Le CCIS est un mouvement littéraliste que l’on aime appeler salafiste. Dans les faits, il est difficile de savoir ce qui différencie cet organisme et son leader Nicolas Blancho des Frères musulmans ou Wahhabites qui hantent nos mosquées. Les autres associations islamiques craignent surtout la concurrence. Elles critiquent volontiers l'«extrémiste» Nicolas Blancho dans les médias sans jamais expliquer ce qui sur le fond les distingue. C’est un repoussoir pratique destiné à laisser entendre qu’elles sont plus fréquentables.
Les positions de Blancho sur le terrorisme sont vaseuses -mais pas sur le 11 septembre: il ne peut le condamner-, c’est un fervent adversaire de la mixité, un propagandiste du niqab, l’un des nombreux bergers de l’islam incapables de condamner la lapidation, le responsable d’un court-métrage menaçant qui fait penser à l’État islamique.
Cette espèce, comme les autres du même acabit, opère en liberté. Elle ne rencontre pas d’obstacles dans son activité de lavage de cerveaux, et comme nous l’allons voir, fait l’objet d’une surveillance pour le moins lâche de la part d’autorités qui sont censées l’avoir dans le viseur.
Un projet soutenu par le gouvernement de Zurich est consacré à la formation d’aumôniers musulmans aux situations d’urgence. Il bénéficie de 500'000 francs de la Loterie de Zurich versés à l’Association des organisations islamiques du canton de Zurich (VIOZ) qui gère le projet. La première cérémonie de remise des diplômes -la liste des participants au cours avait été vérifiée par la police- a eu lieu en juin de cette année, en présence de la directrice du Bureau de l’intégration.
Diplôme en sursis
Albana Azemi, qui bien entendu arbore sur la tête, et pas seulement sur la tête, le symbole de la discrimination des femmes musulmanes, était l’une des heureuses diplômées. Sa joie a été de courte durée: la presse a révélé son vrai visage. Elle est une fervente activiste du CCIS. Elle s’est entre autres illustrée par son soutien actif à une famille musulmane fermement décidée à ne pas s’intégrer, famille aux prises avec les autorités saint galloises (voir ci-dessous). C’est aussi la porte-parole d’un sous-groupe du CCIS de jeunesse.
Les autorités se sont senties obligées de réagir. Mais pas le responsable du projet, l’imam et secrétaire du VIOZ Muris Begovic qui n’a pas daigné répondre à la question de savoir si son association avait connaissance de l’appartenance d’Albana Azemi au CCIS.
Saïda Keller Messahli, présidente du Forum pour un islam progressiste, est scandalisée: «Il ne faut pas laisser des extrémistes s’occuper de personnes détenues, en deuil ou malades. Ces personnes sont facilement manipulées. Les autorités zurichoises ont agi de manière complètement naïve.» Elle exige que l’on retire son diplôme à Albana Azemi.
Le directeur financier de la loterie va se pencher la question: «Nous ne pouvons pas donner un certificat d’aumônier à des personnes qui représentent une vision extrémiste.»
Une inlassable lutte pour la discrimination
Albana Azemi soutient, avec le CCIS, une famille bosniaque de St Margrethen dans le canton de Saint-Gall arrivée en Suisse en 1990. Elle tente depuis des années, par des moyens judiciaires et par une résistance à toute épreuve, d’imposer ses convictions rétrogrades.
En août 2013, la famille envoie sa fille à l’école en foulard, malgré l’interdiction de l’école. Elle s’engage dans une procédure auprès du Tribunal administratif du canton. Plusieurs femmes portant foulard, parmi elles la secrétaire générale du CCIS Ferah Ulucay et Albana Azemi, viennent soutenir la famille lors du procès. Le tribunal rend une décision favorable au port du foulard. L’école a porté l’affaire devant le Tribunal fédéral qui n’a pas encore tranché.
Le père de famille, Emir Tahirovic, s’est converti à l’islam à 24 ans durant son service militaire en Bosnie. Il fait vivre sa famille selon les préceptes de l’islam. En 2015, il a interdit à sa fille de participer à un camp de ski. Il refuse la participation de ses filles aux cours de natation obligatoire de l’école. Il est même opposé au burkini, car ce costume permet de reconnaître certaines parties du corps. Ses actes de rébellion lui ont valu amendes et même prison.
Dans une interview au Sankt Galler Tagblatt, Tahirovic se dit favorable à un islam pacifique et respectueux des lois suisses. Mais il estime que les autorités n’ont pas à lui dicter comment il doit s’habiller et comment ses enfants doivent aller à la piscine. De plus, on apprend que figure parmi les innombrables interdits de cette religion, le fait qu’une jeune musulmane n’a pas le droit de passer la nuit hors du domicile sans ses parents. Le disciple d’Allah se sent blessé dans sa foi. Des gens s’éloignent de lui et certaines communautés musulmanes l’évitent.
