Iran: l'aspiration à ôter son morceau de tissu.
Est-ce un poisson d’avril ou Le Temps» est-il devenu la nouvelle tribune des Frères musulmans de Suisse romande ?
Après Alain Campiotti et Hani Ramadan, c'est une journaliste française qui défend le voile islamique, symbole chéri par nos très chers Frères.
Cécile Calla commence par tenter de nous faire croire que le serre-tête serait un marqueur religieux catholique (!). Dès le début, nous comprenons que la bonne foi ne sera pas au rendez-vous, et qu’il s’agira plutôt de nous faire avaler le contraire de ce que notre bon sens ou notre mémoire nous dicte.
Après le serre-tête symbole chrétien, Cécile Calla nous assure que le voile n'est qu’un «morceau de tissu» qui aurait été d’emblée sur-interprété et considéré comme une «menace pour l’ordre républicain» par des gens haineux qu’elle a fréquentés lorsqu’elle était stagiaire au Figaro. Elle semble d’ailleurs très fière d’avoir appris depuis à «dédramatiser» et à faire preuve de «clairvoyance». Elle nous invite donc à la suivre dans sa libération de la croyance en un principe de laïcité, qui ne serait qu’un principe «appris par cœur sans bien le comprendre».
On aimerait pouvoir lui expliquer à quoi sert la laïcité. Par exemple en lui demandant si elle sait qu’avant l’introduction de ce principe, l’Europe, Suisse y compris, a connu d'incessantes guerres de religions. On aimerait aussi lui demander comment il se fait qu’une avocate iranienne a été récemment condamnée à la prison et au fouet, notamment pour avoir défendu des femmes qui avaient enlevé ce «morceau de tissu», tout comme Cécile Calla a pu enlever son catholique serre-tête.
La journaliste tente maladroitement de parer à nos questions et à nos doutes en nous assurant que «La France n’est pas l’Iran ni Arabie Saoudite, un hijab n’est pas une burqa».
On aimerait pouvoir lui expliquer que le voile n’est pas une simple «morceau de tissu» mais un marqueur de territoire, un symbole de l’expansion de l'islam sur un territoire donné. Et qu’il permet ainsi de constater la progression de la mainmise des religieux sur ce territoire. On aimerait lui rappeler que l’Iran n’a pas toujours été une république islamique, et qu’en 1979, lors de la prise de pouvoir par les ayatollah, elle aurait peut-être été tentée de nous rassurer de la même manière en nous disant que «l’Iran n’est pas l’Arabie Saoudite».
Cette chère journaliste importée de France pour permettre au journal Le Temps de poursuivre son rythme d’un article en faveur de Frères musulmans presque chaque semaine est-elle vraiment naïve au point de ne pas avoir remarqué qu’une société dans laquelle certains ont d’abord à cœur de marquer leur différence avec autrui, de signifier leur retrait volontaire du sentiment de solidarité que donne la conscience d’appartenir à une même communauté, risque à terme d’engendrer des conflits violents et des partitions de territoires?
Est-elle candide au point de ne pas avoir compris que le voile n’est pas simplement un attribut «d’autres traditions religieuses» qu’il faudrait tolérer? Pourtant elle-même nous raconte que dans son enfance les femmes maghrébines de son quartier n’étaient pas voilées, et que les premiers voiles sont apparus dans les années 90. De quelle «tradition» parle-t-elle donc alors? D’une «tradition» datant des années 90?
Chère Cécile Calla, ouvrez vos écoutilles et activez vos neurones: le voile est un marqueur visuel, le symbole de l'islam. Avec le temps, après le "morceau de tissu", d’autres aspect sont progressivement introduits: piscines séparées, burkinis, menus hallal, tables pour écoliers «purs» et pour écoliers «impurs» à la cantine [1] et même tribunaux de la charia en Grande-Bretagne[2]. Est-ce cela que vous nous demandez de «dédramatiser» ?
Nous ne sommes pas aussi arriérés que vous l’imaginez, nous avons constaté que le voile n’est pas qu’un «bout de tissu». Sinon, il serait possible de le mettre comme de l’enlever sans autre, et Mme Tiguemounine n’en aurait pas fait tout un plat.[3]
La charia au Brunei
Le sultanat du Brunei introduit une nouvelle législation qui prévoit la lapidation pour adultère et l'homosexualité, la peine de mort pour viol ou insulte au prophète, l’amputation pour vol. Le sultan Hassabnak Bolkiah entend ainsi «voir les enseignements de l’islam dans ce pays se renforcer».
La plupart des médias ont titré sur la nouveauté de cette législation, la lapidation pour homosexualité. Il faut dire que si toutes les écoles juridiques de l'islam prévoient déjà la mort pour ce "délit", la sentence n'est pas précisée. Jusqu'ici, jeter les coupables du haut d'un bâtiment semblait avoir la préférence des juges.
Le Temps, version papier de ce mercredi 3 avril, n'est intéressé que par cette nouveauté, il ne mentionne pas tous les autres "crimes" désormais punis en fidélité à la charia. Il titre: «L’Asie divisée sur l’homosexualité». Cette formulation pourrait laisser croire qu'un débat existe sur le sujet. Que nenni ! Le quotidien passe en revue les différentes sentences prévues par les pays d'Asie. Les régimes musulmans sont comme de bien entendu au sommet du hit-parade de la répression. Quant aux autres infâmes châtiments, ils concernent d’autres actes et d’autres catégories de la population, l’article ne s’en soucie pas.
Les journalistes semblent s'être rendu compte de la bévue. Ils ont donc publié un nouvel article durant la journée dans Le Temps en ligne.
Enfin, Le Monde précise comme beaucoup d'autres confrères: «La décision a suscité l’indignation dans le monde occidental.»
Et dans le monde musulman?
Il n'a pas le temps, il pleure les victimes de Christchurch et chasse les "semeurs de haine" qui tenaient le fusil du tueur.
Il vous prie aussi de ne pas faire d'amalgame entre islam et charia.
[1] Voir « Inch’Allah » de Davet et Lhomme, ses collègues du journal Le Monde, 2018
[2] http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/les-tribunaux-islamiques-britanniques-dans-le-collimateur-13-11-2016-6323583.php
[3] http://islamismeensuisse.blogspirit.com/archive/2019/03/13/les-voilees-complices-de-la-barbarie-297788.html
Un plaidoyer du Temps tente de nous convaincre que nous avons bien tort de nous soucier du foulard. Et un sultanat introduit les pires châtiments de la charia.
par Sophie