Le colloque «Hostilité envers les musulmans: société, médias, politique», suivi par quelque 300 participants, a tenu toutes ses promesses. La quinzaine d’experts a donné un grand coup de pouce à la victimisation des adeptes du prophète, renforcé le communautarisme, et rappelé une journée durant l’immense culpabilité de notre société.
On se souvient –c’est tout récent- que les médias ont accueilli avec une certaine sidération le livre de Saïda Keller Messahli, «La Suisse, plaque tournante islamiste: un regard dans les coulisses des mosquées» et se sont indignés en chœur devant ses révélations.
Ce 11 septembre –choix assez honteux, où les victimes ont changé de camp-, tous les médias se sont empressés de servir la soupe à Martine Brunschwig Graf (MBG), présidente de la Commission fédérale contre le racisme, co-organisatrice de ce colloque. Pas une seule question sur le fait que les communautés musulmanes pourraient ne pas être seulement victimes, mais un zeste responsables de l’hostilité qui croît à leur endroit.
Les journalistes ont la mémoire courte et la complaisance résistante.
MBG, défenseure des opprimés, répète aussi l’énorme mensonge d’un Centre suisse islam et société qui «…étudie l’islam et qui l’analyse de manière scientifique.» J’ai démonté à plusieurs reprises cette supercherie. Le Centre islam était coorganisateur de cette journée qui prétendait elle aussi «apporter un éclairage scientifique à la réalité de l’islam en Suisse». En faisant résonner la salle des mots «islamophobes» et «islamophobie».
La complaisance des journalistes n’a pas été récompensée: leurs informations biaisées ont passé sous le scalpel de l’expert. «La (re)présentation des musulmans dans les médias» de Patrick Ettinger, contait les méfaits de 18 journaux, analysés de 2009 à 2017. Axiome de base: les actes terroristes n’ont rien à voir avec l’islam, encore moins avec les musulmans. Au final, les généralisations des accusés (ils parlent «DES musulmans et DE l’islam comme s’il n’y avait qu’une interprétation») n’ont pas de quoi faire grimper au plafond: elles représentent environ 20% des articles, en baisse au fil des années. La Weltwoche, le Blick et Le Matin sont pointés du doigt. Le Temps et la NZZ loués. Globalement, les médias de Suisse latine sont nettement plus aimables à l’endroit de «nos» musulmans.
Quant aux sites et groupes alternatifs, de Pegida à Riposte laïque, de Robert Spencer aux identitaires, de la Ligue de défense anglaise à «Defend Europe», ils recueillent le mépris absolu du «spécialiste des réseaux sociaux». Pour lui, il serait bel et bon de trouver des mesures «capables d’endiguer les propos discriminatoires tout en garantissant un débat équitable». Sa définition de l'équité n'est selon toutes probabilités pas la même que celle des "islamophobes",.
L’aspect scientifique s’est illustré au travers de nombreux autres chiffres et tableaux. Par exemple par la formatrice du CSIS Mallory Schneuwly Purdie qui entend déconstruire nos préjugés. Par un sophisme.
Les prémisses: elle considère l’ensemble des musulmans. Ils sont divers (« une pluralité fascinante », dit un autre intervenant), que ce soit dans leur orientation religieuse (chiites, amahadis, alévis, etc.), ou leur origine (Kosovars, Turcs, etc… ou Suisses (35%). Enfin, arme de destruction massive du préjugé, ils sont si peu pratiquants: seuls 12% se rendent une fois par semaine à un service religieux et ce sont les musulmans qui ont le moins prié au cours des 12 derniers mois parmi les croyants d’autres confessions interrogés. Conclusion implicite: considérer ce minuscule nombre de pratiquants comme un problème est absurde. Et Mallory nous abandonne sur ce stupéfiant constat.
Mais l’amalgame, ces spécialistes le pratiquent sans mesure. Ils amalgament notre critique des militants de l’islam à celle de tous les musulmans. Ils amalgament notre critique de l’islam à celle de tous ses adeptes.
Cette petite minorité au sein de la diversité, celle qu’aucun expert du 11 septembre n'analyse, monte au créneau dans tout l’Occident avec des revendications étrangement semblables: retour du religieux dans l’espace public, marquages alimentaire, vestimentaires, rituels, procédures judiciaires pour obtenir des droits, mépris de la société qui l’accueille. Cette petite minorité est celle qui gravite autour des mosquées, de leurs imams intégristes, ceux qui enseignent que le Coran et les hadiths sont les sources de la loi divine dont sont issus des rites et comportements islamiques éternels. Cette petite minorité est celle qui fait avancer les pions de l’archaïsme et de la misogynie, et parfois du terrorisme, car c’est là qu’il peut trouver un terreau favorable. Cette petite minorité qui déchire toutes les sociétés. Cette petite minorité dont les islamophiles du 11 septembre soutiennent les revendications.
Quant à la grande majorité silencieuse qui laisse les islamistes agir sans réagir, on se demande parfois de quel côté, en cas de conflit sérieux avec les démocrates, ses composantes pencheraient.
Pour Hansjörg Schmid, directeur du Centre islam, qui fait avancer à grande vitesse l’islamisation de notre pays, «cette hostilité, c’est du venin, c’est du poison pour la société.» Pour un autre, les islamophobes ont l’intellect déficient alors qu’ils «se voient comme des critiques rationnels». Samuel Behloul, qui joue au naïf, se demande pourquoi les musulmans sont «surveillés, observés», vus comme un problème, pourquoi ils «sont à la Une de l’agenda politique depuis des année».
Organiser dans une université un colloque où la quinzaine d’intervenants sont exactement sur la même ligne, alors que les avis sur un tel sujet sont si divers dans la vie réelle, est indécent. Et l’on se demande si les voix dissidentes ont encore droit de parole dans ces lieux… et dans tant d’autres.
La pétition de l’Association suisse vigilance islam qui demande l’organisation de «colloques critiques envers l’islam et ses activistes» a obtenu quelque 700 signatures qui vont prochainement être envoyées à la Commission fédérale contre le racisme et au Centre islam et société. On se réjouit de connaitre son sort.
Le bulletin du CSIS informe
"Dès le mois de janvier 2018, le CSIS formera 250 enseignant-e-s dans le domaine de la prévention contre la radicalisation pour le compte du Département de l’instruction publique, de la culture et du sport du canton de Genève. Cette formation s’inscrit dans le cadre des mesures de prévention développées par le canton de Genève et entend poser des bases à l’évaluation des risques de dérives dans l’extrémisme violent."
A mon avis, il serait infiniment plus urgent de se préoccuper du radico-littéralisme qui imprègne la quasi totalité des mosquées. On aurait ainsi nettement moins besoin de prévenir l'extrémisme.
La quinzaine d'intervenants, le doigt sur la couture du pantalon, ont voué aux gémonies les «islamophobes», et choisi des chiffres qui illustrent leurs préjugés .