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  • Pour Kacem El-Ghazzali, la Suisse fait de l’intégration à l’envers

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    El-Ghazzali, intégration, droits humains


    La Suisse comme pays de refuge était-elle un choix? 

    Oui, c’était un choix, car il y a moins d’islamistes que dans d’autres pays. J’étais attiré par son atmosphère de paix. Mes convictions ne pouvaient pas me conduire en France, en Belgique ou en Angleterre, le mouvement d’islamisation est trop fort. Quand je suis arrivé ici, ce n’était pas exactement ce que j’imaginais, il y a aussi une hausse de l’islamisme dans ce pays et c’est la plus grande menace à l’intégration.  

    Que pensez-vous de notre mode d’intégration?

    J’ai été invité à parler de ce sujet. Je leur ai dit : Vous voulez que je parle allemand? Ce n’est pas ça l’intégration. Je suis dans un nouveau pays : enseignez-moi la constitution, les lois, dites-moi que je dois les respecter. Dites que ces lois sont pour tout le monde, contre personne, pour vivre en paix. On ne m’a jamais proposé un atelier pour me faire comprendre ce qu’est la Suisse. Le leitmotiv, c’est « parle allemand, trouve un job et tu seras intégré ».

    Pourtant, ça paraît logique?

    Le  gouvernement gaspille des millions et des millions pour faire de l’intégration à l’envers! Et le plus grand problème, ce ne sont pas les extrémistes, ce sont les Suisse qui disent aux musulmans: c’est votre culture, vous pouvez la conserver. Intégrer, est-ce renoncer à ses propres valeurs pour faire place à d’autres, par exemple autoriser le niqab ? Ou laisser porter le foulard à l’école par des fillettes ? Comment peut-on dire au 21e siècle que c’est leur culture? Où sont la beauté morale, les droits de l’homme, les valeurs universelles ? Acceptez-vous qu’une petite fille, une femme, un apostat soient tués ou maltraités juste parce que c’est leur culture ? Si vous acceptez ça, vous êtes vraiment malades ! Il y a un clash de civilisation aujourd’hui entre un monde qui évolue et une culture qui refuse la modernité. Une raison pour laquelle l’intégration et le multiculturalisme ont échoué, c’est qu’on a renoncé aux droits humains. Il existe des gens stupides, des politiciens qui ne disent pas : « Ça, c’est interdit ! Pas parce qu’on déteste votre culture, non, simplement parce que les droits humains s’appliquent à tous. »

    Et aujourd’hui, comment vous sentez-vous en Suisse?

    J’aime beaucoup. Pour moi, la Suisse est davantage qu’un pays. Elle vient en aide à toute personne qui vit des jours difficiles. La Suisse est une grande opportunité et je ne parle pas seulement de l’aspect matériel. J’aimerais rendre quelque chose à ce pays. Je dois défendre la liberté, les droits humains, je dois partager mon expérience, parler au nom de ceux qui ne peuvent pas. J’ai un vaste réseau. J’ai des contacts avec des politiciens de toutes tendances. Je suis allé devant l’ONU, au Conseil des droits humains. J’ai l’attention des médias et je peux m’y exprimer. Il y a en Suisse alémanique un débat plus ouvert qu’en Suisse romande, me semble-t-il.

    Au Maroc, comment en êtes-vous venu à quitter l’islam?

    Je n’ai jamais cru en Dieu. Et je n’arrivais pas à apprendre le Coran par cœur. Je me souviens qu’un jour, enfant, j’ai prié: «Dieu, aide-moi à mémoriser ces versets, je n’y arrive pas!» Rien ne s’est passé. Alors, j’ai lancé ce livre contre le mur! C’était la preuve que Dieu n’existait pas. Plus tard, je me suis exprimé sur des blogs où je me déclarais athée et en faveur des droits humains. Les problèmes ont commencé.

    En Suisse, croyez-vous que la majorité des groupes musulmans sont «modérés»?

