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Rechercher : Saïda Keller Messahli

  • La RTS milite pour le retour des «damnés de Daech»

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    Je me demande qui peut bien avoir supporté de regarder jusqu’au bout. Moi, je n’ai pas pu faire autrement que de quitter mon canapé. Et j’ai fait le ménage dans mon salon pour me passer les nerfs. Car voyez-vous, il s’agit aujourd’hui de faire pression sur le Conseil fédéral pour qu’il s’engage à rapatrier les djihadistes, comme de nous préparer à accepter le retour de ces criminels qu’il faudrait avant tout faire sortir de «l’enfer des camps» et de cette «situation dramatique» dans laquelle ils se trouvent. De l’enfer qu’eux même ont fait subir à leurs victimes, on ne parlera évidemment pas. Et du risque qu’ils feront peser sur les pays où ils rentreraient, comme les revenants du djihad d’Afghanistan qui ont déstabilisé la Bosnie l’amenant à la guerre civile, on ne parlera pas non plus.

     Une méthode efficace

    Comment atteindre cet objectif ? Il s’agit d’abord et surtout de nous attendrir sur le sort de ces djihadistes, qui, doit-on encore le rappeler, sont allés de leur plein gré rejoindre l’État islamique, le soutenir, et participer de près ou de loin à ses exactions: décapitation, viols, esclavage.

    Serez-vous étonnés si je vous dis que tout au long de cette entreprise de propagande, la RTS oublie de nous rappeler en quoi ont justement consisté les exactions et les cruautés de l’Etat islamique? En parler serait gênant, et surtout cela risquerait de ternir l’attendrissante histoire de ces jeunes gens dont les parents étaient si «fiers», et dont la mort, quand elle a eu lieu, a été une «terrible nouvelle».

    Ce reportage commence donc par tenter de nous amener à nous identifier avec  les parents de ces djihadistes. Ensuite, on nous montre d’attendrissantes photos et vidéos de leurs plus jeunes enfants. Notez bien qu’il y a une gradation: quand nous sommes considérés comme suffisamment attendris par les images des plus jeunes enfants, on nous parle d’une adolescente de treize ans, d’une jeune femme, et pour terminer d’un jeune homme.

    Ne posez pas de questions

    La question subliminale qui nous est posée est la suivante: n’aurions-nous pas tous pu élever ces adeptes de l’État islamique, désireux «seulement» de pouvoir «vivre pleinement leur religion»? D’ailleurs, on nous dit qu’ils viennent «de chez nous»,  et que nous les avons «peut-être fréquentés à l’école ou au travail».

    Être adepte de l’Etat islamique ce serait si naturel et si fréquent, Mme Michu. Allons-y, identifions-nous,  et avec la RTS et leurs parents, réclamons qu’ils soient «sortis de cet enfer» au plus vite! 

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    Les questions qui a contrario ne nous seront jamais posées sont les suivantes: Comment se fait-il que ces djihadistes ne remettent pas en question l’idéologie qui les a amenés là-bas, et qu’en même temps ils entendent faire appel à notre mansuétude? N’aurions-nous pas plutôt risqué de faire un jour partie des victimes de ces combattants du djihad, s’ils avaient pu étendre leur pouvoir? S’ils avaient gagné, seraient-ils en train de réclamer d’être rapatriés? En cas de retour en Suisse, nos propres enfants ou petits-enfants ne risquent-ils pas de faire également partie de leurs victimes?

    Surtout ne jamais se remettre en question

    Une chose interpelle et révolte tout au long de cette propagande: ces djihadistes ne présentent pas de prise de conscience crédible. Ils nous disent parfois avoir "fait des erreurs", ou ne pas avoir trouvé ce qu’ils cherchaient. Mais on ne les entend jamais dire qu’ils seraient hantés par le sort et les souffrances des victimes de l’Etat islamique, et par celles de leurs enfants, pourtant du même âge que les leurs, tout aussi innocents, et certainement pas entraînés à tuer et à haïr les mécréants. Quant à remettre en question l’islam qui les amenés là-bas pour «vivre pleinement leur religion», n’y pensez même pas.

    Les grands-parents qui réclament le retour de leurs enfants ou petits-enfants, sont eux incapables de faire la moindre introspection sur leurs méthodes d’éducation, alors qu’il faut bien le dire, elles ont eu des résultats désastreux. Leur caractéristique commune, sans exception, semble d’être absolument incapables de la moindre remise en question, comme de la capacité à évaluer les conséquences de leurs actes. Leur problème n’est pas ce que leurs enfants ont fait subir à autrui, mais la peine qu’ils leur ont fait à eux.

     On les entend ad nauseam réclamer le retour de leurs enfants et de leurs petits-enfants, mais jamais on ne les entend  s’interroger sur le cauchemar que leurs enfants ont fait vivre à autrui. Surtout ils ne s’inquiètent absolument jamais de ce que leurs enfants et petits enfants endoctrinés à la haine du mécréant risquent de faire vivre à nouveau à autrui, si d’aventure ils devaient revenir en Suisse et y continuer leur combat.

