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  • Le balek-gate. Ou la mort subite de la liberté d’opinion en Belgique

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    J’ai repris des extraits du dossier réalisé par le journaliste Marcel Sel. Il est bien sûr beaucoup mieux de lire l’original si l’on prend le temps de parcourir ses 15 pages.

     «L’histoire est dingue. Comment, à partir d’une carte blanche sur le foulard de la journaliste Florence Hainaut dans Le Soir, est-on arrivé à clouer deux scientifiques expérimentées et compétentes au pilori du Conseil de l’Europe, pour harcèlement?

    Car l’affaire, gravissime, révèle l’état pitoyable de la liberté d’opinion en Belgique (…) menacée par un maelström intersectionnel qui réunit des militants décoloniaux, des journalistes, le parti Ecolo et un ministère.

     Le suicide du journalisme

     Mais le pire, l’invraisemblable, l’hallucinant, c’est que les associations de journalistes, l’AJP (Association des Journalistes Professionnels) et surtout l’EFJ (Fédération Européenne des Journalistes), ont pris délibérément parti pour un camp, dans ce qui aurait dû rester un échange d’opinions.

    Petit un : la journaliste belge Florence Hainaut a publié une carte blanche.

    Petit deux : La docteure en anthropologie du CNRS, Florence Bergeaud-Blackler (spécialiste du halal, lire dans ce blog ici et ici) a répondu par une autre carte blanche.

    Dans un monde normal, au pire, en petit trois, la première aurait demandé un droit de réponse et re-argumenté. Point.

    Mais on n’est plus dans un monde normal. (…) ici, le lobby du journalisme européen saisit le Conseil de l’Europe et accuse de harcèlement (excusez du peu) une jeune organisation anti-fondamentaliste qui se retrouve sur un mur d’infamie, entre Orban, des mafieux russes et des fascistes ukrainiens, pour avoir émis une opinion qui ne convient pas à la corporation. Pilori. Délit d’opinion. (… )

    Samedi 18 juillet. Florence Hainaut annonce sur sa page Facebook: «Vous savez quoi? J’ai écrit une carte blanche où j’estime qu’on devrait s’en balek que les femmes portent le foulard, où je tente d’analyser ledit tissu sous l’angle féministe et où en plus je termine en faisant un parallèle avec l’IVG (sic). Je pense passer un joli week-end riche d’échanges bienveillants et constructifs sur les réseaux sociaux». Avec un lien vers une carte blanche publiée dans Le Soir. (…)

    Dimanche 19 juillet. L’anthropologue française Florence Bergeaud-Blackler, co-fondatrice et directrice scientifique de l’Observatoire des Fondamentalismes, envoie au Soir une réponse sous forme de carte blanche solidement argumentée. (…)

    Le texte de Bergeaud-Blackler critique vigoureusement les positions de Hainaut, mais aussi sa légèreté d’analyse, et ce balek,qu’elle ne saurait voir. (…)

     Une tentative de censure journalistique ?

    Le Soir, quelques heures plus tard, la retire du site web pour «des éléments d’attaque personnelle qui n’apportaient rien au débat de fond et étaient contraire à la charte du Soir ». (réd : Blackler raconte ici le scandaleux comportement des journalistes et du média).

     (…) Mme Bergeaud-Blackler consent à supprimer deux ou trois passages [et] renvoie une nouvelle version (…). Mais la rédaction lui demande à présent de nouveaux changements, et du lourd. Il s’agit cette fois de supprimer ou de remodeler plusieurs passages, et de faire disparaître les références à… Florence Hainaut ! (…) Bergeaud-Blackler est hallucinée : en gros, on ne peut répondre à une opinion de Florence Hainaut que sans la citer! (…) la carte blanche paraît finalement moyennant les deux ou trois modifications mineures prévues au départ.

    Lundi 20 juillet. Florence Hainaut publie un second statut, victimaire et héroïque: «Comme prévu, je paye bien cher ma carte blanche sur le foulard […] Je savais que mon intervention, dans la cacophonie ambiante, allait faire couler des litres de mépris, de sexisme et de haine (sic). (…) Le discrédit, arme de destruction massive des opposants. (…) son statut recueille 924 likes et 290 commentaires, pratiquement tous encenseurs à son égard, et parfois très violents envers les critiques. Pour l’Observatoire des Fondamentalismes (dont Blacker est la présidente), c’est la curée.

    Pourtant, factuellement, l’Observatoire, c’est une flopée de personnalités qui n’ont rien « d’obscur ». (réd : je n’en cite que quelques-uns) Françoise Laborde, journaliste de renom, Claude Wachtelaer, président de l’Association européenne de la Pensée Libre, Razika Adnani (présentée dans ce blog) Linda Weil-Curiel, Secrétaire Générale de la Ligue du Droit International des Femmes ; l’écrivain et chroniqueur, Kamel Bencheikh;  la romancière Hedia Bensahli; l’ex-présidente du Conseil des Femmes francophone, Viviane Teitelbaum; Ian Hamel, journaliste et écrivain.

    (…)  Mais le travail de sape continue. Sur son mur, Florence Hainaut alimente, ne cesse d’applaudir les critiques et met son grain de sel ici et là.

