Infatigable observateur de la scène allemande et de l’islamisme, Hamed Abdel-Samad, originaire d’Egypte, dessine un portrait inquiétant de son pays d’adoption.
On constate dans cette interview de Hamed Abdel-Samad par le Blick passablement de similitudes avec la France. Je me centrerai sur elles, mais je recommande vivement l’entier du texte. Point de départ: les émeutes berlinoises du Nouvel An. Les forces de l’ordre ont été attaquées par une foule de jeunes, majoritairement issus de l’immigration. Beaucoup de policiers ont été blessés.
Le mépris de l’Etat, la haine du pays
Ces jeunes hommes issus de l’immigration, observe le politologue, méprisent l’Etat, sont réfractaires à toute autorité hors leur famille, leur imam ou leur «clan arabe». Et les événements de Berlin ne sont que la pointe de l’iceberg.
Leur potentiel de colère ne peut être absorbé dans la famille. Celle-ci attise même leur haine de l'Allemagne.
La justice laxiste
Ces jeunes visent le ventre mou de l’Etat. Un Etat qualifié d’«édenté» par l’interviewé. Ils savent qu’en cas d’arrestation, ils seront presqu’aussitôt libérés.
« Nous avons perdu le contrôle d'un groupe particulier», commente A. Samad.
Le déni rend impossible la solution
Le problème des enfants d'immigrés issus des banlieues existe dans toute l'Europe. Lorsqu’il se passe un événement violent, l’argument de la violence des jeunes est convoqué, «mais pas un seul homme politique ne prononce le mot «enfants d'immigrés». La plupart des médias non plus»
La raison? L’incroyable mais si habituelle crainte de se faire traiter de raciste.
Question du politologue: Comment peut-on résoudre un problème si on ne veut même pas le nommer?
L'État n'a aucune possibilité d'action, car il s'est lié les mains en distribuant sans exigence de fort nombreux permis de séjour.
L’extrême gauche est de la partie
Des nombreux Allemands non issus de l’immigration ont aussi été arrêtés, remarque la journaliste. Réponse: oui, mais il s'agit principalement de jeunes d’extrême gauche. Ils méprisent aussi la police et participent à ces événements.
On l'aura compris, le deux poids deux mesures règne aussi. Lorsque de jeunes Allemands blancs s'en prennent à un migrant, les médias claironnent l'origine des auteurs et de la victime. Dans la situation inverse, motus et bouche cousue (le plus possible).
Besoin d'une démocratie "avec des dents"
La maire de de Berlin entend organiser un «sommet contre la violence des jeunes». Abdel-Samad: «On ne peut pas plus dialoguer avec des jeunes enclins à la violence qu'avec des néonazis. (…) nous avons besoin d'une démocratie avec des dents.»
Mais nous sommes à l’ère de la relativisation.
Le critique ironise: «Les jeunes violents deviennent alors des victimes qu'il faut protéger contre Hamed Abdel-Samad.»
L’Etat se leurre sur les organisations
L'État croit s’attirer les faveurs musulmanes en se faisant tout gentil avec les organisations qui le représentent, subventions à l’appui. Un exemple: Ditib, réseau de mosquées dont nombre d’imams sont fonctionnaires de l’Etat turc qui poursuit ses objectifs politiques en Europe.
L’islam du Proche-Orient et d'Afrique du Nord importe un mode de vie puritain, figés sur des valeurs et des rites contraires aux nôtres.
Tous voient l'Occident comme un ennemi.
Si un homme ne trouve pas de travail parce qu'il n'a pas les compétences sociales ou parle mal l'allemand, il lui reste la frustration, beaucoup de testostérone et de colère. Il doit évacuer cela d'une manière ou d'une autre. Et l'État ne sait pas comment traiter un phénomène qu’il ne comprend pas.
Le dernier livre -en allemand- de Hamed Abdel-Samad «Islam: une histoire critique», est tout chaud sur les rayons des librairies. Il traite de l’extension de l'islam conservateur et réactionnaire en Europe, tout en exprimant l’espoir d’une inversion de tendance.
PS: un site est en préparation, il a pris un peu de retard...