Albinfo.ch s’est forgé une petite seigneurie médiatique. Justifiée par son action d’intégration, affirme son rédacteur en chef. Mais se centrer ainsi sur le pays d’origine n’est-il pas justement un obstacle à l’intégration ?
Environ 340'000 francs de subventions de la Confédération pour le média en ligne Albinfo.ch en 2013, c’est pas chiche! Une partie est destinée à l’intégration des Albanophones de Suisse, l’autre à favoriser le développement de projets d’investissement dans leur pays. Certains cantons et villes versent aussi leur obole. Et quelque 80’000 francs représentent son autofinancement.
Les articles sont rédigés en albanais et en partie traduits en français et en allemand, mais les commentaires sont systématiquement en albanais. L’appétit médiatique de Bashkim Iseni, rédacteur en chef de ce média, se développe. Après la création de « Diversité »en collaboration avec La Télé (débats filmés, sur de nombreux thèmes), le premier numéro d’une revue mensuelle papier, principalement rédigée en albanais (mais le 2e numéro a déjà évolué nous affirme Iseni) vient de sortir. Pour lui, ces prestations vont toutes dans le même sens : «Nous œuvrons à l’intégration, nous défendons les couleurs de la Suisse, nous créons des ponts.»
Le rédacteur en chef est « dégoûté » par les attaques dont il est l’objet depuis jeudi: « Nous nous faisons traiter à longueur d’année de lèche-bottes ou d’anti musulmans, et tout à coup d’antichrétiens par la Basler Zeitung. Je tombe des nues. Qu’est-ce que j’ai fait faux?»
Baskim Iseni, par ailleurs chercheur au Forum des migrations, est sincère, ça ne fait pas de doute. Impossible de l’accuser de cultiver le terreau islamiste. Il partage tout naturellement la sympathie des élites pour les immigrés, mais selon le vice-président de l’association Léonard Bender (PLR), il n’en «partage pas l’angélisme».
Il est légitime que l’action de ce média qui doit tant au citoyen-contribuable, soit surveillé. Selon Bender, il l’est: le contrat de prestations qui le lie à la Confédération est exigeant.
Ce qui interroge davantage, c’est le rôle de ce média dans l’intégration. Selon sa charte, il «contribue au renforcement du sentiment d’appartenance à la Suisse dans le respect des cultures d’origine». Mais jusqu’où cultiver l'origine favorise-t-il l'intégration et ne s'oppose-t-il pas au renforcement du sentiment d'appartenance à la Suisse?
Quels besoins d’intégration pour les Kosovars ?
Dans une vaste recherche parue en 2008, «La population kosovare en Suisse», des chercheurs constatent: «…les Kosovars vivant en Suisse tendent à être plus attachés aux traditions que leurs compatriotes restés au pays». Et encore : «Rétrospectivement, force est de constater que cette orientation vers le Kosovo a retardé leur intégration dans la société suisse.»
Est-il possible de renforcer un sentiment d’appartenance à notre pays en revenant constamment, au fil des articles, au Kosovo ou à ce qui concerne les albanophones en Suisse? Et en privilégiant de manière écrasante la langue albanaise? Toute l’équipe –une dizaine de collaborateurs- est d’ailleurs kosovare. Une ouverture du mouvement à d’autres immigrations ne serait-elle pas bienvenue, surtout que le nationalisme kosovare a été (est encore pour certains) exacerbé. Selon Iseni, «C’est justement ce que nous faisons avec « Diversité » qui organise des débats sur toutes sortes de sujets. Et invite souvent des membres de l’UDC, ce qui me paraît parfaitement normal. Nousa llons vers cette ouvertue à d'autres immigrations.»
Kosovo quand tu nous tiens… J’ai participé l’an dernier à une émission de la RTS (avec Iseni). Elle était consacrée à l’islam albanophone en Suisse en rapport avec l’intégration. Elle s’est ouverte de manière un peu surréaliste (pour moi seulement, hélas) par une ode à la culture albanaise. Une fête folklorique à Neuchâtel commémorait le 100e anniversaire de l’indépendance de l’Albanie. Les participants exprimaient d’une voix vibrante la «fierté d’être albanaise» (une jeune fille née au Locle), l’admiration pour cette culture, ses broderies, sa musique, son drapeau… L’impérative transmission aux descendants. Pas un mot sur une éventuelle part de culture que l’on apprécierait en Suisse… Et après combien de générations se sent-on d’abord Suisse, et ensuite, par ses ancêtres, un peu Kosovar?
