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Rechercher : Saïda Keller Messahli

  • Pascal Gemperli monte au créneau

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    Le président de l'UVAM donne à Jacques-André Haury, auteur d’une lettre de lecteur publiée dans le quotidien, des exemples de terrorisme chrétien. Et de citer quelques mouvements dont ont a peine a percevoir les convictions  chrétiennes et qui d’ailleurs se réfèrent assez rarement à la Bible: «les milices anti-balakas en République centrafricaine» qui en fait sont en conflit avec des milices musulmanes, exactions à la clé des deux côtés. Il mentionne aussi le Front de libération nationale du Tripura et le Conseil national socialiste du Nagaland en Inde, le Ku Klux Klan et l’Armée de résistance du Seigneur en Ouganda, étrange mélange de christianisme et d’animisme. Pour défendre sa thèse, la récolte est mince.

    Ces conflits font d'ailleurs un nombre de victimes bien dérisoire comparé aux 100'000 morts du terrorisme islamique depuis 2001. Mais sur ce terrain, Gemperli recule prudemment: « au bilan comparatif historique et contemporain de ces atrocités prétendument chrétiennes ou islamiques, tel que demandé par M. Haury, je laisse cela aux experts ». On a vu dans le papier qui précède ce qu’il en est. L'adepte d'Allah cite comme il est d’usage dans ce genre polémiques un aimable verset du Coran. (Mais pourquoi n’avons-nous pas de droit d’en citer qui sont infiniment moins aimables?)

    Suit un morceau de pédagogie qui se termine par un zest de triviale philosophie: «... la violence fait partie de la nature humaine et non d’une religion en particulier. (…) Le terrorisme est aussi islamique qu’il serait chrétien, à chacun de juger.» En réalité, vous seriez totalement dans l’erreur en pensant que vous avez le droit de juger qu’il serait islamique.

    Gemperli fait allusion à mes affirmations, mais prononcer mon nom est strictement interdit dans son milieu: «Parler du terrorisme prétendument chrétien n’est pas une tentative de relativiser son pendant islamique, comme certains me le reprochent Il s’agit seulement de «restreindre le champ d’argumentation des démagogues qui tentent sans cesse d’établir un lien naturel entre islam et violence». Mais une petit question encore: pourquoi les minorités, chrétiennes en particulier, sont-elles persécutées dans tant de pays musulmans et pas l'inverse?

    Arrivent les traditionnels sanglots longs des violons… de la victime. Le titre de ce texte nous a mis dans l'ambiance: «L’appel au secours d’un musulman». «...plus je scrute le fond de ma conscience, plus je constate qu’il s’agit en réalité d’un appel au secours. Un appel contre la violence symbolique dont souffre notre communauté quasiment au quotidien». Les centaines de milliers de victimes du terrorisme islamique ne souffrent pas que symboliquement.

    Le président de l’UVAM cite ensuite quelques propos souvent «proférés»: «L’islam n’est pas compatible avec la démocratie», «entre l’islam et le terrorisme islamique, ce n’est pas une différence de nature mais de degré» ou «distinguer islam et terrorisme est absurde». Avant de conclure à l’absurdité, si on en débattait? Ceux qui profèrent ces affirmations ont assez souvent des arguments fort savants à avancer.

    Et le violon reprend ses tremolos: «stigmatisation généralisée», «présomption de culpabilité vis-à-vis des musulmans et de leurs représentants» (notons son habile passage d’islam à musulmans).

    Gemperli reprend la contre-attaque au livre de Saïda Keller Messahli initiée par le directeur du Centre suisse islam et société dans la Tribune de Genève et y ajoute la culpabilité journalistique: «De nos jours, il est possible de proférer publiquement des accusations graves (de salafisme, de wahhabisme, etc.) contre des personnes irréprochables sans avancer d’éléments justificatifs. Une soi-disant experte de l’islam en Suisse peut affirmer que la majorité des imams seraient d’obédience salafiste et que le courant modéré de l’islam serait quasi inexistant en Suisse tout en continuant à être invitée par les médias. Et pourtant, les accusations gratuites sont prohibées par l’art. 7 de la Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste du Conseil suisse de la presse.» Osera-t-il déposer une plainte au Conseil de la presse? La contre-offensive sera sans doute plus subtile.

    Pour le musulman vaudois, deux phénomènes menacent aujourd’hui la paix sociale et notre mode de vie: «l’extrémisme dit islamiste» et celui des «protectionnistes identitaires » (on ne la connaissait pas celle-là). Mais dans ce cas, Gemperli ne compare pas les victimes dues à l’un et aux autres.

    Il conclut: «Je vois comme une obligation patriotique d’empêcher les deux à la fois d’infester notre société avec leurs idées dangereuses.»

    Définition du mot infester: «Ravager un lieu par des actes de violence, des attaques brutales.» A éradiquer donc. Parce que le débat, Monsieur Gemperli ne connait pas.

     

     

    Dans une «opinion» publiée dans Le Temps, Pascal Gemperli répond aux viles accusations que lui vaut l'interview radiophonique qui fait l'objet de mon précédent post.