Dans deux articles parus récemment, un journaliste du Tages Anzeiger dévoile les idées fondamentalistes de nombreux religieux. L’Arabie saoudite est à l’origine de ce courant.
On connaissait, en matière de radicalisme, les mosquées wahhabites, celles des Frères musulmans et des mosquées turques. Le journaliste Michael Meier du Tages Anzeiger nous fait découvrir les mosquées radicales albanaises. Et c’est encore l’Arabie saoudite qui est à l’origine de ce courant. Elle a profité de la guerre pour affirmer son emprise sur le Kosovo avec un franc succès. Mais aujourd’hui, contrairement à la Suisse, le pouvoir laïque kosovar lutte contre le radicalisme et le djihadisme.
Quel islam enseignent les mosquées albanaises romandes? Mystère. Ici celle de Renens (photo Aline Jaccotet)
Dans le seul Kosovo, au cours des deux dernières années, 314 hommes ont été recrutés par l’EI pour aller combattre en Syrie et Irak. C’est le plus fort taux d’Europe.
Le vivier suisse, quelque 200’000 Kosovars d’origine, la grande majorité établis en Suisse alémanique, ne manque pas d’attraits pour les imams de la tendance tendance islamopithèque qui sont plusieurs dizaines à s’activer en Suisse.
Michael Meier révèle que beaucoup de ces imams albanais ont étudié au pays des Saoud et qu’ils invitent volontiers des prêcheurs radicaux. Le journaliste parle même de «plaque tournante des imams salafistes». C’est le cas, par exemple, de mosquées à Regensdorf, Zurich-Altstetten et Wetzikon.
Combat contre le vice et le péché
Meier: «Les imams barbus albanais de Suisse cultivent un islam viril. Gestes impérieux, ton solennel voire martial, ils appellent au grand jihad, le combat moral contre le vice et le péché. Ils mettent en garde contre Satan et les feux de l’enfer, ou glorifient le martyre politique.» L’imam Bashkim Aliu, de Wetzikon, a par exemple déclaré que mourir au combat pour la patrie, c’est devenir un martyre, comme le sont les héros de l’UCK qui ont donné leur vie pour le Kosovo.
Avec son confrère de Regensdorf Ferit Zekiri, Aliu conteste l’expression «terrorisme islamique» sauf à parler aussi du terrorisme chrétien ou juif. Tous deux ont étudié à l’uni de Médine, une «couveuse» du wahhabisme. Ils invitent des collègues salafistes de Macédoine et du Kosovo à animer des séminaires aussi formateurs que conservateurs.
Nebi Rexhepi, imam de la mosquée de Zurich-Altstetten a des contacts étroits avec le Royaume de la charia et possède une agence de voyage pour les pèlerinages. Rexhepi a récemment invité à sa mosquée l’imam Omer Berisha de Skopje, imam à Linz en Autriche. Le site de ce dernier indique ses souhaits pour l’islam d’Europe: autorisation de l'appel public à la prière, de la prière à l'école cinq fois par jour, de jours fériés musulmans, et la promotion de la conversion à l'islam. Le site abrite aussi un discours violent de l’imam macédonien Irfan Jahiu contre les homosexuels.
Femme tête nue: un péché pire que l'alcool
Les femmes et leur comportement sont toujours au cœur des préoccupations. L’imam Irfan Salihu, originaire de Prizren au Kosovo et célébrité de YouTube, tonne contre celles qui s’écartent des injonctions de la doxa. En 2013, invité de la mosquée albanaise de Rexhepi, il déclarait: «Celles qui ne portent pas le foulard commettent un péché plus grand que les hommes qui boivent du schnaps.» Et sur YouTube: «Les femmes actives sexuellement sans êtres mariées sont des prostituées, que les hommes devraient jeter comme des mouchoirs usagés.» Hani Ramadan a tenu le même genre de propos récemment dans une école genevoise. Des femmes politiques kosovares ont fait licencier Irfan Salihu de son poste de Prizren. Hani Ramadan, lui, est toujours au sien.
