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  • III. Une enquête montre la force de l'attachement à l’islam littéral

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    Les réponses exprimées dans une enquête de l’institut américain Pew, «The world’s muslims: religion, politics and society», montrent au contraire à quel point la Loi divine dans ses aspects les plus rigoureux imprègne encore les esprits musulmans. Et les échos venus des imams et autres cheiks de ces pays n'annoncent pas un proche détachement des  prescriptions les plus discutables de cette religion.

     Sur 39 pays examinés par Pew, j’en ai choisi 12 (j’ai laissé entre autres de côté les Balkans et l’Afrique): Egypte, Jordanie, Maroc, Tunisie, Irak, Afghanistan, Pakistan, Malaisie, Indonésie, Bangladesh, Thaïlande et Turquie. Mes raisons:

        - Leur poids dans la sphère musulmane est lourd
        - Ils font régulièrement l’actualité, parfois porteuse d’espoir, parfois désespérante.
         - Les ressortissants de certains pays (Turquie, Pakistan, pays arabes) forment l’essentiel des communautés musulmanes d’Europe et gardent un fort attachement à leur pays d’origine.
         - J'ai inclus les minorités musulmanes thaïlandaises qui montrent une radicalité inquiétante. Elles augurent de lendemains sanglants (comme c'est aussi le cas aux Philippines).

     J’ai déjà traité du stupéfiant radicalisme des Palestiniens des Territoires et de Gaza. Je n’y reviendrai pas.

     Je mettrai en exergue les convictions des Tunisiens et des Turcs qui ont vécu durant des décennies les uns un islam très libéral et les autres une laïcité imposée. Ma question: l’empreinte de ces périodes est-elle forte et donc porteuse d’espoir?

     

    L’égalité entre homme et femmes? Un rêve si lointain

    L’un des fondamentaux de la religion musulmane est la soumission des femmes au pouvoir des hommes. A la question: «Une femme doit-elle toujours ou la plupart du temps obéir à son mari?», les scores sont ébouriffants! Une écrasante majorité de musulmans (et musulmanes!) approuvent, dans tous les pays considérés, dont 93% de Tunisiens et deux Turcs sur trois.

    Le droit au divorce pour les femmes n’est pas acquis (dans les textes, seuls les hommes ont ce pouvoir de décision). Plusieurs pays le refusent à une forte majorité, dont la Malaisie, l’Irak, l’Egypte, la Jordanie et le Pakistan. Les Marocains, les Bengalis et les Libanais sont plutôt progressistes en la matière. La Tunisie se distingue avec quatre musulmans sur cinq favorables au divorce initié par les femmes, et la Turquie la coiffe au poteau avec 85%.

    La Malaisie témoigne d'un fort dogmatisme. On l’imaginerait pourtant plus égalitaire. En réalité, ce pays connaît une dérive dramatique vers l’islam littéral, ce que ce sondage confirme. Sur le terrain, les tribunaux basés sur la charia deviennent de plus en plus puritains : des femmes ont été condamnées à la bastonnade pour relation extraconjugale ou pour avoir bu une bière, la polygamie progresse, les Oulémas et leur séides promeuvent les mutilations sexuelles (très répandues), les minorités ethniques et religieuses subissent une ségrégation institutionnalisée et des agressions croissantes.

    L’avortement reste un extraordinaire tabou, qui pénalise toujours les femmes. Il n’est accepté que par 0 à 6% des sondés dans tous les pays, avec l’étonnante exception du Bangladesh, 18%. Favoriser les fils dans l’héritage? Là encore, la discrimination reçoit un accueil chaleureux, notamment par les Marocains (oui à 80%) suivis par la Tunisie – ni le roi du Maroc, ni Bourguiba, n’ont osé toucher à ce principe. Les plus favorables à l’égalité sont l’Indonésie (76%), la Thaïlande, mais surtout la Turquie: 88%.

    La polygamie, pourtant autorisée par le Coran, ne fait pas l’unanimité. Elle est moralement acceptable pour 66% des musulmans thaïlandais, mais pour moins de la moitié des Malaisiens et Jordaniens (46%). Dans la plupart des pays, elle est davantage approuvée par les hommes. Tunisie: 28% l’acceptent, Turquie: 13%

    Les crimes d’honneur qui conduisent la famille à assassiner une de ses filles (rarement un homme) pour venger son honneur, remportent un nombre inquiétant de suffrages chez les Afghans, Irakiens, Thaïlandais, Libanais, Pakistanais et Jordaniens (dans ce dernier pays, où la loi est très laxiste, seuls 5% des sondés pensent que le crime est justifié si le coupable est un homme). Tunisie: justifié 28%, Turquie: 18%. Les plus opposés sont l’Indonésie et le Maroc, 8% et 9%.

