Le plus habile des Frères musulmans a été propulsé au patrimoine mondial de l’islamité au printemps 2015. Mais Tariq Ramadan est entré si discrètement dans cette Union mondiale des savants musulmans (UMSM) que la nouvelle, annoncée dans sa bio par l’heureux élu, a échappé près d’une année aux vigiles du radicalisme. L’union ne le mentionne d’ailleurs pas encore parmi ses membres.
Cet organisme (en anglais International Union for Muslim Scholars) basé au Qatar représente la plus haute instance des Frères musulmans en matière de charia et de jurisprudence (fiqh). Par exemple, lorsque telle innovation conduit les croyants à se demander: est-ce que ceci est permis, interdit ou toléré, le Conseil ou l'un de ses membres éclaire l’humanité anxieuse. Il prend par ailleurs des positions sur l’actualité.
Image extraite d’une vidéo tournée lors de l’inauguration en janvier 2012 du centre de recherche sur la charia dirigé par Tariq Ramadan au Qatar. Le centre est intégré à la Qatar Foundation. À gauche, Youssef Qaradawi. Au milieu, Cheika Mozah, présidente de la Qatar Foundation et l’une des épouses de l’émir qui régnait au Qatar au moment où la photo a été prise. En 2016, Youssef Qaradawi est classé au 32e rang du palmarès des 500 musulmans les plus influents dans le monde. Cheika Mozah et Tariq Ramadan sont également dans la liste des 500 musulmans les plus influents à un rang indéterminé. (Point de Bascule)
Le groupe comprend des têtes connues et chenues, à commencer par celui qui l’a créé en 2004, Youssef Al-Qaradawi. Il le préside. Guide spirituel des Frères Musulmans et du sunnisme en général, il milite pour le triomphe de l’islam sur la planète. C’est un scaphandrier émérite du Coran, des Hadits et des exégèses dans lesquels il plonge dès qu’une question se pose à l’islam. Ses fatwas sont très appréciées.
Tariq le bien-aimé de nos médias est un vieux compagnon d’Al-Qaradawi à propos duquel il a souvent exprimé son admiration. Il a participé avec ce fanatique à diverses actions d’islamisation, dont la préface d’un «Recueil de fatwas» pathétique, tout empreint de misogynie et d’intolérance, destiné aux musulmans d’Europe. C’est une exclusivité du «Conseil des fatwas et de la recherche» présidé lui aussi par Qaradawi. Celui-ci a inuguré en 2012 un nouveau centre de recherche islamique au Qatar en compagnie de son directeur, Tariq Ramadan (cf photo).
Ghannouchi remplacera Qaradawi
Au congrès de l’Union à Istanbul, en août 2014, l’émotion est à son comble. Qaradawi pense sa fin proche (il a 89 ans): «Je ne vous verrai peut- être plus l’an prochain». Et il laisse en guise de testament deux actions à mener pour «faire progresser l’Oumma» en ce XXIème siècle: d’abord autoriser les femmes à aller prier à la mosquée... Oui, la question est encore discutée et intéresse beaucoup de croyants. Deuxième sujet à l’agenda: que les musulmans s’engagent davantage dans la propagation de l’islam, surtout que les chrétiens sont eux «très actifs».
Pour goûter à la saveur d’un État islamique, rien ne vaut la lecture de l’ouvrage du grand maître: «Le licite et l’illicite en islam.» Au programme de Qaradawi: le mépris des autres -les mécréants-, la haine des juifs, la servitude des femmes, des châtiments corporels, des condamnations à mort, une litanie d’interdits et d’obligations absurdes. Ce livre, best-seller dans les communautés musulmanes d’Occident, devrait être davantage lu par les infidèles: il suscite une irrésistible envie de défendre la démocratie et son humanisme.
A Istanbul, les savants ont réélu Al Qaradawi, bien qu celui-ci ait proposé un successeur, Rached Ghannouchi. C'est un autre Frère musulman au sinistre parcours, dirigeant depuis plus de 30 ans du parti Ennahda de Tunisie. De la bonne graine d’islamiste.
