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L’endogamie musulmane menace le futur davantage que la démographie

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La France cultive la confusion sur les statistiques de l’immigration et évite les enquêtes ciblées sur ce sujet. Michèle Tribalat, franc-tireur de l’Institut national démographique (INED), éclaire cette volontaire obscurité.

Quelle est l’importance des flux migratoires? Les musulmans vont-t-ils submerger sous peu la France? Quelle est l’influence de l’éducation sur le port du voile? L’auteure répond de manière factuelle et documentée à ces questions et à bien d’autres dans son dernier ouvrage, Assimilation, la fin du modèle français.

Auteure des Yeux grands fermés, livre qui a fait date, Michèle Tribalat utilise une foule de données. Ce livre date de 2013, il reste totalement pertinent. Il regorge de précisions sur les graves questions du jour, en particulier liées à l’islam. Les enquêtes dont dispose la démographe datent pour l’essentiel de 2008.

La sécularisation des musulmans de France n’est plus qu’un souvenir. Désormais, ils se marient entre eux et une partie croissante garantit ainsi à ses enfants une transmission sans faille de la religion dans un environnement sécularisé.

Cette endogamie, montre Michèle Tribalat, casse l’image d’une France que l’on donnait en exemple pour son taux de mixité des mariages. L’image a été vraie, parce que les premières vagues d’immigration étaient moins préoccupées par l’islam et suivaient le mouvement de sécularisation de nos sociétés. Le mouvement s’est totalement inversé.

L’endogamie religieuse se double d’une importante endogamie ethnique: on se marie avec des musulmans du pays d’origine ou de la région. Les Turcs ou d’origine turque sont les champions de ce conservatisme ethnique.

Pas de submersion démographique, mais…

L’auteure remet en question la vision d’une submersion démographique de l’islam. Le taux d’accroissement des musulmans était particulièrement haut en 2008, année de référence. S’il se maintenait jusqu’en 2030, la France compterait près de 9 millions d’adeptes du prophète. Selon les projections de l’institut Piew Forum, cette population augmentera de 46% en vingt ans. La France comprendrait comme aujourd’hui la plus grande minorité musulmane de l’UE qui,elle, en compterait 30 millions.

Les problèmes créés par l’islam ne seront donc pas dus d’abord à la démographie. Mais les décennies quetribalat,france,assimilation nous venons de vivre montrent assez que la communauté n’a nul besoin d’être grande pour plonger nos sociétés dans des problèmes sans fin. Michèle Tribalat passe au crible deux signes de visibilité et de séparation : le voile et les interdits alimentaires.

Dans les quartiers les plus aisés, seules 9% des musulmanes portent le foulard. Dans un quartier qui compte en moyenne 36% de musulmans, une femme sur 12 a les cheveux couverts. Les diplômes et l’emploi protègent de cette régression.

Les Marocaines et les Turques (celles-ci sont encore 40% à porter le foulard dans les quartiers favorisés) sont les plus zélées. Algériennes et ressortissantes du Sahel optent beaucoup plus rarement pour ce répulsif. En 2008 en France, moins d’une femme sur cinq se voile. Sept ans après cette enquête, où en est-on? On peut craindre le pire.

La comparaison avec d’autres pays européen davantage voilés -les Pays-Bas notamment où les Turques se font aussi remarquer avec 48% de têtes couvertes-, fait dire à la démographe que la loi française qui prohibe le voile à l’école a des effets positifs.

Ces constats remettent en question un mantra des islamophiles de Suisse: puisque les Turcs, deuxième communauté musulmane en importance (20%), viennent d’un pays laïque, ils sont nécessairement éloignés du fondamentalisme. Dans un sondage réalisé en 2004 par L’Hebdo, c’étaient aussi les Turcs qui étaient les plus nombreux à estimer qu’une femme devait porter le foulard. L’empreinte d’Atatürk n’est plus qu’un lointain souvenir.

Le danger d’une jeunesse de plus en plus fervente

Le respect des interdits alimentaires est très grand, partout. En 2008 toujours, 59% des enquêtés disent n’acheter que de la viande licite, et 90% l’assurent aussi dans les quartiers défavorisés. «Les déclarations des enquêtés en disent autant sur les pratiques réelles que sur la pression sociale qui rend difficile la transgression ou la déclaration de pratiques illicites.» Et bien sûr, plus le quartier est musulman, plus la pression est forte.

