3. Immigration : les pays européens cherchent la pédale de frein (11/09/2024)
La hausse des réfugiés incite à tenter de limiter les flux et à durcir les conditions d’asile. La question de l’intégration des communautés musulmanes rend les remèdes plus complexes.
A peu près partout, les centres d’accueil sont saturés. L’accueil des Ukrainiens fait aussi pression sur les infrastructures. Peu à peu dépassés, les gouvernements européens tentent de limiter le déferlement de réfugiés tout en respectant les législations qui leur sont favorables. Épineux défi, d’autant que la plupart financent parallèlement de nombreuses ONG qui combattent leurs décisions.
Les populations, plus lucides que leurs gouvernants, tendent à voter pour les partis qui promettent un frein à cette immigration. Les pouvoirs passent aux mains de la droite, ce qui est considéré comme une manifestation de racisme et d’islamophobie.
Les populations issues de l'immigration, notamment musulmanes, votent massivement à gauche. Ils veulent des droits, mais ignorent les pratiques islamiques d’ici et d’ailleurs qui en privent tant de femmes et d’hommes. Kamel Daoud résume de manière lapidaire: «Dans les pays où ils sont minoritaires, les musulmans sont obsédés par les droits des minorités. Dans les pays où ils sont majoritaires, les minorités n’ont plus aucun droit.»
Arturo Perez-Reverte : «Tous les gouvernements, craignant d’être traités d’islamophobes ou de racistes, commettent les mêmes erreurs depuis des décennies (...) La quasi-totalité de l’Europe détourne le regard face aux mêmes atrocités que les oppresseurs islamiques perpètrent dans leurs pays contre la liberté d’expression, la démocratie, l’égalité des sexes ou l’orientation sexuelle…»
Pour tenter de résoudre l’équation, les gouvernants s’attaquent à la liberté d’expression de leurs citoyens. Leurs grands soutiens, la gauche et les verts, leurs médias et les ONG sont de plus en plus emportés par un souffle totalitaire.
Voici quelques exemples de mesures choisies par divers pays pour tenter de limiter l’immigration.
Le Danemark serre la vis
Photo: Mette Frederiksen, première ministre depuis 2019
Le Danemark est devenu l'un des pays les plus durs en matière d'asile par une volonté politique partagée par l’ensemble des partis (centre gauche). Ses moyens: restreindre les conditions d'entrée, l'obtention du droit d'asile, rendre la naturalisation très difficile, supprimer les ghettos et faciliter les expulsions. Le regroupement familial est devenu très compliqué, voire presqu’impossible et surtout, le droit d'asile n'est pas définitif. Il est réévalué chaque année ou tous les deux ans.
Il y a eu 21'000 demandes d'asile en 2015, au pic de la crise migratoire, contre seulement 4600 en 2022 et moins de 2000 en 2013.
Le centre-gauche jouit d'un large consensus
La première vague d’arrivants provenait jusqu’aux années 1960 des pays d’Europe de l’ouest ou du nord. Depuis, le pays fait face à une immigration du Proche et du Moyen orient : Turquie, Syrie, Pakistan notamment. Commettre des délits empêche d’être naturalisé pour une durée proportionnelle à la gravité des faits.
Ces mesures dissuadent les demandeurs d’asile de tenter leur chance, mais un grand nombre arrivent quand même. Le Danemark a voulu comme d’autres mettre en place ce qui tente de nombreux pays: une externalisation de la gestion d’asile. Votée par une grande majorité le 3 juin 2021, une loi l’autorise. Le pays, sévèrement surveillé par l’UE, ne l’a pas mise en pratique.
En 2020, la première ministre danoise Mette Frederiksen a tenu des propos sévères contre les responsables de l’insécurité, des jeunes hommes souvent d’origine non occidentale. “Des filles sont harcelées simplement parce qu’elles sont danoises (…) Ou des filles soumises au contrôle social parce qu’elles sont devenues trop danoises”, a-t-elle déclaré. “Un jeune homme sur cinq d’origine non occidentale a été condamné à une peine de prison avant l’âge de 21 ans. Ce n’est pas tout le monde – absolument pas tout le monde. Mais il y en a clairement trop. Des jeunes hommes qui prennent la liberté d’autrui, détruisent l’avenir des enfants, attaquent les gardiens de prison – et laissent derrière eux une longue traînée de crimes.”
La première ministre a reçu un violent coup de poing le 7 juin de cette année sur une place de Copenhague, deux jours avant les élections européennes. L’auteur, un Polonais de 39 ans résidant depuis cinq ans dans le pays, dont l’identité n’a pas été révélée, a été expulsé.
Les immigrés sont en grande majorité des jeunes hommes privés un temps tout au moins de relations sexuelles. Les conséquences sur l’insécurité ne sont curieusement jamais évoquées.
Le Danemark fait partie des quinze pays de l'UE qui demandent à Bruxelles de faciliter l'envoi de migrants vers des pays tiers. Les autres sont la Bulgarie, la République tchèque, la Finlande, l'Estonie, la Grèce, l'Italie, Chypre, la Lettonie, la Lituanie, Malte, les Pays-Bas, l'Autriche, la Pologne et la Roumanie.
