Une étape-clé de l’élimination des MGF est donc, selon le rapport, de chercher à rendre visibles les attitudes qui favorisent l’abandon de ces pratiques. Le challenge est de pousser les opposants à exprimer clairement leur opposition.
Le rapport prévoit malgré tout que quelque 30 millions de filles risquent d’être excisées durant la prochaine décennie. Ce nombre ne varie pas depuis des années. Et comme je l’ai démontré, il exploserait si l’UNICEF prenait en compte les pays du Moyen-Orient et d’Asie du Sud-Est. Le rapport n’en dit mot. Pourtant, une ONG qui a révélé le cas de l’Irak, fait campagne pour que l’ONU enquête au Moyen-Orient.
L’Irak pris en compte
Pour la première fois, le rapport 2013 inclut aussi l’Irak. L’ONG irako-allemande Wadi a joué un rôle majeur dans cette reconnaissance. Elle a commencé ses activités dans le nord du pays en 1993 et constaté qu’une majorité de femmes de cette région étaient mutilées. Le parlement kurde a voté une loi malgré une pétition de 550 islamistes et mollah opposés au projet. Le fléau diminue déjà.
Le nouveau rapport de synthèse de l’UNICEF n’ose toujours pas aborder la question des mutilations sexuelles au Moyen Orient et en Asie du Sud-Est. Wadi, une ONG irako-allemande, fait pression.Interview.
L’UNICEF a compilé des données recueillies durant 20 ans dans 28 pays d’Afrique et au Yémen. Elle en fait la synthèse dans un rapport publié en juillet 2013. Dans de nombreux pays, une majorité de jeunes filles et de femmes qui ont subi des mutilations n’en voient pas le bénéfice et pensent que cette pratique devrait cesser. Elle se poursuit notamment parce que les mères imaginent que les autres femmes attendent d’elles qu’elles mutilent leurs filles. Comme elles n’en parlent jamais entre elles, elles ne savent pas que beaucoup d’autres femmes n’y sont pas favorables. De nombreux hommes sont aussi en faveur de la disparition de ce fléau.