Face aux femmes en burqa, Marie revoit sa vie de Saoudienne (03/08/2022)

Une citoyenne genevoise réagit au port de la burqa (du niqab) d’une touriste à Genève. Pour faire respecter la loi, elle appelle la police. Sans résultat. Explications du porte-parole et témoignage de cette citoyenne sur ses années noires passées en Arabie saoudite.

 

 

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La photo de Marie à 23 ans sur son permis C saoudien

Avez-vous ressenti de la colère en voyant une ou des femmes portant le niqab dans les rues de Genève? Vous êtes-vous dit avec que la police se fichait de la votation qui interdit ce terrible symbole? Vous n’avez pas entièrement raison. Mais avant de vous dire pourquoi, voici la péripétie qu’a vécue une farouche citoyenne genevoise.

 Vendredi dernier, Marie remarque devant le change Migros de Rive une femme le visage dissimulé derrière son niqab (plus généralement appelé burqa). Elle est accompagnée de deux autres adultes, vraisemblablement ses filles.

 «J’ai vécu 7 ans en Arabie Saoudite et j’ai deux enfants de nationalité suisse et saoudienne, explique Marie. J’ai porté l'abaya, le sheila et le niqab et depuis cette période, je me bats contre ces mœurs obscurantistes et misogynes. J’ai dit bonjour en arabe à cette femme, poliment, et lui ai expliqué qu'en Suisse, nous avons voté une loi qui interdit de se voiler le visage comme elle le fait… »

Pas de réponse. Marie répète alors sa remarque en anglais et une des filles lui répond par de vagues propos en lui faisant signe avec la main de dégager.

Des passants bienpensants 

 En Suisse, on pardonne beaucoup aux masquées et à l’apartheid vestimentaire musulman en général: «Deux passants me tombent dessus, me disant que je n'ai pas le droit, que c'est du racisme, que ce sont des touristes… Je réponds que les touristes doivent se conformer à la législation du pays qu’ils visitent et non l'inverse, que le peuple a voté et qu'il n'y a rien a redire. Ils me menacent d'appeler la police…»

 Ils ne le font pas, mais Marie oui. «J'appelle le 117 j’explique la situation, on m’annonce une patrouille

 A peine deux minutes plus tard, une voiture conduite par une policière arrive. Marie explique le litige. La policière se montre stupéfaite, lui rit au nez, lui lance qu'il existe une marge d'interprétation de la loi, et la laisse en plan.

 Marie rappelle le 117 afin de signaler le comportement de cette policière. Réponse: "On ne peut rien faire, mais je vous comprends".

La police nous apprend… et Berne nous surprend!

 Le porte-parole de la police Silvain Guillaume-Gentil n’aucun problème avec l’attitude de la policière, ni avec son ignorance. Il m’apprend en revanche qu’il n’existe «pas encore de base légale pour sanctionner». Ce sera le cas au plus tard le 7 mars 2023 (deux ans après la votation). Le gouvernement doit résoudre d’ici-là divers problèmes, dont le fait que la loi est fédérale et la gestion de l’espace public cantonale, ce qui va imposer à chaque canton d’introduire sa ou ses modifications de loi.

Les initiants ont prévu diverses exceptions à l’interdiction. Le gouvernement et ses services se sont longuement interrogés sur la manière d’adoucir encore un peu le sort de ces islamistes. Il a proposé deux nouvelles exceptions dont celle-ci, qui vous laisse pantois: chacune de ces dames pourra porter son bâillon pour «exercer son droit à la liberté d'expression ou de réunion». Il faudrait aussi qu’elle puisse dans cet équipage assister à des spectacles. La soumission de notre société à ces mœurs moyenâgeuses n’a pas de limite.

Pour préciser ses idées, le Conseil fédéral a ouvert une consultation en octobre dernier auprès des cantons et des partis, consultation qui s’est close en février de cette année.

 L’exécutif fédéral compte bien introduire une norme pénale, et selon Silvain Guillaume Gentil, les policiers genevois infligeront à coup sûr et sans état d’âme l’amende prévue … A l’exception de la policière déjà prête à user de la «marge d'interprétation de la loi».

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Douloureux souvenirs

 Ce genre d’épisode rappelle douloureusement à Marie ce qu’elle a connu au pays des Saoud.

 «J'ai vécu 7 ans privée de soleil sur mon visage, de vent dans mes cheveux, d'odeurs et surtout de visage pour mes enfants à l'extérieur. Pour fumer une cigarette, je devais rentrer à la maison ou fumer dans ma voiture, de nuit de préférence, pour ne pas être vue.

 Lorsque mes cheveux sortaient de mon voile je me suis fait insulter avec mes bébés dans la poussette, par des religieux ou des pères de famille qui me jugeaient obscène. Je savais que je risquais des coups de bâtons et que je ne pourrais rien y faire, sauf les accepter avec honneur. On vous retire aussi votre prénom chrétien pour un autre, musulman, on dissimule votre visage. Vous n'existez plus.»

 Je me suis toujours interrogée, même avant d’être maman, sur la manière dont les enfants arrivaient à reconnaitre leur mère à l'extérieur, car elles sont toutes semblables… Le diable pourrait se cacher dans les détails, parfum, sac, chaussures, etc.

 Fantôme parmi d'autres fantômes, j'ai beaucoup souffert. Mais c'était la législation du pays que j'avais choisi d'habiter.

 J’en ai pourtant tellement enduré lorsque j’ai voulu quitter l'Arabie et les zéro droits humains que ce pays m'offrait… Entre les coups et les insultes, et les menaces de me séparer à jamais de mes deux enfants.

 Voir cette femme qui représente ce que j’étais dans son pays me hante et me rappelle la violence de cette société patriarcale, animale et brutale.»

12:04 | Tags : marie, touriste, niqab | Lien permanent | Commentaires (7)