Pourquoi les chrétiens sont-ils discriminés, persécutés, assassinés dans les pays musulmans? Quel rapport avec l’islam?
Les discriminations concernent en fait tous les non-musulmans. Il n’existe aucun pays d’islam où l’égalité religieuse est une réalité. Partout les condamnations pleuvent pour «offense à la religion», «insulte à l’islam» «outrage au prophète»… Même la tolérante Indonésie a cédé devant la rage islamiste de la province d’Aceh. Celle-ci peut appliquer certaines injonctions de la charia, dont le fouet pour les transgresseurs.
Je mettrai cependant l’accent sur les persécutions les moins graves des chrétiens, sur leur l’origine et leur persistance. Le remarquable «Observatoire de la christianophobie» témoigne de la haine quotidienne qui les poursuit partout, y compris dans nos pays. Cette lecture est presque insupportable.
L'Algérie
Dans des pays proches, que l’on imagine religieusement civilisés, les discriminations demeurent. L’Algérie interdit comme les autres pays le mariage d’une musulmane avec un non-musulman. Par le biais d’une loi promulguée il y a dix ans, les autorités algériennes se livrent même à une chasse aux chrétiens. Prison ferme pour «prosélytisme et offense au prophète de l’islam», poursuites judiciaires pour s’être trouvé en possession de Bibles, pour s’être réunis dans un lieu afin de pratiquer son culte. Les convertis –comme les apostats en général- ne peuvent hériter.
Le Maroc
Le Maroc est un autre exemple. Frère Rachid, un musulman marocain converti au christianisme, anime une émission en arabe sur la chaine satellitaire Al-Hayat basée aux États-Unis. Il adresse ce jour-là une lettre ouverte au roi du Maroc. Que demande-t-il? Que cesse le harcèlement de la police qui oblige les chrétiens à s’enfermer dans des lieux obscurs pour pratiquer leur culte. Que les Marocaines puissent se marier avec des non-musulmans. Que les chrétiens aient le droit de disposer d’une Bible en arabe, de la transporter sans menace de fouilles. Il réclame la reconnaissance du mariage chrétien, le droit de donner des prénoms chrétiens à ses enfants, de cesser de les obliger à apprendre l’islam et d’avoir le droit de leur enseigner le christianisme.
Imagine-t-on que nos pays interdisent le Coran en français? Qu’ils obligent les enfants musulmans à apprendre la religion chrétienne?
Où est la réciprocité?
Ici, les musulmans dévots considèrent la liberté religieuse comme un dû, une évidence. Ils n’hésitent pas à recourir au tribunal pour élargir son champ. Mais quelle indifférence devant l’absence de cette liberté dans les pays régis par l’islam! Jamais nous n’avons vu sortir de leurs mosquées ou associations le moindre mouvement de protestation, la moindre pétition (par exemple contre la condamnation d’Asia Bibi) réclamant la réciproque.
Depuis le début de l’islam, les armées musulmanes ont envahi et détruit des civilisations chrétiennes. Des communautés ont survécu, tels les coptes d’Égypte, malgré une insécurité et des discriminations permanentes, comme en témoigne Jean-Pierre Péroncel-Hugoz («Le radeau de Mahomet») qui cite même cette comptine entendue dans la bouche de petits musulmans: «Demain c'est notre fête, les chrétiens seront nos chiens!»
Le rejet des non-musulmans
Ce rejet des non musulmans est omniprésent dans le Coran et les Hadiths. Le premier instaure un impôt de «protection» des juifs et des chrétiens, à verser «dans l’humiliation». Il aura été durant plus d’un millénaire la source d’innombrables extorsions…et humiliations.
Mais de qui les chrétiens (et les juifs) devaient-ils être protégés? Des régimes musulmans eux-mêmes! «C’est une forme de rançon en échange du droit de vivre», résume Georges Bensoussan.
Revenons-en aux textes. En lisant le Coran, dès les premières pages, j’ai été choquée par les incessantes imprécations contre ceux qui ne croient pas à la religion d’Allah, crime inexpiable. Ce qui fait d’eux des «pervers», des «criminels», des «bestiaux».
Où est la tolérance?
Les chrétiens associent Jésus à Dieu, c’est un crime impardonnable qui fait dire à Allah: «Que Dieu les anéantisse!» Il incite ses croyants à jeter l’effroi dans leurs cœurs, à frapper sur leurs cous. Au Jugement dernier, il réserve aux incrédules, dans d’innombrables versets, un «châtiment terrible, ignominieux». Ils seront conduits à la Géhenne «comme un troupeau à l’abreuvoir».
Vous, imams et responsables d’associations faites beaucoup d’efforts pour nous persuader que l’islam a le plus grand respect pour les chrétiens. Comment enseignez-vous cette «tolérance» de votre religion qui ne la respecte nulle part? Comment conciliez-vous l’image d’un livre parfait, incréé, intouchable et ce qu’il dit des «incrédules» à d’innombrables reprises? Pourrions-nous ouvrir le débat?
Tribune libre parue mercredi 4 mai dans Le Temps au sujet d'un problème tragique. Il nous ramène comme d'habitude au refus des religieux et responsables musulmans d'accepter le débat lorsqu'il concerne le contenu de leurs textes.
Les intertitres ont été ajoutés par le journal.