Les cultures, c'est si beau!
La célébration des cultures est une obsession dans nos pays, mais l’idée qu’on pourrait trouver un intérêt à celle de la Suisse est absente. On adore faire parler les immigrés de ce qu’ils ont douloureusement quitté. N’ont-ils rien trouvé d’enrichissant à l’arrivée? Si, beaucoup considère Iseni: «Nous avons une chance immense de vivre dans ce pays!»
L'enquête sur «La population kosovare en Suisse» montre pourtant que de nombreux Kosovars ont encore pas mal de chemin à faire pour s’intégrer. Et pour cela, il leur faudra abandonner certains traits de leur culture pour adopter certains de la nôtre.
Par exemple, il n’est souvent pas question pour les parents que leurs enfants épousent qui que ce soit d’autre qu’un(e) Kosovare d’origine. S’ouvrir à l’autre reste un défi… surtout en ce qui concerne les filles, comme le raconte une spécialiste Kosovare : «La plupart des familles souhaitent que leurs filles épousent des hommes d’origine kosovare. A leurs yeux, une union avec un Africain est une catastrophe.»
Deuxième exemple : l’état d’esprit de nombreuses familles est lié à la tradition patriarcale et nationaliste. La virginité des filles est très contrôlée, les sorties limitées, les relations surveillées. En 2000, près de la moitié des filles étaient déjà mariées avant 20 ans. Les femmes sont contraintes de travailler à l’extérieur et d’assumer les tâches éducatives et ménagères. Mais les conflits familiaux sont en augmentation sur ces sujets.
Nombreux mariages arrangés
Les mariages arrangés sont très nombreux, souvent organisés par des intermédiaires sur place qui présentent plusieurs candidatures. «Pour la majorité des jeunes gens vivant au Kosovo, le mariage est la seule voie de migration légale.» Le regroupement familial est désormais la seule filière d’immigration, environ 4000 personnes par année.
Ces mariages sont surtout le fait de jeunes hommes. Une de leurs motivations est de trouver des femmes soumises, alors que les jeunes filles élevées en Suisse sont plus exigeantes quant au partage des tâches domestiques. Mais les femmes qui arrivent, peu scolarisées, ne connaissant pas la Suisse et ne parlant pas un mot de la langue d’accueil, sont souvent confrontées à des problèmes importants… d’intégration.
Albinfo traite-t-il de ces questions ? «Absolument! Bien sûr, et ceux de la violence, de la délinquance, nous n’omettons rien. Mais il est clair que nous tentons de sensibiliser les parents plutôt que nous muer en procureurs.»
L’islam est la religion de l’écrasante majorité des Kosovars de Suisse. L’attrait pour un retour d’un islam plus traditionaliste est perceptible chez les Secundos. Ainsi, de nombreux jeunes Kosovare se sont pressés à la conférence de l’imam radical de Pristina Shefqet Krasniki, invité en 2011 par Nicolas Blancho. Les imams albanophones, qui ne parlent souvent pas le français ou l’allemand se sont constitués en association pour exister dans le monde médiatique. Ils n’ont pas encore montré leur différence. En revanche, l’un d’eux se distingue par une exceptionnelles ouverture, Mustafa Memeti.
Quel rôle joue Albinfo dans la concurrence des mouvements à l’œuvre dans sa communauté -émancipation des traditions, retour aux racines, progression de l’islam intégriste? Un rôle positif, si l’on en croit Iseni. Il en veut pour preuve qu’il doit à longueur d’années empêcher 30 à 40% de commentaires de passer, qui accusent Albinfo de complicité avec l’ennemi (la Suisse), s’opposent à ses prises de position, voire expriment de parfaites convictions musulmanes extrémistes.
En fin de compte, ne serait-ce que pour cette ouverture, Albinfo ne mérite-t-il pas ses subventions ?
Rappel: Quelque 170'000 Albanais du Kosovo (environ 10% de la population de ce pays) résident en Suisse.
Commentaires
Mireille une drone de Dame:
2014 voit se poursuivre une croisade dans le Cabinet du Docteur Mabut-se ; mine de rien ,le Minaret dans le viseur , notre névrosée compulsive y va de ses invectives à têtes multiples , pour une purification ethnique, en quête d'un peuple au passé enchanté , varices au pays des merveilles , un cor des alpes qui exulte. Une Suzette Sandoz de proximité.
