Un lecteur, Gilles Vuilliomenet, m'a envoyé ce texte en commentaire. Vu sa longueur et son intérêt, je vous le livre en billet.
Je trouvais assez fort de tabac que pour démonter le livre de Shafique Keshavjee, voire démonter l'auteur personnellement, il eût fallu organiser une conférence. Je l'ai déjà dit, ça sentait les procès staliniens. Je m'y suis rendu... Il y avait du monde et beaucoup de participants critiques.
Les premières présentations, celles d'un historien de l'islam et d'un sociologue, m'ont laissé un peu sur ma faim. J'ai davantage été déçu par la prestation du sociologue, j'avais l'impression d'assister à une pure analyse de texte sans profondeur. C'était d'autant plus amusant que justement, on nous serine que, dans le cas des textes religieux (sacrés), il ne faut les pas les prendre au premier degré. Or, voici justement ce qu'a fait Philippe Gonzalez. Parmi ses propos, nous avons eu droit à une sorte de diversion avec les méthodes des évangéliques américains. On peut les aimer ou non, jusqu'à ce jour, ils ne menacent pas de mort les déviants, ni ne les tuent. Ils défendent une vision assez traditionaliste de la vie. Bien sûr, il a fallu rappeler qui étaient les baptistes du sud des USA, leurs relations avec l'esclavagisme (oui, à l'époque, les chefs religieux faisaient des lectures de la Bible assez personnelles), il laissait entendre que les baptistes d'aujourd'hui partageaient la même vision que leurs pères.
Ce sont des procédés assez tordus, mais je passe, car en réalité, étant de formation technique, j'ai assez peu de respect pour ces sciences molles qui sont très souvent orientées idéologiquement et sont plus prisées par des gens de gauche que de droite. Il est vrai que ce sont des "sciences" idéales pour la propagande.
Séparer histoire et mythe
J'ai bien aimé, finalement, la présentation de l'histoire de l'islam par Wissam Halawi. Elle correspond à ce que j'ai pu lire sur l'Histoire de l'islam. L'historien fait bien la différence entre Histoire et mythe, ce qu'il a rappelé à plusieurs reprises. Il est dommage que le temps manquant, il n'ait pas pu parler du jihad, car je pense que c'est là le grand problème avec l'islam. Je dis bien islam, pour moi, il n'y a aucune différence entre islam et islamisme, cette différenciation est une création purement intellectuelle d'occidentaux. Certains propos du petit Iznogoud des Dardanelles nous le confirment. Cependant, pendant la séance de questions, Wissam Halawi a fait remarquer que le jihad n'avait pas toujours été défensif. C'est probablement pour avoir été pris à partie par ce qui me semble être un imam qu'il a réagi assez fermement. Il faut lire le fascicule dédié au jihad écrit par Sami Aldeeb pour s'en convaincre:
https://www.sami-aldeeb.com/medias/2016/02/jihadamazon-1.pdf
C'est une étude, paraît-il, qui n'avait jamais été faite auparavant, d'où son intérêt.
Je passerai sur l'intervention de Sandrine Ruiz, assez fade, une espèce de gloubi-boulga, il était assez difficile de savoir où elle voulait en venir, à part défendre sa religion mortifère dont elle ne connaît pas vraiment les textes selon son propre aveu. Autre aveu de taille: elle n'avait pas terminé le livre de Shafique Keshavjee (à se demander si ça ne l'ennuyait pas de découvrir une partie de cet islam qu'elle idolâtre), ce qui me semble avoir un peu mis mal à l'aise le modérateur de cette conférence Michel Grandjean. Vous êtes invité pour parler, pour critiquer un livre, et vous avouez que vous n'avez pas tout lu, ça fait quand même assez tache! Cependant, je conseille à Madame Ruiz, et à tous les musulmans convaincus des fables qui leur ont été racontées depuis la petite enfance, d'écouter cette intervention d'une historienne tunisienne qui s'est penchée sur l'histoire de Mahomet et des quatre califes dits bien-guidés.
https://youtu.be/rmZq-VEalP8
Si vous l'écoutez jusqu'au bout, vous découvrirez ce que certains feignent d'ignorer, que l’État islamique ne fait que reproduire l'histoire de Mahomet qui leur a été racontée. Voici qui met à mal les accusations grotesques lancées contre Shafique Keshavjee qui se ferait, si nous les écoutions trop attentivement, presque, le porte-parole d'un Al-Baghdadi. J'en pleure de rire tellement ces accusations sont stupides et démontrent le déni de la réalité chez certains.
