Pour la première fois, un ignoble crime est attribué à «l’islamo-fascisme», un terme souvent répété à cette sinistre occasion par des journalistes. Il était prohibé jusqu’ici, uniquement utilisé par les sites «d’extrême droite» qui confirmaient ainsi leur étiquette. Selon Jean Castex, cet assassinat serait même du «terrorisme islamique» (et non « islamiste»). Et pour la première fois, les autorités ne rappellent pas que la grande majorité de musulmans ne sont pas concernés, que l’islam ce n’est pas ça, etc.
Est-ce le signe que l’on va mieux nommer les choses pour diminuer le malheur du monde? Tant qu’aucune décision ferme n’est prise, tous les doutes sont permis. Sur CNews, l’ex-avocat Philippe Bilger demandait avec une certaine impatience de «sortir de l’analyse 1000 fois faite» pour proposer une action.
Tareq Oubrou, imam de Bordeaux, est plus brumeux: "Il faut enseigner à nos enfants cette tolérance et cette ouverture, quitte à être vexé. (...) Dieu a donné cette permission à l'homme, de caricaturer le divin, (...) théologiquement c'est établi dans les textes", a-t-il développé. Avant de verser une larme sur les conséquences: "…c'est terrible pour les musulmans de France".
Selon Oubrou, pour affirmer que l’islam accepte ce qu’il a toujours refusé, la liberté de critiquer et condamner l’islam et son prophète, impossible de ne pas en référer aux textes. Qui disent le contraire, mais peu importe, personne n’ira vérifier. Mais surtout, il est impossible pour ce musulman de recommander une des plus urgentes réformes de l’islam: remettre en cause l’idolâtrie insensée de ce prophète dans laquelle les enfants baignent depuis la petite enfance. Et qui produit ce que l’on voit régulièrement.
On n’a jamais vu ces musulmans lancer la plus petite action pour dénoncer l’excision que tant de pays musulmans pratiquent. On ne les a jamais vus non plus organiser la plus petite pétition pour dénoncer les discriminations que toutes les législations islamiques imposent aux femmes et aux minorités. Ils n’ont jamais entrepris quoi que ce soit pour sauver les transgresseurs condamnés à la prison ou à la mort. Rien. Pas de dénonciation, pas de révision de la misogynie des textes. Pas de risque de la moindre entaille à l’islamo-fascisme.
D’ailleurs, avez-vous déjà vu des flots d’adeptes du prophète descendre dans les rues pour dénoncer la barbarie et célébrer la liberté d’expression? Non, même pas après le massacre de Charlie Hebdo. Ils ne se bougent que pour dénoncer l’islamophobie et les discriminations. A Saint-Etienne encore, le jour du crime, des manifestants protestaient contre cette islamophobie et contre le discours d’Emmanuel Macron contre le séparatisme.
Je suis totalement partisane de la proposition de Philipe Val: que tous les journaux (il pensait français, je dirais européens), publient ces caricatures. Quel meilleur moyen de savoir jusqu’où va la défense de la liberté d’expression chez les «musulmans modérés»?
Leur silence est une incitation à la méfiance. Leur silence -sauf si on leur met un micro sous le menton-, c’est l’acceptation implicite des actes terroristes et de ces déferlements de haine des réseaux sociaux… une haine qui a conduit à l’assassinat monstrueux d’un professeur qui osait encore parler d'un sujet que tant d'enseignants évitent.
Les croyants modérés ont choisi l’islam, il est de leur responsabilité d’accepter et même de faire eux-mêmes la critique de ses failles. «Trop souvent, observe Aurélien Mark, le choix de l’islam n’est pas le choix de combattre de l’intérieur ce qui gangrène cette religion. C’est le choix de nier cette gangrène – par esprit tribal, par arrogance, par paresse, par peur – ou, plus lucide mais plus ouvertement malveillant, le choix d’adhérer à cette gangrène même (…) critiquer ce choix et critiquer les personnes qui le font est plus qu’un droit: c’est un devoir.»
Un devoir... Outre les musulmans très modérés, l'armée des complaisants journalistes et des lâches autorités le comprendront-ils un jour?
La responsabilité de cet odieux assassinat, c’est aussi celle des musulmans «modérés» qui ne lèvent jamais le petit doigt pour protester contre les horreurs et discriminations liées à leur religion.