L’aide sociale pour la libre pratique de l’obscurantisme
La famille vit comme de bien entendu de l’aide sociale. Le père ne trouve pas d’emploi stable et il pense que c’est dû à ses indispensables interruptions de travail pour la prière. Le CCIS n'est pas d'accord avec le constat de non-intégration. Sa secrétaire générale considère que cette famille essaie de remplir ses devoirs vis-à-vis de la société, et fait usage de son droit à la liberté religieuse et à l'autodétermination.
Un comité de l’UDC de la région saint-galloise de Rheintal a lancé une pétition exigeant la non-reconduction du permis de séjour, voire le retrait de permis pour cette famille. Début octobre, elle l’a déposée avec 3200 signatures auprès du Département de sécurité et de justice du canton.
Parallèlement, deux députés entendent déposer une motion au parlement cantonal pour «formaliser et préciser les accords d'intégration existants pour les immigrés; en particulier, ces accords doivent inclure une adhésion explicite aux valeurs démocratiques de la Suisse, et leur non-respect doit pouvoir être sanctionné».
Par ailleurs, l'UDC et le PDC du canton de Saint-Gall réclament des sanctions plus sévères dans les cas où les étrangers n’acceptent pas l’ordre juridique.
Et pour en finir avec cet hôte si aimable, ce commentaire d'un internaute: «Cher Emir, je suis de tout cœur avec toi contre ces Suisses grognons et racistes. Je te conseille donc de déménager, ou mieux de retourner d'où tu viens. Ainsi, tu seras parmi tes semblables. Salut, Emil... euh, Emir.»
Le CCIS promeut une «hotline jihad» dans les écoles
Le CCIS a déjà lancé diverses initiatives, sans beaucoup de succès, dont la création d’une école enfantine musulmane et la tentative par pressions téléphoniques de prélever une part de l’aumône obligatoire. En juin, il a lancé une «hotline jihad» destinée à dissuader les candidats tentés par la guerre en faveur de l’islam.
La farce est déjà grosse. S’y ajoute le fait que Blancho se livre au même moment à une invitation au jihad, en arabe, sur son site! Il y cite une formule devenue un hymne des combattants djihadistes: «Pour elle (la foi musulmane) on vit, pour elle on meurt et pour elle, on fait le djihad afin d’aller à la rencontre de Dieu.»
Cette vidéo a échappé à la presse et aux autorités, elle ne sera pas mentionnée dans la polémique.
Le flyer de promotion de la hotline a été subrepricemetn distribué dans des écoles primaires de Suisse alémanique. D’après une enseignante d’une école zurichoise, il a été mentionné pendant une réunion de professeurs. «J’ai pensé qu’il s’agissait d’un projet officiel autorisé par le canton.» L’enseignante n’avait pas vu que le CCIS figurait sur la brochure. Un directeur des écoles, Stefan Fritschi, confirme: «Le design du flyer ne permet pas de voir tout de suite d’où il provient.»
Ferah Ulucay, secrétaire générale du CCIS, explique le formidable défi que relève son mouvement: «La hotline a pour but d’aider à faire la différence entre la pratique religieuse et normative de la foi et l’extrémisme violent.» Et le flyer de préciser: «Pour une personne de l’extérieur, il est très difficile de reconnaître un processus de radicalisation, et de faire la différence entre un conservatisme religieux et des tendances idéologiques dangereuses.» Voilà au moins une affirmation incontestable.
Les conseillers du bout de la ligne, «islamologues de niveau universitaire», représentent, confirme le flyer, un «islam normatif» qui s’appuie sur le Coran et la Sunnah du prophète Mahomet… Soit des textes et des normes qui enjoignent de pratiquer le jihad.
Samuel Althof, bisounours du centre d’expertise «Prévention de l’extrémisme de la violence», se fie à la directrice de la hotline avec laquelle il a eu «un long entretien». Il conclut que cette activité ne consiste qu’à dissiper les malentendus à propos des questions de foi et d’aider à faire la différence entre une interprétation conservatrice de l’islam et l’extrémisme. «La directrice de la hotline m’a assuré qu’elle préviendrait immédiatement les autorités si elle avait connaissance d’un cas effectif d’extrémisme violent.» Le voilà rassuré.
Le Conseil national vient de refuser la création d’une «hotline Jihad» nationale... Mais le CCIS lui est toujours autorisé.
Mille mercis à Laurence pour les traductions!
30.10.15 http://www.srf.ch/news/regional/ostschweiz/rheintaler-salafist-im-konflikt-mit-gesetz
15.10.15 http://www.20min.ch/schweiz/news/story/IZRS-Frau-erhaelt-Zertifikat-als-Seelsorgerin-14627032 07.10.2015 : http://www.tagblatt.ch/ostschweiz/stgallen/kantonstgallen/tb-sg/XXXX-Unterschriften-gegen-bockigen-Moslem;art122380,4382432
05.06.15: http://www.20min.ch/schweiz/news/story/12886574
Le Conseil central islamique suisse (CCIS) tente de s’infiltrer dans les interstices de la démocratie. L’une de ses fidèles a obtenu un diplôme d’aumônière, il soutient une famille désintégrée et crée une hotline contre le jihad tout en le promouvant.