Déçu en bien
A l'heure d'aujourd'hui, les musulmans croient davantage la fable que l'Histoire. La raison est apparemment simple, Marie-Thérèse Urvoy nous le rappelle dans le dernier hors-série de "L'homme nouveau"; " Très tôt l’Islam s’est doté d’une historiographie (biographie du prophète, récits de ses campagnes, biographies des compagnons et « suivants », etc.) de valeur exemplaire. Peu importe, pour le moment, l’objectivité de cette historiographie ; ce qui compte c’est que, comme disait le sociologue américain Thomas, «quand les hommes croient une situation réelle, elle est réelle dans ses conséquences »."
Un autre participant m'a déçu en bien (j'étais dans canton de Vaud, autant utiliser les locutions locales) est Michel Kocher, journaliste à la RTS. Disons que lorsque vous connaissez l'étiquette, vous sentez le gaucho-bobo. Qu'ai-je retenu de ses différentes interventions? Contrairement aux autres participants, Monsieur Kocher ne jette pas la pierre sur Shafique Keshavjee. Certains propos tenus dans le livre sont certes maladroits, mais ils questionnent. Il reconnaît que l'islam pose un problème qu'il ne faut pas évacuer d'un revers de main, que ce sujet doit être abordé sur la place publique avec des débats, ce que tous ces affreux islamophobes, ces fléaux de l'extrême-droââââte demandent depuis longtemps. C'est un peu trop facile de calomnier Shafique Keshavjee en l'accusant d'avoir les mêmes arguments que Daech.
J'ai remarqué que personne n'a osé parlé de l’État islamique, non, ils préféraient utiliser DAECH, son acronyme en arabe. Il faut juste rappeler que les membres de l’État islamique se réfèrent non seulement au Coran, mais aussi à la tradition et à la biographie de Mahomet. Sans oublier les exégètes et autres commentateurs du Coran, des juristes comme Averroès, oui, ce brave Averroès qui nous a fait découvrir Aristote par ses commentaires (Aristote était déjà connu depuis 50 ans par les chrétiens d'Occident avant sa découverte par les Arabo-musulmans) qui justifiaient le jihad guerrier, et pas uniquement le jihad dit défensif.
La parole au public
La séance de questions a été assez riche.
La première question a porté sur les textes islamiques, c'est-à-dire sur les mythes de l'islam. Les questions ayant été posées à Monsieur Halawi, historien à l'UNIL, nous ne pouvions qu'arriver à un dialogue de sourds, car s'opposaient la vision fabulatrice de l'islam, celle racontée à la plupart des musulmans dès leur plus jeune âge et les visions historiques qui, malgré des lacunes, sont plus réalistes. J'aurais aimé que l'historien admette d'emblée cette opposition entre fable et faits historiques et qu'il relève que là est tout le problème que pose l'islam. C'est probablement pour cela qu'une auditrice a dit que deux des participants lui donnaient l'impression de chercher à noyer le poisson, ce dont ils se sont défendus.
D'autres questions et remarques ont été exprimées, mais la plupart du temps, ce sont des gens qui soutenaient Monsieur Keshavjee qui se sont exprimés.
Madame Vallette a cité un auteur intéressant, Abdelwahab Meddeb, un musulman dit réformiste, malheureusement décédé, qui s'est penché sur la maladie de l'islam. Bien sûr, c'est un penseur qui ne peut qu'attirer la sympathie par ses prises de positions, mais comme l'écrit Marie-Thérèse Urvoy dans le dernier hors-série de la revue "L'homme nouveau", faisant allusion au soufisme, "on doit considérer avec prudence les ouvrages ou les thèmes comme « l’islam sans soumission » de Abdennour Bidar, « l’islam religion virile » de Malek Chebel, ou encore « l’islamisme maladie de l’islam » de Abdelwahab Meddeb. Nous présentant un islam aseptisé, ils sont des prospectus publicitaires sans réel impact en terre d’islam, écrits pour rassurer les francophones, ce qui fait les délices de journaliste s« dont la suffisance n’a d’égal que l’insuffisance ».
Pour conclure, les différentes interventions du public, mais aussi celles de Monsieur Kocher et certaines de celles de Monsieur Halawi ont été un sacré pied de nez au procès lancé contre le livre de Monsieur Keshavjee.
Il serait bien que tous ces débats et conférences, à défaut d'être filmés, soient enregistrés et mis en ligne. Ce serait aussi une manière d'amener le débat dans le domaine public. Je trouve dommage par exemple que le CSIS, la CFR et le Département fédéral de l'intérieur n'aient pas passé une vidéo de l'ensemble du colloque de la honte qui traitait de l'hostilité envers les musulmans, colloque tenu un ONZE SEPTEMBRE.
G. V.
Commentaires
Présentation de la revue HS de l’Homme nouveau:
https://www.hommenouveau.fr/2774/editorial/un-hors-serie-exceptionnel-sur-l-islam–.htm
Le fameux colloque de la honte:
http://www.vigilanceislam.com/index.php/44-pages-pour-rs/723-coup-de-gueule-g#_ftn3
L'Iznogood des Dardanelles, quelle (im)pertinente trouvaille!
