action national de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent (PAN). Ou alors, comme pourraient le suggérer de vilains islamophobes: une difficulté banale ne le serait pas pour les jeunes musulmans, car ils risquent beaucoup plus facilement que les autres de se radicaliser et de tomber dans l’extrémisme violent. Toujours est-il que l'une ou l'autre hypothèses peut laisser le contribuable songeur.

De son côté, la Mosquée de Lausanne, la plus radicale du canton de Vaud, affirme être active depuis longtemps en matière de prévention. Durant plusieurs années, j’ai tenté d’alerter journalistes et autorités sur le lien que ce centre islamique signalait pour permettre à ses adhérents et visiteurs de connaître l’islam. D’une misogynie et d’une haine anti-mécréants surréalistes! Le dernier épisode s’est conclu lorsque le même 24 Heures et la même journaliste, Chloé Banerjee-Din, ont relayé la dénonciation au procureur que Me Poncet avait rédigée pour notre association. Une heure après l’appel de la rédactrice, le lien avait disparu du site de la mosquée.

Et dire que durant les trois ans que ma lutte a duré, la mosquée s’activait contre la radicalisation et l’extrémisme! Aurais-je tout faux?

Enfin, 24 Heures signale un nouveau-venu sur le terrain de la prévention, le Tunisien Abdeljelil Dhahri, membre du POP, qui œuvre dans les droits de l’homme. C’est en 2013, quelques mois avant de démissionner de son parti tunisien Nidaa Tounes, qu’il a demandé l’asile en Suisse pour motif de persécution.

Son groupe s’intitule «CRI Voix des victimes». Son premier fait d’armes, ce sont des conférences en ligne consacrées à la prévention «des dérives». Il aimerait bien bénéficier de la manne fédérale du PAN pour l’organisation d’ateliers. Refusé pour l’instant. Mais il compte bien revenir à la charge. Surtout que, argumente-t-il, «prendre cette question en main est une manière de lutter contre l’islamophobie qui se nourrit de cette perception que nous sommes passifs.»

Sur les méthodes utilisées par les associations pour prévenir plutôt que guérir, 24 Heures ne dit mot. L’UVAM, elle, décrit la sienne ainsi: «Nous suivons une approche globale et systémique, axée sur les réalités et besoins de la personne concernée. Experts en matière islamique et pluridisciplinaire, nous procédons par analyse collective afin de définir un suivi individualisé. Nous travaillons avec des outils reconnus et nous avons développé les nôtres.» Sérieux, mais un peu général.

Concrètement, ces acteurs osent-ils passer de «l’extrémisme» aux versets du Coran et aux hadiths qui incitent à la violence contre les non-musulmans et condamnent à moultes reprises les chrétiens aux supplices éternels ? Comment les expliquent-ils? Que disent-ils du traitement des femmes? Ce sera certainement l’objet d’un prochain article du quotidien vaudois.

18:31 | Tags : radicalisation, extrémisme, uvam | Lien permanent | Commentaires (8)