L'imam participe à un luxueux buffet à La Mecque.
Parmi les innovations sociales que nous a apportées la religion d’amour et de tolérance, nous avons les prêcheurs de haine. Une affaire de ce genre anime l’actualité. Des médias de Suisse alémanique, ainsi que la télévision, ont révélé au terme d’une enquête fouillée qu’un imam de Bienne, canton de Berne, fait des sermons extrémistes :
«Oh Allah, je te prie d'anéantir les ennemis de notre religion, d'anéantir les juifs, les chrétiens, les hindous, les Russes, les chiites, je te demande de les anéantir tous et de rendre à l'islam son ancienne gloire.»
Abu Ramadan (il est sûrement cousin avec les deux autres) officie occasionnellement à la mosquée Ar'Rahman de Bienne, qui a déjà fait par le passé l’objet d’autres polémiques. Nicolas Blancho, le salafiste suisse le plus notoire, président du Conseil central islamique de Suisse (CCIS), la fréquentait. Deux fidèles sont partis pour la Syrie.
L’homme, d’origine lybienne, est arrivé en Suisse en 1998 comme requérant d’asile, persécuté parce que membre d’un groupe islamiste. Un mois après avoir déposé sa demande, il reçoit un permis annuel, et deux ans après, la cause était entendue et l’asile obtenu. Une procédure express. L’imam, qui n’avait envie ni d’apprendre la langue du terroir, ni de travailler, a alors vécu avec sa petite famille aux crochets de l’aide sociale. La facture se monte pour la collectivité à près de 600'000 francs sans compter les aides durant la procédure d’asile.
Abu Ramadan s’est rendu deux fois par an en Libye après la chute de Kadhafi, comme il s'en vante dans une vidéo. Ce genre de déplacements est évidemment interdit aux réfugiés. Parallèlement, il a voyagé plusieurs fois à La Mecque et à Médine où comme en Lybie, ses sermons de haine ne déparaient pas le paysage. Il a été pris en photo dans des hôtels de luxe.
Un document a été remis à la Suisse par l'ambassade libyenne en 2013 à propos de ces curieux voyages. Le Secrétariat cantonal aux migrations n’a pas cillé, alors que le statut de réfugié aurait dû être retiré fissa au contrevenant.
Le Secrétariat aux migrations de la Confédération annonce durant la polémique qu’il retiré ce statut à l’imam… début août. Poussé à l’action après quelques questions dérangeantes de journalistes et la perspective du scandale? C’est probable.
L’aide sociale, elle, est toujours versée. L’UDC proteste, alors qu’une députée socialiste, membre de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique (CSSS) interroge: «A quoi cela servirait-il que ce genre de personnes finisse dans la rue?» Elle oublie que ce pourrait être dans la rue… lybienne?
Eh bien non! Abu Ramadan est aujourd’hui en possession d’un permis d’établissement qui ne peut être retiré qu’en cas de motifs très graves. L’escroquerie (voyages en Lybie) et les sermons extrémistes sont anecdotiques. Le Service de renseignement de la Confédération, qui révèle connaitre l’imam depuis longtemps, explique qu’il ne peut agir en prévention que «s’il possède des indications concrètes sur des activités extrémistes violentes». Dans le cas qui nous occupe, l’imam devrait avoir écopé d’une lourde condamnation pénale ou représenter un très grave danger pour qu'il soit privé de son permis. Or, Abu Ramadan a seulement appelé à l’anéantissement des non-musulmans…
Les autorités de la ville songent à déposer une plainte pénale, mais d’ici à imaginer que la peine sera lourde… Rappel de deux procédures. Un musulman bâlois vantait les sanctions de la charia dans un reportage TV, comparait les amendes infligées à des automobilistes au fouet ou à l’amputation des voleurs tout à fait légitimes dans l’islam. Il considérait qu’un époux peut frapper sa femme si elle se refuse à lui
Un autre imam a placé sur le site de sa mosquée lausannoise l’ensemble des sanctions de la charia, dont une que j’ignorais: l’obligation de battre les enfants dès 10 ans s’ils ne font pas la prière. Il accusait aussi Tari Ramadan d’être copain avec les chrétiens et les juifs, soit «avec les diables».
