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Mosquée de Genève: Ubu en interview

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L’Arabie saoudite entend céder ses mosquées à leurs pratiquants, nous apprend le dirigeant de la Ligue islamique mondiale. Elle commence par Genève.

La Ligue islamique mondiale (LIM) va abandonner le financement de la GrandeLIM_janv.jpg mosquée de Genève. Et des autres, «dans le monde entier»!  C’est le secrétaire général Mohammad Abdulkarim Al-Issa qui l’annonce dans une interview surréaliste au Matin Dimanche, reprise lundi par la Tribune de Genève.

La LIM a créé, pour la propagande de l’une des pires théocraties islamiques, de nombreuses mosquées en Europe qui ont contribué au chaos politico-religieux dans lequel pataugent les démocraties. Le wahhabisme ou salafisme est une des idéologies qui progressent.

La Grande Mosquée est l’une de ces officines de propagande. Depuis des décennies, elle oscille entre polémiques liées au radicalisme (dont les plus récentes), luttes de pouvoir et épisodes grotesques. Elle a toujours dépendu de la LIM et a longtemps été dirigée (de très loin) par son secrétaire général, président du conseil d’administration,  Abdallah al-Turki jusqu’à ce que l’âge l’ait contraint à se retirer.

Que nous dit le nouveau secrétaire, ex-ministre de la Justice, marionnette de l’héritier du trône Mohammed Ben Salmane (MBS) qui tente de nous faire croire à l’apparition d’un islam des Lumières?

Il annonce que la Fondation culturelle qui gère la Mosquée va être remise aux mains des musulmans qui la fréquentent et l’apprécient. Comment? En l’offrant «aux autorités suisses». Le journaliste signale que le cadeau n’est pas acceptable.

 Ah bon? Il la cédera donc à «un organisme représentatif de tous les musulmans».  

La journaliste se mue en naïf. Son interlocuteur compte-t-il «organiser des élections»? Mais oui, bien sûr! La LIM va consulter les «musulmans de Suisse, avec l’aide des autorités helvétiques». 

On passe au financement. Le secrétaire général voit d’un bon œil que le budget puisse dépendre désormais des «cotisations des fidèles et de dons privés». Vu la grandeur du lieu, la multiplicité des activités, le financement de plusieurs employés dont l’imam, les fidèles ont intérêt à être très généreux.

Malgré des «mesures fortes», quatre licenciements (des fichés S) et un changement de direction, la mosquée n’a pas tenu ses promesses: devenir «un facteur de cohésion», briller aux yeux des autres religions et faire en sorte que ce lieu ne soit plus «un sujet d’inquiétude et de polémique». L’évolution a tout de même du positif, «mais il est temps de confier la mosquée à un conseil d’administration suisse, représentatif, avec un président élu. Une mosquée intégrée dans la démocratie helvétique».Un modèle encore inconnu.

C’est ce qui différence les wahhabites des Frères musulmans: les premiers utilisent un langage ponctué de mots qui sont censés résonner agréablement aux oreilles des Européens mais qui ne veut rien dire. Les Frères musulmans, eux, ont parfaitement appris dans quelle société ils vivent. Leur langage est tout aussi hypocrite, mais nettement plus structuré.

Pour en revenir à la Mosquée, l’atteinte des objectifs n’aurait de toute manière pas suffi, car le secrétaire entend «diversifier les acteurs», et pas seulement dans la modeste Genève:

«Nous allons prendre les mêmes dispositions dans le monde entier. Partout, il y aura un conseil d’administration local, mis en place en coordination avec les autorités nationales. Notamment pour des raisons de sécurité. Il faut veiller à ce que les mosquées soient placées entre des mains sûres, évidemment.»

Cette «nouvelle philosophie» a été soumise et acceptée par «des oulémas du monde entier réunis à La Mecque», rassure encore Al-Issa. Voilà un argument qui devrait achever de convaincre les autorités avec lesquelles la Ligue aimerait tant collaborer. Elle va d'ailleurs illustrer sa nouvelle philosophie à Genève en février prochain par une grande conférence qui se penchera «sur des mesures concrètes pour tenter d’immuniser la jeunesse contre la radicalisation (…) il y aura des invités chrétiens, juifs…» Que ces représentants de sanglantes théocraties viennent librement raconter leurs salades moisies chez nous est scandaleux. Et que tant de musulmans les écoutent aussi.

On croira cet émissaire lorsque le régime d’Arabie saoudite cessera d’être une machine à radicaliser et à maudire tout ce qui n’est pas musulman. Cette manie de vouloir prévenir une radicalisation que l’on favorise par ailleurs est un des beaux-arts de l’islam d’aujourd’hui.

Le pape François comme référence

Et que deviendra la fondation et ses rentrées (qui proviennent de propriétés immobilières)? Elle se consacrera «au dialogue entre religions, en Suisse et dans le monde. Nous voulons un centre de paix qui rayonne. Je suis contre la pensée unique, il faut (…) respecter les États nationaux. (…)  La Ligue islamique a des accords avec le Vatican, une convention avec l’Église orthodoxe russe, une coopération avec les Luthériens, des liens avec divers courants du Judaïsme, un dialogue avec l’hindouisme… Les religions doivent faire partie de la solution et non pas du problème, comme l’a dit le pape François.»

Après ces fariboles, le journaliste passe à des sujets sérieux concernant l’Arabie saoudite. Et là, le moderniste Mohammad tombe le masque.

  • L’interdiction des églises? «Une coutume très ancienne qu’il s’agit de respecter » et puis «la construction d’une église, les terroristes n’attendent que ça pour attiser la violence ».
  • Que pense-t-il en tant qu’ex-ministre de la justice du fait que MBS permet aux femmes de conduire, mais multiplie les emprisonnements? Il ne peut se prononcer, car il n’est plus ministre, mais de son temps, «les condamnés méritaient leur peine. Si je n’en étais pas convaincu, je ne serais pas resté au ministère. Ce que publie la presse internationale est souvent en contradiction avec les actes d’accusation. Par exemple, un condamné que les médias disaient victime d’un délit d’opinion avait avoué être un agent d’un pays ennemi.»
  • Et l’assassinat de Kashoggi? «…les accusés ont été jugés et condamnés: cinq à la peine capitale, les autres à de lourdes peines de prison. L’Arabie saoudite est un pays souverain, avec un pouvoir judiciaire fort et indépendant.»

C’est donc ce modèle de société que continuera à défendre le chantre d’un islam sympa qui dialogue avec les religions et lutte contre le radicalisme. Mais seulement sur nos terres. Et encore, on demande à voir!

 

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