     De la Bosnie à la Suisse puis à la Syrie

    Le pire pour moi a été de devoir écouter les sanglots d’une mère d’origine bosniaque, accueillie en tant que réfugiée en Suisse, dont la famille a même reçu le passeport. Passeport en vertu duquel cette femme réclame, sans aucune honte et en pleurant sur son propre sort, qu’on ramène «à la maison», son fils djihadiste «sain et sauf avec sa famille». Rien que ça.

     

     

     

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    Lui fait preuve d'une certaine lucidité et presque d'empathie pour les mariées de force

    Nous avons même pu entendre ce jeune homme déclarer au téléphone que tout ce qu’il désirait c’était «rentrer en Suisse» car il était vraiment «fatigué psychologiquement», et qu’il regrettait…… «le mal qu’il a fait à ses parents». Quand on vous dit que l’islam est une religion qui empêche toute remise en question, et pousse ses adeptes à se victimiser, sans jamais tenir compte d’autrui relégué au néant.

     Pour pousser encore plus loin notre capacité d’identification avec cette mère de djihadiste, Temps présent la prénomme «Sophie», et il est précisé que c’est un nom d’emprunt, car sinon personne n’y aurait cru. Probablement que Jasmina, Medina ou Amina auraient sonné moins «suisse»,  et surtout il y aurait eu trop de risques que certains, plus malins que d’autres, commencent à comprendre qu’il pourrait peut-être y avoir un lien entre l’islam et l’Etat islamique? «Sophie», comme votre servante, c’est plus rassurant. Apparemment on nous prend vraiment pour des cons. Je suis désolée pour la vulgarité du mot, mais je n’en ai pas trouvé d’autre.

    Pour couronner le tout, les journalistes  nous présentent cette famille comme particulièrement digne de pitié et éprouvée, car nombre de ses membres seraient déjà morts au combat en Bosnie, du côté islamique très probablement. Le père nous avoue d’ailleurs, vers la fin du reportage, avoir porté les armes à l’époque. Apparemment cela n’a servi de leçon ni au fils ni aux parents, qui ne semblent pas avoir alerté leur fils sur les dangers que l’idéologie islamique fait courir aux régions dans lesquelles elle s’implante.

    La guerre en Bosnie, vous y aviez compris quelque chose ?

     Car chers amis, j’en profite pour vous apprendre ce que la RTS ne vous dira jamais. Qui à la fin du XXème siècle déjà, voulait instaurer un Etat islamique en Europe? Eh bien je suis heureuse de vous apprendre aujourd’hui que c'est Alija Izetbegovic, le leader des musulmans de Bosnie, un proche des Frères musulmans, auteur en 1970 d’un «manifeste islamique» qui énonçait déjà clairement son projet d’instauration de la charia.

    Né en 1925, Izetbegovic commença par soutenir pendant la deuxième guerre mondiale les nazis croates ou «Oustachis» ainsi que les nazis musulmans de la division Waffen-SS «Handschar». Par la suite, il entra en politique pour défendre son projet de république islamique, sans tenir compte de l’opposition des nombreux Bosniaques non musulmans, soit plus de la moitié de la population tout de même.

    D’anciens djihadistes arabo-musulmans, de retour d’Afghanistan, vinrent lui prêter main-forte et semer le chaos dans la région. Une guerre religieuse fut déclenchée dans une région autrefois laïque, et les djihadistes «afghans» y jouèrent un rôle important. Le fils de «Sophie», arrivé en Suisse à l’âge de six mois, semble avoir voulu reprendre le flambeau de ces «Afghans» de Bosnie pour instaurer un Etat islamique, au Moyen-Orient cette fois-ci.

    Sommes-nous en droit de nous inquiéter de la suite des exactions de ce jeune homme et de ses pairs, s’ils devaient être rapatriés un jour pour faire plaisir à leurs parents et à la RTS? Je dois dire que n’ai aucune envie de prendre le risque de voir la Suisse ou l’Europe se transformer en une nouvelle Bosnie. Et tant pis pour «Sophie» qui a si mal remercié le pays qui lui a donné l’asile et lui a offert son passeport.

    Des djhadistes qui nous ressemblent tant

    Ensuite, nos deux journalistes de propagande partent pour le Moyen-Orient pour y retrouver ce «Vaudois» Adnan, «la petite fille d’Hervé», la «maman» genevoise et ses trois filles «épuisées et dénutries». Encore un effort pour s’identifier à eux!