    Modérés ou extrémistes, ça ne m’intéresse pas. Ma motivation, ce n’est pas de combattre l’islam ou les musulmans, je ne veux pas les convertir à quoi que ce soit. Ce qui m’intéresse, c’est ce que je vois, ce qui est issu de cette religion. J’affirme le droit de choisir, le droit de croire ce qu’on veut. Mais je pense que les musulmans ici seraient plutôt pacifiques s’il n’y avait pas des extrémistes qui sont autorisés à parler, à s’organiser, comme le Conseil central islamique suisse de Nicolas Blancho. Ce CCIS est très dangereux, il veut créer une société séparée. Il a d’ailleurs ouvert la première garderie islamiste ici, à Zurich. Sur ma page facebook, beaucoup de musulmans de Suisse m’écrivent des messages plein de colère. Pour eux, l’Occident est toujours un ennemi. Ils expriment une terrible haine, de la violence, vous ne pouvez pas imaginer!

    Vous vous battez contre la charia, pourquoi?

    S’il n’y avait pas de problème avec la charia, vous ne seriez pas en train de m’interviewer. Elle est inconciliable avec les droits humains. Or, il y a des voix qui demandent à l’appliquer, et plus encore à l’établir partout. C’est un totalitarisme. Une des raisons pour lesquelles je ne cesse de soulever ce problème, c’est qu’il y a une grande crainte en Occident d’être traité d’islamophobe si on le fait. La plus grande plaisanterie, le plus grand mensonge de notre temps, c’est l’islamophobie! Toutes les organisations internationales sont islamophobes, puisqu’elles sont opposées à la violation des droits humains. Pour en revenir à l’intégration, on a commencé à intégrer sans contester ouvertement la charia... Allons-nous gagner la guerre contre cet obscurantisme, car c’est une guerre? Eh bien, tant que nous en serons là, je ne suis pas optimiste.

    Que pensez-vous du voile?

    Il y a quelque temps, deux fillettes ont été autorisées à porter le voile dans une école de Saint-Gall. Si quelqu’un avait une relation sexuelle avec une jeune fille de moins de 15 ans, ce serait considéré comme de la pédophilie, non? Or, en faisant porter le voile à une petite fille de 7,8 ou même 14 ans, elle est désignée comme un objet sexuel, pas comme un enfant. Si un père refuse que sa fille montre ses cheveux, son corps, cela signifie qu’il considère qu’elle pourrait être un objet pour la sexualité, susciter le désir. Elle n’est pas considérée comme une innocente petite fille.

    L’Europe va-t-elle se sortir de ce mouvement d’islamisation?

    Je ne sais pas. J’étais attiré par l’Europe durant mes études au Maroc. L’Europe que je voyais, c’était celle de la philosophie, des Lumières, de l’art, l’Europe qui a combattu contre l’Eglise. Quand je suis arrivé ici, j’ai trouvé l’Europe de la mode et de la consommation. Je crains pour son héritage, sa culture, elle ne les défend plus tellement… Comme à propos de l’islam qui est un des plus grands problèmes. Je commence à perdre espoir. Peut-être qu’un jour, j’irai vivre au Maroc… et vous aussi. Parce qu’il y a là-bas de nombreuses voix qui s’élèvent contre tout cela, des critiques qui ne sont pas acceptées ici.

    Plein d’énergie et de projets, Kacem se plonge dans un apprentissage intensif de el-ghazzali,intégration,droits humainsl’allemand (il a fait ses études en arabe et en anglais) afin de rejoindre l’université. La philosophie et les sciences politiques l’attirent. Il a écrit une autobiographie en arabe qui connaît un grand succès, notamment en Egypte, qui est traduite actuellement en anglais et en allemand. Il écrit un deuxième livre.

    Kacem El-Ghazzali, qui a obtenu le statut de réfugié, est à Zurich depuis trois ans. Très tôt engagé dans la défense des droits humains, affirmant son athéisme, il a été obligé après des mauvais traitements et de multiples menaces, de quitter le Maroc. Il poursuit son combat humaniste, notamment au sein de l’ONU comme représentant de l’Union Internationale Humaniste et Éthique qui rassemble quelque 5 millions de membres. Il a lancé une pétition demandant à l’ONU d’interdire la charia au nom de la Déclaration des droits de l’homme.