Bonsoir Mireille,
Deux remarques. La première pour rappeler nos divergences: "... alors que les jeunes filles élevées en Suisse sont plus exigeantes quant au partage des tâches domestiques". Ciel! n'aurait-on sorti les femmes de l'enfer de la cuisine que pour y mettre les hommes? Le ménage est-il devenu le critère du couple moderne? Musset, reviens, elles sont devenues folles... !!! :-)
La seconde est que cette admiration pour la culture d'origine est le fait de toute immigration. Le fado portugais exprimerait la nostalgie du pays. Le mythe des racines et du retour est très puissant. Mais le cultiver comme aujourd'hui, au détriment de la culture d'accueil est aussi à mon avis un avatar de la culture de la victime qui s'est développée démesurément en occident: l'émigré est forcément pauvre et dénué, alors que l'hôte est riche et enviable. Il y a du boulot pour décontaminer cela.
340'000 francs, "c'est pas chiche"... Sans compter si l'on en croit "20 minutes.ch"* que "Sa rédaction est composée de 3 personnes à temps partiel dans son bureau lausannois et de deux collaborateurs, aussi à temps partiel, à Zurich."
Et cerise sur le gateau...
"Les reste des contributions vient de pigistes, pour la plupart bénévoles."
Les 3 salaires à temps partiels doivent être assez élevés...
Et sans commentaire comparé au "peanuts" des subventions à la culture... suisse.
*http://www.20min.ch/ro/news/suisse/story/La-subvention-d-un-site-albanophone-fait-jaser-16424599
A quand un fond pour l'intégration des suisse à la culture albanaise ?
@ Homme libre
Oui, je pense que le partage des tâches est un des critères du couple moderne. Mais la femme n'est pas sortie de la cuisine pour que l'homme y entre, ils y vont tous les deux.
J'ai toujours détesté les occupations ménagères, j'ai rarement utilisé un fer à repasser et peu souvent l'aspirateur. Je n'aime pas faire la cuisine. Et je n'aurais pas pu vivre avec un homme qui me laisse assumer tout ça. Mon mari n'éprouve pas ma détestation pour ce genre de tâches (j'en abuse parfois), mais ne leur voue pas non plus un grand amour. Nous avons donc engagé une femme de ménage, nous nous répartissons naturellement le reste, et ces questions n'ont jamais fait l'objet de discussions entre nous, encore moins de conflits. C'est la belle vie! (quand on peut se payer une femme de ménage).
"Mon mari n'éprouve pas ma détestation"
Mon mari.. vous-avez un mari??
"Nous avons donc engagé une femme de ménage.."
Albanophone? Au noir?
salut les racistes de l'udc
Le seul espoir des politiques européen, c'est une nouvelle croisade contre l'islam, histoire de remonter la "foi" catholique en totale hibernation depuis la dernière mondiale !
Merci d'avance pour la censure, de toute manière ce sera publier sur d'autres sites TdG
"Nous avons donc engagé une femme de ménage.."
Et pourquoi ne pas engager un homme de ménage plutôt?
Encore mieux, les robots arrivent sur le marché et bientôt les humanoïdes!
Pour le reste, tout est relatif; c'est en fonction de l'idéal de vie de chaque couple. Je n'ai jamais pu torcher mes enfants, sans gerber. Suis-je un odieux personnage? Mon job était à l'étranger avant et après le mariage, dans le désert ou en brousse; suis-je un dictateur?
L'immigré venant avec des croyances pourries du style tuer les juifs et le mécréant, voir l'apostat ou bien encore, déguiser ses ou sa femme en tente de camping, le tout au nom d'un divin plus qu’absent, est démentiel. Il peut et doit rester dans son pays, c'est le meilleur endroit pour y faire ce qu'il veut et prospérer. Mais pourquoi venir chez nous et pourquoi sont-ils là telle est la question.
Les moeurs des chrétiens (d'aujourd'hui) et des Athées ne sont pas dérangeantes, on a les mêmes et ce, qu'elle que soit la couleur de peau.
Ce n'est pas par ce que j'ai couché avec une musulmane (ou un musulman) que je vais retourner ma veste et applaudir le concept pourri de ces braves gens -ignorants- mais toujours en conquête.