On trouve encore dans cet aréopage le pionnier de la Confrérie des Frères musulmans au Canada, l’hyperactif Jamal Badawi membre lui aussi du Conseil européen de la fatwa et de la recherche. Le site Poste de Veille nous décrit ses hauts faits.
Le conseil, grand ami de la section des Frères musulmans du Hamas, a compté (ou compte encore, la transparence n'est pas le point fort de l'UMSM) deux de ses leaders, Ismail Haniyeh et Khaled Mishaal.
L’ambition sans limites de Tariq Ramadan qui voudrait entre autres imposer au monde musulman sa vision de l’islamisation de l’Occident, le pousse à frayer avec les pires enragés de l’islam totalitaire. On cherchera d'ailleurs vainement dans ses œuvres un soutien à ceux qui voudraient au contraire purger cette religion de ses sectarismes, tels Rachid Benzine, Mohammed Arkoun ou Abdelwahab Meddeb. Il préfère en rester à une nouvelle lecture du Coran et des Hadiths qui lui fait découvrir que tout ce que l’Occident a cru inventer en matière de droits de l’homme, d’écologie ou de pacifisme était en fait contenu dans l'islam. Et si quelque chose le gêne dans la lecture, il fait appel au contexte. Ses démonstrations sont assez faibles, mais on imagine que Qaradawi avait d’autres raisons –l’art de l’islamisation et le succès du tartuffe en Occident- pour le coopter dans l'Union.
L’islamiste semble insubmersible. Lorsque j’ai lu son livre d’entretiens avec Jacques Neyrinck, je l’ai senti tanguer. Lorsque j’ai lu «Frère Tariq» de Caroline Fourest, j’ai cru qu’il allait couler. Lorsque je l’ai vu poursuivre son alliance avec Youssef Al-Qaradawi, j’ai pensé qu’il serait démasqué. Rien de tout cela ne s’est produit. Il faudrait des forces plus puissantes pour cette tâche.
De Mossack Fonseca aux Frères musulmans: un rêve
Et justement, cette nuit j’ai fait un rêve. Des médias de plus de 80 pays représentant près de 400 journalistes se sont unis pour retracer le réseau des groupes qui œuvrent à détruire les démocraties -et d’autres régimes moins démocratiques- afin de leur substituer le règne de la charia. Sont ainsi autopsiés sur un plan mondial les Frères musulmans, les wahhabites, les salafistes et autres Mili Görus. Les courageux médias décrivent leurs stratégies d’infiltration et démasquent leurs complices en Europe, aux USA, en Australie. Nos fins limiers révèlent les modes de financement, les mosquées qu’ils contrôlent, les liens avec les prêcheurs de haine et les mouvements terroristes, le nom de leurs leaders.
Les investigateurs n’ont pas bénéficié des données d’une Mossack Fonseca, mais d’informations révélées par des sites qui depuis des années informent à leur niveau sur cette toile d’araignée et ses malfaisants.1)
Le résultat, qui a fait l’effet d’une bombe, est formidable. Un bémol cependant: contrairement à la dénonciation des paradis fiscaux qui leur vaut d'unanimes louanges, cette opération comprenait quelques risques. Certains des héros médiatiques doivent se cacher pour préserver leur vie.
1) http://www.globalmbwatch.com/, https://counterjihadreport.com/ , https://www.islamism-map.com/, http://www.ikhwan.whoswho/, http://www.conspiracywatch.info/tags/fr%C3%A8res%20musulmans/, http://www.shariahfinancewatch.org/blog/category/muslim-brotherhood/, http://islamisation.fr/
Celui que médias et mosquées affectionnent tant siège dans la vitrine mondiale de l’obscurantisme islamique, l'Union des savants musulmans. Son compagnon de lutte, Youssef Al-Qaradawi, en est le président.