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1. Le Conseil fédéral rejette mes critiques du Centre islam de Fribourg

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Le gouvernement avait accepté un postulat du conseiller national Piero Marchesi basé sur mes critiques du CSIS. Une société devait évaluer leur pertinence. Le rapport est paru.

 

Dessin Simon

 

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Illustration Simon

Le Centre suisse islam et société, je l’ai dans le viseur depuis sa création en 2015 et son premier rapport en 2016. J’ai décrypté ce dernier: il déroule l’ensemble de la stratégie qui va être mise en œuvre afin d’islamiser la Suisse. Au fil des centaines de pages que j’ai lues par la suite, mon approche critique s’est approfondie, j’ai régulièrement fait part à mes lecteurs des dernières actions du centre. Son menu: répandre l’islam dans toutes les institutions, blanchir les associations islamiques et mosquées de tout radicalisme, faire financer par l’Etat un maximum de cette opération d’islamisation.

Le problème, c’est que les journalistes sont très soucieux de ne pas tacher leurs productions avec mon nom et les politiciens très occupés à d’autre tâches. Le CSIS poursuivait donc sur sa lancée sans aucun frein. J’ai décidé en 2020 de tenter d’alerter la classe politique par la rédaction d’une brochure . Elle est intitulée «Le CSIS œuvre-t-il vraiment à l’intégration des musulmans?» et notre Association suisse vigilance islam (ASVI) l’a publiée en français et en allemand. Je l’ai envoyée à des conseillers aux Etats et des conseillers nationaux et l’un d’eux, Piero Marchesi, a décidé d’agir. D’abord par une «question» au Conseil fédéral, dont la réponse oscillait entre généralités et banalités.

Piero Marchesi a décidé d’insister en rédigeant, toujours sur la base de la brochure, un postulat. Il est signé par huit autres conseillers nationaux, 4 UDC, 2 PLR, 2 du Centre et 1 de La Ligue des Tessinois

Le Conseil fédéral l’a accepté le 18 août 2021.

 Piero Marchesi reprend certaines de mes critiques et demande un rapport détaillé sur le CSIS avec analyse de ses aspects problématiques, notamment la radicalisation et l’islamisation. Il voudrait savoir si couper le financement du centre par la Confédération ne serait pas une bonne idée.

Texte du postulat

«Le Centre suisse islam et société (CSIS) de l’Université de Fribourg promeut la visibilité des musulmans dans l’espace public. Les formatrices du CSIS portent le voile (1). Le CSIS énumère les éléments de «visibilité» suivants: minaret, voile à l’école, voile intégral, enseignement de la natation pour musulmans à l’école, refus de la poignée de main entre hommes et femmes. Il note que chacun de ces thèmes «a tendance à être vu comme un problème» (2). 

Le CSIS s’adresse aux croyants pratiquants, une petite minorité selon l’OFS (3). Il enseigne les «sciences de l’islam», mélangeant religion et sciences.

Exemples de positions choquantes:

– Interrogé par des membres de l’équipe féminine, un des directeurs du CSIS explique comment utiliser la loi suisse pour privilégier un fils par rapport à sa sœur dans une succession, conformément à la loi islamique (4).

– Dans son document «L’islam visible au travail?», le CSIS postule que les signes d’appartenance à l’islam devraient être acceptés dans les entreprises et accuse de discrimination et de racisme les dirigeants qui s’y opposent (5).

 Ces positions sont diffusées dans des institutions laïques comptant un grand nombre de musulmans en qualité d’experts formés par le CSIS. Selon ce dernier, les associations musulmanes se consacrent à l’intégration et ne sont pas radicalisées. Il ignore les mosquées liées à l’islam turc, au wahhabisme et aux Frères musulmans. De nombreux documents montrent toutefois qu’elles sont influentes (6). Dans son édition du 29 mai 2021, 24 Heures a qualifié d’extrémistes les invités du Centre culturel musulman de Lausanne (7).

Selon le CSIS, les associations islamiques devraient être rapprochées des institutions publiques et leur personnel devrait être professionnalisé et financé par l’État (8). Voilà qui sonnerait le glas de la laïcité de notre pays.

Sources du développement :

(1) M. S. Purdie, «Le CSIS œuvre-t-il vraiment à l’intégration des musulmans?», p. 41-44

(2) «Les musulmans dans l’espace public et médiatique», CSIS Papers 5, p. 9.

(3) Selon l’OFS, les musulmans sont très peu pratiquants. (Swissinfo, 08.02.2021).csis papers

(4) «À propos de l’héritage : Usages et enjeux pour les musulman-e-s de Suisse»

(5) CSIS-Paper 9 «Dans le cadre d’une réflexion sur les liens entre islam et travail, c’est une définition de la discrimination raciale qui sera privilégiée dans ce texte».

