Ce que le Centre Simon Wiesenthal et une pétition appellent la «Fête de la haine d’Israël» (et accessoirement de l’antisémitisme), a du plomb dans l’aile, comme nous l’apprend 24 Heures. Il s’agit d’une formation consacrée «aux origines du problème des réfugiés palestiniens» organisée par la Haute école pédagogique (HEP) du canton de Vaud et destinée aux enseignants d’histoire. Elle propose pour les 29 et 30 avril un essaim d’intervenants, tous farouchement anti-israéliens*.
Ces deux jours d’endoctrinement sont contestés depuis le faire-part du colloque en été 2018. Alertée, la conseillère d’Etat Cesla Amarelle avait demandé – intervention rarissime vu la sacro-sainte liberté académique- un rééquilibrage du casting de la formation intitulée à ce moment-là «1948: connaître et enseigner la Nakba palestinienne». Le professeur Jacques Ehrenfreund, professeur de judaïsme à l’uni de Lausanne, a fait partie des lanceurs d’alerte. Il rappelait entre autres la tendance à faire équivaloir Nakba et Shoa et qu’une salle de cours «ne doit pas devenir une arène militante».
Le directeur Guillaume Vanhulst a fait alors un effort, conscient tout à coup qu’un des intervenants au moins risquait de transformer le colloque en arène: «Nous avons essayé dans un premier temps de rééquilibrer le cours en demandant à Shlomo Sand d’éviter d’en faire une tribune polémique, d’ajouter un «grand témoin» dans ce séminaire et d’inviter un historien diplomate. Hélas le temps manquait, nous avons donc dû suspendre.»
Cet effort n'a conduit qu'à une modification du titre devenu «Aux origines du problème des réfugiés palestiniens»... avec les mêmes intervenants. L’introduction au cours a cependant fait l’objet d’une modeste rectification: le nombre de villages détruits par Israël a passé de 800 à 531...
Malgré de nouvelles protestations, dont une lettre du Centre Simon Wiesenthal, malgré une pétition signée par 600 personnes, le Comité de direction de l’école défendait encore cette formation sur son site le 19 février dernier. Il s’élevait contre «une série de pressions et d’informations erronées», protestait de son «respect des principes scientifiques et éthiques» et assurait qu’il «proscrira toute approche polémique, tendancieuse, partisane et arbitraire».
Mais le vent a soudain tourné. 24 Heures nous apprend ce mardi 27 février que la formation vacille. Ce ne sont pas moins de six professeurs sollicités pour le rôle de modérateur qui ont refusé d’entrer dans cette galère. L’un des premiers, l’historien Ilan Greilsammer, a répondu crûment qu’«il est parfaitement aberrant d’organiser une conférence sur ce sujet épineux de cette façon». Il faut dire que le rôle que le directeur Guillaume Vanhulst voulait attribuer au modérateur est assez singulier: accompagner ce cours et «invalider les soupçons de partialité».
La HEP poursuit néanmoins sa quête.
Sur les motifs du refus, les propos du directeur sonnent comme un aveu: «Si nous ne trouvons pas de solution, il n’est pas exclu que nous devions songer à modifier l’axe et l’approche du cours.» Ce serait vraiment très dur, mais tellement plus éthique et scientifique!
* Les intervenants :
- Elias Khoury, écrivain libanais qui a rejoint l’organisation terroriste du Fatah en 1967.
- Ilan Pappe, activiste anti-israélien d’extrême gauche, directeur du Centre européen d’études sur la Palestine.
- Elias Sanbar, ambassadeur palestinien auprès de l’UNESCO.
- Shlomo Sand qui a écrit «Comment le peuple juif fut inventé»
- Philipp Rekacewics, cartographe du même acabit.
Une école contestée
La même édition de 24 Heures annonce que la HEP est obligée de revoir sa copie à propos d’un récent examen réalisé à partir de consignes contradictoires, d’énoncés alambiqués, d’un taux d’échec anormal (100 élèves sur 300). Et un autre bug s’était déjà produit lors de la précédente période d’examen. Les commentaires d’un article de 20 Minutes témoignent que l’enseignement de l'établissement est pour le moins contesté ("formation-remplissage, honte des hautes écoles, institution maltraitante", etc.)
Barbara Fournier, la responsable de communication que j’ai contactée, ne connait que vaguement la polémique, mais fait état des efforts de l’École dans l’enseignement de la Shoa et la lutte contre l’antisémitisme. Elle préfère valoriser une de ses spécificités:
- BF : On ne doit exclure personne, protéger la diversité…
- Vous voulez dire la diversité d’opinions ?
- BF: Je veux dire la diversité des personnes, des cultures… Nous sommes très vigilants sur ces questions. Nous organisons toute l’année des cours, séminaires, ateliers.
Un numéro de la revue pédagogique de la HEP montre à quel point ce sujet est cher à l’établissement:
«Le nouveau PRISMES fait la part belle à la diversité. Peut-être serait-il plus judicieux de parler de diversités, car, de par sa nature, vous le verrez dans ce numéro, elle est essentiellement plurielle.»
La Haute école pédagogique du canton de Vaud n’arrive pas à trouver un modérateur pour sa formation sur la Palestine. Tous les intervenants sont des activistes anti-israéliens.