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Rechercher : haine

  • L’empreinte indélébile d’un complexe de supériorité (dhimmis3)

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    «Ce système d’avilissement et d’oppression couvrit des espaces et des périodes immenses. Le mépris pénétra les mœurs, modela les traditions, la conscience collective et les comportements.» (Bat Ye’or)

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    Il est difficile d’imaginer que l’on haïsse un type d’êtres humains au point de vouloir l’exterminer. Et plus encore de comprendre cette condition qui protège, subordonne et avilit. Dans ce monde de la dhimmitude, des ordonnances d’éminents juristes ont réglé dans leurs moindres détails l’organisation sacralisée des humiliations.

    Énigmatique aussi l’incroyable permanence de ce statut, même allégé. Jean-Pierre Péroncel Hugoz montre que le même mépris ancestral demeure à l’égard des coptes d’Egypte, et que les Frères musulmans l’ont réactivé, pogroms à la clé, dès les années 80 (2). Le visage le plus barbare de cette condition fait un retour en force aujourd’hui.

    C’est sous la pression européenne que le sultan ottoman déclare l’égalité de ses sujets à partir de 1839. Ces mesures sont rejetées avec indignation par les populations musulmanes. L’attitude d’une minorité de juifs qui fait valoir ses droits provoquera une réaction de stupéfaction, puis de colère. Comme le remarque Nathan Weinstock, «l’humiliant se sent humilié».

    L’origine la plus profonde et la plus vivace de cette spécificité me semble être cette conviction des musulmans de représenter une espèce supérieure. En 1841, le consul de France à Tanger reçoit ce message : «S’ils (les juifs) violent une seule condition, notre loi bénie permet de verser leur sang et de prendre leurs biens. Notre religion glorieuse ne leur attribue que les marques de l’abaissement et de l’avilissement (…)».

    Les textes fondateurs affermissent cette perception. «Vous êtes la meilleure communauté qu'on ait fait surgir pour les hommes», dit le Coran dans un verset répété à l’infini par ses zélotes. Et encore: «Combattez ceux (…) qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux auxquels le livre fut donné, jusqu'à ce qu'ils donnent le tribut par [leurs] mains, dans le mépris.» (3) Le djihad prôné par le Coran et les Hadiths confirme l’indiscutable prééminence.

    C’est après la mort supposée du prophète, que le statut de dhimmi est censé avoir été codifié dans le Pacte d’Omar (2e calife, 634-644). La version la plus durable semble cependant avoir été fixée au IXe siècle. Selon Bat Ye’or, un choc s’est probablement déjà produit lorsque la conviction de cette perfection s’est heurtée à la découverte de sociétés (perse et méditerranéennes) infiniment plus brillantes que leurs conquérants. Les peuples juifs et surtout chrétiens, majoritaires dans l’empire, étaient les détenteurs de savoirs et de savoir-faire que leurs occupants ne possédaient pas et dont dépendaient leurs richesses.

    L’empreinte de l’esclavage

    Bensoussan attribue l’origine de la dhimmitude et sa permanence à des sociétés basées sur Dhimmis_Bensoussan.jpgdes principes de force et au premier chef la servitude. «Cette relation modelée par l’esclavage ne peut subsister que par l’administration visible de la violence (la bastonnade par exemple). De là l’exposition des corps ou des têtes tranchées des suppliciés. Le rapport maître-esclave est le noyau à partir duquel s’articulent les relations entre le roi et ses sujets. C’est aussi le reflet de la soumission du croyant à Dieu. C’est au cœur de cet imaginaire-là que s’inscrit ad aeternam la place diminuée des juifs.»

    Lorsque les juifs sont réellement protégés ou occupent des fonctions de pouvoir, la population éprouve de la jalousie, du ressentiment, voire de la haine. Le principe d’égalité lorsqu’il est imposé conduit à des réactions sanglantes à la fin du XIXe siècle. D’Irak en Libye, de Syrie au Yémen et au Maroc, cette revendication d’égalité est vécue comme une remise en cause d’un ordre immuable, qu’il faut restaurer en ramenant les juifs à la gratitude et à la déférence qu’ils doivent aux musulmans.