(6) «Qatar Papers», de C. Chesnot et G. Malbrunot ; «La Suisse plaque tournante de l’islamisme» de Saïda Keller Messahli; «Le radicalisme dans les mosquées suisses» de Mireille Vallette.

(7) 24 Heures «Un imam lié au tueur d’une policière française a-prêché à Prilly », «La-mosquée de Prilly cumule les invités sulfureux»

(8) «Formation continue sur l’islam en Suisse, État des lieux et analyse des besoins» (en partie en allemand et en partie en français).

Dans son avis du 18 août 2021 le Conseil fédéral a renvoyé à sa réponse concernant la question de Marchesi (20.1076) *** et proposé d’accepter le postulat. Le Conseil national a suivi cet avis le 1er octobre 2021.

Le gouvernement indique qu’une évaluation externe est déjà programmée (ces évaluations sont une règle pour les projets financés par la Confédération). Le Conseil fédéral s’engage à traiter à cette occasion des «questions soulevées par l’auteur du postulat».

C’est le Secrétariat d'Etat à la formation, à la recherche et à l'innovation (SEFRI), principal financeur du CSIS (un demi-million par année) qui est chargé de mandater une société. Ce sera Ecoplan, coutumière de ce genre d’exercice.

Deux rapports sont issus de cette évaluation:

Celui qui est destinée au SEFRI (44 pages) reprend le vocabulaire et les caractéristiques de ce genre d’audits. J’en ai tiré quelques citations.

L’autre est centré sur le postulat de Piero Marchesi (17 pages).

Le 30 juin 2022, je reçois un courriel de Svenja Strahm d'Ecoplan. L'auteur rappelle son mandat et poursuit:

 «Dans ce cadre, nous menons plusieurs entretiens avec des personnes directement ou indirectement impliquées dans le CSIS. (réd: elles seront une trentaine). Nous aimerions également avoir un tel entretien avec vous en tant que l’auteur du document «Centre Suisse Islam et Société: Le CSIS œuvre-t-il vraiment à l’intégration des musulmans?» Les thèmes suivants seront au premier plan de la discussion.»

Je résume :

  • L’évaluation de votre collaboration avec le CSIS
  • Votre évaluation générale du CSIS (impact, forces/faiblesses, défis)
  • Effets du CSIS à court, moyen et long terme.
  • Discussion du postulat Marchesi

 

Article suivant : «2. Au cœur du sujet», retranscription de cet entretien

  

***  Question de Piero Marchesi du 17 juin 2021 au Conseil fédéral, et réponse du 18 août de la même année.

«Dans une publication récente, Mireille Vallette, journaliste spécialiste de l'islam, soulève de nombreuses questions sur ce projet et l'accuse de promouvoir l'islamisation et la radicalisation.

  1. Quel bilan le Conseil fédéral tire-t-il du projet ?
  2. La Confédération finance-t-elle, directement ou indirectement, le projet ou le CSIS ?
  3. Les questions et les accusations formulées par Mme Vallette sont-elles fondées ?
  4. Quel contrôle la Confédération exerce-t-elle sur les activités du CSIS?»

Réponse du gouvernement, 12 mai 2021

Le plus intéressant dans cette réponse est le détail du financement par les services de la Confédération: le SEFRI a versé deux millions pour la création du CSIS de 2017 à 2020. Rebelote pour 2021-2024, le SEFRI verse un demi-million par année.

Hors SEFRI, le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) finance un projet du CSIS pour environ
400 000 francs. Entre 2015 et 2020, le Centre a par reçu des fonds d'autres services fédéraux destinés à des projets et des mandats pour environ 1 million de francs: Office fédéral de la police (fedpol), Office fédéral des assurances sociales, Secrétariat d'État aux migrations, Département fédéral des affaires étrangères, Service de lutte contre le racisme.

Le programme relatif aux aumôniers musulmans dans les institutions publiques, considérés comme des fers de lance contre la radicalisation, est soutenu en 2020 par fedpol. Le CSIS décroche par ailleurs des mandats cantonaux et communaux. Zurich est particulièrement demandeur.  

 

 

Commentaires

  • "C’est le Secrétariat d'Etat à la formation, à la recherche et à l'innovation (SEFRI), principal financeur du CSIS (un demi-million par année) qui est chargé de mandater une société."
    Le SEFRI, principal financeur du CSIS, chargé de l'évaluation du travail du CSIS: on ne pouvait en attendre aucune objectivité! L'évaluation est finalement une sorte de contrôle qualité, technique et non politique, alors que le sujet est hautement politique.

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