Merci pour cette excellente et très intéressante contribution.
L'acronyme DAECH est vraiment mystérieux..... Une recherche sur internet m'apprend que "l'acronyme de l'Etat islamique en arabe" corresondrait à : ad-Dawla al-Islāmiyya. J'avoue que je ne connais pas l'arabe, mais j'ai de la peine à retrouver les lettres d, a, e, c ou h, même en lisant de droite à gauche. Cela signifierait "Etat islamique en Iraq et au Levant". Alors puisque ça signifie la même chose - et même un peu plus - en arabe, pourquoi le dire en arabe ????
J'ai toujours entendu dire que les acronymes n'existaient pas en arabe. Ils ne peuvent pas dire ONU, ils doivent dire Organisation des Nations Unies. Alors pourquoi diable diraient-ils DAECH pour ad-Dawla al-Islāmiyya ?
Selon Wiktionary, ce serait en outre une dénomination à connotation péjorative. On aimerait bien connaître le nom valorisant pour l'Etat islamique. Ca doit bien se trouver, Sandrine Ruiz ou Michel Kocher ont sans doute la réponse.
https://fr.wiktionary.org/wiki/Daech
(En anglais, c'est un chouïa plus clair, mais l'acronyme devrait être DIIS et non pas DAECH : "From Arabic داعش (dāʿiš, literally “D.I.I.S.”) the Arabic language acronym for الدَّوْلَة الْإِسْلَامِيَّة فِي الْعِرَاق وَالشَّام (ad-dawla al-ʾislāmiyya fī l-ʿirāq waš-šām)"
Je comprends évidemment qu'il s'agit d'un stratagème pour éviter d'appeler un chat un chat. Mais dire "carcinome" plutôt que "cancer" ne change rien à la réalité des choses.....
Un article paru le 2 mai m'apprend qu'on ne connaît pas encore la date officielle du début du ramadan, qui pourrait être le 5 ou le 6 mai ....
https://www.linternaute.com/actualite/societe/1380387-ramadan-2019-la-date-de-debut-du-jeune-fixee-dimanche-lors-de-la-nuit-du-doute/
Comment faisaient les musulmans avant l'information instantanée qu'on a de nos jours? Si chaque bled - c'est le cas de le dire - commençait le ramadan selon l'interprétation que faisait l'imam local du croissant de lune, la volonté d'Allah ne pouvait pas être respectée de façon correcte !!! C'est inadmissible !!!
"Une Commission religieuse composée de représentants de l'Islam de France doit ainsi se réunir à partir de 18h30 à la Mosquée de Paris ce samedi 4 mai afin de sonder le ciel et de déterminer le premier jour du mois de ramadan en France. Si un croissant de lune est visible dans le ciel, alors le jeûne du ramadan devra débuter le lendemain chez les musulmans. S'il n'apparaît pas, la date du mois sacré est repoussée d'une journée. La date de début du ramadan 2019/1440 devrait donc "tomber" le dimanche 5 mai ou le lundi 6 mai."
https://www.linternaute.com/actualite/societe/1380387-ramadan-2019-la-date-de-debut-du-jeune-fixee-dimanche-lors-de-la-nuit-du-doute/
Si j'étais très pieuse, je commencerais à jeûner dès ce samedi..... on n'est jamais trop sûr !!!
@Arnica : en principe, les musulmans doivent voire la nouvelle lune de leurs propres yeux ou recevoir le témoignage d'une personne véridique.
Le Hadith de Mahomet précise : » Jeûnez (commencez le jeûne de Ramadhan) lorsque vous voyez le croissant de la lune et arrêtez de jeûner dés que vous le voyez également. » (Boukhâri)
Les calculs astronomiques ou les télescopes n'ont pas été prévus dans le Coran et les Hadiths.
Pour une personne croyante Dieu est une force un peu comme de l'air que l'on peut sentir passer mais sans la saisir
après quoi il y a risque d'habillages aux vains babillages se rapprochant de l'humain.
Si nous voulions tout remettre à plat nous pourrions les uns musulmans comme les autres de toutes croyances dire, paroles connues glanées en cours de parcours de vie, que l'on reconnaîtra au passage:
Ecoute la prière qui monte vers toi
dans la grande lumière
vers la paix et vers la joie
Donne à notre monde
la paix que tu promis
à ceux qui s'aiment en frères et soeurs
et qui pratiquent le partage:
Augmente en nous la foi, l'espérance et la charité
tous unis dans un même élan
"sous le soleil de l'amitié" (Emile Gardaz)
en quête d'amour et d'eau fraîche
Mon credo: nous ne sommes pas appelés à souffrir mais à évoluer en nous améliorant.