Belgique, premier pays musulman d'Europe?
Photo : Fouad Ahidar l'islamiste
La Belgique pourrait bien devenir le premier pays soumis à l’islam.
Selon le politicien conservateur Alain Destexhe, «le Parlement régional bruxellois compte déjà presque un tiers d'élus d'origine musulmane, la plupart pratiquant un communautarisme effréné. Les candidats s'attellent à convaincre les électeurs de leur communauté, marocaine, turque ou pakistanaise en s'adressant à elle en arabe, en turc ou en ourdou. Ces élus représentent donc un groupe ethnico-religieux qui vote pour des candidats de sa communauté… »
Cette réalité a éclaté lorsque la liste du «Team Fouad Ahidar», créée quatre mois avant les élections, a obtenu trois sièges au Parlement bruxellois et un en Flandre.
Pour Joël Rubinfeld, président de la Ligue belge contre l’antisémitisme, Fouad est «un islamiste qui se défend de l’être. Un antisémite qui se défend de l’être. Un pro-Hamas qui ne s’en défend pas.» Il a soutenu un djihadiste parti en Syrie, un imam pakistanais qui cite la sourate décrivant une bataille où une tribu juive est exterminée par Mahomet. Il estime qu’il est difficile de séparer la politique de la pratique religieuse. Tout récemment il a déclaré que «pour certains, les cultes doivent rester à la maison, pour moi c’est le contraire».
En août 2024, il se félicite du retour en Belgique, grâce à un stupéfiant arrêt de la Cour d’appel de Bruxelles, d’un salafiste renvoyé pour ses prêches antisémites et anti-occidentaux dans lesquels il a, entre autres, appelé à brûler les Juifs. Fouad a été premier imam de la mosquée Al Khalil créée par les Frères musulmans. Il est accusé d’être membre d’un «charia-club haineux, ultra-conservateur, antisémite et homophobe». A quoi sa réponse est typique du fondamentaliste standard: «Plaire à qui? Moi je plais à Dieu. (…) [L’important c’est] que mon Dieu soit heureux.»
La campagne électorale pour le Parlement a été dominée par le port du foulard dans les services publics, la poursuite de l'abattage rituel sans étourdissement et, bien sûr, Gaza. Sa comparaison de l’action d’Israël à Gaza avec la Shoah lui vaut une plainte pour antisémitisme.
La liste des concessions de la Belgique à l’islam est déjà longue: voile autorisé dans des écoles supérieures et secondaires et dans certains services publics où il était auparavant interdit, tolérance du port de l'abaya qui se répand comme une traînée de poudre, repas sans porc dans les cantines scolaires, enseignement «adapté» aux souhaits des parents ou élèves musulmans (sur la Shoah, le cours de biologie, l'art, les activités sportives), tolérance de manifestations contre Israël où des slogans antisémites sont scandés, annulation d'un match de football Belgique-Israël à Bruxelles, etc.
Côté mineurs non accompagnés, une fraude liée à l’âge a été constatée dans 71% des tests d’âge effectués au cours des cinq premiers mois de 2024.
Rubinfeld : «La fulgurance de la victoire par les urnes de Fouad Ahidar ne doit pas être prise à la légère: elle est symptomatique de la menace existentielle qui plane sur un nombre croissant de démocraties occidentales. Partout ou presque en Europe, on voit émerger et prospérer des formations politiques surfant sur la vague islamogauchiste qui, dans la foulée du 7 octobre, s’est transformée en tsunami baptisé “Intifada Revolution”. Une lame de fond qui charrie avec elle l’obscurantisme, l’antisémitisme, la christianophobie, l’homophobie, le sexisme et d’autres tares encore.»
La Belgique sera-t-elle la première à tomber ? Pour Kamel Daoud, «Si on regarde ce qui se passe en Belgique, il y a de quoi craindre de voir émerger un émirat au cœur d’une Europe contrite et aveuglée par la culpabilité et la lâcheté.»
La France en perdition
Des institutions infiltrées par les Frères musulmans, une immigration incontrôlée, des policiers lynchés, des commissariats attaqués, une centaine d’agressions à l’arme blanche, couteaux, haches ou machettes par jour, un trafic de drogue omniprésent… Et un parti qui ne cesse d’entretenir le chaos: pour beaucoup, la France est en perdition.
Il devient de plus en plus difficile de nier la relation entre la criminalité et la violence de rue et l’immigration. Et pas non plus le pouvoir des immigrés musulmans ou leurs descendants. D'après l'IFOP, 50% des musulmans pensent que les élèves devraient pouvoir refuser les enseignements qui heurtent leur sensibilité religieuse.
Le droit et les juges protègent les criminels parfois davantage que leurs victimes. Les magistrats s’engagent dans la politique, notamment les 30% du Syndicat de la magistrature qui lors des élections a appelé à «empêcher l’accession de l’extrême droite au pouvoir».