Dans les Balkans, des fondations saoudiennes financent la construction de mosquées en Bosnie, au Kosovo, en Macédoine. Depuis la guerre au Kosovo, 240 nouvelles mosquées ont surgi, 300 en Macédoine. Selon une pratique rodée, des salafistes sont recrutés et formés sous couvert d’aide humanitaire. Les missionnaires islamiques repèrent les hommes pieux et leur proposent des études en Arabie saoudite. Selon un reportage du New York Times, les Saoudiens ont transformé une société kosovare tolérante en une source d’extrémisme islamique et un pipeline pour djihadistes.
Ces imams ultraconservateurs organisent des séminaires de formation où interviennent ces salafistes étrangers ou les invitent pour des sermons. En Suisse, Meier estime à une trentaine les prêcheurs de Macédoine et du Kosovo qui figurent sur des listes d’imams radicaux et qui ont déjà prêché dans des mosquées albanaises de Suisse, soit à Lucerne, Brig, Visp, Liestal, Romanshorn, Wallisellen, Bülach, Bâle, Saint-Gall, Wetzikon et, très souvent, Altstetten, Regensdorf et Aarburg.
L'Union suspecte des imams albanais
Ces religieux se sont unis en 2012 au sein de l'Union des imams albanais de Suisse (UAIS, sigle allemand), pour disaient-ils donner une voix aux musulmans modérés et combattre le fanatisme religieux. La tromperie habituelle.
Le président de l’UAIS Nehat Ismaili est originaire de Macédoine et imam de la Mosquée blanche de Aarburg. Il n’a pas répondu aux sollicitations du Tages Anzeiger. Diplômé de l’université de Médine, il traduit et recense les œuvres d’islamistes célèbres, dont celles de l’éminence noire du sunnisme, Youssef Al-Qaradawi.
L’imam Bekim Alimi, de Wil, jusqu’à récemment vice-président de l’UAIS (l’imam invité à l’inauguration du Gothard), conteste les affirmations du journaliste. Il affirme que parmi les 35 imams de l’Union, tous ne sont pas conservateurs, et certains, comme lui-même, ont été formés au Caire ou en Turquie (ça ne rassure pas vraiment).
L’UAIS s’est séparée d'une autre fédération conduite aujourd’hui par un autre imam, Mustafa Memeti, modéré au point d’installer sa mosquée dans une Maison des religions. La scission n’est pas seulement due à des raisons théologiques, affirme Alimi, mais aussi structurelles.
Son président Nehat Ismaili (photo) avait déclaré au journal en ligne Albinfo.ch: «L’Union veut contrer les «cas isolés d’extrémisme» par une plus solide formation des imams, c’est pourquoi on organise en Suisse des «séminaires avec de grands professeurs venant des pays d’origine». Mais dans sa mosquée d’Aarburg circulent des musulmans ultraconservateurs. Il a même accueilli le salafiste kosovar le plus controversé, Shefqet Krasniqi qui a fini par être licencié de son poste d’imam de la grande mosquée de Pristina, puis arrêté en septembre 2014 avec 14 autres imams du Kosovo. Le pouvoir leur reprochait des prêches de haine et des liens avec le terrorisme. Krasniqi a aussi été l’invité de Nicolas Blancho pour la conférence annuelle du Conseil central islamique de Suisse (CCIS), le plus radical des groupes musulmans de Suisse.
La Communauté islamique albanaise de Suisse que préside l’imam Mustafa Memeti est une fédération beaucoup plus fréquentable. Elle rassemble quelque 30 associations pratiquant un islam plus ouvert. Selon Memeti, l’UAIS est effectivement une branche ultraconservatrice, un clan influencé par l’Arabie saoudite.
Interrogée par Meier, Saïda Keller-Messahli, présidente du Forum pour un islam progressiste, se demande comment l’UAIS peut regrouper 50 lieux de culte, alors que 10% des musulmans seulement vont à la mosquée. Dans ce «monde parallèle protégé des regards», on ne parle qu’albanais et on pratique la ségrégation des sexes (prières, repas, conférences), s’indigne-t-elle. Mais dans ce domaine, je ne dirais pas que ces mosquées se distinguent beaucoup des autres.