Les jeunes sont les plus engagés dans le respect de ces règles alimentaires. Ils sont de manière générale plus fervents et plus observants.

J’avais été frappée par une «étude» de la prosélyte suisse Fawzia al-Ashmawi qui en 2001 demandait à des coreligionnaires ce qui les préoccupait le plus pour l’avenir de l’islam en Suisse. (1). Ibrahim Salah, président de la Fédération des organisations islamiques de Berne, Yahya Basalamah, imam de la grande mosquée de Genève et Hani Ramadan répondaient en chœur: l’éducation islamique des enfants. Comment les responsables d’associations et de mosquées l’ont-ils assurée? En ferrant les gosses dès le plus jeune âge et en les enfermant dans des activités intra-musulmanes qui leur évitent le danger mécréant.

En regard, les soixante-huitards ont mis à leur agenda éducatif l’absence de formation religieuse afin que leurs enfants «choisissent plus tard, librement ». Résultat : des athées toujours plus nombreux et un fossé qui se creuse entre eux et des citoyens obsédés par la religion.

Cette réislamisation de la jeunesse est constatée dans toute l’Europe. Elle représente, selon moi, un des plus grands dangers pour les démocraties. L’évolution pour nous s’et traduite par l’émancipation des individus de leur groupe social, de leur religion, de leur culture. C’est un phénomène de décentration, tout le contraire de ce qui se passe dans la sphère d’Allah. «On assiste, observe la démographe, à une forme de durcissement identitaire qui sépare les musulmans des autres, renforce le contrôle social et pèse sur la liberté des fidèles, mais aussi celle de non musulmans.»

J’avais déjà cité une enquête publiée en 2010 en Allemagne qui constate que la propension à commettre des délits violents chez les jeunes immigrés musulmans augmente avec leur degré de piété. (C’est le contraire pour les immigrés chrétiens). Une jeunesse bigote qui s’attache à une transmission sans faille de l’islam annonce des défis majeurs.

L’adieu à la liberté d’expression

Michèle Tribalat se penche aussi sur l’une des grandes défaites de l’Occident, la liberté d’expression. (Elle écrit avant les meurtres de Paris.) Elle situe la grande rupture à l’affaire Rushdie -une fatwa, trois assassinats. Selon Paul Berman, citée par la démographe, Rushdie savait déjà que «le cancer du fanatisme qui se répandait dans la communauté musulmane finirait par exploser dans le reste du monde, bien au-delà de l’islam. Si la bataille intellectuelle était perdue –si ce nouvel islam établissait son droit au «respect» et obtenait que ses opposants soient réprouvés, jugés infréquentables et, pourquoi pas, même tués –alors s’ensuivrait la défaite politique. »

Depuis les meurtres de Charlie Hebdo, la défaite est totale. Charb était sixième sur la liste de onze noms, dont Rushdie et Geert Wilders, publiée par Al Qaïda en 2013. Deux femmes y figurent, Ayaan Hirsi Ali et Molly Norris. Les fanatiques pastichent sur ces pages un dicton populaire -«An apple a day keeps the doctor away»- de leur humour sinistre: «A Bullet a Day Keeps the Infidel Away». A prendre au premier degré.

Les menaces de mort des critiques de l’islam se sont multipliées depuis Les Versets sataniques. La censure, l’autocensure et les excuses n’ont plus cessé dans les propos, les écrits, les dessins, les expositions, les théâtres, les films, les séries télévisées. Deux auteurs danois ont posté sur internet (en danois) une liste de 300 pages de ces reculades.

Des Occidentaux se couchent avant la moindre menace. En 2006, l’Opéra de Berlin annule la représentation d’Idoménée de Mozart, car on y voit les têtes coupées de Jésus, Bouddha, Poséidon et aussi Mahomet. La Yale University Press retire les dessins danois d’un livre consacré… à l’affaire des caricatures! Le Metropolitan Museum de New York organise une exposition sur le thème de la caricature en excluant les religions: «Nous ne voulons insulter personne», explique la commissaire. La presse suédoise de son côté réagit de manière honteuse à la tentative d’assassinat de Laars Hedegaard. Dans son livre, celui-ci la décrit comme la plus conformiste du monde occidental.

«Ne vous intégrez pas, nous sommes trop méprisables!»

