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  • Grand Conseil: Djemila Benhabib défend la laïcité contre l’intégrisme

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    Le 16 avril dernier à Montréal, des dizaines de fillettes de 8-9 ans ont adopté le voile de la charia et fait le serment de le porter jusqu’à la mort. Cette cérémonie relatée par Poste de Veille a lieu chaque année.

    L’écrivaine et activiste québécoise Djemila Benhabib a été reçue ce vendredi par la Commission des droits de l’homme du Grand Conseil genevois. Il auditionne les acteurs engagés dans cette problématique à propos du projet de loi du Conseil d’État sur la laïcité. Djemila, que j’ai interviewée récemment, entendait démontrer les dangers des «accommodements raisonnables» dans lesquels le Québec est englué. Le Journal de Montréal annonçait hier cette visite-surprise.

    Pour elle, la laïcité ne doit pas laisser place aux revendications communautaristes, dont le foulard et ses déclinaisons. L’égalité entre hommes et femmes est une de ses valeurs phares, comme la 2_benhabib_djemila_12_72dpi.jpgdémocratie en général. Elle lutte avec détermination pour l’une et l’autre, contre les musulmans qui s’attachent depuis des années à les affaiblir, notamment au Québec, l’un des royaumes occidentaux des Frères musulmans et du chiisme iranien.

    C’est l’occasion de signaler que deux membres de l’ASVI ont aussi été auditionnés par cette commission d’une dizaine de députés, parmi lesquels Pierre Gauthier, l’un des deux ovnis d’Ensemble à gauche avec Magali Orsini qui exigent une séparation stricte entre le religieux et le politique.

    Résumé de nos positions.

    Nous avons observé que sans le dire, le PL tente surtout et presque uniquement de gérer les revendications musulmanes? C’est une illusion: aucun pays, laïque ou non, n’a réussi.

    Un exemple de l’exiguïté de la marge de manœuvre: l’art.9 de la Convention européenne des droits de l’homme garantit «la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.»

    C’est aussi le cas de l’art. 15 de la Constitution suisse. Et c’est en l’invoquant que le Tribunal fédéral a autorisé le port du voile d’une élève en stipulant qu’«il n’y a pas de neutralité confessionnelle pour les écoliers et écolières». Sur le principe, les musulmans peuvent donc librement pratiquer leurs préceptes dans l’espace public et privé… hormis quelques exceptions, que la Cour européenne des droits de l’Homme a validées telle en France l’interdiction du foulard à l’école et du niqab .

    La seule réelle avancée du projet de loi genevois est le bannissement de vêtements religieux par les agents de l’Etat s’ils sont en contact avec le public. Nous avons proposée d’étendre l’interdiction à tous les fonctionnaires, et aux élus.

    Un article stipule que «les relations avec les organisations religieuses sont du ressort du Conseil d’État.». Si l’État est neutre, il ne choisit pas ses interlocuteurs, ne privilégie pas telle communauté ou association. Article à supprimer donc, d’autant que nous doutons de la volonté du CE de respecter les conditions qu’il pose à ces relations: le «rejet de tout discours justifiant ou stimulant la haine, le mépris ou la discrimination». Exemples:

    A Genève, un imam de la Grande mosquée wahhabite (cf Temps présent du 30.04.015), et celui du Centre islamique refusent de condamner la lapidation et la polygamie. Hani Ramadan les célèbre même dans ses livres. Il défend aussi toutes les discriminations contenues dans la charia, il est adepte du complot «américano sioniste euro-compatible», qui induit le rejet l’Occident, il appelle au djihad, défend les Frères musulmans. Et vu qu’il représente l’écrasante majorité des musulmans du canton par sa présidence de l'Union des organisations musulmanes de Genève (UOMG), il ne reste au Conseil d’État aucune interlocutrice musulmane d’importance à Genève!

    Et l’on ne compte pas le travail de recul de la mixité dans les mosquées et associations qui vont jusqu’à débattre sexes séparés (et souvent portes idem). Et comment ne pas taxer de discrimination le rejet 17 fois par jour dans les prières des juifs et des chrétiens?