Mosquées turques sous influence
La Suisse abrite aussi une cinquantaine de mosquées turques. Le Matin du 17 avril dernier donnait quelques informations qui elles aussi devraient inquiéter les autorités. Les imams appartiennent à l’Association islamique turque en Suisse (sigle TISS en allemand) sise dans la banlieue zurichoise. La TISS possède onze immeubles abritant des mosquées
Comme pour la plupart des mosquées turques d’Europe, c’est la Dinayet, le Ministère turc pour la religion qui envoie ses imams et finance leur salaire. Les religieux restent quatre à cinq ans. Le budget 2016 de la Dinayet: près de deux milliards de francs et 120'000 employés. En Turquie, elle rédige les sermons du vendredi pour l’ensemble du pays.
On connait les visées islamistes d’Erdogan qui ne cesse de faire des déclarations décriant l’intégration. Or, le poids de ces mosquées sous influence va croissant: en 2011, une vingtaine d’imams s’activaient en Suisse, ils sont aujourd’hui - après la levée des contingents - à peu près le double.
Meier a trouvé de nombreuses informations sur internet. Les services de renseignement font-ils ce travail ? Toujours est-il que la gangrène islamiste se propage. Ce n’est qu’au moment où des jeunes partent pour la Syrie -quatre de Winterthour au printemps 2015-
que des questions sur le rôle des mosquées surgissent.
http://www.tagesanzeiger.ch/schweiz/standard/Doppelte-Agenda/story/31961750
http://www.tagesanzeiger.ch/schweiz/standard/drehscheibe-fuer-salafistische-imame/story/16304925
Merci à Laurence pour sa précieuse collaboration.
Commentaires
La Suisse est le pays du monde le plus tolérant envers les religions et les sectes pas étonnant que les plus radicales puissent "progresser" sans rencontrer d’obstacles.
Cette ouverture d’esprit de la petite Suisse pourrait bien se terminer en fermeture de l'esprit des lumières.
En nous promettant la venue d'un nombre incontrôlable et incontrôlé de musulmans en Suisse notre Conseil fédéral inféodé à une Europe en déliquescence idéologique et sous l'influence d'une mondialiste convaincue nous mène vers des jours pleins de "joies"
Je retiens surtout cette phrase: "la gangrène islamiste se propage". En cas de gangrène, on commence généralement par un nettoyage des plaies. Une bonne hygiène est recommandée. Si ça ne suffit pas, une opération s'impose afin d'enlever les tissus infectés et pour arrêter la propagation de la maladie. Et si ça ne suffit toujours pas, il faut amputer.
Avis à nos politiciens.
Madame Vallette,
- « Le journaliste Michael Meier du Tages Anzeiger ... »
- « l’Arabie saoudite ... Elle a profité de la guerre pour affirmer son emprise sur le Kosovo avec un franc succès. »
Son "emprise" ?
J'ai pas trouvé "emprise" dans l'article de Michel Meier.
Michel Meier:
... "Eine Reportage der «New York Times» hat eben aufgezeigt, wie Geld und Einfluss der Saudis die tolerante muslimische Gesellschaft Kosovos «in eine Quelle für islamischen Extremismus und eine Pipeline für Jihadisten verwandelt»"
... Un reportage du "New-York Times" ?
Et j'ai pas non plus trouvé ... "profité de la guerre".
Michel Meier:
... "Seit dem Balkankrieg ..."
... Depuis la guerre des Balkans ...
- « Mais aujourd’hui, contrairement à la Suisse, le pouvoir laïque kosovar lutte contre le radicalisme et le djihadisme. »
Et Michel Meier ne parle pas non plus de "pouvoir laïque kosovar luttant", ni du pouvoir laïque suisse ... qui selon vous ... ne lutte pas ?
