Illustration de la Tribune de Genève
La Tribune de Genève participe à une vaste enquête internationale sur le populisme. Elle propose un dossier destiné à nous éclairer sur le sujet et accessoirement à savoir combien de populistes compte la Suisse… ou plutôt les lecteurs abonnés de la Tribune qui se sont intéressés au sujet.
Pour savoir où vous vous situez, un quiz de 20 questions a été concocté par «un collectif de chercheurs du monde entier». Ils étaient rien moins que 35 ! Le populisme est défini par cette élite universitaire, qui ensuite tente de le détecter.
Les réponses permettent aussi de savoir comment vous vous situez sur l’échiquier droite-gauche et de quels dirigeants vous êtes proche, en Suisse et sur la planète occidentale (des experts se sont glissés dans la peau de chacun d’entre eux en répondant aux différentes questions).
En entête de chaque question: «Êtes-vous d’accord avec les affirmations suivantes?» Sept possibilités vous sont proposées:
Tout à fait d’accord, d’accord, plutôt d’accord, ni en accord ni en désaccord, plutôt pas d’accord, pas d’accord, pas du tout d’accord.
Il n’existe pas de rubrique «non-réponse». Pour passer à la question suivante, il est obligatoire de cliquer sur l’une des sept options.
Les chercheurs ont chaussé leurs brodequins et forgé des opinions sur lesquelles les populistes aux gros sabots vont se précipiter. «Par populiste, nous entendons l’idéologie qui considère la société comme divisée en deux groupes homogènes et antagonistes, le peuple pur contre l’élite corrompue.» Pour déceler ces citoyens primaires, voici les affirmations proposées:
«Les politiciens devraient toujours écouter attentivement les problèmes du peuple.»
«Les politiciens n’ont pas besoin de passer du temps avec les gens ordinaires pour faire du bon travail.»
«A peu de choses près, le gouvernement est aux mains de quelques lobbies qui ne défendent que leurs propres intérêts.»
«Les membres du gouvernement utilisent leur pouvoir pour améliorer la vie des gens.»
«On peut savoir si une personne est bonne ou mauvaise uniquement à ses opinions politiques.»
«Les personnes avec qui je ne suis pas d’accord politiquement ne sont pas forcément mauvaises.»
«Le pouvoir de quelques lobbies empêche le pays d’avancer.»
«Beaucoup d’informations importantes sont délibérément cachées au public pour défendre des intérêts privés.»
C’était le plat de résistance, la suite n'est pas plus digeste.
«Le patriotisme est important»
«Le nationalisme est important»
«Le libre marché est important»
«Le libre échange est important»
Les chercheurs estiment apparemment qu'ils n’ont pas besoin de passer du temps avec les gens ordinaires pour faire du bon travail… Tous les lecteurs connaissent parfaitement la différence.
«Les énergies renouvelables sont importantes»
«La lutte contre la pollution est importante»
Conception implicite de nos fin limiers: les populistes se fichent comme d’une guigne de l’environnement.
«Le conservatisme est important »
«L’autorité de l’Eglise est importante»
«La politique de gauche est importante»
«Le socialisme est important»
Si je comptais parmi ces chercheurs émérites, j’aurais proposé cette formulation: «Il est important que le conservatisme, l’Eglise, le socialisme et la politique de gauche puissent s’exprimer dans le champ politique sans que l’un(e) ou l’autre soit considéré comme une dangereuse doctrine». J’ai donc répondu ni d’accord, ni pas d’accord faute de case «absurde».
«Le mariage homosexuel devrait être possible»
«L’adoption homoparentale devrait être possible»
J’avoue que je ne suis pas enthousiasmée par le mariage homosexuel et «pas d’accord» avec l’adoption. Ce nouveau blasphème créé par la gauche me conduit inexorablement à la case «dangereuse populiste».
Ce quiz est aussi censé détecter les «populistes de gauche», mais franchement, j’ai de la peine à voir.
Si peu populiste et si peu de droite... mais un peu amère d'être plus proche de Viola Amherd que de Karin Keller-Sutter.
Trois articles aux résonances classiques de la gauche complètent ce quiz. Le paysage du populisme en Suisse est décrit par trois experts «sollicités» par la TG aux avis unanimes ou peu s’en faut. On n’y découvre pas l’once d’une pensée originale. L’UDC populiste? Oui, peut-être, pas tout à fait, mais quand même! L’un nous dit : «On ne peut pas nier que la montée en puissance de l’UDC a été favorisée par la démocratie directe.» et un autre: «Le populisme n’est pas une conséquence de la démocratie directe. Mais la démocratie directe est un de ses canaux d’expressions.»
Le populisme est désormais nommé «national-populisme». Pour l’expert français de l’extrême droite tant aimé des médias, Jean-Yves Camus, «le modèle idéal du national-populisme, c’est le retour à l’Europe des années 60».
Un modèle de journalisme, tout en finesse, qui veille à ne pas donner une vision univoque de son sujet...
Un quiz rédigé par plus de 30 chercheurs internationaux permet de se situer sur l’échelle du populisme. Drôles d'indices.