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  • La punition de l’autocritique

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     Les humeurs de Sophie

     

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    Savoir reconnaître ses erreurs est généralement considéré aujourd’hui en Occident comme une preuve d’intelligence, d’humilité et d’honnêteté. Nos chercheurs et historiens se penchent sur notre passé et dénoncent les erreurs de nos ancêtres. Les journalistes aiment à nous raconter ces erreurs. Quand survient une crise, nos politiques annoncent la mise en place d’une commission d’enquête. L’autocritique est bel et bien une activité estimée dans nos sociétés occidentales contemporaines.

    D’autres sociétés n’ont jamais envisagé et n’ont pas l’intention d’envisager jamais, la possibilité d’une autocritique.

    Par exemple, pour la Turquie le génocide Arménien n’a jamais existé. Chaque année cette même Turquie célèbre également la prise de Constantinople, sans jamais voir dans cet événement ni une colonisation ni un génocide des  Byzantins.

    De même l’Algérie se lamente régulièrement de la colonisation française, car la France a remis en question cette colonisation et prête une oreille attentive à ces plaintes. Mais l’Algérie oublie aussi qu’avant la France, elle était déjà colonisée par l’Empire Ottoman, et qu’encore précédemment elle l’était par les Arabes. Eux ne sont pourtant jamais accusés de colonialisme, même si la langue autochtone Amazighe est en train de disparaître en Algérie et si l’Algérie a oublié qu’elle était bel et bien chrétienne orthodoxe avant la colonisation sanglante par les Arabes qui l’ont obligée à oublier son passé.

    Le résultat de cette asymétrie dans l’autocritique, a pour effet pervers que seuls ceux qui ont effectué leur autocritique sont continuellement accusés des crimes pour lesquels ils se sont pourtant excusés, y compris quand leur travail de mémoire a été important et sans concessions.

    On rappelle souvent à l’Allemagne son passé nazi, mais la Croatie, qui a hébergé à Jasenovac le seul camp de concentration européen non géré par les nazis, qui fût le premier à mettre en œuvre la solution finale, pour les Juifs, les Tziganes et les Serbes, ne s’est jamais excusée, et ainsi a échappé jusqu’ici à toute critique (rajouter ici le lien Wikipedia « camp de concentration de Jasenovac). Lors de la guerre des Balkans, personne en Occident n’a jamais pensé à rappeler aux Croates leur passé Oustachi (alliés des nazis) qui avait pourtant une réelle importance pour comprendre le conflit. Inversement, quand l’Allemagne de Merkel était en crise avec la Grèce, les pancartes la montrant grimée avec une moustache hitlérienne ont fait le tour des journaux. C’est peut-être pour tenter de racheter une fois pour toute ce rappel récurrent du passé nazi de l’Allemagne que Merkel a ouvert tout grand la porte aux « migrants » en été 2015 sans réfléchir aux conséquences que cela pourrait avoir à long terme. On en retient que ceux qui ne se sont pas excusés sont absous par ignorance de l’histoire,  et que ceux qui se sont excusés seront coupables pour l’éternité.

    Les Européens et le mouvement abolitionniste

    Ce sont des penseurs européens qui, au nom de la notion philosophique du « droit naturel » de l’homme à la liberté et à l’égalité, ont été les premiers à remettre en question l’esclavage. Ce sont eux qui ont permis de lancer un mouvement de pensée qui a  mis fin à la traite transatlantique (esclavage), car ils ont affirmé la notion révolutionnaire à l’époque, que tout homme a un « droit naturel » à la liberté et à l’égalité. Il faut rappeler ici que l’esclavage n’a pas été le seul fait des Européens et qu’il a été pratiqué dans la plupart des sociétés à travers l’histoire. Le mot Esclave provient d’ailleurs du mot « slave », les régions de l’est de l’Europe ayant été pendant longtemps un réservoir d’esclaves.

    La plupart de nos contemporains ignorent que l’esclavage arabo-musulman a duré 13 siècles et a utilisé la castration pour éviter que les esclaves africains n’aient une descendance en terre d’islam. L’esclavage n’a donc de loin pas été le seul fait des seuls Européens envers les seuls Africains, et pourtant les Européens étant les seuls à avoir effectué leur autocritique sur le sujet, ils sont aussi les seuls à en subir le reproche, encore bien des siècles après leur abolition définitive de l’esclavage.

    Les peuples blancs sont aussi les seuls à avoir remis en question l’habitude universelle d’attribuer des caractéristiques négatives essentielles à ceux qui ne leur ressemblaient pas. Ils ont appelé racisme cette tournure d’esprit et ont entrepris de lutter contre elle avec efficacité. A l’heure actuelle, ils sont pourtant les seuls à en être accusé, alors que qui a voyagé ou fréquenté d’autres cultures sait pertinemment que le racisme est un sentiment universel, et que c’est en Europe où tous ont les mêmes droits quelle que soit leur origine, qu’il est le moins marqué.

    Suite à tout cela, nous en arrivons à vivre dans un monde où les jeunes qui étudient peu l’histoire, pensent que les Européens sont les seuls à avoir pratiqué l’esclavage, les autres peuples étant innocents et victimes.

    Que les Allemands ont été les seuls à organiser l’assassinat systématique de millions de personnes, les autres peuples étant innocentes et victimes.

    Que les Français ont été les seuls à avoir colonisé d’autres territoires, les autres peuples étant innocents et victimes.

    Que les peuples blancs sont les seuls à pouvoir faire preuve de racisme.

    Que les méchants et les oppresseurs sont toujours d’un côté alors que les victimes innocentes sont toujours de l’autre.

    Mais surtout, certains dont nous aurions besoins qu’ils pratiquent l’autocritique, apprennent intuitivement qu’il ne faut jamais, au grand jamais la pratiquer, puisque cet exercice n’engendrera qu’une estime éphémère, pour ensuite se transformer en un acte d’accusation perpétuel à transmettre aux générations futures pour l’éternité.

    L’autocritique est pourtant salutaire, car sans les critiques des philosophes européens partisans du « droit naturel » de l’homme à la liberté et à l’égalité, l’esclavage continuerait probablement encore aujourd’hui dans la plupart des régions sur cette terre.

    Alors essayons de ne pas reprocher encore et toujours les erreurs de leurs ancêtres à ceux qui ont eu le courage de questionner le passé. Les erreurs n’étant  d’ailleurs pas transmissibles génétiquement, et chaque génération est responsable du monde qu’elle met en place, indépendamment de ses ancêtres.

    Pensons aussi à mieux étudier l’histoire, car sa connaissance nous permet de ne pas verser dans un manichéisme simpliste qui se retourne finalement contre nous. Les régimes totalitaires savent très bien qu’en réécrivant l’histoire ils peuvent contrôler le présent, et nous avons le devoir de ne pas les laisser faire.

                                                                                                                      Sophie

     

     

    L’Occident regarde les failles de son passé. D’autres cultures s’en abstiennent. Le premier est perpétuellement accusé, les secondes sont volontiers exonérées.