    La liberté religieuse est un vœux pieux. Une majorité, parfois écrasante, ne voudrait pas du mariage d’une musulmane avec un non-musulman, dans tous les pays.

    De manière surprenante en revanche, une majorité se dessine dans de nombreux pays pour laisser aux femmes le choix de porter ou non le voile. Les plus favorables se situent à une écrasante majorité au Maroc, Indonésie, Thaïlande et Malaisie. On trouve les plus réticents (moins de la moitié) en Afghanistan, Irak, Jordanie et Egypte.

    89% sont partisans de cette liberté en Tunisie et 90% en Turquie.

     

    La charia et ses sanctions

    L’islam n’est pas seulement une foi, c’est une loi. Pouvoir religieux et politique n’étant pas séparés, elle ordonne, sur terre déjà, des sanctions, dont des châtiments physiques tels que le fouet ou la mort sous diverses formes. Pour nous, imaginer une seule exécution d’homosexuel, une seule séance de fouet est terrifiant. Pour d’innombrables musulmans, la charia l’impose. Or, la quasi totalité de notre échantillon désire que la charia soit la loi officielle de leur pays. Tunisie: 56%. Les moins enthousiastes sont les musulmans libanais (29%). Seuls 12% des Turcs la souhaitent.

    Ces musulmans contestent-ils des châtiments aussi cruels que la mutilation ou le fouet pour punir le vol? Les résultats sont tout de même sidérants. J’y suis favorable disent 85% des Pakistanais suivis des Afghans, Egyptiens et Malaisiens (61%).

    Une majorité civilisée se trouve en Tunisie, 28%, et surtout en Turquie, 12%.

    De même, la lapidation pour adultère, remporte les suffrages du Pakistan (86%), d’Afghanistan, d’Egypte et de Jordanie. Encore 28% en Tunisie, 9% en Turquie. La mort pour apostasie est plébiscitée en Egypte (88%), Jordanie, Afghanistan, Pakistan. Tunisie : 29%, Turquie: 89%... d’opposants.

    On peut constater que malgré les dérives islamistes d'Erdogan, les Turcs sont clairement les plus éloignés des pires maux de l’islam littéral. C’est rassurant. Quant à la Tunisie, ses habitants sont en général plus progressistes que les autres pays, mais une proportion importante reste fidèle à certaines prescriptions inacceptables. 

    Moralité version islamique

    Cette partie, qu’est-ce qui est moral ou immoral (troisième possibilité : rien à voir avec la morale) est aussi révélatrice du précipice qui nous sépare des musulmans, à commencer par l’impossibilité pour beaucoup d'entre eux d’imaginer qu’un être humain puisse être à la fois athée et doté de morale. Ainsi, à la question «Est-il nécessaire de croire en Dieu pour être moral?», tous disent oui à plus de 60%. Tunisie: 82%, Turquie 70%. 

    Le divorce (autorisé, mais fermement condamné par le Coran) est moralement inacceptable pour 71% des Pakistanais. Tous les autres l’acceptent en majoirté. 

    L’alcool n’est pas acceptable pour la quasi-totalité des pays, autour de 90% ou plus. Idem pour le suicide, le sexe hors mariage et l’homosexualité. Par comparaison, les libertés occidentales sont donc parfaitement immorales. Et le terrain bien favorable à l'hostilité envers l'Occident.

    La plupart des pays estiment que les adeptes d’autres religions sont très libres de la pratiquer chez eux. Et ils pensent à une écrasante majorité que cette liberté de religion est une bonne chose… Or, elle est interdite par la charia et n'existe dans aucun de ces pays.

    Prosélytisme. Une majorité écrasante, sauf en Indonésie (31%) et en Turquie (39%) pensent qu’ils ont le devoir de tenter de convertir les autres à l’islam. Tunisie: 73%. Dans la quasi totalité de ces pays, des lois sévères condamnent le prosélytisme d’autres religions.

    Selon cette enquête, les pays dont la population musulmane exprime les conceptions les plus radicales, sont le Pakistan, l’Egypte, l’Afghanistan, la Jordanie, la Malaisie, la minorité thaïlandaise et l’Irak.

    Ces constats permettent de comprendre pourquoi, lorsque l’islam dans sa version littérale est enseigné, la détestation de l’Occident est si facile à instiller dans les petites et grandes têtes des croyants.

    Toute l’Europe doit affronter cette implantation croissante de l'islam archaïque. Pour ceux qui voudraient savoir comment et avec quelles complicités, voir « Boulevard de l’islamisme. L’essor du totalitarisme islamique illustré par l’exemple ».