Plainte a été déposée dans les deux cas. Acquittement.
Pas de souci donc, l’ex-réfugié pourra encore couler des jours tranquilles aux frais des contribuables.
Et les autres acteurs de la mosquée ?
Une question reste sans réponse… vu qu’elle n’est jamais posée. Qui sont ces fidèles qui se rendent à la mosquée et écoutent sans sourciller les sermons de Abu Ramadan, et que prêchent les autres imams? Une enquête ne devrait-elle pas les concerner? Ah non, j’oubliais, notre droit l’interdit.
Une journaliste TV qui veut interroger un ou deux adeptes à l’entrée fait chou blanc: deux jeunes gens lui répondent qu’il leur est «interdit» de parler. Et à l’entrée, une feuille scotchée précise que les journalistes ne sont pas les bienvenus.
Swissinfo a interrogé un autre imam de ladite mosquée. Il ne fait bien sûr que des sermons bénéfiques, pratique du social dans sa communauté «qui n’est pas du tout reconnu par les autorités», estime qu’Internet est seul coupable de la radicalisation, considère que le monde musulman est en mutation, exemple l’Egypte et la Palestine, des courants islamistes qui désormais «utilisent les outils du combat pacifique».
Et à propos de Mohamed Merah: «J’ai immédiatement condamné cet acte, mais je me suis un peu rétracté par la suite, car il existe de nombreuses zones d’ombres dans cette affaires.» ... des «manipulations de la part des services de sécurité».
La polémique tombe dans une heureuse conjoncture: Bienne est en train de mettre sur pied un dispositif de prévention de l’extrémisme et de la radicalisation. Mais attention, pas de stigmatisation. Il est destiné aux musulmans qui ont oublié la douceur de leur religion, mais aussi à des hooligans et à des auteurs de violence conjugale.
Sondage : les Suisses ont peur de l’islam et des imams
Quelque 38% des Suisses disent se sentir menacés par les musulmans de Suisse, révèle un sondage diffusé ce dimanche par le SonntagsBlick. La peur de l'islam a plus que doublé au cours des treize dernières années. Elle était de 16% en 2004. Une augmentation de 137%.
Les Suisses souhaitent un contrôle accru des mosquées et de leur financement et une surveillance renforcée des imams. 81% estiment que les autorités sont trop laxistes avec ce genre de personnages.
81% considèrent aussi que le salafisme devrait être interdit. Ironie du sort: Giorgio Ghiringhelli, à l’origine de l’interdiction de la burqa au Tessin, a lancé une pétition visant à bannir les groupes extrémistes. Constatant qu’aucun journal ou presque ne reprenait cette information, il a décidé de passer une trentaine d’annonces payantes intitulées: «Signez la pétition pour interdire les mouvements islamistes en Suisse». Treize journaux de Suisse alémanique ont refusé de la publier.
76% de sondés jugent que l’État devraient avoir la possibilité de mettre en détention préventive de façon illimitée les individus estimés dangereux.
Une majorité, 55%, est en faveur d’une formation pour les imams dans les universités suisses.
Pour 83%, les imams voulant prêcher en Suisse devraient obtenir d’abord une autorisation officielle.
80% pensent que seuls les dignitaires islamiques qui reconnaissent l’État de droit, l’égalité entre hommes et femmes et la séparation de la religion et de l’État devraient pouvoir entrer dans le pays.
60% des 1003 personnes sondées rejettent l’idée d’une reconnaissance de l’islam, sur un pied d’égalité avec les Eglises traditionnelles.
Comment se débarrasser d’un prêcheur de haine ? En Suisse, la chose est souvent impossible. Un sondage montre pourtant le souhait de mesures drastiques de la part de la population. Et l’augmentation de la peur.