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    Bien entendu, nous avons aussi eu droit, au cours de la quête dans le camp, à la femme en burqa qui a essayé de nous attendrir et de minimiser ses crimes: «C’était une erreur, les humains ne pardonnent-ils pas les erreurs? Ici vous verrez des personnes de tous les pays qui veulent juste rentrer chez elles...je demande juste un peu de pitié»… Pitié dont on sait que les membres de l’Etat islamique n’ont jamais fait preuve envers leurs victimes. Pitié qu’ils n’ont jamais pour les mécréants, mais revendiquent toujours pour eux-mêmes. Mais cela on ne vous le dira pas.

    Notre journaliste à la recherche d’une «Genevoise» enquête donc dans un camp de femmes en niqab, en montrant partout une photo de l’époque où elle s’habillait normalement et montrait son visage. Évidemment, personne ne la reconnaît, et on se demande encore une fois si on ne nous prend pas vraiment pour des cons. Puis la journaliste finit par s’identifier  si fort aux djihadistes qu’elle nous dit avec des trémolos dans la voix que la fille d’Hervé et son mari «avaient l’air très amoureux» puis qu’«ils étaient prêts à prendre le risque de mourir plutôt que d’être séparés». Roméo et Juliette au pays de l’État islamique, la RTS espère que vous en pleurerez à chaudes larmes. Pour ma part, cette complaisance m’a fait grimper au plafond.

    Pour terminer, la journaliste rencontre le fils de «Sophie» qui dit ne pas être allé au combat, encore un, qui se plaint de ses conditions de détention et du fait que toute sa vie il portera une étiquette sur le front écrit «Daech». Il dit regretter son erreur, mais comment lui faire confiance? Et puis où est la compassion pour les victimes de l’idéologie qui l’a amené ici? Les djihadistes mentent si facilement! Remet-il l’avènement d’un État islamique en question, ou simplement la forme que celui-ci a pris?

    Juger les djihadistes en Suisse? Mais sur quelle base?

    Sa mère «Sophie» éplorée désire que son fils soit rapatrié pour être jugé «correctement» en Suisse. Pas en Syrie, en Irak ni en Bosnie, bien entendu. Car elle sait probablement qu’en Suisse, il ne risque pas grand-chose, la loi n’ayant pas prévu ces cas de figure. En effet, en Suisse, il n’y a pas de peine sans loi… et sans loi il n’y a donc pas de peine.

     Le premier article du code pénal est très clair là-dessus :

    Art. 1 1. Pas de sanction sans loi

    Une peine ou une mesure ne peuvent être prononcées qu'en raison d'un acte expressément réprimé par la loi.

    A ce sujet, on aimerait entendre Carlo Sommaruga, partisan assumé du retour des djihadistes, nous expliquer quelle loi exactement et ainsi quelle peine, il prévoit d’appliquer à ces revenants du djihad. Cher Carlo Sommaruga, les commentaires étant ouverts sur ce blog, nous attendons avec intérêt vos propositions concrètes.

    «Sophie» sait aussi que de toute façon, en Suisse, il n’y a pas de témoins: les témoins sont tous en Irak, en Syrie, ou bien ils sont morts. Sur quelle base, sans loi spécifique et sans témoins, condamnerait-on son fils, qui dit comme tous les autres n’avoir rien fait?

    Je paie malgré moi pour faire pression

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    Bon, je sais, vous allez me dire que je me suis déjà fâchée à plusieurs reprises à ce sujet, par exemple lorsque j’ai lu le livre de David Thompson « Les revenants », ou lorsque Mehmet Gultas nous a offert sur « Forum » un monument de bons sentiments dévoyés. Mais reconnaissons-le, plus ça change plus c’est la même chose, et à la longue la colère monte: on se demande même qui  est derrière et organise cette propagande. Nos journalistes sont-ils vraiment tous aussi stupides?

    Car il se trouve que je paie une redevance obligatoire pour me faire laver le cerveau et entendre la RTS faire pression sur le Conseil Fédéral à mes frais. En ce qui me concerne cela ne fonctionne pas, vous l’aurez compris, mais que penser de l’effet que ce genre de reportage peut avoir sur des enfants?

    L’État islamique c’est juste une erreur, les islamistes méritent juste un peu de pitié, car tuer des gens, les violer et les mettre en esclavage c’est juste «vivre sa religion», le seul problème c’est que ça fait de la peine à leurs parents comme la pauvre «Sophie» ou le cher Hervé, mais les victimes on s’en fout. Et ensuite on peut demander à être rapatrié en Suisse, pour avoir une peine très légère, on doit juste dire qu’on s’est trompé et qu’on demande un peu de pitié, la RTS vous soutiendra, d’ailleurs Karin Keller-Sutter et Ignazio Cassis qui s’y opposent sont vraiment bien méchants selon le reportage. Mais ils vont devoir changer sous la pression de la presse.

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    Le 3 octobre, la RTS nous a offert un reportage sur les ressortissants suisses djihadistes emprisonnés en Syrie. Un modèle de propagande émotionnelle.

                                                                                        Par Sophie