Un mouvement biennois, Tasamouh, a créé un organisme de prévention et de formation.
Si je pouvais, je vous le rapperais: «prévention de la radicalisation, radicalisation, déradicalisation, profil des radicalisables, retour des radicalisés … » Dans ce domaine aussi, l’islam enrichit chaque jour notre langage, déclenche d’innombrables tempêtes de neurones et… appauvrit notre bourse.
Rapports, sujets de recherches, projets pilotes, ateliers, séminaires, lieux d’appels, références, permanences… Le domaine est saturé. D’innombrables tête pensantes se verraient bien vivre –un temps au moins- de ce philanthrope business financé le plus souvent par les contribuables.
Les résultats de cette prolifération? Hasardeux! Comment apporter la preuve qu’on a prévenu des radicalisations ou réussi des déradicalisations? Mais qu’importe le bilan pourvu qu’on ait l’ivresse de ces cogitations.
Les méthodes sont aussi variées que les fleurs d’une prairie. Mais elles ont un dénominateur commun: toutes prohibent certains mots à la racine connue: «islam» «islamique» et même «islamisme». «Il est primordial de ne pas stigmatiser la communauté musulmane et de ne pas mettre l’islam là où il n’y en a pas». Ce qui permet en passant de cimenter cette affirmation si souvent entendue: «Le sujet nous concerne tous et implique toutes les religions.» Essayez de proposer une idée géniale qui comprend la racine bannie. Vous vous verrez éconduire illico presto.
Mais il faut bien qualifier cette étrange attirance pour les théâtres de combat. Le filtre laisse passer: «extrémisme violent» (le préféré), «terrorisme» ou, plus rarement, «djihadisme».
L’Office fédéral des assurances sociales prépare une campagne de prévention pour contrer la propagande sur le Net. «Il pourrait par exemple s’agir d’une vidéo prônant la démocratie et le vivre ensemble. Elle serait publiée sur les réseaux sociaux.» Cette idée lumineuse fait partie d’un «programme national de lutte contre l’extrémisme».
Pour spécifier le sujet, le sociologue Farhad Khosrokhavar fait magnifiquement l’affaire : «Par radicalisation, on désigne le processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à caractère social ou religieux…» Je suis une mauvaise recherchiste: je n’ai pas trouvé d’exemple aujourd’hui d’ «idéologie extrémiste à caractère social» et je n'ai découvert qu'une seule religion qui pousse à l’action violente.
Comment déterminer qu’une personne se dirige vers «l’extrémisme violent »? En étant attentif aux composants (possibles) du «processus de radicalisation»: «l’isolation sociale, la discrimination socio-économique, le besoin excessif de reconnaissance, l’auto-victimisation, la plongée dans les théories du complot, la volonté de s’engager en faveur d’une cause. Souvent, une rupture biographique, comme un deuil ou un échec, agit comme un élément déclencheur.» Prévert apprécierait.
Un étudiant de service psychiatrique des prisons de Zurich a autopsié la personnalité du djihadiste grâce à des entretiens avec dix détenus, dont six convertis. Une performance remarquable, puisque «l’Allemagne utilise déjà ce système». Quels sont les attributs du djihadiste? Je résume: un rejet de la famille et des amis, un désir de changer de style de vie, un difficile passé scolaire, l’envie de rompre avec le système occidental, un sentiment de haine envers les non croyants, les croyants non musulmans et les musulmans qui ne partagent pas leur «interprétation radicale du salafisme djihadiste» (sic !), des dépendances et problèmes de délinquance (sentiment de honte), une conversion à l’islam qui permet de se purifier du passé, puis l’intégration du califat, «la religion permettant souvent de légitimer le terrorisme djihadiste». Une des forces motrices d’un projet djihadiste: «changer de vie et opérer un nouveau départ.»
Une mère dont le fils s’est converti en prison et radicalisé a saisi la complexité du concept: «J’aimerais pouvoir m’adresser à un référent qui réunisse toutes les qualités de policier, juriste, psychiatre et religieux pour m’aider à déceler les signes et à prendre du recul.»
Notons qu’il existe parmi les non-musulmans (religieux ou non) un certain nombre d’«extrémistes violents». Mais personne ne nous explique pourquoi ceux-ci ne se sentent pas des envies de guerre sainte et sanglante.
Les hôtes des mosquées participent à la prévention
Les mosquées et leurs associations ne doivent être la cible d’aucun grief, car «il est essentiel de faire participer les associations musulmanes à la prévention». A Berne, on a donc décidé de former des imams pour lutter contre la radicalisation. On leur offrira gracieusement une formation continue en aumônerie dans les hôpitaux, prisons et centres de réfugiés. Mais pour la responsable du projet, «la meilleure chose que l’on puisse faire, c’est de lutter contre le décrochage scolaire.» Ça fait des décennies qu’on lutte contre le nôtre et celui des migrants. Faut-il en rajouter un plus spécifique pour les «croyants»?
A Bienne, des musulmans ont créé un organisme de prévention de la radicalisation et proposent dans ce but une formation de «médiateurs interreligieux» (?), certificat à la clé. Les propos de son animatrice, très couverte, sur l’imam haineux de Bienne montrent que la formation a encore une grande marge de progrès.
Lors de séminaires ou ateliers, les apprenants musulmans apprennent par quelles diableries des adeptes d’une si belle et pacifique religion peuvent se radicaliser. Le 18 mars dernier, c’était au tour des hôtes de la grande mosquée wahhabite de Genève, d’être mis au parfum, grâce au savoir-faire du Centre suisse islam et société (CSIS) et d’une fédération islamique. On n’a injustement pas encore organisé des séminaires destinés aux adeptes du culte chrétien ou vaudou.
Les bénéfices du fléau
Pour éviter la radicalisation, il importe que les musulmans, surtout les jeunes, se sentent chez nous comme chez eux. Trop de frustrations, de discriminations, de difficultés d’accès à l’emploi, d’islamophobie conduisent sur les sentiers d’ISIS. Du coup, nos politiciens et autres experts expriment la ferme la volonté de les dissuader en leur offrant quelques garde-fous: des formations anti-chômage, de nouvelles mesures d’intégration, des fonds pour rendre plus efficaces les activistes des mosquées: «La modicité des ressources financières dont disposent les communautés musulmanes a notamment des incidences sur les possibilités d’assurer le professionnalisme dans l’enseignement religieux et dans l’animation de jeunesse. » (selon la proposition du CSIS assimilée par les autorités fédérales).
S’y ajoute le nouveau hochet des acteurs de cette comédie: l’urgence de reconnaître la religion musulmane.
Et pendant que ces cogitations occupent tant d’esprits, l’endoctrinement à l’islam littéral, c’est-à-dire radical, suit harmonieusement son cours.
MAWU KO LO! *
* (en vaudou : « Dieu est grand!»)
La plupart de ces articles paraissent dans Dreuz info.
Les initiatives destinées à dissuader d'emprunter des chemins sanglants se multiplient. Les méthodes varient, mais ont un interdit commun: l'islam.