    (réd : Elle dit avoir fait relire sa page blanche à Haf Ha, Hafida Hammouti».) «Et ce nom fait résonner les oreilles de l’Observatoire des Fondamentalismes. Il est connu. Il est apparu plusieurs fois dans le sillage des antennes reconnues ou soupçonnées d’être liées aux frères musulmans. (…)

    Même pour les rarissimes journalistes couverts par une rédaction qui tentent de subvertir les fréristes et autres fondamentalistes, soulever le voile est souvent un travail risqué, et les pressions sont intenses. Pour avoir révélé des liens objectifs entre le frérisme et le président du CCIB Moustapha Chaïri (ex-candidat Ecolo d’un abord fort sympathique) ainsi qu’avec son vice-président Hajib el-Hajjaji (mandataire écolo verviétois), une journaliste du Vif a été sommée de s’expliquer au Conseil de Déontologie journalistique. Contre elle, plusieurs organisations, un ténor du barreau, un feu nourri de procédures (…)

    Censure d’État: le ministère des Médias tente de museler l’Observatoire.

    Pendant ce temps, les soutiens à Hainaut affluent. Un parti en particulier est très représenté, et jusque très haut dans sa hiérarchie. Ecolo. Outre les députés Zoé Genot et Olivier Biérin, parmi bien d’autres, la ministre de la Culture et des Médias Bénédicte Linard affiche sa solidarité (…) Son service Médias, en revanche, est plus direct : Sylvie Lejoly (cheffe de service, ex-AJP) et Maïté Warland (conseillère, journaliste) proposent «leur» aide. Le ministère a donc choisi un camp. (…)

     Maïté Warland explique même qu’elle a signalé à Facebook le profil Laplume Kalam, qui est le compte collectif de l’Observatoire destiné à protéger ses membres individuels, dont certain-e-s sont menacés de mort (…) L’objectif de la conseillère médias de la ministre est de faire fermer le compte. (…)

     Parenthèse cocasse. Rions un peu avec les intersectionnelles

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    Mercredi 23 juillet. L’association féministe Garance ASBL s’alarme : « Une fois de plus, une femme ose exprimer son opinion en public et à (sic) les frais à payer en forme de harcèlement intense […] parce qu’évidemment, une femme ne peut pas avoir ses propres idées, voir (sic) bien connaître un sujet, tout ce qu’elle dit doit forcément venir de la bouche d’hommes ».

    Où l’on découvre donc que Florence Bergeaud-Blackler et Fadila Maaroufi sont des hommes!

     (…) La corporation se fait juge et partie

    L’affaire prend alors un tour syndical. L’AJP (Association des Journalistes professionnels) a dès le départ partagé le statut de Florence Hainaut, en soutien. Elle avait déjà défendu la journaliste dans une autre affaire de prétendu harcèlement qui a fait un énorme flop, que la presse a omis de documenter. Il faut dire que la seule journaliste qui a osé en parler, sur un ton certes satirique, Aurore Van Opstal, a reçu prestement une lettre d’avocats et a été assignée par Hainaut devant le CDJ.

    Arrive Ricardo Guttiérez (…) Il siège au Conseil de Déontologie journalistique et dirige la Fédération Européenne des Journalistes. Via son pendant international, l’IFJ (Fédération Internationale des Journalistes, la « plateforme internationale pour un journalisme de qualité »), il a le pouvoir de saisir le Conseil de l’Europe pour dénoncer des atteintes à la liberté d’expression des journalistes, ou les menaces dont ils feraient l’objet. (…)

    Jeudi 24 juillet. À la demande de Ricardo Guttiérez, la «plateforme du Conseil de l’Europe pour promouvoir la protection du journalisme et la sécurité des journalistes» publie l’alerte suivante: Belgique: la journaliste Florence Hainaut ciblée par une campagne de harcèlement (sic).

    (…) Et tout à coup, rendez-vous compte, cette journaliste surtout connue comme chroniqueuse gastronomique, se retrouve propulsée sur le podium des journalistes d’investigation menacés en Europe, entre un reporter russe battu par un inconnu, la journaliste ukrainienne Katerina Sergatskova qui a dû se réfugier dans la clandestinité pour échapper à un meurtre probable, le journaliste d’investigation slovaque Peter Sabo qui a trouvé une balle dans sa boîte aux lettres ou encore, une maison d’édition varsovienne pillée et vandalisée. Florence Hainaut est désormais une héroïne du journalisme !

    Dès l’annonce de la saisie du Conseil de l’Europe (…) presque toute la presse répercute automatiquement l’accusation de harcèlement, sans même contacter les accusées. Les pro-Hainaut partagent et exultent. De nombreux écolos «likent» l’annonce. L’Observatoire n’a même pas la possibilité de se défendre.

    (…) un membre de l’Observatoire, Willy Wolsztajn, journaliste qui connaît très bien les milieux fondamentalistes bruxellois, décide de publier sur la page Facebook de l’Observatoire un rappel de quelques « exploits» de Ricardo Guttiérez (…) sa présence auprès de personnalités clairement prosélytes ou extrémistes.

    L’islamologue Corinne Torrekens [classe] l’Observatoire à l’extrême droite. Réponse de Ricardo Guttiérez: « très juste Corinne ». (Il) utilise sans vergogne une photo de Zineb El-Rhazoui avec Papacito pour écrire «Les liens de Mme Rhazoui avec des personnalités de l’extrême droite sont connus et documentés. (…)  menacée de mort, harcelée, pourchassée, insultée, humiliée, ça ne pose aucun problème. Mais relever que Florence Hainaut aurait confié la relecture d’un papier très agréable pour les islamistes à l’une d’elles, ça, ce serait du « harcèlement ». (…)

     Le « boss » du journalisme européen veut annihiler l’Observatoire pour délit d’opinion

     (…) des amis de Florence Hainaut commencent à travailler d’autres membres de l’Observatoire au corps. L’objectif : leur faire quitter l’organisation.

    La liberté d’0pinion est-elle en voie de disparition à propos de l’islam? Réponse par cette polémique belge qui concerne l’ensemble de l’Occident.