Michel Meier:
... "Albaner aus Ländern kommen – Kosovo, Mazedonien –, die säkularisiert sind und, wenn überhaupt, einen gemässigten Islam leben."
... non pas, parce que Michel Meier ne parle pas de laïcité, mais parce que Michel Meier ne parle pas de ... _pouvoir kosovar_.
- « L’imam Irfan Salihu, originaire de Prizren au Kosovo et célébrité de YouTube, tonne contre celles qui s’écartent des injonctions de la doxa. »
Michel Meier a écrit ...
... "die nicht nach der Scharia leben", ce qui signifie ...
... "ne vivent pas selon ... la Sharia".
Je m'arrête ici pour ne pas être accusé de ... lecture ou de traduction radicalistes ou extrêmistes, ... ou ... vraiment plus pire.
- « Merci à Laurence pour sa précieuse collaboration. »
C'est votre traductrice schwytzertütsch - français ?
Parce que pour traduire ce que Michel Meier a lu dans le "New-York Times", ... ou pour vous traduire l'histoire de Michel Meier ... qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours ... radicalisé par des imams radicaux qui tiennent "des mosquées wahhabites, celles des Frères, musulmans et des mosquées turques", et qui tient lui-même les mosquées radicales albanaises, parce que c'est "l’Arabie saoudite qui est à l’origine de ce courant", ... en voyant à quoi elle a collaboré ... elle a dû profiter de ... votre guerre ... pour bien rigoler. Et ptet qu'elle aime aussi raconter des blagues.
La presse ne cesse de pointer du doigt l'Arabie-Saoudite, il ne faut pas se tromper, certes La Mecque et Medine sont en Arabie-Saoudite et que ce pays est infesté de fanatiques, l'islam représente une bonne part du produit national brut hormis son brut, mais ce pays est divisé, entre ceux à qui les anglais avaient laissés les clés du pouvoir, soit la famille Al Saoud et quelques autres tribus plutôt situés vers l'Est, Riad.
Ne pas confondre entre les magnas du pétrole et les gangs sévissant du coté de la mer rouge, coté ouest. C'est dans cette contrée que se sont entassés les commerçants de l'islam depuis sa création, ceux qui enfermaient les musulmans un peu trop foncés pour les castrer et les vendre comme esclaves, ceux qui, dès le 8ème siècle commencèrent à piller les caravanes pourvoyant l'encens vers la méditerranée et ceux qui ont revendiqué dès sa création, un islam permettant toutes les formes de criminalités afin de pouvoir s'enrichir dans un désert peu hospitalier. Lorsque les anglais ont placés les Al Saoud au pouvoir après avoir dessiné les frontières de ce vaste désert, on ne peut pas dire qu'ils aient fait le plus mauvais, ne pas oublier que suite à cette mise en place, une guerre fit plus de 600'000 victimes principalement dans les régions de Medine et de La Mecque, où ce trouvent les gangs des lieux "saints". Beaucoup blâment les Al Saouds et confondent un peu tout, comme beaucoup, souvent à la solde des qataris soutenus par les wahhabites critique le pouvoir saoudien ou le peu de pouvoir qu'ils maintiennent sur ce gigantesque bac à sable.
Obama aura tout fait pour déstabiliser le régime saoudien, il aura plus ou moins réussi son coup en Libye et en Tunisie, mais totalement échoué du coté de la péninsule arabique et bien heureusement, car négliger l'existence des nombreux clans présents dans la totalités des pays musulmans et une erreur grave. Cela fait 5 ans que la presse dresse des cartes simplistes et généralisent, ensuite, nous voyons combien les aspects claniques changent la donne et faire cette erreur avec l'Arabie-Saoudite serait, pour le coup, désastreux !
Corto, concernant l'Arabie Saoudite et ses clans, je vous soumets une analyse de Pierre-Yves Rougeyron, lors de son entretien de janvier. L'on peut penser ce que l'on veut du personnage, reste le fond. A partir de la 33ème minute. https://www.youtube.com/watch?v=aqqSZYeLkn4