La gauche n’a jamais rompu avec le totalitarisme. Son dernier trophée en France: «le délit d’entrave numérique à l’interruption volontaire de grossesse» (IVG), soit l’interdiction des sites internet opposés l’avortement. Elle sanctionnera ceux qui ont agi «en diffusant ou en transmettant par tout moyen, notamment par des moyens de communication au public par voie électronique ou de communication au public en ligne, des allégations, indications ou présentations faussées et de nature à induire intentionnellement en erreur, dans un but dissuasif, sur la nature, les caractéristiques ou les conséquences médicales d’une interruption volontaire de grossesse ou à exercer des pressions psychologiques sur les femmes s’informant sur une interruption volontaire de grossesse ou sur l’entourage de ces dernières.»
Cette loi devrait susciter la tempête, elle ne fait que des vaguelettes. Elle annonce pourtant d’autres muselières, et la prochaine va cibler les sites qui «appellent à la haine», soit ceux qui sont opposés à l’islam et à l’immigration incontrôlée. Des sites appréciés de ces «populistes» qui se multiplient si vite que ça en devient insupportable pour les représentants du «progressisme».
Durant ces dernières décennies, la gauche a pris les commandes des institutions et instillé ses dogmes. En Suisse, une illustration récente le montre. Le cours de première année de droit constitutionnel «enseigne» ceci: «L'initiative populaire et le référendum peuvent aussi conduire à un certain populisme par le biais d'initiatives populaires ou de demandes de référendum flattant les bas instincts de la population. La Suisse en a fait l'expérience avec le lancement d'initiatives ou de procédures référendaires à la population étrangère.
Ces instruments peuvent, enfin, conduire certains partis politiques à une forme de double jeu.
Ainsi, en Suisse, les partis représentés au gouvernement - les «partis gouvernementaux» - lancent parfois des initiatives populaires ou des procédures référendaires allant à l'encontre de la volonté du Conseil fédéral et de l'Assemblée fédérale. On leur reproche parfois, dans ce contexte, un manque de loyauté.»
Mais le lavage de cerveau fonctionne de moins en moins. Or la gauche, autoproclamée défenseure du Bien, n’a jamais vraiment accepté que les idées totalement opposées aux siennes aient droit de cité. Son recours? Empêcher que ce qu’elle honnit soit dit.
C'est le cas pour l’IVG que je soutiens avec conviction. Jusqu’à nouvel avis, ce sont encore les femmes qui portent le fœtus, ce sont elles qui sont en charge à la naissance. Je ne pense pas que mettre au monde un enfant sans en avoir la moindre envie lui donne des chances d’équilibre. Je ne pense pas que convaincre une adolescente de «garder son bébé» soit la chose la plus sage pour lui garantir une vie harmonieuse. Et je ne peux pas imaginer comme on le répète si stupidement que «des femmes utilisent l’avortement comme contraception». Concevoir qu’on puisse aller se faire charcuter, le cas échéant chaque mois, me parait le fruit d’une imagination délirante. Et les femmes ne sont pas des demeurées qui se laissent convaincre par la moindre contre-information.
Mais d’autres peuvent penser différemment et la démocratie veut qu’ils aient aussi le droit de s’exprimer. Libération titrait: «Délit d’entrave à l’avortement: les réacs à l’attaque». La démocratie n’inclut pas les réacs. Les réacs, c’est le Mal, ça doit fermer sa gueule ou payer l’amende ou se retrouver en prison.
Dans l’autre camp, l’opposition à l’avortement se développe hélas dans une sphère qui m’est proche, celle de la réinformation. J’aime la réinformation. J’y trouve des nouvelles qu’aucun média classique ne mentionne. J’y découvre des plumes exceptionnelles, des réflexions originales. Et sur twitter, beaucoup d’humour et de créativité. Mais j’y trouve aussi, de plus en plus, des charges contre le féminisme en général et l’avortement en particulier. En voulant que les pères partagent les tâches d’éducation, les câlins et le pensum du ménage, les femmes seraient coupables d’avoir «efféminé» les hommes. Raison pour laquelle ce qui leur reste de virilité est insuffisant pour leur faire prendre les armes et combattre, par exemple, l’expansion de l’islam.
Certains sites de la «réinfosphère» illustrent même leurs charges, comme autrefois les sites pro-vie, par des montages-photo d’alignées de fœtus qui donnent la nausée. Et un argument nouveau et effarant nous est servi: si les femmes n’avortaient pas, nous n’aurions pas besoin d’immigration!
Entre l’écrasement de la liberté d’expression des anti-avortement, et les délires de ces nouveaux opposants, nous ne sommes heureusement pas encore obligés de choisir..
La gauche française vote une loi qui sanctionne les sites opposés à l’IVG. Inversement, les détracteurs de l’avortement prennent place dans la «réinfosphère».