A l’élection présidentielle de 2022 déjà, 69% des musulmans avaient choisi Jean-Luc Mélenchon. Aux récentes élections européennes: 62% de ces électeurs ont voté pour le NFP.
L’Italie limite avec succès
Georgia Meloni, moquée après sa premier année de présidence pour son échec à limiter l’immigration, a depuis montré sa stature dans ce domaine aussi.
Les contrôles aux frontières ont été intensifiés et elle a réussi ce dont rêvent la plupart des pays européens: des accords de coopération avec certains pays d’origine des illégaux. Elle a permis ainsi le renvoi de plus de 9000 d’entre eux en 2024, 5000 vers la Libye et 4000 vers la Tunisie.
Le nombre d'arrivées clandestines qui avait plus que doublé entre 2022 et 2023, a chuté de 65%. Les nationalités les plus représentées sont les Bangladais (20%), les Syriens (16%) et les Tunisiens (14%).
Cette réduction significative des arrivées a permis à l’Italie de mieux gérer les flux migratoires et de réduire la pression sur les infrastructures d’accueil. Toutefois, face aux afflux toujours plus importants, le Conseil des ministres italien a dû se résoudre à prendre une mesure visant à augmenter les quotas d’immigrés légaux admis sur le territoire italien, passant de 136'000 personnes en 2023 à 151'000 en 2024, et 165'000, en 2025 pour fournir de la main-d'œuvre aux secteurs agricole et touristique.
L’accord signé entre l’Italie et l’Albanie, prévoyant l’ouverture de centres d’accueil pour les réfugiés secourus par l’Italie n’est pas encore mis en œuvre.
Geert Wilders, l'influenceur des Pays-Bas
Geert Wilders a fait un score exceptionnel aux législatives de novembre 2023. Il n’est pas membre du nouveau gouvernement, mais son influence est indiscutable. Le Premier ministre Dick Schoof (Indépendant) a été nommé le 2 juillet dernier.
Les Pays-Bas veulent inciter les demandeurs d'asile déboutés à quitter le pays. "A partir du 1er janvier 2025, la contribution de l'État pour l'hébergement de personnes qui auraient dû quitter le pays depuis longtemps sera supprimée", a déclaré récemment la ministre de l'Asile Marjolein Faber. Le gouvernement a annoncé qu'il ne financerait plus les prestations en nature telles qu'un endroit où dormir et les produits de première nécessité. Les villes sont libres de continuer à les prendre en charge à leurs frais. Ce sera le cas d'Amsterdam.
Pour la ministre, "quiconque est obligé de quitter le pays immédiatement ne devrait recevoir qu'un billet pour le vol de retour et une petite aide de quelques centaines d'euros après son arrivée dans le pays de destination."
La coalition de quatre partis a promis de mener «la plus stricte politique d’asile et immigration jamais vue aux Pays-Bas» avec possibilité de sortir des règles européennes, un exercice particulièrement ardu, et promis d'examiner un transfert à Jérusalem de l'ambassade néerlandaise en Israël.
Trois fois plus de demandes d'asile en Autriche
Les demandes d’asile ont triplé en Autriche l’année dernière, ce qui en fait l’État de l’UE qui a reçu la plus forte augmentation des demandes , selon un rapport de la Commission européenne.
Entre janvier et septembre 2022, plus de 70'000 personnes ont demandé l'asile, une augmentation de 200% par rapport à 2021. Les nouveaux arrivants comprennent un grand nombre d’Indiens et de Tunisiens (15 ’000) qui ont peu de chances de voir leur demande d’asile acceptée. La possibilité d'accueil devient critique.
Des leaders conservateurs s'appuient sur ces thèmes pour monter au créneau au niveau européen, voire pour demander une révision de la Convention européenne des droits de l'Homme. Le pays envisage lui aussi l’externalisation des demandes d'asile.
Le pays comprend une forte communauté islamique, plus 700'000 personnes, qui pose les problèmes habituels. Selon une étude scientifique parue en 2017 , 34,6 % des musulmans autrichiens ont des attitudes "hautement fondamentalistes". "Une enquête comparative sur l'intégration des immigrants à six pays, réalisée au Centre des sciences sociales de Berlin en 2013, a montré que 73,1 % des musulmans en Autriche considèrent que les règles du Coran sont plus importantes que les lois autrichiennes. 70,8% ont déclaré qu'ils n'ont aucun homosexuel dans leur cercle d'amis. 64,1 % des musulmans en Autriche étaient d'avis que les Juifs ne seraient pas dignes de confiance." Comme partout, les associations et mosquées, souvent animées par des Frères musulmans, se sont multipliées.
Question gestion de l'immigration, les solutions temporaires et précaires priment.
L’Islande légifère
Le 14 juin dernier, le gouvernement islandais a voté un projet qui entend limiter le regroupement familial, réduire les permis de séjour et compliquer la vie des demandeurs d'asile. Dès que leur demande sera rejetée, les immigrés ne recevront plus aucune aide (logement, soins). Les ONG se mobilisent.
15:15 | Tags : restrictions, pays européens | Lien permanent | Commentaires (0)