    Cette conviction d’adhérer à des textes qui fondent une religion parfaite représente aujourd’hui encore un obstacle majeur à l’égalité (aucun pays musulman ne la pratique), au regard critique sur son histoire et sa religion, et à l’ouverture aux autres. Entendre un leader religieux rejeter des versets du «Saint Coran» et des maux passés qui lui sont dus est impensable.

    Cette certitude d’une supériorité divine explique qu’il semble si naturel aux fidèles des mosquées d’Occident d’imposer à nos sociétés leurs rites et leurs mœurs, fussent-ils du plus grand sexisme et d’un conservatisme échevelé. Ceux qui s’opposent à cette imposition sont tout naturellement considérés comme des «islamophobes», un mot extraordinaire inventé pour la religion qui rejette le plus, ou des «racistes». De même, il semble évident pour les «vrais croyants» que nos démocraties doivent faire une exception à la liberté d’expression en leur faveur: comment ose-t-on manquer de respect au Prophète et à l’islam en général par des caricatures, des expositions, des films, etc. ? Ou interdire le port d’un vêtement, même s’il symbolise le dramatique statut qu’a réservé cette religion aux femmes ?

    Mais un défi se profile: si la religion est parfaite, elle est censée créer des sociétés idéales. Des sociétés apaisées (grâce aux sanctions de la charia) où règne la prospérité. C’est tout le contraire qui se produit. Aujourd’hui, l’ensemble du monde musulman est pris dans l’étau du littéralisme, la plupart des pays arabes sont en faillite, des tyrannies remplacent d’autres tyrannies, et beaucoup de ces sociétés sont en proie à des luttes fratricides. Au point que -quel paradoxe!- des millions de musulmans désirent vivre dans les pays des infidèles.

    Les vrais coupables ? Les sociétés d’accueil

    Devant le succès de l’Occident, ce complexe de supériorité devrait en prendre un coup. Rien de tel ne se produit : puisque l’islam reste parfait, ses échecs sont attribués aux autres. Le regard critique des musulmans est réservé aux sociétés d’accueil, à leur présent comme à leur passé. Les Frères musulmans, qui contrôlent tant de mosquées, sont particulièrement habiles dans l’art de cultiver la haine de l’Occident.

    Comment s’étonner dès lors, dans les pays arabo-musulmans, de l’absence de recherches historiques critiques? On peut comme le fait  Bat Ye’or souhaiter «une refonte totale des mentalités, la désacralisation du jihad historique et un examen sans complaisance de l’impérialisme islamique », un examen comparable à celui qu’opère l’Occident. (5) On peut… rêver.

    Le premier pas devrait être la reconnaissance que le Coran qui comprend tant de préceptes discriminatoires et inhumains n’est pas parfait et n’a pas été écrit par Dieu. Et qu’il est arrivé à Mahomet, comme le montre la biographie officielle de l’islam, de commettre des actes considérés aujourd’hui comme des crimes et même des barbaries. 

    Obstacle majeur: ce serait faire vaciller le socle sur lequel repose tout l’édifice de cette religion.

     

    1) Citation de tête tirée de Bat Ye’or, « Les chrétientés d’Orient entre jihad et dhimmitude »

    2) « Le radeau de Mahomet », 1983

    3) Sourate3, verset 110, Sourate 9, verset 29.

    4) Rappelons que l’esclavage, d’abord blanc (jusqu’à la colonisation), et négrier (un millénaire) s’est maintenu jusqu’au XXe siècle. Il est encore d’actualité en Mauritanie, et la condition de la main d’œuvre étrangère des pays pétroliers est proche du servage.

    5) Bat Ye’or, op. cit.

    Supprimer le statut de dhimmi au profit de l'égalité, comme le décrètera l'Empire ottoman, conduit les populations musulmanes à une colère noire. Il est interdit de contredire "la loi bénie", "la religion glorieuse".