Comment l’assimilation pourrait-elle être possible lorsque le pays d’accueil ne cesse de décrier sa société et son mode de vie? «Comment voulons-nous être respectés si nous ne nous respectons pas, si nous ne cessons, médias et littérature interposés, de nous dépeindre sous les traits les plus négatifs ? (…) Cette rhétorique déresponsabilise, démobilise l’ardeur individuelle, fournit un argumentaire tout prêt pour rationaliser ses propres insuffisances, et transforme les institutions en guichet.»

Dans ce contexte, nombre d’immigrés arrivent chez nous à la recherche d’un haut niveau de vie, mais sans la moindre envie d’adopter notre mode de vie et nos valeurs.

Nos élites, championnes de l’autodénigrement, se préservent des désagréments causés par l’immigration (voir leur ardeur à envoyer leurs rejetons dans les meilleures écoles), tout en enjoignant ceux qui la subissent à l’acceptation de la tolérance, du respect, de la diversité. Les partis de gauche (50% des adhérents au PS sont des cadres ou membres de catégories intellectuelles supérieures) ont abandonné les «Français de souche» des classe populaires. Ceux-ci ont quitté les cités et vivent en zone pavillonnaire, loin de la banlieue, ou dans de petites communes. Leur situation est souvent précaire.

Seuls 6% des ouvriers «natifs au carré» (nés en France de deux parents nés en France) résident en Ile-de-France, contre 37% des immigrés. Or, seuls les malheurs de ces derniers attirent l’attention des médias et des autorités. Pourtant, les immigrés assurent surtout des fonctions d’ouvriers de service qui souffrent moins de la crise, alors que les «petits blancs» sont davantage représentés dans la population ouvrière industrielle. Et ils sont souvent hors des zones bénéficiant des politiques sociales.

Le racisme antiblanc

Une citation éloquente au sujet du racisme, que développe aussi la démographe : « … si les associations antiracistes devaient se mobiliser sur l’ensemble des cas, elles seraient mathématiquement submergées par les cas de racisme «anti blanc» auxquelles elles accorderaient l’essentiel de leur temps. Sur les près de 1.5 million d’expériences racistes que les personnes âgées de 18 à 50 ans déclarent avoir subi en 2008 en France métropolitaine, un peu plus de 900.000 concernent des natifs au carré de métropole. Heureusement, si l’on peut dire, les associations ont généralement décidé que ce racisme-là n’existait pas... »

La politique de l’Union européenne, détaillée dans un dernier chapitre, est une véritable arme de guerre contre l’assimilation. L’UE s’est arrogé un pouvoir majeur et compte bien le renforcer. Le traité d’Amsterdam de 1997 a ouvert la chasse aux discriminations en raison du sexe, de la race, de l’origine ethnique, de la religion, des convictions, du handicap, de l’âge, de l’orientation sexuelle… Et c’est ce catéchisme que les pays membres enseignent: l’immigration est inéluctable et bénéfique. L’UE impose sa tolérance, son refus du rejet d’autrui, l’extension sans fin des droits des migrants.

L’UE ne voit qu’une solution pour remédier au vieillissement de l’UE, l’immigration. Or, démontre Michèle Tribalat, c’est largement une illusion. «En effet, dans ses projections, l’UE n’envisage qu’une remontée très lente de la fécondité d’ici 2150, date à laquelle elle n’atteindrait même pas le niveau nécessaire pour assurer le remplacement des générations.» Mais l’immigration a un autre grand intérêt pour l’UE: elle affaiblit les identités nationales.

Quant à l’intégration, il s’agit surtout d’exiger des Européens qu’ils s’adaptent aux modes de vie des migrants. Mais la résistance est vive dans les populations dépossédées de leur identité: «En valorisant les différences et les cultures venant d’ailleurs, la gauche a attisé le feu de la fierté nationale qu’elle cherche pourtant à éteindre en permanence. Elle a contribué à faire surgir la question identitaire.» L’incendie n’en est probablement qu’à ses débuts.

Assimilation, la fin du modèle français, édition du Toucan.

Paru dans lesobservateurs

Commentaires

  • Malheureusement rien de nouveau … pour ceux qui se renseignent et réfléchissent … sans préjugés idéologiques (à moins que l'on considère l'amour de la liberté comme une idéologie!).

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