    D’après un autre article, l’État peut soutenir "des actions favorisant le dialogue interreligieux et la paix religieuse". Article à supprimer: c'est aux religions elles-mêmes d’entretenir ou non un tel dialogue, l’État –neutre- n’a pas à s’en mêler.

    Les formations proposées aux professionnels en contact avec des musulmans et les manifestations du Bureau pour l’intégration des étrangers (BIE) sur lesquels compte le CE pour l’apprentissage de la laïcité suscitent à l’expérience notre plus grande méfiance.
    Les conférences, expositions et formations consistent surtout à nous faire admettre certaines mœurs et discriminations de l'islam, dont le foulard.

    Deux exemples:

    seminaire_entete_high.jpgLe Centre islam de Fribourg et sa première formation continue. L’image montre d’emblée un des objectifs: faire accepter le foulard.

    Quant à la présentation intérieure, elle utilise les clichés habituels: islam «religion méconnue», «les musulman souffrent de stéréotypes». Les intervenants vont donc «déconstruire certaines représentations».
    Une question n’est jamais posée : ces formations ont-elles pour but de faire comprendre et accepter des différences de traitement, voire des discriminations, ou d’explorer des chemins d’adhésion aux valeurs de notre démocratie, dont: l’égalité de traitement entre élèves, patients, travailleurs... administrés en général?

    Oserait-on aborder ce sujet dans un séminaire: «Les valeurs suisses sont souvent méconnues des musulmans», «les Suisse s’interrogent au sujet de pratiques revendiquées par les musulmans». «Ce séminaire s’efforcera de déconstruire certaines représentations véhiculées par les musulmans sur les Occidentaux.»

    Et le thème suivant, qui intéresserait pourtant nombre de citoyens et de professionnels, restera-t-il encore longtemps impensable:

    «Des imams témoignent: Coran et hadiths du Prophète: comment nous abordons le traitement des femmes, le statut des religions, l’esclavage, l’apostasie, les châtiments corporels.»

    Autre exemple. Le Bureau de l’intégration des étrangers (BIE), comme ses frères des autres cantons, parait obsédé par l’envie de nous faire accepter le foulard. Il n’hésite pas pour ce faire, comme d’autres organismes de l’État et des ONG subventionnées, d’acheter d’onéreuses expositions.

    Récemment, une soirée assez surréaliste était organisée par le Service égalité de l'université avec la participation du délégué du BIE et d’organisations musulmanes. Une nouvelle et très onéreuse exposition a été présentée, consistant en 50 portraits de femmes dont la moitié en foulard. Le message était particulièrement confus. Une bonne partie de la soirée a été consacrée à l’épopée du courageux Délégué à l’intégration, qui a tenté d’apporter son appui à des stagiaires en pharmacie voilées, dont les patrons ne voulaient pas. Ses visites à des patrons-pharmaciens et… à des imams se sont soldées par un échec.

    Enfin, l’ASVI refuse aussi, au nom de la laïcité, «l’enseignement du fait religieux dans les établissements scolaires publics». Les cours de culture, d’histoire, de géographie ou artistiques suffisent. Enseigner l’islam signifie édulcorer… sous peine de très vives réactions.

    Contre-projet

    Magali Orsini, Pierre Gauthier et quelques autres députés proposent un contre-projet. Il rejoint en grande partie nos positions, car il impose une stricte séparation de l’Église et de l’État.

    Nous craignons cependant qu’il conduise à interdire des signes et manifestations liés à notre patrimoine chrétien, par exemple une crèche, voire des sapins de Noël. Ce serait se soumettre à l’intolérance de communautés musulmanes, seules à contester ces expressions de notre histoire et de nos racines.

     

    L’activiste québécoise a défendu la laïcité devant une commission du législatif genevois et mis en garde contre la tentation d’ «aménagements raisonnables ». L’Association suisse vigilance islam (ASVI) a aussi été auditionnée.